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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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comité pour une nouvelle résistance C N R 06

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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 21:45

Jeudi 13 mars 2014

 

Pourquoi occuper de la Cour des comptes ?

http://www.cip-idf.org/local/cache-vignettes/L540xH404/photo_copie-484bc.jpg

15h30 Occupation de la cour des comptes, 13 Rue Cambon,Paris 1er.

 


Ce jeudi 13 mars 2014, à l’appel de la Coordination des Intermittents et Précaires, la CGT Spectacle, de la CGT Interim, Sud Culture, Sud Interim, AC !, CNT, SIPM-CSRP et du SYNDEAC, une centaine de chômeurs et salariés précaires, intermittents et intérimaires, ont mené des actions dans le cadre des négociations de la nouvelle convention UNEDIC.

 
Après avoir déployé sur la façade de l’église de la Madeleine une banderole réclamant des droits nouveaux pour les salariés précaires, nous avons occupé les locaux de la Cour des Comptes.

Depuis des années, la Cour des Comptes produit des rapports à charge sur les droits des demandeurs d’emploi, relevant notamment des annexes spécifiques [1]. Ces rapports, orientés politiquement, stigmatisent systématiquement les droits à indemnisation des précaires.

 
En septembre 2013, un référé de la Cour des Comptes admet pour la première fois que « l’évolution du marché du travail, marqué par une augmentation de la part des emplois courts et une diminution des emplois longs, exerce de ce fait un effet défavorable sur l’équilibre global du système d’indemnisation ». 
Mais, dans le même rapport, la partie sur les régimes spécifiques (contrats courts, CDD, activité réduite, annexe 4 intérimaires, annexes 8 et 10 intermittents) rédigée par Michel de Virville - ancien président de l’UNEDIC au nom du MEDEF - continue d’affirmer que ces régimes sont responsables du déficit global de l’UNEDIC [2], préconise de réduire les droits des plus précaires et remettre en cause la solidarité interprofessionnelle. Ce double discours porté par ledit référé amène le patronat à ne reprendre que la seconde partie pour demander la fin de tous les droits spécifiques, pourtant liés aux pratiques d’emploi des différents secteurs d’activité [3].


Nous réfutons les chiffres avancés, dont les sources sont Pôle Emploi et l’UNEDIC [4], et l’analyse qui en est faite. Nous demandons une expertise des comptes de l’UNEDIC pour faire toute la transparence sur l’organisation de l’indemnisation des chômeurs. Nous dénonçons ce scandale avec manipulation des chiffres. Venus dialoguer avec les magistrats de la Cour des Comptes, ce sont les forces de l’ordre qui nous ont finalement accompagnés vers la sortie. Malgré son refus de nous recevoir, la Cour nous doit toujours des comptes !


Communiqué des occupants de la Cour des comptes, Paris le 13 mars 2014


Savants, experts, journalistes, de nouveaux prêtres pour un nouveau troupeau ? Le cas de l’intermittence.


Bribes de récits en infos sur l’objectif visé.


Après un rdv à 13H M° République, une étape à 14h La Madeleine ou une banderole est déployée :

http://www.cip-idf.org/local/cache-vignettes/L540xH404/photo-2-f0920.jpg

 

Des éléments d’infos : depuis plusieurs années, des chiffres biaisés sont publiés par la Cour des comptes, dont cette fameuse comparaison entre le régime des intermittents et le déficit global de l’Unedic. Il s’agit là de fraude scientifique caractérisée. Bien que dans son dernier rapport, la Cour des comptes reconnaisse que le déficit de l’Unedic n’est imputable ni aux intermittents, ni aux intérimaires mais à l’augmentation du chômage dans les CDD et CDI, la cour des comptes continue à préconiser la suppression de l’annexe 8 des techniciens.


Qui informe les journalistes ?


Puisque l’argument financier n’est plus justifié, on peut se demander pourquoi ? La réponse est très simple, elle tient pour partie au membre de la Cour des comptes chargé d’écrire cette partie du rapport : Michel de Virville. Les journalistes qui appellent les membres de la Cour des comptes « les sages de la rue Cambon » pour mettre en avant leurs soit disant neutralités feraient leur travail en enquêtant (pas plus d’1h) sur ce rédacteur. 


