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Explication du maire , des raisons pour lesquelles lui et son équipe aient refusé le matin meme l'accès à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...
Tout se termina bien , Monsieur le maire et son équipe ont fini par " capituler " face à l'indignation de nos résistants d'hier...
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Mercredi 11 septembre 2013
Madame Anni Podimata, vice-présidente du Parlement européen et membre du PASOK, le parti socialiste grec, a tenu mardi une conférence de presse pour lancer une campagne destinée à convaincre les « citoyens européens » de voter aux élections européennes de juin 2014.
Cette campagne, intitulée « Agir, réagir, accomplir », coutera 16 millions d’euros et sera déclinée principalement sous forme d’affiches et de clips vidéo. Ses initiateurs, craignant la montée de ce qu’ils appellent « l’euroscepticisme » et de l’abstention, veulent démontrer que les décisions de l’UE ne sont pas prises « derrières des portes closes » et que le Parlement européen a aujourd’hui un rôle plus important qu’auparavant. Il s’agit donc pour eux de convaincre les électeurs européens qu’en votant, ils peuvent « influencer » la politique de l’UE.
L’eurodéputé vert Daniel Cohn-Bendit a lancé le même jour sa propre campagne pour inciter les jeunes européens à s’inscrire sur les listes électorales. Il est lui aussi convaincu que « le climat eurosceptique » sera « le grand problème » des élections de 2014. Cofondateur du mouvement Europeans Now, qui entend agir pour accélérer l’intégration européenne afin de dépasser « les schémas nationaux », le député européen propose un « pacte pour l’Europe », conçu sur le modèle du pacte écologique proposé par Nicolas Hulot pendant la campagne des élections présidentielles de 2007, pacte grâce auquel les jeunes pourraient « confronter » les partis politiques.
Aurélie Trouvé, co-animatrice du Conseil scientifique d'Attac, était à l'Université d'été de l'association à Nîmes fin juillet 2013. Elle revient sur les dangers de l'accord de libre-échange et d'investissement entre l'Union européenne et les Etats-Unis actuellement en cours de négociation.
La der des ders… Chaque fois qu’une réforme des retraites est lancée — sept depuis 1993 —, on assure que c’est la bonne et qu’enfin salariés comme retraités pourront vivre tranquille. Chaque fois, les promesses s’envolent et les gouvernants aggravent les ponctions, sans jamais s’interroger sur la nocivité de la potion qu’ils font ingurgiter à intervalles réguliers, depuis deux décennies.
Plus habiles que leurs prédécesseurs, le président François Hollande et son premier ministre ont laissé leurs experts multiplier les propos alarmistes, avant de présenter ensuite leur mixture comme un moindre mal. Mais si la posologie est (un peu) allégée par rapport aux annonces intempestives, elle n’en est pas moins dangereuse. Sa philosophie ? Travailler plus pour toucher moins, et sans attendre, payer plus.
Tous les salariés sont touchés, mais les plus jeunes et les plus anciens, c’est-à-dire les retraités, sont les plus pénalisés. Le capital est totalement épargné. La seule mesure franchement positive concerne la pénibilité. Toutefois, pour les travailleurs les plus exposés aux problèmes de santé, elle ne fait que réparer les dégâts liés au recul de l’âge de la retraite à 62 ans — décidé par la droite et M. Nicolas Sarkozy, condamné par le Parti socialiste quand il était dans l’opposition mais maintenu par les élus socialistes désormais majoritaires (sauf pour les très longues carrières).
Avant même d’entrer dans le détail des mesures, on peut s’interroger sur la dramatisation des déficits et l’inquiétude permanente instillée dans les têtes. Certes le trou existe, mais il n’est pas abyssal : 4,5 milliards d’euros sur 98 milliards de cotisations versées. Il est principalement dû à la récession (et non à un problème structurel). D’ici 2020, il tutoiera 1 % du produit intérieur, soit un peu plus de 20 milliards. C’est l’équivalent de ce que le gouvernement vient d’offrir sur un plateau au patronat au nom du plan compétitivité. Sans obligation aucune pour les dirigeants d’entreprise en matière d’emploi, de salaire ou même de formation. Sans que la question du financement n’ait troublé qui que ce soit. Ce qui est possible pour les patrons ne l’est plus pour les salariés ou les retraités ?
