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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 23:03

Ruwen Ogien, philosophe et auteur de La Guerre contre les pauvres commence à l’école : sur la morale laïque a très gentiment accepté de répondre à nos questions pour le site Questions de classe(s). Nous vous livrons son analyse du projet de Vincent Peillon de rétablissement de la morale à l’école.


arton364-616eb.jpgQuestions de classe(s) - Avec La Guerre contre les pauvres commence à l’école : sur la morale laïque (Grasset, 2013, 168 p., 14,50 €) vous nous proposez un livre « sur » l’actualité qui s’ouvre en montrant que ce retour prôné par Vincent Peillon est tout sauf original et qu’il s’inscrit à la fois dans la nostalgie de l’école d’antan et dans le mouvement de revanche contre « l’esprit 68 » déjà porté par ses prédécesseurs. La nouveauté serait surtout que Vincent Peillon pourrait réussir à convertir la gauche au conservatisme scolaire, comme elle s’est convertie au libéralisme ou à la pensée sécuritaire...


Ruwen Ogien - Ce que la pensée conservatrice a de plus frappant, c’est sa vision moraliste des urgences politiques. Pour ceux qui la propagent, le problème principal de nos sociétés n’est pas l’accroissement considérable des inégalités de richesse et de pouvoir, le traitement inhumain des immigrés sans papiers, ou les atteintes à la vie privée par le fichage clandestin et la surveillance illégitime des communications. Non. Ce qui les préoccupe, c’est l’effondrement d’un certain ordre moral fondé sur le goût de l’effort, le sens de la hiérarchie, le respect de la discipline, le contrôle des désirs, la fidélité aux traditions, l’identification à la communauté nationale, et la valorisation de la famille « naturelle » et hétérosexuelle. Logiquement, la priorité, pour les conservateurs, n’est pas d’améliorer la condition économique des plus défavorisés, ou de mieux protéger les droits et les libertés de chacun. Elle est de restaurer cet ordre moral.


Le projet de ramener la morale « laïque » à l’école séduit manifestement beaucoup de monde, à droite comme à gauche. Il repose cependant sur une idée profondément conservatrice : le problème principal de l’école ne serait pas qu’elle manque de moyens matériels, et qu’elle est incapable, aujourd’hui, de compenser les injustices causées par un système économique et social profondément inégal. Non. Le problème, c’est l’immoralité des élèves, plus exactement l’immoralité des élèves des quartiers défavorisés ! Car pourquoi auraient-ils besoin de cours de morale, s’ils étaient déjà moraux ?


En affirmant que la France a besoin d’un « redressement moral » avec des accents réactionnaires un peu gênants pour tous ceux qui veulent soutenir ce gouvernement, l’actuel ministre de l’Éducation nationale, dont les engagements à gauche sont pourtant incontestables, consacre l’hégémonie de la pensée conservatrice sur le sujet de l’école, comme d’autres ministres de gauche l’ont consacrée, par leurs déclarations, sur l’immigration ou la sécurité. C’est une tendance qu’il faut, je crois, essayer de combattre sans se lasser.


Q2C - Ce qui distingue aussi le projet de Vincent Peillon de celui de ses prédécesseurs, c’est l’adjectif « laïque » accolé au terme de morale. Comment comprendre cette démarche et ses impasses ?


R. O - Il ne faut pas être naïf. On ne peut pas ignorer ce que sont devenus les mots « laïque » et « laïcité » dans le débat public aujourd’hui.


Loin d’exprimer la défense de la justice sociale, des droits et des libertés individuelles, comme ce fut le cas à certains moments de l’histoire, les mots « laïque » et « laïcité » servent à glorifier la Nation et ses « traditions » (gros rouge et saucisses de cochon, entre autres), et de discréditer les minorités religieuses qui ont le « culot » de revendiquer l’égalité dans la possibilité de s’exprimer publiquement et de vivre selon leurs propres habitudes culinaires ou vestimentaires.


Pour éviter ce danger, il faudrait dire et répéter que l’usage public des mots « laïque » et « laïcité » ne vise nullement à étouffer le pluralisme des mœurs, la diversité des habitudes culinaires et vestimentaires, à rejeter les revendications présentes à l’expression publique des minorités religieuses, ou à stigmatiser telle ou telle population déjà défavorisée. Ce que le ministre ne fait pas suffisamment à mon avis.


C’est pourquoi je me suis permis de suggérer que son projet peut parfaitement être compris comme visant en priorité, les jeunes des quartiers défavorisés, généralement accusés d’être trop sensibles à l’appel de l’intégrisme religieux musulman, d’être trop violents et trop incivils, des jeunes dont tout le monde semble penser qu’il serait urgent de les « discipliner », et de les ramener dans le « droit chemin » de l’uniformité républicaine.


En effet, même si sa portée est plus large dans l’esprit du ministre, c’est ainsi que son projet d’enseignement de la morale laïque est généralement interprété, et c’est ce qui explique pourquoi il suscite un tel enthousiasme, même à l’extrême droite… et même chez les croyants catholiques !

Selon un sondage IFOP effectué du 4 au 6 septembre 2012, après que Vincent Peillon ait annoncé pour la première fois son projet d’un enseignement de morale laïque, 86% des catholiques étaient pour des cours de morale laïque ! (Dimanche Ouest-France, 8 septembre 2012). C’est quand même significatif. Même les plus catholiques semblent apprécier la laïcité lorsqu’elle est comprise ainsi !


En fait, le ministre de l’Éducation nationale n’a probablement pas l’intention, par son projet, de stigmatiser une population Il vise plutôt à obtenir une sorte de consensus sur ses projets de réforme de l’école, et il sait que l’idée d’un retour de la morale peut servir de base à ce consensus, parce qu’elle est approuvée par la majorité des citoyens. Mais le danger politique de voir la morale dite « laïque » mise au service de la stigmatisation des musulmans existe clairement à mon avis.


Q2C - L’ouvrage aborde cet enseignement de la morale d’un point de vue philosophique. Mais c’est aussi une réflexion pédagogique puisque vous y poser la question de la possibilité d’un tel enseignement, de ses modalités et surtout de son efficacité. Quelle conclusion en tirez-vous ?


R. O. - Le projet de faire revenir la morale à l’école part du postulat que la morale peut s’enseigner au moyen de cours et d’examens, comme si c’était une connaissance théorique du même genre que la physique - chimie ou l’histoire - géographie.


Il ne tient pas compte du fait que ce postulat n’a rien d’une vérité d’évidence, et qu’il est disputé depuis l’antiquité. La morale peut-elle s’enseigner ? Et si son enseignement est possible, doit-il se faire de façon magistrale au moyen de cours et d’examens ? Ne consiste-t-il pas plutôt à montrer l’exemple, et à donner l’envie de le suivre ? Les examens de morale devront-ils vérifier, la connaissance de l’histoire des idées morales, celle des principes de la morale, ou la moralité des conduites de l’élève ? L’élève devra-t-il seulement montrer qu’il sait ce qu’est la vertu, ou devra-t-il prouver qu’il est devenu vertueux grâce au programme ?


Toutes ces questions philosophiques se ramènent en fait à une seule plus terre-à-terre : l’enseignement de la morale laïque devra-il ressembler à celui des sciences naturelles ou de la natation ? Savoir nager ne consiste évidemment pas à être capable de décrire les mouvements de la brasse sur une copie d’examen ! Et si apprendre la morale laïque, c’est comme apprendre à nager, si c’est la transformation des conduites de l’élève qui est visée, comment sera-elle évaluée ? En soumettant l’élève à des tentations (tricher, voler, mentir, tromper, etc.) pour voir s’il y résiste ? En instaurant une surveillance permanente des élèves en dehors de l’école par des agents spécialisés ? En construisant des confessionnaux « laïques » où l’élève devra avouer au professeur de morale ses péchés contre le « vivre ensemble » ou le bien commun ?