Pour info et en résumé : Avant d’entrer à la cour des comptes, Michel de Virville a été Directeur des Ressources Humaines de Renault et membre de la Commission des relations du travail et du travail du Medef, dont il a ensuite été nommé président. Le 31 janvier 2008, il succède à Annie Thomas (CFDT [5]) à la présidence de l’Unedic, en étant élu avec le soutien de l’Union des industries et métiers de la métallurgie (UIMM), fédération influente du Medef. Il négocie ensuite le versement d’une prime de départ d’1,5 million d’euros à Denis Gautier-Sauvagnac, mis en accusation pour une affaire de retraits suspects répétés d’argent en espèce. Suite à la révélation par les médias de ce parachute doré et de son rôle dans sa négociation, Michel de Virville est contraint à la démission le 1er mars 2008 de tous les mandats qu’il possède au titre du Medef, dont la présidence de l’Unedic, où il remplacé par Geoffroy Roux de Bézieux.

 

Suite à cette démission, De Virville retrouve sa place à la Cour des comptes où il est chargé de rédiger les rapports sur l’assurance chômage (puisque c’est sa spécialité). Il y a 1 mois, son ami Gautier Sauvagnac était condamné à 1 an de prison ferme et 3 ans avec sursis.

 
En fait de sage, c’est un ancien membre du MEDEF qui rédige les rapports concernant les intermittents et l’assurance chômage. Nous exigeons que le scandale de la manipulations sur les chiffres cesse.


La situation à 17h40

 
Le secrétaire général de la Cour des Comptes Jérôme Filippini nous avait proposé de recevoir une délégation pour écouter et répondre, dans son bureau, un étage plus bas.

 
L’assemblée générale de l’occupation a discuté et accepté ce principe, désigné une délégation (avec des gens, CGT-Spectacle, Cip, Syndeac, Sud-Culture, AC !, CGT-Intérimaires (Sud-Interim est resté bloqué dehors) + 1 caméra), établi un mandat. 

 
Au moment de descendre, M. Filippini a exigé que nous quittions les lieux, condition préalable pour lui à l’entrevue. Il assure qu’il avait été clair sur cette condition, ce que personne n’avait entendu…
La discussion a tourné court.


Nous occupons toujours la Grande Chambre de la Cour de Comptes. La grande porte, juste devant moi, est surmontée d’un cartouche gravé de la phrase suivante :
Art. 15 - La société a le droit de demander compte à tout agent public de son administration

 

http://www.cip-idf.org/local/cache-vignettes/L540xH405/photo-3-aacdc.jpg

 

18h On a des impressions de modifications des forces de l’ordre dans la rue Cambon. Arriverons-nous à terminer de rédiger le communiqué de presse sur lequel nous sommes ???


18h08 Evacuation imminente.

 
Nous avons été évacués vers 18h15, par les flics, enfin les gendarmes, qui sont montés dans la Grande Chambre qui était devenue notre lieu. La cour des comptes nous a donc effectivement refusé toute discussion.


Dans la rue devant, nous sommes restés un temps, avant de nous faire raccompagner - sans contrôles d’identité - au métro Madeleine par groupes de 5, chaque groupe avec son escorte de bleus. Cocasses images.


Puis on se retrouver au bar du coin - très cher - pour terminer le communiqué ,avant de rejoindre la Commune libre d’Aligre ou rdv était donné pour un apéro, assiettes et causeries, histoire de se retrouver, dresser ensemble un état des lieux, découvrir le 32ème n° deL’Interluttants. Et causer de la suite [6].

 

La négociation Unédic est reportée au 20 mars par le MEDEF…Ne nous laissons pas démobiliser par les manoeuvres patronales. Exprimons nos revendications, utilisons ce délai pour amplifier la mobilisation !


Articles en cours d’actualisation autant que faire se peut… (merci d’envier vos infos à accueil [at] cip-idf.org :

Des infos sur les autres mobilisations de ce 13 mars

. Les rdv de mobilisation prévus le mardi 18 mars.

. Les rdv de mobilisation jeudi 20 mars.

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13 mars 2014 4 13 /03 /mars /2014 13:59

3 Mars 2014 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs

Publié dans #politique

 

http://img.over-blog.com/600x410/0/32/46/53/illustrations25/Illustration26/IHS-CNR-19mars2014.jpg


A cette occasion, je remets en ligne l'un de mes articles sur la CGT et la Résistance paru en février 2013. Extraits:


La réunification de la CGT, le 17 avril 1943, est un moment important dans l'histoire de la Résistance.