Nul ne nie l’augmentation du nombre de personnes de plus de 65 ans. Mais la vague grise n’a rien d’une déferlante : nous ne sommes ni en Allemagne ni au Japon (1). D’une part, la France a une démographie dynamique et disposera donc à l’avenir d’une population active en augmentation. D’autre part, elle connaît une productivité du travail parmi les plus élevées du monde. Si, comme on nous le répète souvent, il y avait effectivement 2,5 actifs pour 1 retraité en 1970 contre 1,5 actif d’ici 2020, ce dernier produit aujourd’hui plus que les 2,5 d’antan (2). Du point de vue des richesses disponibles pour les retraites, il n’y a donc pas de pénurie. Contrairement à ce que prétendent les apôtres de l’apocalypse, l’actif de demain ne sera pas pressuré par les vieux à venir.
En fait, si le président Hollande s’est ainsi précipité, ce n’est pas pour « sauver le système de retraite », menacé d’aucune faillite, mais pour répondre aux injonctions de Bruxelles et des agences de notations qui réclament une réduction des dépenses publiques et notamment des retraites par répartition. « Le projet de réforme comporte des points pouvant être vus comme en opposition avec ce que la commission avait suggéré (3) », a déjà fait savoir M. Olli Rehn, commissaire européen chargé des affaires économiques et monétaires, sur le ton de l’instituteur mécontent face à un élève récalcitrant. Avec la même condescendance, l’agence de notation Fitch indique : « Les récentes annonces du gouvernement français sur sa réforme des retraites constituent une étape positive pour la signature de crédit (...) mais n’apparaissent pas suffisantes (4). » Pour les milieux financiers, ce n’est jamais assez. Et le mécontentement de Bruxelles ne vaut pas bienfait pour les travailleurs. Qu’on en juge, à l’examen des principales mesures.
Après avoir alimenté la chronique tout l’été autour d’une hausse de la contribution sociale généralisée (CSG), le gouvernement a choisi d’accroître les cotisations, et donc d’affirmer le lien entre salaire différé (payé en cotisations dites patronales et salariales) et pension perçue à la retraite — lien qui constitue l’un des piliers du système français.
Les salariés comme les employeurs paieront 0,15 point de plus en 2014 puis 0,05 point supplémentaire en 2015, 2016 et 2017. Pour un Smicard, la ponction sera, au total, de 54 euros par an. Ce qui est loin d’être négligeable, quand cela vient après des hausses diverses (électricité, TVA, taxe sur le fuel...) et des revalorisations salariales au compte-goutte : depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement n’a donné aucun coup de pouce au salaire minimum, jugé trop élevé !
Quant au patronat, le pouvoir lui redonne d’une main ce qu’il lui a pris de l’autre. Le premier ministre s’est engagé à « baisser le coût du travail » et donc à compenser la hausse des cotisations vieillesse par une baisse des cotisations familiales… qui seront alors payées par les contribuables (les salariés et les retraités). Non seulement le gouvernement exonère les chefs d’entreprise, mais il en profite pour amorcer une réforme structurelle réclamée par les chantres de l’austérité depuis des décennies : sortir les allocations familiales du périmètre de la Sécurité sociale pour les laisser à la solidarité nationale (et aux aléas du budget de l’Etat) et décharger l’entreprise de toute responsabilité sociale.