Finalement, lorsqu’on s’interroge sur la possibilité même d’enseigner la morale à l’école, on ne peut pas éviter de se poser des questions plus générales sur le contexte dans lequel les professeurs sont censés inculquer les valeurs suprêmes de la République : liberté, égalité, fraternité. Comment un enseignement de la fraternité peut-il être dispensé dans le contexte d’un système qui cultive la concurrence acharnée entre les élèves et les établissements scolaires ? Comment un enseignement de la liberté et de l’égalité pourrait être donné dans le contexte d’une institution organisée comme une armée, outrageusement centralisée et hiérarchisée, où les enseignants souffrent plus, finalement, de mépris et du contrôle permanent de leurs supérieurs que des provocations de leurs élèves ?

 

Pour certains observateurs que l’état présent de l’école en France préoccupe, ce qu’il faudrait pour améliorer les choses, ce n’est pas plus d’autorité, de surveillance, de contrôle, mais plus de démocratie à tous les niveaux. En ce qui concerne les conduites « antisociales » à l’école, par exemple, ils constatent que les établissements dans lesquels les élèves participent à l’élaboration du règlement intérieur sont, par la suite, les moins exposés aux actes de violence. Cette hypothèse n’est probablement pas acceptée par tout le monde, mais elle mérite d’être explorée. En tout cas, s’il fallait choisir entre deux moyens de rendre l’école plus satisfaisante pour ses membres, enseignants et élèves, ou bien introduire plus de démocratie à tous les niveaux, ou bien restaurer des cours de morale laïque, je n’aurais personnellement aucune hésitation. Ce ne serait pas les cours de morale !


Q2C - Le titre frappe fort, et, à première vue le lien entre « la guerre contre les pauvres » et la morale laïque ne semble pas immédiat. Est-ce que vous pouvez éclairer le rapport que vous établissez entre les deux ?


R. O. - De nombreuses enquêtes montrent que l’explication de la pauvreté par la paresse n’a cessé de gagner du terrain dans le monde « occidental » au cours des années 1990, au détriment de l’explication par les phénomènes macro-économiques. Voyez par exemple celles dont fait état Nicolas Duvoux dans son excellent livre Le nouvel âge de la solidarité. Pauvreté, précarité et politiques publiques (2012).


L’idée qui se répand à nouveau, comme si on revenait au XIXe siècle, c’est que si vous êtes riche, c’est que vous le méritez, et que si vous être pauvre, c’est de votre faute. Vous ne vous levez pas assez tôt, vous ne cherchez pas un emploi avec suffisamment de persévérance, vous préférez être assisté, et ainsi de suite.

On cherche de plus en plus massivement à « blâmer la victime ». C’est ce que j’appelle la guerre intellectuelle contre les pauvres.


Cette guerre aux pauvres s’exprime aussi dans les tentatives d’expliquer la situation des plus défavorisés par des déficits moraux des individus, plutôt que par les effets d’un système social injuste à la base, et d’une redistribution des bénéfices de la coopération sociale et économique qui ne permet pas de compenser les handicaps initiaux.


À mon avis, le retour de la morale à l’école exprime aussi cette philosophie, Mettre l’accent sur la nécessité de la morale à l’école permet de diminuer l’importance du facteur social dans l’explication de la violence et de l’échec scolaire. C’est en ce sens qu’on peut dire du retour de la morale à l’école qu’il est un nouvel épisode dans la guerre intellectuelle contre les pauvres, visant, comme les précédents, à les rendre responsables des injustices qu’ils subissent. S’ils échouent, c’est parce qu’ils sont immoraux.


Q2C - Une telle annonce semble finalement avoir pour objectif de détourner les regards des véritables enjeux scolaires du moment et d’offrir une grille d’analyse conservatrice et réactionnaire de l’école. Le texte reste assez discret sur ces questions et en particulier, puisque c’est l’un de vos objets d’étude en tant que philosophe, sur la question sociale. Comment faites-vous le lien entre cette question sociale et l’école. Que pensez-vous par exemple des réflexions et des pratiques visant à faire advenir une « pédagogie sociale » ?


R. O. - Pour ceux qu’on appelle les « nouveaux réactionnaires », l’école serait en pleine « décadence » parce qu’elle serait devenue trop démocratique (les élèves ne se lèvent plus à l’arrivée des professeurs, ils ont leur mot à dire sur des problèmes d’organisation interne de l’école, et les parents aussi : quel scandale !), trop pluraliste en matière religieuse (on peut manger « halal » ou « cachère » dans certaines cantines : où sont passées nos traditions ?), trop tolérante à l’égard des attitudes plus décontractées, et plus libres des jeunes d’aujourd’hui (on s’habille comme on veut, on flirte dans la cour, on fume à la sortie : on est passé directement de l’école - caserne aux maisons closes !)

Ces critiques ne sont pas nouvelles, et elles rencontrent un certain écho chez les plus nostalgiques de l’école du passé.


Ce qui est nouveau, c’est que certains penseurs veulent en tirer des conclusions agressives contre la démocratie, le pluralisme moral et religieux, et la tolérance en matière de mœurs en général. Du fait que, d’après eux, ces principes ne marchent pas à l’école, ils affirment qu’ils ne peuvent marcher nulle part !

Le raisonnement est fallacieux du début à la fin. D’abord, ces principes ne marchent pas plus mal que ceux qui autorisaient les maîtres à tirer les oreilles des élèves, ou qui forçaient les élèves à cacher leur appartenance religieuse quand elle n’était pas chrétienne. Ensuite, même si ces principes ne sont pas pertinents pour l’école, il ne s’ensuit pas qu’ils ne peuvent pas l’être ailleurs.


Il n’empêche qu’un discours radical sur les ravages de la démocratie, du pluralisme et de la liberté prospère sur le fond d’une description effrayante de la vie quotidienne dans les établissements scolaires des quartiers populaires.


Ce que j’ai voulu, montrer, dans mon livre, c’est que contrairement à ce que les nouveaux réactionnaires proclament dès qu’on leur donne l’occasion de s’exprimer, ce dont l’école souffre, ce dont nous souffrons en général sans la société, ce n’est pas de l’excès de démocratie, de pluralisme moral et religieux, et de libertés individuelles, mais des restrictions de plus en plus fortes à la démocratie, au pluralisme, et à la liberté.


Propos recueillis par Grégory Chambat pour Q2C

 

http://www.questionsdeclasses.org/?La-Guerre-aux-pauvres-commence-a-l

 

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27 avril 2013 6 27 /04 /avril /2013 14:15

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Professeur dans un collège du 13e arrondissement de Marseille pendant neuf ans, j'ai croisé le chemin de centaines de "minots" des quartiers Nord. Deux d'entre eux viennent de tomber sous les balles de ces règlements de comptes qui font la "une" des journaux, entre deux résultats sportifs et la dernière "petite phrase" du microcosme politique.


L'un s'appelait Hichem Agaba, il est mort dans une fusillade le 13 mars au beau milieu de la matinée. Il a été mon élève trois années durant. J'ai connu ses attentes, ses rires, ses colères, ses difficultés et ses espoirs. Un enfant comme les autres après tout, ou presque. A ceci près que son horizon était bouché par les barres de béton géantes qui repoussaient le ciel un peu trop haut, un peu trop loin.


A ceci près que, pour lui comme pour tous les enfants de ces quartiers de relégation, l'enfance est loin d'être toujours un jeu, entre le retrait progressif desservices publics, le grignotage des solidarités par la montée du chômage et de l'insécurité sociale.