 

Désormais, la guerre intérieure dans les entreprises au service de l'économie nazie et des armées hitlériennes va prendre de multiples formes: distributions de tracts, manifestations,grèves, sabotages, formation de milices patriotiques. Avec la Résistance d'obédience communiste,ce sont deux mouvements organisés qui vont s'impliquer dans les combats sur tout le territoire national, au contraire des autres formations souvent inorganisées et pas suffisamment coordonnées. Le 1er octobre 1943, dans la Vie Ouvrière clandestine, la CGT indique: "Jusqu'à présent, la presque totalité des grèves a été préparée et dirigée par les comités populaires qui suppléaient à la carence des syndicats. Aujourd'hui que l'unité se reconstruit, que les syndicats prennent un nouvel essor, c'est le devoir des syndicats de prendre résolument la tête de  ces luttes".


 

La CGT et le Conseil National de la Résistance (CNR)

 

Le 1er janvier 1942,  le général de Gaulle avait chargé Jean Moulin d'unifier tous les mouvements de résistance en France. En juin de cette année, il met en place un Comité d'experts chargé de penser à un projet politique pour l'après-guerre. S'appuyant notamment sur l'organisation de la résistance communiste et sur la force de la CGT( que de Gaulle voulait exclure), Jean Moulin fonde le CNR, le 27 mai 1943,  au premier étage du 48 rue du Four à Paris.


http://img.over-blog.com/273x400/0/32/46/53/images-4/jean-moulin.jpg

                                                               Jean Moulin


Le CNR a deux objectifs, combattre et vaincre l'ennemi et préparer politiquement les lendemains de la libération du pays. Malheureusement, le 21 juin 1943, Jean Moulin, président du CNR, dénoncé, est arrêté. Plusieurs fois torturé par la gestapo et Klaus Barbie, il ne parle pas. Il succombe durant son transfert en allemagne, le 8 juillet. Georges Bidault lui succède à la présidence du CNR.

 

En juillet 1943, fort de son Comité d'experts, le général de Gaulle, par son envoyé en France Emile Laffon, transmet au CNR un programme politique qui va être rejeté. De son côté, la CGT a aussi pensé à un programme politique. Elle le publie en août 1943Il reprend les propositions développées par les unitaires dès les premiers jours de l'Occupation. Louis Saillant, du bureau confédéral de la CGT, va s'en faire le porte-parole au sein du CNR.


Pour des raisons de sécurité, de septembre 1943 à septembre 1944, il n'y a plus de réunion plénière du CNR, seul son bureau l'administre. Il est composé de Georges Bidault, son président, Louis Saillant (pour la CGT), Pascal Copeau, Maxime Blocq-Mascart et Pierre Villon (pour le PCF).

 

Après plusieurs mois de tractations, un consensus est trouvé entre toutes les parties. Les talents de diplomate de Louis Saillant et la force de la CGT dans la Résistance n'y ont pas été pour rien. Ce programme est adopté à l'unanimté par le CNR le 15 mars 1944Il s'inspire en grande partie du document publié par la direction de la CGT en août 1943.


Le 11 septembre 1944, Louis Saillant devient le président du Conseil National de la Résistance. Le programme politique est présenté par lui-même, le 20 octobre 1944, lors d'un grand meeting public à Paris.

http://crdp.ac-besancon.fr/sites/france-en-guerre/images/photos/Actu_Dvd2/CNR.jpg

 

Si Charles de Gaulle est l'homme du 18 juin 1940, celui qui a demandé à Jean Moulin d'unifier les mouvements de résistance et le chef du gouvernement provisoire à la Libération, il n'est pas celui du programme du Conseil National de la Résistance. D'ailleurs, lors de son discours à la France, le 12 septembre 1944 au Palais de Chaillot, il se garde bien de se référer au CNR.


C'est là un marqueur important dans l'histoire sociale que va connaître notre pays par la suite, avec les attaques de la droite et du patronat, y compris par le général de Gaulle, contre le programme politique du CNR.


 

Note de ma pomme: Les attaques, dirigées par le gouvernement socialo-écologiste contre les droits conquis par les travailleurs à la Libération, participent à la même politique réactionnaire. La création de FO en 1947, orchestrée par la CIA avec tout l'appui du Parti socialiste de l'époque, est le marqueur primordial de la division du syndicalisme français. FO va aussitôt se dire  "partenaire social" du patronat et du gouvernement. Et les reculs  contre le programme du CNR vont débuter. Il est utile de la rappeler aujourd'hui.