A en croire les porte-voix libéraux, ce sont les cotisations sociales qui ruineraient l’économie française et casseraient le génie industriel. Il n’en est rien. Entre 1980 et 2011, la part payée par les employeurs dans la valeur ajoutée des sociétés non financières s’est réduite de 1,7 point. Et pour quel bénéfice ? Les investissements sont restés quasiment stables (+ 0,2 point). En revanche les actionnaires ont touché le gros lot : la part des profits distribués a en effet grimpé de 6 points (5).
Autre choix du gouvernement : les pensions sont partiellement désindexées. Elles ne seront plus revalorisées du montant de l’inflation officielle chaque année en avril mais en octobre : un report de six mois qui fait perdre 0,9 % de pouvoir d’achat en moyenne. Devant le tollé, la ministre des affaires sociales a promis d’épargner les plus petites pensions fixées à… moins de 800 euros ! Le moins que l’on puisse dire est que la barre n’est pas très haute.
Déjà, la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Force ouvrière (FO), la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC) et le patronat ont concocté, en mars dernier, une totale désindexation des retraites complémentaires, qui pour nombre de salariés, constitue la grande part de leur pension.
A cela s’ajoutent d’autres mesures fiscales. Jusqu’alors, la majoration de 10 % des pensions touchées par les parents de trois enfants et plus était exonérée. Cette somme sera désormais fiscalisée. Les retraités paieront plus d’impôts. Et les femmes seules seront particulièrement pénalisées.
Au total, l’Etat récupérera ainsi 2,7 milliards d’euros par an à partir de 2020. Pour les retraités, la chute sera comprise entre 2,6 et 3 %. Il faut rappeler que la moitié d’entre eux touchent moins de 1 530 euros par mois. Ce qui ne permet guère de faire des folies. Certes les deux tiers sont propriétaires de leur logement, mais ils doivent assumer totalement leurs mutuelles santé, souvent à prix d’or. Actuellement,le nombre de retraités pauvres dépasse les 10 %.
Autrement dit, la réforme va réduire le pouvoir des salariés et des retraités et freiner une croissance nationale qui souffre déjà d’une insuffisance de demande intérieure.
Le gouvernement a refusé de reculer l’âge officiel de la retraite (62 ans) qui permet de partir avec une pension pleine, quand on a cotisé pendant tous les trimestres requis. Nul ne s’en plaindra. Et ceux qui ont commencé à travailler tôt peuvent en bénéficier.
Mais déjà aujourd’hui, plus d’un salarié sur trois ne peut partir à 62 ans avec une retraite pleine et entière : ils doivent choisir entre partir et subir pour le restant de leurs jours une décote qui peut aller jusqu’à 8 %, rester dans leur emploi s’ils le peuvent, ou s’inscrire au chômage. Beaucoup — près de 3 sur 10 — n’ont pas le choix et sont jetés dehors avant de pouvoir aspirer à une nouvelle vie. Du reste, le nombre de chômeurs de plus de 55 ans augmente à mesure que recule l’âge de départ. Autrement dit, ce que l’on ne paie pas en pensions on le paie en indemnités chômage. Sauf que celles-ci sont souvent inférieures à la pension attendue. C’est d’ailleurs tout le calcul du patronat et du gouvernement : avoir moins à débourser.
Le pouvoir de gauche a donc décidé de se mettre dans les pas de ses prédécesseurs de droite. Ces derniers avaient allongé de six trimestres le temps de cotisations entre 2003 et 2019 ; le gouvernement Ayrault les augmentera de six trimestres entre 2020 et 2035. Résultat : les personnes nées en 1973 partiront aux environs de 68 ans en moyenne. A condition qu’ils ne connaissent pas de carrière en dents de scie. Nombre de jeunes en sont à se demander s’ils verront un jour la retraite ; ce qui accroît encore leur angoisse de l’avenir.
Pour justifier son choix, le gouvernement fait valoir l’allongement de l’espérance de vie — une réalité incontestable. Mais jusqu’en 2003, cet allongement était laissé aux travailleurs pour en jouir. Désormais, les deux tiers doivent être consacrés au travail (ou au chômage). Un changement historique qui n’est sans doute pas sans conséquence : pour la première fois depuis l’après-guerre, l’espérance de vie en bonne santé à la naissance a reculé, passant de 64,8 ans en moyenne en 2008 à 63,6 ans en 2011 (6).