Derrière ces phrases toutes faites, des réalités toutes pleines : 60 % d'enfants qui ont au moins un parent au chômage, celui-ci touchant dans certains quartiers 70 % des moins de 25 ans ; l'ascenseur d'un immeuble de 17 étages qui reste dix ans en panne : pensez aux courses qu'il faut remonter, le petit dernier dans les bras, et le souffle vous manque.


Pensez encore à ces ordures qu'on préfère jeter par la fenêtre et qu'aucun service municipal ne vient enlever, et le souffle vous manque encore. Les habitants qui se battent contre les rats dans leur appartement attendent avec anxiété leur facture d'électricité démesurée puisqu'on a fait le choix du tout-électrique quand les prix ne cessaient de flamber.


L'entrée des élèves d'un collège dans le virage d'une rue très passante reste sans signalisation ni sécurisation particulière malgré les demandes répétées pour la mise en place d'un ralentisseur. Je pense à toi, Aïda, morte à 13 ans de ne pasaller à l'école dans un quartier où la police municipale fait traverser les enfants.


LA CHASSE AUX PAUVRES


A quoi s'ajoute la chasse aux pauvres menée au centre-ville sous couvert de plans de rénovation qui fait des quartiers Nord le réceptacle de toutes les misères et de tous les exils. Mais aussi un lieu savamment isolé du reste de la cité à la nuit tombée, puisque les transports urbains y cessent de circuler dès 21 heures.


Devant ce tableau loin d'être exhaustif, devant les CV retournés, les demandes de stage refusées, les années de collège ratées qui mènent parfois à la déscolarisation, comment s'étonner des séductions de l'économie parallèle ? Et voilà des enfants, dès la sixième, capables de mettre un peu de beurre dans les épinards familiaux en endossant le rôle de "guetteur". Quelle honte ! Quel scandale : ils n'ont pas de morale ces gens-là !


Depuis les années 1980, on vit dans une société qui matraque à l'envi qu'il n'y a que l'argent et la réussite individuelle qui font la valeur d'un homme. Même les programmes de divertissement télévisés ne sont que des variations sur le thème de l'élimination de l'autre, du triomphe personnel. Seulement là où les duretés des conditions de vie font prendre un tour radical à cette vision partagée par tous, il y aurait horreur, manquement à la dignité humaine.


Face à la destruction des espoirs collectifs, des solidarités populaires et ouvrières, les héros ne peuvent plus promettre des lendemains qui chantent pour tous. Seulement un "ici, tout de suite" puisqu'en fin de compte, devant, derrière, où que je regarde, il n'y a plus que moi. Alors plutôt Tony Montana, le héros de Scarface,que Che Guevara, quoi d'étonnant à cela ? Ici comme ailleurs, le petit atome libéral tente de frayer sa propre voie, mais là, le problème est qu'on ne voit que ça.


Dire que la misère engendre la violence serait faire fi de tous ces êtres qui y vivent dans le silence et le respect des règles communes. C'est en tout cas ce que l'on parvient à distinguer du discours tenu par les habitants desdites banlieues dans le vacarme des spécialistes de tout acabit, et autres experts, notamment de la sécurité, devenus nos nouveaux sociologues. Comme si la seule parole audible ne pouvait être que défensive, tentative désespérée de répondre au stigmate. L'injustice sociale qui y règne en maître est-elle plus tolérable quand elle est subie dans le silence des questions qu'on ne pose pas que quand elle accouche d'émeutes ou d'apprentis grands bandits ?


Quand l'explosion de colère est collective, radicale, peut-être désordonnée mais qu'elle demande des comptes comme lors de l'embrasement de 2005, on lui dénie toute pensée, toute portée politique. On la réduit à un phénomène violent qui essentialise ses acteurs en délinquants et les prive de toute parole.

Quand il n'y a plus forcément colère mais recherche effrénée de réussite, fût-elle illégale, c'est toujours la même figure du délinquant qui est convoquée : un délinquant par nature. Représentation néocolonialiste de l'autre, celui qui ne sait pas s'intégrer.


Ennemi par essence, délinquant ou terroriste potentiel, dépossédé de toute image valorisante ou de modèle édifiant, il peut parfois devenir légitime qu'un "jeune" cherche à arracher un peu de pouvoir par la foi radicalisée en une religion condamnée d'avance, diabolisée dans la théorie du "choc des civilisations". Puisqu'elle fait peur en soi, autant en faire une arme pour soi.


Les trafiquants au petit pied ont bien intégré, eux aussi, la loi du marché et la rudesse de sa concurrence, mais eux se trouvent du côté où c'est illégal, et donc illégitime. Les conséquences de leur course au profit peuvent leur être directement imputées, ils sont visibles et repérables par ceux dont ils perturbent l'existence et avec qui ils partagent pourtant le plus souvent un quotidien de galère. Quand un grand groupe qui fait des bénéfices licencie et brise des vies, c'est sans bruit et on ne sait même plus contre qui tourner sa colère.


Ces territoires retranchés de l'espace commun, ces lieux mis au ban (banlieues) ne sont-ils pas aujourd'hui principalement envisagés sous l'angle de l'origine, étrangère, de ceux qui les habitent majoritairement ? Comment ne pas éprouver un malaise devant la dernière opération en date du gouvernement qui vise àremettre de l'ordre dans les cités de Marseille et qui prend pour nom "plan de reconquête des banlieues" ? Encore une preuve que le conflit est appréhendé à travers le point de vue territorial, et non social.


partir de toutes ces limitations de perspective, de tous ces prismes déformants, comment dire la complexité d'une vie qui s'achève un jour de mars sur l'asphalte ?


Tes talents, Hichem, ton intelligence, ta vivacité, ton esprit de repartie et ton humour, j'ai eu la chance de les entendre et ils emplissent d'un bruit assourdissant le silence qui est fait sur ce qu'a été ta réalité, et que j'ignore en grande partie. Ce bruit assourdissant est celui de l'exigence, non pas de la "reconquête", mais du combat pour plus de justice.


Pour tous.


Marion Millo (Professeur de français, aujourd'hui enseignant dans les Côtes-d'Armor)

 

 

http://www.lemonde.fr/idees/article/2013/04/25/hichem-minot-assassine-que-je-n-ai-pas-oublie_3166886_3232.html


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26 avril 2013 5 26 /04 /avril /2013 16:58

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Quand un ministre de gauche, ancien enseignant, propose une réforme des rythmes scolaires, nous sommes enclins à penser qu’enfin cela va bouger dans ce gouvernement. Et bien non ! Après une consultation bâclée, V. Peillon décide de passer en force, bien que toutes les organisations syndicales et parents d’élèves rejettent le contenu du décret sur les rythmes scolaires. Quand fièrement il annonce la création de 60 000 postes, il oublie de dire que Sarkozy en a détruit 75000 ! Le compte n’y est pas ! Quand ce ministre fait appel aux collectivités locales pour financer son projet, avec une prime de 50 euros/enfant si la décision d’application se fait pour la rentrée 2013, on voit bien le désengagement financier de l’État ! Cela va faire rentrer un peu plus de privés dans le public, un peu plus de disparités entre les zones agricoles et les villes, des problèmes de locaux, de qualité d’enseignement, en fonction des communes riches ou pauvres, donc plus de discrimination ! Pour justifier la réforme, on nous argue "l’intérêt de l’enfant" c’est beau, c’est grand ; mais qu’en est-il vraiment ? Quelle définition du scolaire et du "périscolaire ? Qui paye ?


Les collectivités locales vont devoir faire des choix !