 

Sources: Le syndicalisme dans la France occupée. Ouvrage collectif. Presses universitaires de Rennes. 2008. Notamment Action légale et illégale chez les ex-unitaires de la CGT et Chronologie syndicale (septembre 1939-août 1944) par André Narritsens. Esquisse d'une histoire de la CGT. 1965. Jean Bruhat, Marc Piolot. Centre confédéral d'éducation ouvrière. CGT approches historiques. 1988. Centre confédéral d'éducation ouvrière et Institut CGT d'histoire sociale. Aincourt un camp oublié. Roger Colombier. Le Temps des Cerises. 2009.


Roger Colombier

 

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http://www.allassac-correze.com/attachments/Image/Jean%20Moulin.jpg


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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 19:33
http://www.leparisien.fr/images/2014/02/11/3578255_11-0-4087833274_545x341.jpgREACTIONS d’UN ANCIEN RESISTANT, par Léon Landini
 
Depuis quelques jours, la droite est sens dessus dessous parce que certains juges ont mis sur écoute les conversations téléphoniques de Sarkozy, mis en cause dans plusieurs affaires graves.

Pourtant personne n’est scandalisé quand le gouvernement américain se permet d’espionner les conversations de tous les Français et, ajouterai-je, de tous les "Européens", Angela Merkel en tête !

Cela semble à peine « problématique » à nos gouvernants, qu’ils soient de droite ou de gauche, puisque les protestations à ce sujet sont de pure forme…

En définitive pour savoir ce que disent Sarkozy ou son avocat, le plus simple serait de le demander aux Américains qui, eux sont au courant de tout sans que cela préoccupe grand monde !
 
Au sujet de l’Ukraine,  par l’intermédiaire des médias à leur dévotion, nos gouvernants déclarent péremptoirement qu’il est interdit  à un paysde diviser en deux une nation et que cette interdiction est une loi internationale.

C’est sans doute pour cette raison qu’ils s’y sont mis à plusieurs  pour dépecer la Yougoslavie en utilisant pour cela des bombes à uranium appauvri. Dans certains villages de ce pays où des bombes radio-actives ont été lâchées, les villages se dépeuplent car un nombre important d’habitants décède brutalement entre 50 et 60 ans : mais cela n’intéresse ni nos médias, ni nos gouvernants.

C’est sans doute aussi « parce qu’on n’a pas le droit de diviser un pays » que les puissances occidentales ont divisé la Corée, avec un mur frontalier de plusieurs centaines de kilomètres, qu’elles refusent la réunion de Taïwan à la Chine populaire, qu’elles viennent de susciter la division meurtrière du Soudan et que pendant trente ans, elles ont imposé la division en deux du Vietnam. Quant à la Tchécoslovaquie, elle a été divisée en deux parties sans même un référendum avec la bénédiction de son grand voisin allemand et de toute l’Union européenne… Ne parlons même pas de l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques qui fut démantelée en 1991 sur une simple décision de trois présidents de République (sur 15 !), dont l’Ukrainien Koutchma, sous les applaudissements des Occidentaux, alors qu’UN AN PLUS TÔT, 76% des Soviétiques avaient voté pour le maintien de la Fédération soviétique ! Enfin, Laurent Fabius a-t-il entendu parler du Mur de la honte qui, à l’initiative de l’Etat d’Israël, divise la Palestine historique en instituant un véritable apartheid à l’encontre les habitants des Territoires occupés ?
 
En ce moment-même, les eurocrates de droite et de « gauche » réfléchissent à la manière la plus efficace de faire éclater l’Espagne, la Belgique, la Grande-Bretagne, l’Italie ou la France en invoquant l’Europe des régions transfrontalières…
 
Par ailleurs, en tant qu’ancien résistant, je suis révolté – le mot est faible ! – pour dire le mépris et le dégoût que m’inspire le Président de la République lorsqu’il reçoit à l’Elysée, en notre nom à tous, le soi-disant premier ministre de l’Ukraine. Premier ministre autoproclamé qu’une photo parue récemment sur l’internet montre effectuant le salut hitlérien !!!
 
Recevoir ce personnage au moment même où nous célébrons le 70èmeanniversaire du Conseil National de la Résistance est indigne d’un président qui est censé nous représenter !