Un (petit) effort a été consenti pour les apprentis qui pourront cotiser et pour les femmes dont la totalité des congés maternités sera comptabilisée — une des rares dispositions Sarkozy que l’actuel gouvernement abroge. Pour les personnes travaillant à temps partiel, chaque trimestre sera validé à partir de 11 heures hebdomadaires payées au SMIC (7), contre 15 heures jusqu’à présent — ce qui devrait toucher 4,4 % des femmes à temps partiel et 1,1 % des hommes (8). On est loin de la promesse de lutter contre les inégalités : les pensions féminines sont inférieures de 42 % à celles des hommes !
Un compte individuel sera créé pour les personnes travaillant dans des conditions pénibles, selon la définition retenue par le patronat et les syndicats : contraintes physiques (manutention, postures difficiles...), rythmes de travail fatigants (travail de nuit ou en équipes alternantes), environnement agressif (produits chimiques dangereux, bruit...). Des points seront accumulés : un point par trimestre d’exposition, deux quand il y a deux types de contraintes, jusqu’à un total de 100.
Les inégalités devant le travail sont si prégnantes que même M. Sarkozy avait fait semblant de les prendre en compte. Il avait créé une disposition qui devait permettre à 30 000 personnes de partir plus tôt : seules 6 359 personnes en ont bénéficié.
M. Hollande promet que 20 % des salariés seront concernés. Cela paraît plus sérieux. Toutefois le dispositif reste modeste : à partir de 25 ans d’exposition, note la Confédération générale du travail (CGT), un salarié pourra accumuler l’équivalent de 8 trimestres ; ce qui lui permettrait de partir à 60 ans et d’en revenir à la situation... d’avant la décision Sarkozy de porter l’âge à 62 ans. Rappelons que la différence d’espérance de vie à 60 ans entre un cadre et un ouvrier est toujours de cinq ans.
De plus, le dispositif prévoit que les premiers points accumulés devront être consacrés à la formation pour aller vers une reconversion. Mais rien n’est dit sur la façon d’opérer : qui décide ? Pour quel futur emploi ? A partir de quel âge un salarié pourra-t-il y prétendre ? On sait que les personnes les moins qualifiées et les plus âgées (plus de 50 ans !) sont celles qui ont le moins accès aux formations dans les entreprises. En ira t-il autrement demain ?
Enfin une partie des points devrait permettre au salarié de travailler à mi-temps. Mais on ignore encore le montant des compensations. Or la pension retraite est calculée sur les 25 meilleures années — toute réduction de la paie en fin de carrière se paie cher par la suite.
Quant au financement, le gouvernement prévoit une mini-taxe interprofessionnelle financée par toutes les entreprises, et une autre acquittée par celles qui imposent des conditions de travail déplorables. De quoi inciter à une organisation moins coûteuse pour la santé des salariés. Alors que le patronat est vent debout, le pouvoir ira t-il jusqu’au bout ?
La réforme aboutira enfin à la création d’une Commission de pilotage des retraites, aux cotés du Conseil d’orientation des retraites (COR). Si ce dernier comprend tous les syndicats et le patronat, ceux de la Commission seront désignés, mais on ignore par qui et selon quels principes. Le précédent du Haut conseil des finances publiques ne prête guère à l’optimisme : sur les onze membres de cette docte assemblée, neuf ont ouvertement pris position pour une réduction des dépenses publiques. Les autres sont tenus au secret des délibérations. Le COR n’était certainement pas un modèle de démocratie, mais au moins pouvait-on prendre connaissance des arguments des uns et des autres. Le risque est grand de voir corseter les pensions, sans le début d’un débat public. On a l’impression que pour l’élite (de gauche ou de droite), plus les réformes sont nocives, plus la démocratie fait peur.
