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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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comité pour une nouvelle résistance C N R 06

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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

23 novembre 2013 6 23 /11 /novembre /2013 10:41

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJlcF9bXF5ACx4o 

 

Cette année l’hiver grec s’annonce encore plus rude qu’avant. Il est vrai que nous comptons déjà nos morts et nos mourants au cœur même du corps social car ils ne sont plus, et ceci longtemps, ces êtres habituellement déclassés vers les marges des lieux communs. La cadence du choc alors s’accélère. Pour certains la fin est brutale. Tel Tassos Doupis alors âgé de 28 ans, il était monté à Athènes depuis son village du Péloponnèse pour rendre visite à son beau père hospitalisé.

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJlcF9bX1xACx4o

                          Tassos Doupis 


Mardi 19 novembre au soir, il accompagna un camarade au restaurant où avait travaillé une amie de ce dernier. Le restaurateur n’ayant toujours pas versé le salaire dû à la jeune femme, les deux hommes crurent bon lui demander... certains comptes. C’est... ainsi que le vigile engagé par le patron de l’établissement a tabassé Tassos à mort, lequel à été tué pratiquement sur le coup. Le restaurateur ainsi que son... commis mortel ont été mis en état d’arrestation. Le café grec dans l’air du temps mort se boit par petites gorgées sans même prendre son temps entre chaque gorgée, indiscutablement, il est trop amer.

Tel encore P.K., employé au quotidien “Eleftherotypia” qui crut bon exiger ses impayés de salaires de plus de trois mois au service comptable du journal historique. En vain. De retour à son domicile P.K. subit une attaque cérébrale et depuis, il reste hospitalisé “sans retour possible à la vie d'après les médecins”, m’a confirmé encore hier un de ses confrères. Et sur l’île de Crète, un homme au chômage de trop longue durée vient de mettre en vente son rein en déposant une annonce à l’intérieur de l’hôpital Venizelio et en ces termes: “Je ne vends mon rein, je pourrais aussi vendre ma tête si cela est possible pour ainsi faire vivre mes enfants”, écrit-il. 

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJlcF9bXFtACx4o

                          L'hôpital athénien KAT, novembre 2013


La nouvelle s’est propagée à travers la presse locale et ensuite nationale, et déjà, la prise de contact entre les journalistes et cet homme fut chargée émotionnellement car malaisée. Le malheureux... donateur malgré-lui, ne souhaite pas que “son” affaire soit trop médiatisée, il a simplement révélé aux journalistes que sa vie s'est dégradée il y a deux ans et demi quand il a perdu son emploi. Car jusque-là, il avait vécu comme on dit “une très bonne vie économique”.

Selon la même source rapportée aussi par le quotidien (de SYRIZA) “Avgi” le désespoir de ce chômeur a atteint les limites de l’insoutenable: “Nous avons vendu tout, nos meubles, nos appareils électriques et tout ce que nous possédions chez nous. Il ne nous reste plus rien. Nous ne pouvons plus vivre. Par conséquent, je vends mon rein. Pour moi ce n'est pas si grave, je peux alors vivre qu’avec un seul rein. Je dois offrir un minimum de survie à ma famille...” La Grèce et sa survie, la Troïka et son Antonis Samaras, cité à la dérive alors si bien organisée. 

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJlcF9bXFlACx4o

                      “Troïka - Voleurs, escrocs et mafiosi”.“To Pontiki” du 20 novembre 2013 


Et chaque jour davantage, je rencontre des gens tristes mais à la conscience qui se réveille. “Antonis Samaras gouverne à la tête d'un gouvernement d'assassins économiques, inféodés aux financiers rapaces internationaux ainsi qu’à Berlin”, martèle de son côté Yorgos Trangas le journaliste issue de la vieille droite centriste, en commentant la rencontre du jour à Berlin entre Samaras et Angela Merkel, c’était lors de son émission du vendredi 22 novembre sur la radio Real-FM et c’est l’émission la mieux suivie à Athènes en ce moment. Signe des temps ?

Les masques tombent. Jeudi soir dans un centre de consultation de la Sécurité sociale l’ambiance était terrible. Une assurée... de la dernière heure espérait se procurer la liste contenant les noms des kinésithérapeutes conventionnés, “voila la prescription, j'en souffre... c'est à cause de mon travail. Je cotise depuis trente ans, mes employeurs aussi, enfin je le suppose”. En vain, une fois de plus.

Le médecin ainsi que le personnel administratif n’ont pas mâché leurs mots: “Madame, la quasi-totalité des centres de ce type fermeront rapidement. Nous serons alors virés comme les autres, médecins compris. Le ministre l'a annoncé. C'est un génocide organisé. Il va falloir payer ou sinon s'adresser directement aux hôpitaux de l’Assistance Publique, autant dire qu’il vous reste encore une certaine chance de la survie et dans la mesure où vous faites partie des assurés restants. C’est la fin... sauf que nous savons à qui nous avons à faire à présent. Le temps du mensonge prend fin et le ministre de la Santé travaille pour les escrocs de la Troïka ainsi que pour ses amis entrepreneurs comme d’ailleurs le reste du gouvernement. Tenez Madame, voilà la liste. Bonne chance !

