Le 29 Juin 2013
Parfois les mots ne veulent plus rien dire. Ils nous tournent le dos et même pire,
ils disent le contraire de nous. Ils s’emmêlent, s’entremêlent et au lieu de rester nos amis ils nous tirent dans le dos.
Arrivant dans des flux incontrôlés, ils descendent du train, leur valise se déverse sur
le quai en un salmigondis verbal et il faut tout trier. Que leur arrivent-ils ?
Ils ont endossé un habit de misère aux couleurs de la haine, ils se jettent sur nous, se
ruent comme des affamés, des vipères lubriques qui n’ont qu’une envie : mordre jusqu’à satiété.
Cette déferlante de mots qui crient, qui pestent, qui ragent, qui sortent d’outre-tombe des rancœurs profondes font mal, blessent et instillent dans les cœurs des blessures qui bien souvent ne cicatrisent pas.
Mots : quand vous vous laissez capter par la haine qui détruit tout,
je ne reconnais plus vos si précieux atouts.
Alors qu’il est si simple de puiser dans vos racines les harmonies qui chantent
aux oreilles des hommes les mélodieuses complaintes, les mots des berceuses qui endorment et apaisent, ceux qui fêtent l’amour nouveau, ou celui qui perdure au gré des ans mauvais, contre vents et marée.
Alors, qu’il est agréable de choisir quelques –uns de vous, ciblés, qui touchent
et émeuvent, qui d’un petit trait précis disent ce qu’il convient de dire, ni plus,
ni moins et l’on repart de sa lecture, le sourire aux lèvres et la joie accrochée
au drapeau de nos vies.
Il est des êtres qui distillent des mots de douceur habillés de soie et de tendre
satin : les lire c’est prendre une cuillerée de miel pour fortifier sa journée,
son lendemain.
Il est des êtres qui d’un petit mot bien ciblé, ensoleillent le destin, mettent
une main dans la vôtre en disant : viens, à deux le chemin est plus facile,
les obstacles tombent, les rires écroulent les barrières et l’amitié féconde
brise toutes les chaînes tendues par les mots qui se perdent en chemin.
Ce sont ces êtres qui ont le pouvoir des mots simples, beaux et doux dont
il faut s’entourer.
Et quand les paroles de fiel nous encerclent et nous tuent, on abandonne
alors pour un temps le vocabulaire.
Et l’on se concentre sur des petits plaisirs tous simples, car le cœur a besoin
de beauté, l’âme a besoin de calme et de sérénité pour que le corps puisse
fonctionner bien huilé et sans frein. Pour que les espoirs portés par les luttes
s’épanouissent en un univers adéquat, le calme d’un paysage , le chant d’un
oiseau, la caresse du soleil, le bruit de la mer qui sur les galets roule son
écume des jours, les images douces doivent prendre le relais sur
les mots-vautours.
Puis, quand la tempête se calme, armés d’énergie régénérée au contact
des choses naturelles de la vie, on repart à l’assaut des mots, on leur dit
notre propos, on les range de si belle façon que plus rien en face n’y dérange
les questions, on leur donne le courant de la prose, celle qui chante si dispose
les maux de la vie, les embellit, on les range en rime, celle qui dicte et imprime
la poésie des hommes, on les habille de sincérité, celle qui en nous vibre sans
cesse de sa riche et tendre promesse.
Carole Radureau
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