(2) Si l’on prend la base 100 en 1950, la productivité du travail atteint 275 en 1970 et 723 en 2010, selon l’Insee. Autrement dit, un travailleur qui produisait 100 en 1950, produisait l’équivalent de 275 unités en 1970 et 723 quarante ans plus tard.
(3) « Retraites : le scepticisme croissant de Bruxelles », lemonde.fr, 6 septembre 2013.
(4) « La réforme des retraites positive mais insuffisante, juge Fitch », lesechos.fr, 6 septembre 2013.
(5) Chiffre cité par Jean-François Couvrat (@dechiffrages sur Twitter) le 12 mars 2013, à partir des comptes nationaux de l’Institut national de la statistique et des études-économiques (Insee).
(6) Même source.
(7) Le nombre de trimestres validés n’est pas établi en fonction de la durée de travail réalisé mais en fonction du montant de la rémunération annuelle soumise à cotisation. Chaque paquet de 200 heures de travail rémunérées au SMIC permettait de valider un trimestre (jusqu’à concurrence de 4 trimestres par an). Le paquet est, à partir de 2014, de 150 heures.
(8) Calcul réalisé par Christiane Marty pour le Conseil scientifique d’Attac et la Fondation Copernic.
Lundi 9 septembre 2013
Alors que plusieurs syndicats appellent à manifester mardi contre la réforme des retraites du gouvernement, Lucien Sève estime que c’est la place et le rôle du retraités qu’il faut repenser en profondeur. Le philosophe appelle à jeter les bases d'une "troisième vie" dans laquelle le retraité jouerait un rôle majeur et actif à visée émancipatrice dans la société. Loin de toute exploitation. Entretien.
Salariés et retraités seront dans la rue le 10 septembre pour s’opposer à la réforme des retraites telle qu’elle est annoncée par le gouvernement. On nous redit, comme à chaque fois: «on vit plus longtemps, il est normal qu’on travaille plus longtemps», et c’est bien ce à quoi tend l’allongement de la durée de cotisation. Vous insistez sur un autre aspect de la question: le bien-vieillir. Qu’est-ce à dire?
Permettez que d’abord je revienne sur cette fameuse phrase censée justifier l’attaque contre nos retraites. C’est comme ça que se mène toute politique antipopulaire: d’abord, on intimide en matraquant avec un slogan bien trouvé (par exemple «le coût du travail»); et alors, carte blanche pour le pire. Nous n’attaquons pas assez cette apparente évidence («on vit plus longtemps, on doit travailler plus longtemps») qui est en fait une double mystification. D’abord, on vit plus longtemps justement parce qu’on travaille moins longtemps que jadis; faire travailler plus longtemps, c’est réduire la durée moyenne de vie, comme le démontre la très forte différence d’espérance de vie entre salariés d’exécution et non-travailleurs. Ensuite, et c’est là le plus mystificateur, de plus en plus les retraités travaillent bel et bien – tâches domestiques, bénévolat social, activités créatrices... –, mais librement, et non plus pour un patron! Le travail libre ne tue pas, au contraire il fait vivre.
Tout est là. Ce que dit en sous-main le slogan, c’est donc: on vit plus longtemps, donc on doit être exploité plus longtemps. Voilà le scandale. Travail libre ou travail exploité? C’est le cœur de la question. Une question à fort contenu de classe.
Venons-en au «bien-vieillir». Vous mettez en cause l’approche de toute la question des retraites en termes d’âge, l’appellation de «séniors»... Mais n’est-ce pas l’identité du système de retraite à la française, savoir que les «actifs» d’aujourd’hui cotisent pour les retraités?
C’est qu’il y a un vrai jeu de mots sur le mot âge. Si je dis: soixante ans doit être l’âge du droit à la retraite, ici âge est simplement un repère temporel. Mais quand on dit: les retraités sont des gens d’âge, âge devient une qualification psychique, ce seraient des vieux nécessairement voués à l’oisiveté, à l’inactivité, de simples bouches à nourrir, bien lourdes pour la nation...
