« canempechepasnicolas » a déjà relaté le grand guignol de Lyon, où les patrons ont sorti le carton jaune qu’ils attribuaient à François Hollande pour sa politique*. Que celle-ci face la part belle au programme du Medef pour « détricoter » les acquis sociaux découlant de l’application du programme du Conseil National de la Résistance, cela ne suffit plus aux chefs d’entreprise présents. Ceux-ci exigent, aujourd’hui, d’en finir avec « une sphère publique démentielle *» (pour se l’accaparer, bien sûr), de réduire un « coût du travail insupportable » et des « réglementations inutiles », faisant allusion au Code du Travail.
Pour être bien compris, ces patrons en colère s’écrient : « Nous voulons être payés au cul du camion », c'est-à-dire tout de suite, avant tout autre acteur économique, les salariés en premier lieu.
Et d’annoncer : « Nous nous battrons dans la rue s’il le faut pour défendre notre liberté d’entreprendre », menacée, comme chacun sait, par les bolchéviques du PS.
Gérard Collomb, maire « socialiste » de Lyon, présent au premier rang dans la salle est contraint de modérer son enthousiasme et « applaudit le plus discrètement possible ».
Ce langage guerrier a le tort aux yeux de Pierre Gattaz de heurter peut-être des interlocuteurs politiques, plus que bienveillants en faveur des possédants.
Pierre Gattaz
Le patron du Medef doit arrondir les angles en vue des négociations futures, « tout en évitant de se faire déborder par sa base »
Aussi, M.Gattaz dit « partager la plupart des idées de son public ».
Mais, pour lui, ce n’est pas l’heure d’évoquer « les combats de rue »
Mais pourquoi cette « modération » ?
Il répond à cette interrogation en expliquant qu’il commence « à être entendu par le gouvernement » et de rappeler toutes les reculades effectuées par le pouvoir « socialiste » au bénéfice du patronat. « Pas question de sécher non plus les réflexions lancées par le gouvernement sur la fiscalité et le coût du travail »
Et Le Monde d’ajouter : « En privé, M.Gattaz admet par ailleurs QU’IL SAIT que François Hollande pense comme lui… »
Ce n’est certes pas un scoop ! Mais tout de même…
Ca n’empêche pas le patron des patrons de formuler clairement ce qu’il attend du gouvernement : « une baisse des charges à hauteur de 100 milliards d’euros et son corollaire, la diminution de la dépense publique ». Rien que ça !
Monsieur Gattaz se sent assez fort pour menacer : « Si rien n’est fait rapidement, nous sortirons le carton rouge ».
Nous voilà informés.
Et les salariés aussi.
A ceux-ci, à leur tour, de sortir le carton rouge, et le drapeau de même couleur. Et de les brandir dans la rue pour montrer qu’ils ont passé l’âge d’aller au guignol, à Lyon ou ailleurs, pour écouter tous les gnafrons du patronat. Les salariés en ont ras la feuille de paie d’être spectateurs d’une pièce dont ils entendent jouer les premiers rôles.
Ils en ont assez d’être pris pour des marionnettes.
Faut-il encore que les syndicats jouent leur partition et mettent le spectacle en musique.
* Lire sur « canempechepasnicolas » :
Face aux patrons déchainés, le coup de colère de "CANEMPECHEPASNICOLAS" par Jean LEVY
http://canempechepasnicolas.over-blog.com/article-face-aux-patrons-dechaines-le-coup-de-colere-de-canempechepasnicolas-par-jean-levy-120490352.html
* Tout ce qui est en « bleu » est tiré du compte-rendu de la réunion patronale du Monde, daté du jeudi 10 octobre 2013