                                                                               Léon Landini, ancien officier F.T.P.-M.O.I.

http://www.initiative-communiste.fr/billet-rouge-2/ractions-dun-ancien-rsistant-par-lon-landini/


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12 mars 2014 3 12 /03 /mars /2014 18:25

PAR AGNÈS ROUSSEAUX 12 MARS 2014

 

http://www.bastamag.net/local/cache-vignettes/L540xH270/arton3875-f33e9.jpg

 

Nouvelle grande idée socialiste : et si on faisait financer les politiques publiques par les entreprises du CAC 40 ? Une option qui semble séduire de plus en plus de ministres, face aux coupes budgétaires. Le groupe pétrolier Total va donc sponsoriser un programme d’éducation artistique et culturelle en direction de la jeunesse, que vient de lancer le ministère de la Culture. La multinationale a également contribué au financement de la réforme de l’Éducation nationale. Une façon de se racheter une image. A défaut de s’acquitter de l’impôt sur les sociétés...


Après les carburants, le gaz et les lubrifiants, le groupe Total se lance dans la culture. Avec les encouragements du ministère, qui lui ouvre grand ses portes. Il faut dire que le groupe pétrolier a des arguments. 4 millions d’euros exactement. Une contribution que Total a généreusement décidé d’offrir à la jeunesse de France. Cela tombe bien : c’est justement la priorité du gouvernement. Cette convergence d’intérêts vient d’aboutir à la signature d’une convention de partenariat pour développer l’éducation artistique et culturelle des jeunes.


Après avoir abondé la tirelire de l’État en 2013 pour soutenir le financement de la reforme des rythmes scolaires (lire notre article), Total, cinquième compagnie pétrolière mondiale et plus gros bénéfice du CAC 40, veut continuer à « intervenir auprès des jeunes tout au long de la chaîne éducative jusqu’à leur entrée dans la vie active »« avec les autres acteurs de l’insertion ». Le 28 janvier, Aurélie Filippetti, ministre de la Culture et de la Communication, Valérie Fourneyron, ministre des Sports, de la Jeunesse, de l’Éducation populaire et de la Vie associative, et Christophe de Margerie, PDG de Total, ont posé pour une photo-souvenir officielle et témoigné de « l’engagement partagé » des trois partenaires en faveur de la jeunesse. « Nous avons tous notre responsabilité pour accompagner les parcours d’autonomie des jeunes, a déclaré Valérie Fourneyron. Ce travail main dans la main entre nos deux ministères et Total va permettre de donner une nouvelle impulsion à l’éducation populaire, artistique et culturelle. »


Quand les choix de Total influencent la politique culturelle


A quoi serviront ces 4 millions d’euros ? A soutenir des projets proposés par les Directions régionales des Affaires culturelles (DRAC). Et à financer une quarantaine de projets d’éducation artistique et culturelle, à hauteur de 50 000 euros chacun sur deux ans. Des projets qui touchent « 22 000 enfants dans 22 régions de France, en zones rurales, urbaines sensibles et mixtes », menés sur le temps scolaire, périscolaire ou de loisirs. Un partenariat qui « accompagne efficacement la réforme des rythmes scolaires dans le 1er degré », estiment les co-signataires [1].


Quelle est la contre-partie pour Total ? « L’objectif de Total n’est pas de se mettre en avant », explique à Basta ! le chargé de communication du groupe. Mais les associations financées devront apposer le logo de Total sur leurs outils de communication. « Une exigence de transparence », estime l’entreprise... Nous n’en saurons pas plus : la convention signée est confidentielle. « A la demande du ministère », précise Total.


http://www.bastamag.net/local/cache-vignettes/L500xH261/convention-icone-2-bcd7d.jpg

 

Les critères de choix des projets sont très vagues. Ceux-ci sont sélectionnés par un jury de quatre membres : un représentant du ministère de la Culture, un autre du ministère de la Jeunesse et deux représentants de Total (le directeur du mécénat et le responsable du pôle Culture de la Fondation Total). La sélection des projets est effectuée « selon les priorités partagées des ministères et de Total ». Le Jeu d’initiation ludique à la lecture de l’image, Pause Photo Prose, qui compte parmi les projets soutenus, inclura-t-il une formation au décryptage des messages publicitaires dont nous abreuve le groupe pétrolier ?


Le soutien à la Jeunesse, nouveau produit marketing pour multinationale ?