L’école publique sera dépendante des moyens financiers que les collectivités locales auront ou pas ! Alors que déjà les moyens alloués à l’école, par les communes, varient d’un à dix, cette réforme va encore distendre la qualité de l’enseignement et aggraver les disparités au lieu de les améliorer ! Alors bien sûr tout n’est pas mauvais : recrutement d’enseignant (même si c’est à minima !) priorité au primaire, affirmation de la maternelle aux enfants de moins de 3 ans, formation des enseignants. Mais pour faire reculer l’échec scolaire, pour que l’école soit égalitaire pour tous et partout, pour revaloriser la condition des enseignants et doter les écoles de matériel nécessaire à un meilleur épanouissement des élèves, le compte n’y est pas !


Alors de deux choses l’une :


Ou l’État, garant de la qualité de l’enseignement gratuit et laïque sur tout le territoire, s’engage et montre une volonté politique d’améliorer l’enseignement, ce qui serait une bonne chose, et il se donne les moyens, écoute les partenaires, prend le temps et fait une réforme dans laquelle effectivement, au centre sera l’enfant, son enseignement, son éveil, sa culture et alors il faut être de ceux qui votent oui... Ou bien comme c’est le cas, cette réforme n’est que brouillon et il faut voter CONTRE ! Cela fait un an que les socialistes sont aux affaires. Nous avons contribué, par notre vote contre Sarkozy, à cet état…

Mais je crois qu’il est grand temps de taper sur la table, voire de la retourner pour dire que nous n’avons pas voter pour cette politique, ET QUE L’ ECOLE MERITE MIEUX QUE ÇA !

 

Ce gouvernement nous montre, par ses choix, qu’il ne fait pas une politique de gauche, mais une politique gauche ! N’oublions pas que les élèves d’aujourd’hui sont les citoyens de demain et que nous nous devons de faire en sorte que leurs formations fassent d’eux des citoyens actifs et critiques, outillés intellectuellement pour opérer des choix individuels et participer aux choix collectifs qui engagent toute la société !


Il faut donc repenser l’école !


 Et cesser de la panser !


 Pour la section du P.C.F. de Rodez : Patrick HECART

 

 

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24 avril 2013 3 24 /04 /avril /2013 16:32

Retour sur l’enseignement de la morale civique pendant la Troisième République

par Collectif Les mots sont importants 

24 avril 2013


À l’heure où le ministre Vincent Peillon tente de réintroduire dans les programmes scolaires des cours de morale laïque, il n’est pas inutile de démystifier ce que furent en réalité ces enseignements dans le passé. Or, deux auteurs se sont penchés sur de vieux manuels d’instruction civique [1], et le résultat est accablant.


L’éducation civique apparaît en effet comme une école de la servitude : les manuels ne cessent de célébrer la patience, la prudence, la modestie et la discrétion, tandis que tout ce qui ressemble à de la résistance, de la révolte ou de la revendication se trouve stigmatisé comme de la vanité, de l’outrecuidance ou de la sauvagerie.

 

"Acceptons joyeusement la médiocrité"


Morceux choisis :

 

"Maxime : la connaissance des devoirs est plus utile au bonheur que celle des droits "


"Le bonheur ne consiste pas à demander beaucoup, mais à se contenter de ce qu’on a"

 

"Acceptons joyeusement la médiocrité, qui ne nous prive que du superflu et nous libère du souci des grandes richesses."

 

"Le devoir nous ordonne de nous résigner ; si une mère perd son enfant unique, qu’elle s’intéresse à des enfants orphelins ou abandonnés : il n’en manque pas."

 

"Certaines femmes s’achètent deux robes par an quand une seule pourrait leur durer deux ans."

 

"Je serai toujours simple et modeste"

 

"Je ne serai ni jaloux, ni envieux"

 

"Je ne dirai du mal de personne ; je ne serai ni médisant ni calomniateur ; je serai sagement discret. Je serai reconnaissant envers tous mes bienfaiteurs."

 

"Je n’irai, plus tard, ni au café perdre ma santé, ni aux courses perdre mon argent, ni au cinéma perdre mon temps à voir des films policiers dont les héros sont des voleurs et des assassins (...)"


Finalement, des jeunes paysans du début du siècle aux "sauvageons" d’aujourd’hui, l’objectif non avoué de l’éducation civique semble rester le même : policer et discipliner la jeunesse. Il est bon de se rappeler que cette morale de l’obéissance, que tant d’intellectuels ou de professeurs semblent aujourd’hui regretter, a formé dans les années 1900-1940 moins de citoyens responsables que de sujets dociles et de fonctionnaires zélés. Maurice Papon, ce champion du "service de l’État", ainsi que tous les hauts fonctionnaires qui ont collaboré à la politique raciste du gouvernement de Vichy, étaient les meilleurs élèves de cette école républicaine qui apprenait avant tout à obéir.

 

"Les Blancs sont les rois de l’Univers"


Cette école n’apprenait pas seulement à obéir. Elle apprenait aussi à mépriser. En effet, on ne comprend pas la permanence des préjugés, du racisme, du sexisme ou du mépris de classe, si l’on ne prête pas attention à ce relais décisif qu’a été l’école. Relais sans doute plus redoutable que la littérature et les illustrés du typeTintin au Congo, dans la mesure où c’est une parole investie d’une très forte autorité qui transmettait les stéréotypes : la parole du maître. Autres morceaux choisis :

 

"Les ouvriers affectent trop souvent des manières grossières, un langage incorrect et malséant, un laisser-aller, une négligence, une malpropreté même, qui choquent."


"Je citerai encore une cause de la condition misérable de beaucoup d’ouvriers : c’est la paresse, "le péché auquel nous nous laissons aller le plus facilement". Combien y en a-t-il qui, travaillant faiblement et à contre-coeur, ne font rien de bon, mettent deux heures pour exécuter l’ouvrage d’une seule, reculent devant les difficultés qui devraient les animer, restent pauvres par leur faute, et condamnent ainsi leur famille à l’ignorance et à la misère !"

 

"À son mari, la femme doit assurer le bien-être matériel et moral. Elle saura faire en sorte que rien ne lui manque : linge et vêtements bien entretenus et prêt à temps ; repas servis exactement et préparés en tenant compte de ses goûts et de sa santé."

 

"Quels que soient ses dons intellectuels ou artistiques, une femme peut faire plus, elle ne peut faire mieux que fonder un foyer ; aussi fera-t-elle sagement d’y demeurer si la nécessité ne l’oblige pas à travailler au dehors. Restez chez vous, vous aurez choisi la meilleure part."

 

"La meilleure amie des jeunes filles, qui est-ce ? Voulez-vous que je vous le dise ? Eh bien.. c’est l’aiguille. - Comment ! l’aiguille à coudre ? - Oui ! à coudre, à broder, même à tricoter."

 

"Il est vrai que, s’ils ne sont guère que le tiers de l’humanité, les Blancs, par l’ascendant de leur intelligence supérieure, par leur morale plus élevée, par leurs religions plus pures et plus nobles, par leur esprit d’invention aussi, et par la force de leurs armes perfectionnées, de leurs machines plus savantes, les Blancs sont les rois de l’Univers."

 

"Petits Kabyles, fils de vaincus, ne maudissez pas vos vainqueurs : vous n’êtes les sujets d’aucun homme, vous faites partie de la France qui veut votre bien."

 

"Ces Canaques sont donc bien méchants ? - Ce sont des sauvages, voilà tout. Ils auraient grand besoin d’être civilisés. Malheureusement, ils préfèrent vivre à l’écart."

 

"Quand la République de 1848 a aboli l’esclavage dans nos colonies, elle leur porta un coup terrible. Les nègres quittèrent en foule les plantations et se livrèrent avec volupté à leur paresse naturelle."

