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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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comité pour une nouvelle résistance C N R 06

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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 13:58

 

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Devant la faculté d’Économie - Athènes 4/01

 

Janvier 2013, c’est déjà entrer au cœur de l’hiver et à celui du mémorandisme réel. Place de la Constitution ce matin (4/01), les édifices « d’Athènes en fête » n'ont pas encore été démantelés, il nous manquent aussi les mendiants et autres sans abri, habitués des lieux, ils arrivent en effet un peu plus tard. D’ailleurs, j’avais remarqué durant les « fêtes », l’absence du mendiant « attitré » de l’entrée gauche du métro Syntagma, Sous un soleil pourtant généreux, notre ville souffre du froid de saison et de (la) crise. Comme nous.

 


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Place de la Constitution ce matin (4/01)

 

 

Nous avons alors célébré notre deuxième réveillon de type nouveau chez nos amis sans chauffage, le cœur toujours bien réchauffé. Les filles de Théodoros et de Fanny, tous deux dentistes, se sont regroupées devant le seul radiateur portatif allumé, c’est désormais la place d’honneur dans les foyers grecs sans feu, n’ayant que la flamme… de vivre. Alors les dents en crise sont bien creusées par les caries et on abandonnera la dentine dans son déclin… organique, sauf que Theodoros n’a plus trop envie de plaisanter cette année, ni de raconter des anecdotes sur le collagène de type I de la matrice dentinaire de ses patients comme les autres années. Il n’a pourtant pas perdu tout son sens de l’humour, et il n’a plus tellement envie non plus, de reprendre sérieusement ses analyses politiques: « La Révolution arrivera camarades, mais certainement après notre mort à nous tous, faisons donc la fête ce soir ! ». Nous nous sommes alors remémorés nos étés et nos hivers d’antan entre un verre de vin et les friands aux poireaux faits-maison, les salades et le salami. Nos amis n’ont pas cuisiné de viande cette année pour le réveillon, ce qui n’a infortuné évidement personne, "l’essentiel étant ailleurs" selon la nouvelle formule consacrée. 


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"Les filles se sont regroupées devant le seul radiateur portatif allumé"

 

 

20130101-234054.JPG"Entre un verre de vin et les friands aux poireaux faits-maison"


Theodoros, bon vivant, possède (ou plutôt possédait) deux véhicules et un petit bateau à moteur, long de cinq mètres. La crise est passée par là, bien avant... la révolution : «Nous étions des adeptes du camping libre en mer Égée. Plus par conviction et par idéologie que par manque de moyens. Chaque été, nous prenions le chemin des îles en famille. C’était notre grand moment de détente, pour se ressourcer comme nous aimions dire. Depuis 2010, nos patients se font de plus en plus rares et surtout, ils n’arrivent plus à régler les actes. Sans compter sur le fait que pour nos fournitures il faut désormais tout régler par avance, plus aucun fournisseur – importateur ne fait crédit et les banques plus du tout. Dès l’été 2011, nous avons immobilisé le bateau le sortant de l’eau pour ne plus avoir à l’entretenir, ni à payer les taxes liées à son utilisation.

 

On nous annonce qu’une nouvelle taxe sera introduite, cette fois-ci frappant… les bateaux retirés de l’eau et radiés des registres maritimes, un comble de plus. De toute manière, nous ne pouvons plus l’utiliser, déjà à cause de sa consommation. Nous avons aussi retiré de la circulation notre véhicule le plus gros, vieux de vingt ans, il nous servait surtout à tirer le bateau. Nous avons tenté à les vendre, puis à les donner, bateau et véhicule, sans succès. L’été dernier nous sommes partis en vacances, toujours en campant librement mais sur le continuant. Nous étions trois familles à se partager certains frais et surtout à monter la garde de nuit car l’insécurité règne. En 2013 nous ne partirons plus je crois… » 



Mais notre ami et ses proches ne pensent pas quitter le pays. « J’y reste et je vais lutter comme je l’ai d’ailleurs toujours fait, par mon travail et par mes engagements politiques…. Contre vents et marées ». Mais pour d’autres, le seuil de l’inadmissible serait déjà franchi. Comme pour Antonis et son épouse Dimitra, pour qui, il n’y aurait désormais plus d’autre choix que de quitter le pays : « Je suis médecin spécialiste en chirurgie. J’exerce depuis plus de quinze ans au sein d’un établissement privé de la capitale, accueillant disons une clientèle très aisée. Mon épouse est cadre dirigeant dans le secteur financier d’une grande banque grecque. Nous avons toujours suffisamment gagné notre vie, je peux dire que nous faisions partie de la classe moyenne-haute. Depuis 2012, mon salaire, ainsi que celui de mon épouse ont été diminués de 35% tandis que l’imposition a été multipliée par deux. Inutile de dire que dans ce pays tout se dégrade. Je peux vous assurer qu’on peut mourir d’une rupture d’anévrisme désormais facilement.

