Dans son dernier essai passionnant, «La Gauche radicale et ses tabous»,Aurélien Bernier se demande pourquoi la gauche radicale (celle qui n’est pas sociale-libérale en gros) échoue face au Front National, alors que les circonstances devraient lui être favorables depuis la crise financière de 2008. La raison majeure selon lui est que, depuis la fin des années 90, cette gauche radicale a abandonné au Front National le quasi-monopole de la réflexion et des propositions sur des thèmes aussi essentiels que la rupture avec le cadre juridique européen et l’euro, le protectionnisme et plus largement la souveraineté nationale, préférant de son côté défendre la réforme des institutions de l’intérieur. Ce faisant, elle est beaucoup moins convaincante que le FN, notamment parce que le PS dit grosso modo la même chose depuis 30 ans, et plus grand monde aujourd’hui ne croit encore à l’Europe sociale. Les dernières élections ont confirmé son analyse, avec une montée du FN et de l’abstention, et un score correct mais sans plus du Front de Gauche. Pour l’auteur, tout n’est pas perdu à condition que la gauche accepte l’idée que sans réappropriation au niveau national des principaux leviers économiques et monétaires, aucune politique alternative de gauche n’est possible.
Contrairement à la caricature habituelle des médias, le retour à une souveraineté nationale ne serait d’ailleurs pas synonyme de repli sur soi, mais au contraire la première étape pour établir de nouvelles formes de coopération internationale qui ne soient plus basées uniquement sur la libre concurrence. Je partage évidemment cette analyse, c’est même pour cela que j’ai lancé ce blog il y a deux ans, afin de contribuer (modestement) à faire connaître ceux qui à gauche se sont emparés de ces sujets clés comme Lordon, Sapir, Todd, Giraud ou Ruffin. Je suis donc ravi d’avoir pu en discuter directement avec Aurélien Bernier.
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Entretien avec Aurélien Bernier sur la gauche, le FN, l’Europe et la mondialisation