 

"Supprimer les frontières ? Mais aussitôt la France se couvrirait d’un ramassis d’étrangers, avides de fouler son sol sacré, de respirer son air vivifiant, de jouir de son climat, de ses richesses, de l’exploiter dans le plus mauvais sens du mot. Et lorsque tous ces vampires exotiques l’auraient saignée à blanc, sucée jusqu’aux moelles, la fraternité des peuples se traduirait par des étreintes mortelles, des luttes effroyables, des calamités que l’imagination n’ose concevoir. Ce serait du propre, en vérité !"


Ce type de propos a fort heureusement disparu des manuels scolaires. L’enseignement de l’histoire aussi s’est réformé, mais de manière très insuffisante. De plus, ce qui s’est construit en un siècle ne peut être supprimé aussi simplement : il faudrait pour cela un véritable travail de déconstruction. Or, aujourd’hui, non seulement ce travail de déconstruction n’est pas à l’ordre du jour, mais le risque est plutôt, avec le retour de l’éducation civique – et désormais de la morale – à l’école primaire, puis au collège et au lycée, de voir réapparaître, sous couvert de "civisme" et de "laïcité", un catéchisme républicain qui n’apprend qu’à obéir et mépriser.

p.-s.

Ce texte est repris dans le recueil Les mots sont importants

, de Pierre Tevanian et Sylvie Tissot, publié en 2010 aux Éditions Libertlia.

notes

[1] Cf. M. Jeury, J.-D. Baltassat, Petite histoire de l’enseignement de la morale à l’école, Laffont, 2000. Toutes les citations qui suivent sont extraites de ce livre. Elle proviennent de divers manuels de lecture ou d’instruction civique publiés entre 1900 et 1939.

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14 avril 2013 7 14 /04 /avril /2013 23:01

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Dimanche 14 avril 2013

C’est l’alerte. L’école est menacée, l’école est en danger ! Les sonneurs ne cessent d’appeler au combat. La petite musique du carillon « Chacun pour soi et que le meilleur gagne » est à présent couverte par le bourdon « Tous unis et solidaires ». Quels sont les enjeux ? Qui seraient les victimes de la disparition annoncée ? Qui seraient les gagnants ? D’où vient le danger ? Du pouvoir politique ou de l’idéologie dominante ? Des malveillances externes ou des dysfonctionnements internes ?

 

 Si le gouvernement décidait, un jour, de fermer les bureaux de poste, la messagerie et le courrier ne disparaîtraient pas pour autant. Le « service », par un phénomène « naturel » de privatisation, de transfert par vases communicants, serait commercialisé, « assuré » par des entreprises privées. Comme la raison d’être de l’entreprise privée est le profit, le « service postal » ne serait fourni que dans les zones où ce commerce serait rentable. Tant qu’il y a de la demande, il y a de l’offre. En 1948, on a fait plus que supprimer les maisons de prostitution, on les a interdites. La prostitution n’a pas disparu pour autant. Mais à quelles conditions pour les professionnelles et la clientèle ? Si on fermait les écoles publiques, l’enseignement se poursuivrait. Les capitaux privés s’en chargeraient. À condition que ce nouveau secteur économique génère du profit pour les investisseurs et les actionnaires. L’école ne disparaîtrait donc pas. Toutes les écoles seraient privées et en concurrence, comme toute entreprise, comme tout ce qui se marchande et se vend, au besoin, avec des subventions publiques et les dons de mécènes. Le secteur non rentable, l’enseignement aux pauvres, resterait à la charge de l’état, des communes ou des ONG. Comme tout ce qui se dispense, il serait dispensé dans des dispensaires. Le plus rentable est d’enseigner exclusivement à « l’élite », ceux qui apprennent vite, qui ont de l’appétit et l’esprit de compétition. Cette tâche noble peut être confiée aux diplômés de l’université sans qualification professionnelle spécifique.


D’évidence, il est, financièrement et intellectuellement, plus économique de trier les enfants à l’entrée, afin de constituer des classes « homogènes », que de donner une véritable formation en psychologie et pédagogie aux futurs enseignants, pour s’adresser à un public hétérogène. Les familles se battraient pour obtenir une inscription dans une école privée et... payante, comme dans les pays anglo-saxons. Car, dans un espace scolaire entièrement privé et concurrentiel, ce ne sont pas les familles qui choisiraient leur école, ce sont les directeurs qui choisiraient leurs élèves. Vrais ou faux, les combats individuels pour « les bonnes écoles » se substituerait aux luttes sociales, comme ils font le quotidien de l’école pour la conquête des diplômes, en période de prospérité.


La France se retrouverait dans la situation scolaire d’avant 1880. Reste à voir ce que l’offre privée proposerait. Des diplômes, des savoirs, de l’enseignement, de l’éducation, de la mise en condition, des apprentissages, de la pédagogie ? L’offre de cours magistraux, de préparation aux examens, de bachotage, de compétition, de sélection, de prix d’excellence, de récompenses diverses, de conformation à des « modèles de réussite », de normalisation, de dressage, l’enseignement privé la maîtrise très bien, maîtrise acquise par une expérience de plusieurs siècles. Contrairement aux entreprises privées soumises à une logique financière, le service public national ne se limite pas à satisfaire la demande du moment. Au service de la vie, il répond aux besoins fondamentaux par-delà la conjoncture. Jules Ferry voulait une école différente, une école pédagogique qui, un siècle et demi plus tard, n’ayant pas encore vu le jour, ne peut pas disparaître. En ce temps-là, les hussards en blouse noire ont continué les méthodes traditionnelles de l’éducation catholique des frères des écoles chrétiennes, sans soutane, sans crucifix, sans vierge, sans prières, mais avec le drapeau tricolore et la Marseillaise.

 

On leur avait donné pour mission de convertir en bons Français les petits provinciaux paysans et patoisants, colonisés intérieurs, dont l’état jacobin avait besoin pour défendre la patrie et reconquérir l’Alsace-Lorraine que les envahisseurs prussiens lui avaient enlevée en 70. Ils ont si bien formé ces futurs soldats patriotes que la revanche fut prise et l’Alsace reprise en 14-18. À quel prix ? Au prix de tant de vies qu’il fallut, la guerre finie, remplacer ces pertes humaines et franciser encore une fois les « nouveaux provinciaux » non francophones, immigrés espagnols, portugais, italiens, polonais, africains et nord-africains. Et on recommença après la deuxième (que Brassens n’appréciait pas autant que la première). Depuis qu’elle existe, en façonnant l’enfance à la demande, l’école publique a souvent servi le projet politique de l’époque et l’idéologie dominante du moment plutôt que poursuivi l’idéal laïque de développement harmonieux des enfants du peuple. La patrie n’est plus en danger. L’école de la France européenne du XXIe siècle n’a plus de guerres en préparation. Qu’a-t-elle à préparer ? Comment se définit-elle ? Le système éducatif moderne est-il un prytanée où on apprend à se taire et à obéir avant de penser ? un séminaire où on apprend à croire avant de réfléchir et de critiquer ? une institution où le doute est exclu et la foi de mise ? un lieu de formation à l’esprit scientifique, à la citoyenneté, où on apprend à douter, à réfléchir et à penser avant de croire, d’obéir, d’acheter et de voter ?