 

A l’hôpital, certaines fournitures et préparations font défaut, il y a disons 50% de chances d’en survivre, au mieux. On ne prend plus plaisir à vivre ici, donc nous partons. Je viens de décrocher un poste à Londres. Mon épouse quant à elle, elle a négocié son départ, elle recherchera du travail une fois sur place, bien que ce ne soit pas si évident. Nos deux enfants nous accompagneront dans cet exil. Il n’y aura pas trop de problème d’adaptation pour eux, car ils sont déjà scolarisés dans une école anglophone d’Athènes. Nous avions déjà placé l’essentiel de nos économies dans l’achat d’un petit appartement à Londres car nous préparions les futures études des enfants. Par contre, nous n’avions jamais imaginé qu’un jour cet appartement abriterait notre résidence principale. Nous partons… presque sans regret. La Grèce est un pays enseveli, pour l’embellie économique, il va falloir attendre dix, voire vingt ans. Déjà, dans nos univers professionnels les gens partent par milliers. Nous voulons finir notre vie sans souffrir et dans la dignité ».


Le smog d'Athènes - 01/2013 -

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Antonis et son épouse Dimitra ont toujours été les plus aisés de tous et ce retour inattendu à « la simplicité et la convivialité frugales » leur semble inacceptable, d’autant plus, qu’ils pensent pouvoir « s’en sortir » autrement. Comme par hasard, ils ont été les seuls parmi les convives, sans doute du dernier réveillon ainsi organisé « dans toutes les formes » (rien que les formes !), rappelant l’ancien temps, à mélanger les stéréotypes et les arguments politiques pour en faire un vrai « potage » : « Le FMI a raison, il faut mettre de l’ordre comme en Grande Bretagne du temps de Margaret Thatcher, il était temps aussi d’en arriver là chez nous, sauf que c’est mal fait, nous, la classe moyenne du secteur privé nous souffrons trop, tandis que l’Etat pléthorique conserve ses fonctionnaires, basta… » 


Antonis et les siens sont rentrés chez eux aussitôt après minuit de la « nouvelle année ». Il faut dire que personne n’a eu envie de discuter leurs « arguments ». C’est encore une de nos nouvelles ruptures dans notre instant précaire devenu permanent. Nous ne discutons plus aussi facilement entre nous si on n'est pas sur la même longueur d’ondes, quant à la prise de conscience des enjeux. Ce n’est plus tellement une question d’affinités politiques (bien qu’il a aussi un peu de cela), mais de vision dans toute sa percée, percutante ou pas. Des simplismes, des « arguments » issus du Jurassid park des médias mainstream, de la seule actualité imposée par le calendrier du « gouvernement » et des occupants du pays, nous n’acceptons plus d’en débattre autant qu’avant.

 

20130104-161718.JPG"Solidarité aux incarcérés de Villa Amalia" - Athènes 04/01

 

C’est aussi, que nous ne voulons plus semble-t-il convaincre tous nos « égarés », et tous nos « aveuglés » volontaires ou engagés de gré ou de force dans le camp adverse. « Ce n’est pas la peine » insista Theodoros qui n’a pas voulu ainsi engager la discussion avec Antonis et les siens. N’empêche, les « grands médias » imposent en apparence en tout cas, leur ton des urgences au plus grand nombre d’entre nous. Ainsi, dès ces premiers jours de janvier 2013, les reportages se sont succédé pour alerter de la dangerosité de la nouvelle pollution atmosphérique à Athènes (ou d’ailleurs), toujours liée à l’utilisation du bois en principal combustible de chauffage. Les universitaires, nos académiciens… ont tiré la sonnette d’alarme et le ministère de la santé a publié une liste contenant les commandements « de bon sens » à observer pour « réduire les risques et la nocivité ».

 

Pour autant faire dans le sensationnel, les journalistes ont cru révéler « que du pellet analysé par échantillons, c'est-à-dire des granulés bois théoriquement issu du compactage des sous-produits de la première transformation du bois comme la sciure de résineux, comporte bien d’autres substances, nocives. Les règles ne sont pas respectées, les contrôles sont inexistants et la quête du profit à tout prix règne avant tout autre considération. On compacte de la menuiserie recyclée, des poubelles, voire même des déchets organiques issus des hôpitaux. (…) L’ordre des médecins d’Athènes dans un communiqué (4/01) exige  que de mesures soient prises par les autorités, comme la généralisation des allocations destinés à promouvoir les combustibles de chauffage moins polluants que le bois ».