C’est ce second sens du mot âge qu’il faut radicalement critiquer. L’extraordinaire mutation à la fois sanitaire et sociale qui s’est engagée, c’est qu’après soixante ans s’ouvre pour beaucoup non pas ce qu’on appelle «le troisième âge», c’est-à-dire une survivance diminuée, mais une troisième vie à part entière, plusieurs décennies au cours desquelles, au sein même de cette invivable société capitaliste à bout de souffle, commence à devenir possible pour un nombre croissant d’hommes et de femmes une existence active désaliénée. Nous vivons les débuts d’une formidable émancipation possible de l’existence humaine, où après la «vie de travail», on veut dire par là la vie exploitée, peut s’ouvrir pour de plus en plus d’individus une longue vie d’activités non exploitées, une vie pleinement pour soi et pour les autres.
C’est cette magnifique mutation commençante qui est en jeu. La réforme en cours du système de retraite signifie concrètement que la plus grande part de l’espérance supplémentaire de vie serait confisquée par le capital aux salarié-e-s. C’est intolérable.
Mais la frontière entre «actifs» et «inactifs» n’est-elle pas le fruit de décennies durant lesquelles la condition de retraité a été résumée au repos bien gagné après le devoir accompli, à l’oisiveté? Quelle condition nouvelle devrait-on envisager pour le retraité nouveau?
Ici encore, attention aux jeux de mots involontaires. Cette distinction des «actifs» et des «inactifs» est en effet à la base de notre système de retraite par répartition, mais en un sens purement institutionnel: est dit actif le travailleur salarié qui cotise pour le retraité appelé inactif en ce seul sens qu’il a cessé d’être lui-même travailleur salarié. A cela il n’est bien entendu pas question de toucher. Mais dans le sens général de ces adjectifs, rien ne voue le retraité à être un inactif, en entendant par là un improductif, un inutile, et ce qui se passe sous nos yeux est justement que de plus en plus de femmes et d’hommes retraité-e-s ne font pas que jouir d’un repos souvent très chèrement gagné, se distraire, voyager...
Beaucoup tiennent à se rendre activement utiles et le sont effectivement. Qu’en serait-il par exemple de notre vie municipale, associative, solidaire sans la très considérable participation des retraité-e-s? Et de la vie familiale, des rapports avec les enfants? Et de bien d’autres choses importantes, comme la transmission de l’expérience professionnelle et sociale? En ce sens, il importe hautement de cesser de les appeler «inactifs», désignation légale susceptible d’accréditer une vraie falsification sociale. Le revenu qu’est la retraite n’est pas une aumône pour individus socialement à charge, c’est une rémunération justifiée pour pleine citoyenneté.
Bien sûr que ça pourrait et même devrait le faciliter! L’allongement de l’espérance de vie active exige de penser et d’organiser autrement le temps de retraite. Et d’abord il faut entendre autrement le mot même de retraite. D’origine, il dit un retrait de la vie active, une mise à l’écart, un renoncement à la vie plénière. Le retraité en a le droit, si c’est son libre choix. Mais de plus en plus le mot peut et doit dire tout autre chose: une troisième vie traitée autrement, retraitée comme on retraite un minerai... Un retraitement de l’existence où l’on puisse enfin longuement faire ce qu’on a envie de faire et que la vie exploitée a empêché de faire... C’est un droit imprescriptible de toute personne, si du moins notre monde est civilisé.
Et l’assurer vraiment exige toutes sortes de choses qui à mon sens doivent faire aussi partie de la bataille pour nos retraites. Par exemple, une troisième vie humainement riche ça se prépare, ça présuppose d’acquérir de nouveaux savoirs et savoir-faire, de former de nouvelles motivations. A cet égard, la façon dont ce capitalisme à bout de souffle maltraite aujourd’hui les quinquagénaires est un scandale, on leur gâche l’existence, on les licencie, on leur refuse toute formation, etc., cela juste au moment où ils ont à préparer leur troisième vie, chose aussi essentielle que la formation initiale... L’être humain est aujourd’hui aussi maltraité que la planète Terre, je trouve qu’on ne le dit pas assez. Il ne suffit pas d’être écolo, il faut du même mouvement être anthropolo...
