Fixer la résistance et continuer à détruire la ZAD ailleurs, telle est la stratégie des forces de l’ordre depuis l’échec de la première phase de l’opération César. Stratégie à laquelle répond la mobilité des opposants, qui s’appuient sur leur connaissance de la zone et l’appui de la population locale pour surgir de partout et réoccuper, puis reconstruire, ce qui a été muré, vidé ou démoli.
Aujourd’hui, encore, les forces de l’ordre ont mené un chantier de démolition au Pré Failli, à l’ouest de la ZAD, tout en fixant la résistance au Far Ouest, qui est LE lieu de la résistance depuis la prise et la démolition hier de la cabane du Sabot. Ainsi, alors qu’à 11h30, la maison du Pré Failli était progressivement transformée en gravats, les policiers commençaient à affluer au niveau des barricades qui protégent la cabane du Far Ouest, et font les sommations à 11h53 puis chargent à force de lacrymo. A 12h10, ils prennent la barricade sud, mais celle-ci est remontée plus en arrière à 13h30. La résistance autour de celle-ci ralentit, puis stoppe le premier assaut des forces de l’ordre.
A 15h20, ils reviennent, accompagnés par la DDE, et passent par les champs pour éviter les chemins barrés. A 15h50, la pluie et la grêle se mettent de la partie : la nature protège ses défenseurs. Sur les champs gras, vite boueux, rien de lourd ne passe. A 16 h 40, les policiers reculent, après avoir arrêté deux personnes. Ils quittent la ZAD précipitamment avec leurs deux interpellés. Contactée par nos services, la préfecture déclare qu’il ne s’est rien passé aujourd’hui. En effet, deux assauts, une maison détruite, il ne s’est rien passépuisque le Phare Ouest tient toujours. C’est Ayraultbespierre qui doit être mécontent.
Polémique autour des méthodes des forces de l’ordre
Hier, les méthodes des forces de l’ordre sont devenues quelque peu brutales à l’égard des opposants perchés dans les arbres. En effet, à deux endroits différents de la ZAD, à la Saulce et au Bois de Rohanne, deux pelleteuses ont asséné plusieurs coups de godets puissants dans des arbres où des militants étaient perchés à dix –douze mètres de haut. Deux d’entre eux s’étaient étreints pour empêcher que les policiers les descendent, ils ont été brutalement descendus dans le godet de la pelleteuse et menottés deux à trois heures à un arbre. Contacté, le sous-préfet nous dit qu’il n’ « a pas reçu d’informations de ce genre » et que la procédure veut que les « personnes qui occupent des cabanes construites illégalement [soient] descendues, que l’on prenne leur identité et qu’elles [soient] immédiatement relâchées. »
Depuis le début de l’opération César, il y a eu plusieurs arrestations. Aujourd’hui encore, deux personnes ont été interpellées par les gendarmes mobiles auprès du Phare Ouest. Selon le sous-préfet, elles ont interpellées « pour avoir participé à un attroupement armé qui a lancé divers projectiles sur les forces de l’ordre ».
Elles sont actuellement en garde-à-vue dans une des gendarmeries environnantes et devraient passer en comparution immédiate. La Préfecture de Loire-Atlantique explique faire attention à ses personnels et insiste sur la « dangerosité » des opposants qui lanceraient des « barres de fer et des bouteilles incendiaires » sur les policiers. Pourtant, nombre de témoins oculaires des événements concordent sur le pacifisme des opposants, en très grande infériorité numérique, et qui n’ont guère que des cailloux ou des légumes à opposer aux flashball et autres grenades lacrymogènes des policiers.
Parmi les occupants de la ZAD, qui comptent un médecin dans leurs rangs, il y de nombreuses personnes qui arborent de gros hématiomes et des balafres causés par les tirs tendus de flashball. Trois personnes ont été blessées le 30 octobre par des éclats métalliques de grenades assourdissantes. « Il n’y a pas pour l’heure de blessures qui nécessitent l’envoi de personnes à l’hôpital, on a ce qu’il faut pour les soigner sur place », nous confirme-t-on à la ZAD. « Mais, chaque jour, plusieurs accidents graves sont évités d’extrême justesse ». Asséner des coups de godets de pelleteuses sur des arbres sur lesquels sont perchés, en hauteur, des opposants pacifiques et désarmés ne relève ni d’une maladresse, ni d’un acte justifié par la « dangerosité » supposée des militants.
A écouter : la chanson de la Parisienne Libérée sur le ... Fol Aéroport de Notre-Dame des Landes
Source : BREIZH JOURNAL
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