 

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"Les reportages se sont succédé pour alerter de la dangerosité de la nouvelle pollution" 04/01

 

 

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"Sur liste Lagarde" - 04/01

 

 

C’était d’ailleurs le deuxième thème d’actualité ce matin sur les chaînes de télévision, après la liste Lagarde et les cousines fortunées de l’ancien ministre fumiste et FMiste, Giorgos Papakonstantinou. C’est bien connu, la pollution rejoint la pollution, sauf que les résidus politiques nous gouvernent encore. Nous nous enlisons dans la crise. J’ai aussi remarqué que certains sans abri du centre-ville gisant sur les trottoirs n’émeuvent plus grand monde, tout comme les suicides. Ils font leur apparition furtive à travers l’actualité dans l’indifférence ou plutôt dans la lassitude. D’autres nouvelles par contre, ont l’air plus significatives en ce moment. D’abord, le propriétaire du groupe Real (radio et presse anti-mémorandum avec… précautions), Andreas Kouris, vient d’être écroué pour dettes, neuf millions d’euros selon les reportages  tandis qu’au même moment, la chaîne de télévision Mega-Tv (pro-mémorandum), propriété du groupe BTP et de presse Bobolas (et de celui de DOL) se voit accorder un prêt de 89 millions d’euros, justement pour pouvoir faire face à ses dettes.

 

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"Certains sans abri du centre-ville n’émeuvent plus grand monde" - Athènes 04/01

 

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Et on vient d’apprendre ce vendredi (hebdomadaire satyrique To Pontiki) que deux résidences secondaires appartenant à Fotis Bobolas, ainsi que celle du maire adjoint de la municipalité de Sfakia (en Crète), ont été mitraillées, puis incendiées. Les auteurs de l’incendie ont même laissé en guise de signature un slogan : « Traître à la solde des Allemands ». Le maire de Sfakia, Pavlos Polakis a aussitôt déclaré que « de tels actes ne relèvent pas de la tradition, ni de la culture de Sfakia » .

 

 Toujours de saison, certaines revues littéraires nous rappellent les affinités de Martin Heidegger avec le nazisme, et Syriza, l’extrême gauche athénienne et le mouvement anarchiste dénoncent « les méthodes nazies de la police et du ministre Dendias », suite à l’évacuation violente de « l’espace autogéré » de la villa Amalia ainsi que des vendeurs ambulants immigrés du trottoir de la faculté d’Economie. Depuis deux jours, la tension est palpable autour de la faculté, le quartier est surveillé par la police et les jeunes étudiants montent la garde devant l’entrée. Tout devient affrontement, peut-être aussi car le temps de la politique faite par d’autres moyens est révolu. Nous sommes en guerre, sociale en tout cas.


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Il fait pourtant bien vivre chez nous car nous savons encore… savourer l’amertume. Certaines tavernes du centre-ville ou des quartiers, offrent désormais à leurs clients de la musique, du chant populaire et rebetiko faisant appel à de petits orchestres (souvent composés de brillants amateurs potentiellement chômeurs), deux à trois fois par semaine, y compris de jour, et ceci, sans supplément de tarif. La formule est apparemment plébiscitée, comme ce vendredi, à deux pas de la manifestation des étudiants à la faculté d’Economie. Sur le mur d’en face, un nouveau (petit) slogan : « Résistez à la Sinisation[du monde du travail]» ! Dans ce monde de crise au moins, nous n’avons guère le temps de nous ennuyer. A défaut de construire par le haut pour le moment, nous nous construisons nos univers parallèles ou sinon, nous nous redéfinissons la teneur en bonheur des anciennes pratiques.


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« Résistez à la Sinisation [du monde du travail]» - Athènes 04/01

 

 

20130104-155644.JPG"Certaines revues littéraires nous rappellent les affinités de Martin Heidegger avec le nazisme"

 

 

Comme entre ces nageurs d’hiver, qui se sont aménagé un meilleur coin barbecue à l’extrémité de la plage. « Grâce » au chômage, nous sommes d’ailleurs un peu plus nombreux qu’avant à pratiquer cet exercice exigeant, en plus de sa sociabilité. C’est important pour tenir sauf que la sociabilité et ses solidarités ne résoudront pas à elles seules la question de la grande politique et de la portée de ses décisions. Nous sommes tout autant assez nombreux à ne plus rigoler du tout. L’année 2013, solidarité ou pas, n’augure par exemple rien de nouveau pour Christos, le voisin artisan en faillite. « Bonne année… ça va très mal chez nous… ». Il y a encore un mois, nous entendions des cris, de petites engueulades ou du bruit depuis son appartement, mais ensuite plus rien. La crise les a rendus silencieux, discrets et je suppose ralentis, dans leur mouvements et gestes quotidiens. Nous les croisons d’ailleurs de moins en moins sur le palier ou devant l’entrée de l’immeuble. Christos pensait avoir trouvé un travail de quatre mois en Autriche mais apparemment la porte du Tyrol se refermerait.

 

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Entre ces nageurs d’hiver - 01/2013

 

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En tout cas, celle de Berlin reste ouverte, pour nos politiques au moins. Carolos Papoulias, le président de la « République » y sera en visite dès le 7 janvier, et sous peu, s’y succéderont, Samaras, Venizélos et même Alexis Tsipras. Nous au moins, nous accueillerons Christos et les siens chez nous entre-temps, pour leur remonter le moral, simplicité et convivialité frugales, plus rebetiko…. l’autre (grand) soir. Temps de crise, pourtant si humain. Bonne année Christos.

 

 

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