Dans quelle mesure la bataille pour ce que vous appelez la troisième vie s’apparente-t-elle, selon vous, à une bataille de classe?
Empêcher qu’on dégrade davantage encore notre sytème de retraite et même passer à l’offensive pour y apporter toutes les améliorations dont il a tant besoin, c’est se battre pour que demain vingt millions de retraité-e-s accèdent à une vraie troisième vie soustraite à l’emprise directe du capital. C’est une affaire colossale. N’ayons pas peur du mot: c’est bien plus que simplement revendicatif, c’est proprement révolutionnaire.
C’est même ça, aujourd’hui et demain, la révolution: créer au présent un rapport des forces qui permette de changer sans attendre des rapports sociaux fondamentaux dans un sens émancipateur.
Si nous hésitons à voir dans cette bataille de la retraite une vraie et grande lutte de classes, le capital financier, lui, n’hésite pas: il se donne à fond pour la gagner en son sens.
Oui vraiment, grande bataille de classe. Qui mérite que nous fassions un premier vrai succès du 10 septembre.
Propos recueillis par Sébastien MADAU (La Marseillaise )
Derniers ouvrages de Lucien Sève :
* Aliénation et émancipation, précédé de Urgence de communisme, suivi de Karl Marx, 82 textes du Capital sur l’aliénation, La Dispute, 2012
* Qu’est-ce que la personne humaine? Bioéthique et démocratie , La Dispute, 2006.
9 Septembre 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs
Waterman France, du groupe US Newel Rubbemaid, est en pleine restructuration. Comprenez qu'il licencie en Loire-Atlantique, dans la Drôme et les Hauts-de-Seine. Tout cela, bien entendu, pour grossir les dividendes des actionnaires. C'est du licenciement boursier.
Mais comme la loi devant le sanctionner, promise par le camarade François, ne sera jamais adoptée par François II, roulez jeunesse!
Waterman veut même appliquer la formule: "je-te-vire-mais-tu-formes-avant-ton-successeur". En récompense, une sucette de 1 000 euros. Ouais, comme tout le service clients va être délocalisé en Pologne, on fera venir les futurs salariés en Gaule pour qu'ils soient au top niveau.
Dites camarades du PS et de la CFDT, c'est quand que vous l'humanisez le capitalisme?
Autre bonne pioche pour le patronat. L'Elysée vient de déchirer le fichier 040 de la Banque de France. Il recensait les patrons qui s'étaient mis en liquidation judiciaire.
C'est pour leur donner une seconde chance, dixit le gouvernement socialo-écolo du bosco de Nantes.
Encore autre chose. Hier, j'ai évoqué les centaines de millions d'euros d'argent liquide saisis par les Douanes à la frontière de la Suisse et du Luxembourg.
L'un de mes abonnés me signale que l'Elysée a programmé la suppression de 400 postes de douaniers et que l'amendement pour renforcer l'action des Douanes en la matière a été refusé par l'Assemblée nationale à majorité socialo.
Roger Colombier
Un sondage du Pèlerin révèle que 74% des Français sont opposés à la réforme des retraites annoncée par Jean-Marc Ayrault. Bizarrement, c'est peu commenté.
Même les mesures sur les femmes et la pénibilité ne font pas passer la potion magique.
Oui exactement comme à cette époque.
http://sebmusset.blogspot.fr/2013/09/Retraites-Manifestation-Reforme.html
« Martha Desrumaux : une femme du Nord, ouvrière, syndicaliste, déportée, féministe » aux Editions du Geai Bleu 166 avenue de Bretagne 59000 LILLE Tél. : 06 75 68 59 61
8 septembre 2013
Une recherche de documentation sur ‘’les contrats aidés’’ m’a inspiré ce titre. Vous comprendrez en lisant la suite.