Plus que « l’école en danger », il faut défendre le principe de l’égalité de tous les Français pour l’accès à la culture, le droit à l’éducation, à la citoyenneté et au savoir. Plus que l’école, c’est l’idéal républicain de Jules Ferry qui est à défendre. Ce qui est en danger et en voie de disparition, aujourd’hui, c’est le projet d’école éducative et démocratique, celle qui ne se borne pas à transmettre des savoirs « aux plus méritants », faute de ne pouvoir accueillir que des bons élèves, celle qui ne renvoie pas les autres vers les classes de relégation en pré-chômage, vers la consommation de compensation, celle qui offre une variété de dispositifs souples pour répondre à la diversité des élèves, celle qui ne diffère pas la citoyenneté scolaire jusqu’à satisfaction des revendications corporatives. L’école pédagogique n’attend pas les dotations budgétaires, les postes en nombre suffisant, les moyens logistiques satisfaisants pour éduquer une jeunesse qui, elle, grandit sans attendre. C’est l’idée de pédagogie, en perdition depuis des décennies, qu’il faut sauver. La pédagogie, c’est le progrès humain par l’éducation et la démocratisation de l’école. La vocation de la scolarité obligatoire est de répondre aux besoins et non à la demande, de fournir une culture commune à tous les Français et non aux meilleurs d’entre eux. Pour cela, il faut renoncer à l’enseignement sélectif et aux méthodes discriminatoires(1).

 

 Chez les conservateurs de la « nouvelle école », gardiens du musée de l’enseignement, on utilise les bonnes vieilles méthodes qui ont fait leurs preuves. Comme dans tout musée, on regarde et on s’instruit sans toucher. On apprend à lire sans lire : « tu liras quand tu sauras ! ». Depuis 20 ans, les penseurs du passé, adorateurs de la lecture au bruit, honnissent et dénigrent les pédagogues, qu’ils nomment « pédagogistes » pour nous faire croire qu’ils respectent la pédagogie des pédagogues, mais qu’ils dénoncent l’extrémisme des subversifs : « c’est pas pareil ! » En fait, ils ignorent la pédagogie. Ils ne veulent pas de ce qu’ils ne savent pas faire. Plutôt que de s’y former, ils réclament son abolition. Comment peut-on réclamer la mort de pratiques qui « n’affectent » que 5 % d’enseignants, minoritaires et marginaux, invisibles donc aux yeux des fomenteurs de cabales ? Il est vrai que l’école pour tous et l’école du méritantisme ne peuvent ni vivre ensemble, ni se reproduire mutuellement.

 

Ainsi, promouvant une conception élitiste de l’école, ils préparent depuis longtemps l’opinion, sciemment ou inconsciemment, aux projets de démantèlement du service public. La propagande antipédagogique va au devant de la privatisation. Faut-il se rallier aux conservateurs et défendre avec eux une école qui élimine les plus faibles avant de sélectionner les meilleurs ou inventer une école service public d’éducation pour tous ? C’est la question.


Que deviendra l’enseignement déjà assuré par des écoles privées ? Dans la mesure où l’état les rémunère, leur impose un programme et garde un œil sur leurs pratiques, les enseignants privés sont relativement indépendants de leurs employeurs. La libéralisation de l’enseignement leur sera fatale. Prisonniers de leurs employeurs et soumis au principe de rentabilité, ils ne seront plus libres du tout. La liberté économique et professionnelle est un privilège de patron, pas d’employé. C’est le directeur de l’école, sous le contrôle de son conseil d’administration, qui recrutera ses maîtres, pour un contrat à durée déterminée.

 

 Maîtres privés et maîtres publics peuvent fraterniser le temps d’une trêve de Noël. Les financiers ne cesseront pas pour autant la guerre économique. L’argent n’attend pas. Seuls, les enseignants publics, titulaires d’un contrat à vie sont, même mal payés, suffisamment libres économiquement, intellectuellement et socialement pour cesser, s’ils le veulent, de « faire ce qui se fait comme on a toujours fait », pour oser, contre tous les conservatismes, l’innovation pédagogique dans leur classe et l’éducation à la citoyenneté au quotidien. Réclamer plus de moyens pour faire plus de la même chose, c’est s’attacher à ses chaînes. Etre libre, c’est penser différemment et faire autrement. Pour les professionnels de l’éducation (enseignants et encadrement compris), la liberté pédagogique, ce n’est pas la possibilité de choisir sa méthode sur le plateau présenté par l’offre commerciale. C’est la capacité de discerner les actes didactiques concordants avec l’intérêt de l’enfance, de travailler avec la diversité et les intérêts des enfants présents dans la classe, de connaître la psychologie des apprentissages. Pendant que c’est encore possible, sauvons la pédagogie, le seul chemin vers la liberté professionnelle, vers un enseignement de qualité pour tous, seule manière d’enseigner dans une école publique démocratique !


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Laurent Carle

 

http://leherissonkipik.over-blog.com/article-l-ecole-et-la-liberte-117082559.html

 

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8 avril 2013 1 08 /04 /avril /2013 18:14

Lundi, 08 Avril 2013 

par Danielle Simonnet 

 

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Ce matin, une militante parente d’élèves du 20e m’alerte sur Facebook sur cette annonce sur le site de la Ville de Paris …

 

La Ville de Paris lance un appel à projet et un marché de

prestation qui mettra en concurrence des entreprises et des associations.

 


Le tout évidemment sans aucune délibération du Conseil de Paris. Voilà qui démontre bien l'incapacité de la ville à assurer sa réforme dans le carcan qu'elle s'impose pour la rentrée 2013. 


Bien sûr, j’ai immédiatement envoyé un communiqué de presse. Mais je souhaite ici revenir sur plusieurs points.



Premier enseignement de cette annonce : 

 Dites donc, ce n’est pas quand même très inquiétant de ne pas savoir du tout qui va intervenir auprès de nos enfants ?

Quelles structures ?

Avec quel type d’encadrement ?

Quelle garantie pédagogique ?

Quelle garantie de laïcité ?

Quel contrôle pendant ?....


Deuxième enseignement : On voit bien comment le dogme de l'austérité et du "maintien" des effectifs du périscolaire ouvrent une brèche : l'encadrement des élèves sera insuffisant et pour pallier aux sous-encadrements, on en vient à déléguer la compétence municipale du périscolaire à des entreprises privées ! C'est un début de privatisation du service public !


Troisième enseignement : Alors que le mouvement de la réforme des rythmes scolaires avait permis d’enfin poser la question de la précarité des personnels, cette annonce confirme l’insuffisance des annonces antérieures relatives au plan de déprécarisation. Et dans ces entreprises privées et les associations qui sont invitées à répondre à ces appels à projets et marché, qu’est-ce qui garantit qu’on n’aura pas un personnel des plus précaires ? Rien…d’autant que la précarité est très forte dans le milieu associatif asphyxié par les baisses des subventions.


Quatrième enseignement : Sous Sarkozy, toute la gauche s’opposait (au moins dans le discours) aux mises en concurrence entre les associations et les entreprises privées, et fustigeaient la circulaire Fillon… Mais de fait là, la Ville de Paris organise les mises en concurrence entre associations et entreprises privées !

 

Conclusion : 

- Nous devons exiger un périscolaire assuré par le service public, avec embauche et formation de fonctionnaires en nombre suffisant pour l’assurer !


- Nous devons refuser l’entrée de structures privées à caractère lucratif (même dans le cadre de marché article 40) au sein des établissements scolaires


- Si l’implication d’associations et de mouvement d’éducation populaire peut être encouragé et financé par la ville, cela doit être en complément du périscolaire (et non en substitution), dans le temps extrascolaire (mais qui pourrait s’envisager dans les murs des écoles après concertation avec l’ensemble des acteurs) ou sous la responsabilité et l’encadrement des acteurs scolaires et périscolaires si cela se déroule pendant le temps scolaire et périscolaire.


- Les associations impliquées dans ce genre de partenariats doivent bénéficier de financements conventionnels et non d’appel d’offres de mises en concurrence, même sous l’appellation déguisée d’appel à projets…


Voilà à nouveau une belle bataille pour le prochain Conseil de Paris……

 

http://www.daniellesimonnet.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=374:pas-de-prive-dans-lecole-publique-&catid=38:front-de-gauche&Itemid=54

 


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5 avril 2013 5 05 /04 /avril /2013 08:15

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Les départements de littérature française et de littérature générale et comparée réunis le 2 avril 2013 à l'université Paris 8 réaffirment leur opposition à la nouvelle réforme des universités, qui prolonge et aggrave les caractéristiques les plus nocives de la loi LRU.