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJlcF9bXFxACx4o

                          L'hôpital KAT. Athènes, novembre 2013


La patiente... du temps finissant a aussitôt joint le premier spécialiste dont le nom figurait sur cette liste: “Madame, c'en est fini de la Convention. N'étant plus payés en réalité mes collègues et moi, nous avons tout interrompu. Je peux vous proposer en signe de solidarité sociale entre nous tous ici dans ce malheureux pays que de me régler la part qui déjà restait à votre charge par l’ex-Sécurité Sociale, en somme quinze euros par séance”. Et l’accord fut conclut rapidement sous le regard vide des médecins... traités.

Heureusement, il y a certaines structures qui ne se sont pas encore effondrées, le grand hôpital KAT d’Athènes et même de Grèce, spécialisé en orthopédie et en traumatologie par exemple. J’y ai rencontré un personnel épuisé et combatif dans l’adversité: “Oui, nous pennons toujours en charge nos patients, nos accidentés, nous opérons dans l'urgence et nous sauvons des vies même si dans certains services notre personnel a été diminué de moitié. Encore faut-il que ces malheureux malades ou accidentés soient encore assurés”, m’expliquait récemment un médecin de l’établissement. Et malgré l’inévitable cohue, les altercations entre les gens, tout le monde se sentait du moins soulagé de cette prise en charge de ses proches. “Sauf que les infections nosocomiales ont fait un bond extraordinaire depuis trois ans. Ma mère en souffre suite à son opération à la tête. Les médecins restent réservés... je m’attends au pire”, ajoute Maria qui depuis trois semaines, ne quitte presque plus l’hôpital. 

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJlcF9bXFpACx4o

                          Matin ordinaire à l'hôpital KAT. Novembre 2013


Ailleurs c’est la mort subite qui se répète. Le ministère de la Santé a annoncé vendredi 22 novembre la mise en disponibilité de 150 médecins et soignants de l’hôpital psychiatrique athénien à Dafni, et de 80 autres membres du personnel de l’hôpital psychiatrique de Thessalonique. Le personnel est sous le choc. C’est la quasi impossibilité pour ces deux établissements historiques que de poursuivre leur mission, une presque fermeture. Tristesse, colère et assemblées générales d’urgence. D’où la blague du jour: “Adonis Georgiadis ferme les hôpitaux psychiatriques du pays pour échapper à sa propre hospitalisation”, sauf que nous n’avons plus envie d’en rire.

Notre ordinaire se décompose et avec lui c’est toute une partie de notre sociabilité qui vole en éclats. Parmi les agents de l’Université licenciés par le gouvernement, et à part la lutte, c’est sauve-qui-peut. De même que chez certains enseignants dont les postes ont été pareillement supprimés. Alors l’anthropophagie règne en maitresse absolue entre victimes, tous les moyens sont alors utilisés par certains (syndicalistes compris) pour ainsi ne pas figurer sur la liste des... déportés de la Troïka (UE, FMI, BCE) ; tricheries, fausses déclarations quant aux compétences acquises et quant à la situation familiale, réseaux clientélistes claniques chroniques remobilisés à travers les peuplades bien craintives au ministère de l’Éducation.

Finalement, la “le régime de la disponibilité” (autrement-dit, celui du licenciement) concerne d’abord les agents les mieux intègres et de toute évidence ceux qui ne seraient pas politiquement proches de la “gouvernance” Samaras - Venizélos. Des instructions auraient été données dans ce sens par le gouvernement lui-même: “peu importe ce que les agents écrivent en renseignant leurs feuilles d'autoévaluation, ils peuvent marquer n’importe quelle énormité du genre première, deuxième et troisième langue... le grec, nous saurons reconnaître les nôtres”, a ainsi dénoncé un universitaire sur la radio 105,5 FM (proche de SYRIZA). La Grèce sous la Troïka, c’est alors l’anéantissement intégral, hormis des népotismes, des scandales et des injustices à chaque pont du navire torpillé.

Nous allumons à présent - et si possible, notre chauffage à gaz ou au bois. Ces derniers jours, la Grèce a connu un temps pluvieux et frais. Et c’est alors en politique que certains lieux communs ne disposeront plus d’assez de marges. Décidément c’est l’hiver de toutes les gestations. 

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJlcF9bX15ACx4o                       Chauffage à gaz. Athènes, novembre 2013

 

 

Panagiotis Grigoriou - Historien et Ethnologue

 

Carnet de notes d'un ethnologue en Grèce
Une analyse sociale journalière de la crise grecque

Son blog : http://www.greekcrisis.fr/2013/11/Fr0298.html

 

 


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