Extrait du document officiel du ministère de l’emploi Intitulé :
‘’Emplois d’avenir’’
‘’Le guide de l’employeur’’
Document PDF consultable et chargeable à l’adresse suivante :
http://travail-emploi.gouv.fr/IMG/pdf/A5_GUIDE_EMPLOYEUR_2013.pdf
Voici l’extrait :
> Les engagements de l’État
L’État s’engage à financer 100 000 emplois d’avenir en 2013 et 50 000 supplémentaires en 2014 ( soit 150 000 au total ).
L’aide de l’État pour l’embauche d’un jeune en emploi d’avenir est de 75 % du
SMIC* brut pour les employeurs du secteur non marchand et 35 % pour le secteur marchand (cf. arrêté du ministre de l’Emploi et du ministre du Budget).
Pour les entreprises d’insertion, un taux intermédiaire de 47 % d’aide de l’État est appliqué.
Simulation emploi temps plein secteur non marchand
Rémunération brute niveau SMIC (au 1er janvier 2013 ) 1430 €
Montant de l’aide 1072 €
Reste à payer pour l’employeur 358 €
Simulation emploi temps plein secteur marchand
Rémunération brute niveau SMIC (au 1er janvier 2013 ) 1430 €
Montant de l’aide 500 €
Reste à payer pour l’employeur 930 €
Les employeurs du secteur non marchand bénéficient de surcroît d’une exonération du paiement des cotisations patronales de sécurité sociale dues au titre des assurances sociales et des allocations familiales, dans la limite d’un montant de rémunération égal au SMIC, ainsi que d’une exonération de la taxe sur les salaires, de la taxe d’apprentissage, de la participation à l’effort de construction.
Un joli cadeau non ?
Pourtant, un certain P Gattaz a dit :
(Voir page 6 de la revue CGT ‘’Ensemble’’)
« Les entreprises ont besoin sur les 5 prochaines années d’un allègement de 50 milliards
d’euros sur leurs charges et de 50 milliards sur leurs impôts »
Comme disait Murielle Robin dans une certaine pub qui nous a assez cassées les cou…oreilles:
« Et pourquoi pas ? »
Question :
Cette ‘’modeste’’ demande prend-elle en compte tous ces ‘’petits’’ cadeaux faits depuis des années au patronat ?
Cadeaux que l’on appelle plus généralement ‘’contrats aidés’’ qui en plus des aides concédées pour le paiement des salaires, permettent à nos pauvres patrons philanthropes d’être exonérés de leurs cotisations sociales.
J’oubliais, dans leur jargon ‘’cotisations sociales’’ se dit ‘’charges sociales’’. La différence n’est pas anodine, elle permet de donner au public l’image d’un patronat, voulant lutter contre le chômage (lol), écrasé par la charge un peu comme Jean Valjean dans les misérables.
Une petite différence s’impose tout de même entre le héros de Victor Hugo et le héros ‘’Gattazien’’, c’est que le premier voulait vraiment sauver le père Fauchelevent écrasé par la charrette, le deuxième ne tient pas à soulever la charrette du chômage qui nous écrase car c’est son fond de commerce, ce qui lui permet de pratiquer des salaires au rabais.
Chers amis du ‘’grand patronat’’, sachez que n’est pas héros de Victor Hugo qui veut !
Mais sachez que, tant qu’il y a du chômage et de la précarité, il y a de l’espoir pour les salaires au rabais et pour l’exploitation. Cela devrait vous consoler !
Pour conclure, ne nous prenez pas trop pour des ‘’cons’’ et ne vous trompez pas de conte, car on va finir par s’en rendre compte et vous en demander………des Comptes !
L’inspecteur JAVERT
Fructidor 2013