 

Ils jugent par ailleurs inacceptable la réforme de la formation des enseignants, étroitement liée à la précédente, qui programme la quasi-disparition des savoirs disciplinaires (désormais réduits à 1/6ème de la note globale du CAPES) et implique la séparation radicale des métiers d'enseignant et de chercheur.

 

Ils s'opposent à l'ensemble de ces réformes. Ils refusent en particulier de préparer les étudiants au nouveau CAPES, qu'ils considèrent comme une parodie de formation. *Ils appellent les autres départements de l'université et de l'Académie à les rejoindre et demandent aux Conseils et à la Présidence de l'université de leur apporter un soutien officiel*.

 

 

2 avril 2013

 



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2 avril 2013 2 02 /04 /avril /2013 11:57

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Assemblée Générale  préparatoire

Université Paris-Ouest Nanterre — 30 mars 2013

 

 

Une Assemblée Générale nationale s’est réunie à Nanterre le 30 mars 2013 en vue d'examiner les modalités de remobilisation de la communauté universitaire (personnels enseignant et non enseignant, étudiants).


Les débats ont été organisés autour de quatre thèmes majeurs : la gouvernance dans les Communautés d’universités et d’établissements ; l’évaluation dans l’enseignement supérieur et la recherche ; la professionnalisation des formations et la question des disciplines ; enfin, la formation des enseignants,sous la responsabilité de l’Enseignement Supérieur Recherche. Sur ces sujets, l’AG a fait le constat que les projets de lois en préparation (loi sur l’enseignement supérieur et la recherche et loi dite « de refondation de l’école », dépendant de l’adoption en urgence du précédent) n’apportaient aucune amélioration quand ils n’aggravaient pas les conditions créées par les réformes du gouvernement précédent.


Sous couvert de promouvoir la réussite des étudiants, ils s’inscrivent dans leur continuité, comme plusieurs analyses, motions, pétitions et lettres ouvertes l’ont souligné au cours des deux derniers mois. Les Assises de l’enseignement supérieur et de la recherche n’ont donc pas concrétisé les espoirs de changement qu’elles auraient dû porter. Elles n’auront ainsi pas davantage donné le temps de la large réflexion concertée dont devrait être issue une nouvelle loi.

Par ailleurs, l’AG a abordé le problème budgétaire structurel des universités créé notamment par les Responsabilités et Compétences Elargies (RCE), la dénaturation des missions de l’Université, inconsidérément alourdies et étendues au service d’intérêts particuliers (économiques, régionaux…), et la dégradation des conditions d’exercice des métiers : sur ces points, les projets de loi présentés au Parlement aggravent les problèmes identifiés de longue date par la communauté universitaire.

L’AG, à la suite de celles  du 18 février et du 2 mars,  demande :


l’abandon des projets de loi Fioraso et Peillon,


l’abrogation des décrets n° 2009-460 et 2010-888 instaurant l'évaluation individuelle systématique et récurrente des enseignants-chercheurs et des BIATOSS et la modulation des services,


l'abrogation de l’arrêté licence du 1er août 2011,


la réattribution des moyens concédés au Crédit Impôt Recherche (CIR) et à l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) aux universités et à la recherche afin d’assurer une formation et une recherche de qualité,


la résorption de la précarité grâce à la création d’emplois pérennes.

 

L'AG appelle à participer à :

 

la manifestation nationale pour l'éducation du 6 avril,


la journée nationale interprofessionnelle de grèves et de manifestations du 9 avril contre l'accord ANI dit de sécurisation de l’emploi,


la journée nationale d'action dans l'enseignement supérieur et la recherche le 13 mai, à l'occasion du lancement des débats sur le projet de loi à l'Assemblée Nationale,


l'organisation d'AG d'information et de mobilisation dans chaque établissement en vue de préparer des Cahiers de doléances et une CNU,

le lancement d’une pétition interprofessionnelle contre l’évaluation.


Elle propose la tenue de « Rencontres de la CNU » thématiques pour instituer un espace d’échanges critiques, en particulier sur les missions de l’université, la place de la connaissance dans nos sociétés, et nos conditions de travail.

 

Ont participé à l’AG des membres des établissements, universités et associations suivantes :

 

EHESS

INALCO

Université d’Evry

Université Le Havre

Université Lyon 1

Université Grenoble III

Université Paris 1

Université Paris 6

Université Paris 7

Université Paris 8

Université Paris 12

Université Paris 13

Université Paris-Ouest Nanterre

Université Rennes II

SLU

SLR

 

http://www.frontsyndical-classe.org/article-nouvelles-universites-recherche-116740449.html


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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 10:48

Laure M. | prof en école maternelle


Je suis prof. Le genre de prof qui croit au sens de son métier, qui l’a choisi par vocation, s’est battu pour lui avec passion, et le vit au quotidien comme un engagement. Je ne suis pas meilleure qu’une autre, je rencontre des difficultés, j’essuie des échecs, je fais parfois des impasses que je regrette, des erreurs...

Je suis juste une « maîtresse » qui ne compte pas ses heures, ni dans l’école ni à la maison, quand il s’agit de monter ses projets ou de préparer son matériel. Je suis une enseignante impliquée dans le parcours de ses élèves, en auto-formation permanente.


Je suis ce genre de prof, et le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne suis pas seule. Je ne suis même pas rare, en fait. Je suis légion. Nous pouvons être découragés, désabusés, fatigués, agacés, révoltés, nous pouvons même être malades ou déprimés, nous pouvons, à l’occasion, tirer au flanc, nous pouvons mêmes, hélas, être mauvais, mais pour la plupart d’entre nous, faire correctement notre travail est une priorité.


Pour la plupart d’entre nous, arriver à l’heure le matin, assurer son service, partir à l’heure le soir, revenir le lendemain et toucher son salaire à la fin du mois n’est pas suffisant.

Rien à voir avec le mercredi chômé

Quand un prof se plaint de ses conditions de travail, ce n’est pas un travailleur qui veut faire valoir ses droits syndicaux (et qu’on ne voie là aucun jugement de valeur : je suis plus que favorable à la défense des droits des travailleurs par leurs représentants syndicaux, ce n’est pas le sujet), c’est un professionnel de l’éducation qui tire une sonnette d’alarme.


Alors non, quand « on » vous dit que les enseignants manifestent et se mettent en grève (plusieurs jours d’affilée, avec ce que cela implique en termes de sacrifice financier et de désorganisation des apprentissages) parce qu’ils sont corporatistes, réfractaires au changement, ou préoccupés par la sauvegarde de leurs avantages sociaux, et bien il ne faut tout simplement pas croire ce qu’on vous dit.

 

Parce que, vous le savez bien, « on » est un con. Bien sûr, c’est chouette de ne pas travailler le mercredi, ça permet de rester auprès de ses enfants, de reprendre une bouffée d’air avant de replonger dans un quotidien professionnel souvent éprouvant, de faire tout le travail de préparation que nécessite un enseignement de qualité, de se rendre aux rendez-vous médicaux ou administratifs pour lesquels nous n’avons pas le loisir de prendre des RTT ou un jour de congé. Mais on s’est adaptés par le passé, et on s’adaptera encore.


La mobilisation actuelle n’a rien à voir avec une « défense du mercredi chômé ». Pour la plupart d’entre nous, travailler un jour de plus et avoir des vacances plus courtes et plus espacées, c’est du bon sens… mais pas à n’importe quel prix.

 

J’en rêvais. Peillon l’a fait. Ou pas

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Alors la réforme des rythmes scolaires, moi, je suis pour. Depuis toujours.

 
J’en rêvais, Peillon l’a fait. Ou pas. Je suis prof à Paris. Dans six mois, cette réforme sera donc mise en œuvre dans l’école ou je travaille.


Je lis un peu partout dans la presse qu’il s’agit de passer à quatre jours et demi de classe par semaine, et que les trois heures de classe du mercredi seront « récupérées » en finissant à 15h au lieu de 16h30 le mardi et le vendredi (ces deux plages de 1h30 de classe supprimées étant remplacées par des « activités périscolaires de qualité »).


Soit. Ce que cela signifie en pratique ? Les lundis et jeudis, les élèves resteront à l’école, comme c’est le cas aujourd’hui, de 8h30 à 16h30 (sans compter ceux qui arrivent à 7h30 ou repartent à 18h30, selon les possibilités offertes par le périscolaire).


Les mercredis, ils auront trois heures de classe le matin, et ceux qui allaient au centre de loisirs ce jour-là continueront à y aller aussi. Les mardis et vendredis, seule une faible proportion de parents viendra chercher ses enfants à 15 h (sauf ponctuellement, les vendredis de gros week-ends), ils iront donc au périscolaire jusqu’à 16h30 (ou plus tard).


Où est l’allègement ? Où est la cohérence ? Où est l’intérêt de l’enfant ? Les deux jours qui ne changent pas, bah…. ne changent pas. Pour les deux jours qui changent, tout le changement repose sur la qualité des activités périscolaires proposées. Je rappelle à ceux qui ne sont pas familiers de ces questions que le périscolaire ne dépend pas du ministère de l’Education nationale, mais de la mairie.

La mort du centre de loisirs tel qu’il existe

Je vous laisse en déduire les inégalités que cela implique en terme de « périscolaire de qualité », les moyens financiers n’étant clairement pas les mêmes à Paris que dans la petite commune rurale où mes enfants sont scolarisés, par exemple (et à l’intérieur même de Paris, les inégalités sont flagrantes, j’ai sillonné suffisamment d’arrondissements pour l’affirmer).


Pour moi qui travaille en maternelle, un rythme différent chaque jour est une véritable catastrophe (ce n’est pas la panacée non plus en élémentaire, mais les élèves sont déjà plus habitués à l’école)


De plus, le fonctionnement du dispositif repose sur le recrutement massif d’animateurs. Quand on connaît les difficultés actuelles de la mairie de Paris à recruter des personnels et à assurer le remplacement des animateurs absents, on se demande si, pour être aussi confiant, M. Delanoë a découvert le secret du clonage.

 

Quant au mercredi travaillé, auquel je ne suis pas du tout hostile sur le principe, il signe, dans ce contexte, la mort du « centre de loisirs » tel qu’il existe actuellement : plus de sorties à la journée, plus de rencontres sportives avec des groupes scolaires éloignés, plus de pique-niques, moins de temps pour organiser un défilé de carnaval ou faire un roulement d’activités.


Pas besoin d’un doctorat en psychologie du management pour deviner que ça ne va pas galvaniser les équipes d’animation (je suppose également que les nouveaux horaires que cette réforme implique ne vont pas faciliter la fidélisation des personnels recrutés).

Je voulais faire l’école pour tous

Mais le point le plus grave reste, à mon sens, cette territorialisation irréfléchie.
Je suis prof. Dans le public. Je suis une fonctionnaire de l’Education nationale. J’ai choisi de travailler dans les écoles publiques, même si elles ne m’offraient pas la possibilité de me former et de m’adonner aux pédagogies qui m’intéressaient le plus.


J’ai fait ce choix parce que je voulais travailler avec des élèves de tous milieux, dans les conditions de la vie réelle, sans sélection à l’accueil, faire l’école pour TOUS. Cette réforme fait un pas de plus dans la direction opposée.


Je ne détiens pas la solution au problème des rythmes scolaires. J’ai mon opinion sur le sujet. Ce que je sais, en revanche, c’est que ce ne sera pas prêt dans six mois, pas dans ces conditions. JAMAIS.


Alors il me reste mes yeux pour pleurer, et mes mots pour partager mon désarroi, mon inquiétude, ma colère. Je ne suis pas seule. Je suis légion.

 

Laure M


http://www.rue89.com/2013/03/27/maitresse-decole-reforme-rythme-scolaires-jen-revais-240935

 

 

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26 mars 2013 2 26 /03 /mars /2013 09:27

 

 

L’école a toujours été celle de la classe dominante, les réformes de l' Education Nationale  tendent toutes vers le même but : fournir au capital une main - d'oeuvre sur mesure, des générations formées à l'acceptation du système. Aujourd’hui les gouvernements successifs se sont fait un devoir de satisfaire de nouvelles exigences.


Alors que la scolarisation des 2 ans progressait et prouvait une remarquable efficacité dans la lutte contre les inégalités, on a entendu monter un discours sur « les couches » que changeraient les enseignants et surtout le scandale que constituait le fait d’arracher les pauvres petits à la supposée douceur maternelle pour les confier à d’horribles inconnus. Coup double : les femmes à la maison, les enfants privés des tout premiers apprentissages si importants.

 

Dès cette école maternelle, les enfants se trouvent "évalués" (le marquage -appelé smiley- vert, orange ou rouge) soumettant ces petits (et leur famille) à une pression qui ne les lâchera plus. L'évaluation non plus ne les lâche plus, l'élève est, ou pas, " capable de réaliser " telle ou telle chose, " atteint - ou pas-  tel ou tel objectif”. Objectifs définis par des "items" formulés consciencieusement par des services ministériels imprégnés de la culture d'entreprise capitaliste. Alors que l'on croit que les élèves s'instruisent, se forment, apprennent, se cultivent à l'école,  ils sont en fait formatés,mis en situation d'apprentissage" pour seulement pouvoir répondre à ces "items" utilitaristes et proposés, comme sur catalogue aux gestionnaires des "ressources humaines". En exagérant un peu mais pas tellement pourrions- nous bientôt entendre parler de "minerai humain".

 

Ces capacités, compétences - consignées dans le 'livret personnel de compétences" ne sont rien d'autre que le minimum de savoir-faire nécessaire à l'employabilité à tel ou tel niveau de l'économie capitaliste…

 

Toute cette refondation dont la loi Peillon est le dernier avatar s'inscrit naturellement  dans le cadre de la décentralisation car il faut bien que d'une part, les enseignants chargés de mettre en oeuvre cette politique soient soigneusement sélectionnés, non plus par un concours national mais recrutés localement au plus près des exigences des entreprises qui définiront les besoins. D'autre part, il faut éclater le caractère national des programmes et celui des diplômes pour s'adapter aux pôles de compétitivité tout en rompant le lien qualification-salaire, obtenu de haute lutte. Enfin, cela passe par l'éclatement du statut de fonctionnaire avec l'arrivée croissante de quantités de personnels précaires - AVS*EVS**intervenants de toutes sortes - dans les écoles où l'enseignant doit devenir un précaire parmi les autres qui devra complaire aux autorités locales, économiques et politiques.

 

On voit bien que derrière la question, néanmoins très importante, de la semaine de 4 jours ou 4,5 jours, se cachent des intentions d'une tout autre gravité.


Communistes continue de dénoncer ces opérations aux conséquences désastreuses et lutte avec les enseignants, les parents, les jeunes et tous ceux qui refusent de livrer l'école aux appétits capitalistes.

 

http://www.sitecommunistes.org/ch292ecole.htm

 

 

Nico Hirtt, conférence à Lyon sur l'éducation.

 

 

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