« On ne donne pas juste de l’argent sans savoir ce qui va se passer après », précise le service com’ de Total. Les projets doivent fournir des fiches de suivi et d’évaluation, des bilans de gestion, au ministère... et à Total, qui vérifie si les projets remplissent toujours les critères. Une pratique habituelle de mécénat d’entreprise, sans doute. Mais si Total veut faire du mécénat, en quoi le ministère de la Culture a-t-il besoin d’y apporter son crédit et son soutien ? Le budget national de l’éducation artistique et culturelle est d’environ 40 millions d’euros par an. Total peut-il intervenir dans ces politiques culturelles et éducatives, à hauteur de 10% du budget alloué par l’État, sans que cela n’entrave l’indépendance de celles-ci ? Le gouvernement souhaite poursuivre ces partenariats avec le secteur privé : « Aux côtés des acteurs publics, plusieurs grands mécènes ont d’ores et déjà fait part de leur volonté d’accompagner à très grande échelle les projets d’Éducation artistique et culturelle », précise la ministre Valérie Fourneyron. « Nous n’avons pas envie de nous arrêter là », après ce « premier pas stimulant ».


Ce type de partenariat n’est pas nouveau. Le 7 juin 2013 un partenariat de trois ans a été signé entre Total et la ministère de la Jeunesse, pour assurer le financement de projets associatifs et soutenir la réforme des rythmes scolaires. En 2009, Total est devenu le premier partenaire privé du Fonds d’expérimentation pour la jeunesse (FEJ) et a pris l’engagement de verser 50 millions d’euros sur six ans pour co-financer avec les pouvoirs publics des projets portés par des associations, sur l’accès au logement, l’insertion professionnelle, le décrochage scolaire ou la mobilité internationale. Ce fonds est géré par un conseil de gestion, où siègent le groupe Total et l’UIMM, la branche professionnelle de la métallurgie, pilier du Medef, qui contribue également financièrement (lire notre article).


Ce partenariat a été lancé par Martin Hirsch, alors Haut Commissaire à la Jeunesse.« Qu’il s’agisse d’argent privé ou public, l’objectif est identique : il faut changer le quotidien des jeunes. J’ai proposé à Total une approche pragmatique, exactement comme lorsque les entreprises développent un nouveau produit dans leur département "innovation et recherche" (sic) », expliquait celui-ci en 2009.


Faire de la com’ ou payer des impôts ?


Une question reste en suspens : ce mécénat est-il un moyen pour Total de déduire ces dons de ses impôts ? « Non, répond le service de presse du groupe. Car Total ne fait pas de bénéfices en France, donc ne paie pas d’impôts sur les sociétés ». En raison de son activité déficitaire sur le sol national, Total n’a pas payé d’impôt sur les sociétés en 2013 en France, malgré les 8,4 milliards d’euros de bénéfices engrangés par le groupe [2].

 

François Hollande avait annoncé en 2011 alors qu’il était candidat vouloir remédier à cette situation et instaurer une taxation particulière pour les groupes pétroliers. Qui n’a jamais vu le jour. « Mon rêve, ce serait de payer plus d’impôts en France »réclame pourtant le PDG de Total, Christophe de Margerie – qui rêve sans doute surtout de faire davantage de bénéfices. Ce qui ne l’a pas empêché de vouloir délocaliser certains services de la multinationale, comme la gestion de trésorerie et le service communication, à Londres, où la fiscalité est plus avantageuse. Ou de maintenir des filiales dans les paradis fiscaux comme les Bermudes [3].


Quatre millions d’euros, c’est une goutte d’eau dans la trésorerie du groupe. Moins que le salaire annuel de son PDG – 4,9 millions d’euros en 2012, en hausse de 18% ! Mais une goutte d’eau qui peut rapporter gros côté communication. Total en a bien besoin. Elle est depuis au moins cinq ans l’entreprise nationale la moins appréciée par les Français, selon le baromètre Posternak/Ifop [4]. Jouer les mécènes en distribuant des millions, plutôt que de payer des impôts fera-t-il vraiment remonter la côte de popularité ?


Agnès Rousseaux

@AgnesRousseaux

Notes

[1Cette somme permettra selon la convention de financer des projets d’éducation artistique et culturelle (un million d’euro), d’abonder de nouveau le Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse (un million d’euro), et de soutenir des projets proposés par les Directions Régionales des Affaires Culturelles (DRAC) (deux millions d’euro).

[2L’entreprise, qui a réalisé 12,4 milliards d’euros de bénéfices en 2012, n’a payé que 300 millions d’euros d’impôts sur les sociétés en France en 2012. C’était la première fois depuis trois ans qu’elle payait cette impôt. En 2013, l’entreprise n’a de nouveau pas payé d’impôt sur les sociétés, en raison de son activité déficitaire en France. Total a payé 14 milliards d’impôts dans le monde, dont 900 millions d’euros d’impôts et taxes en France (mais pas d’impôts sur les sociétés), en 2013, pour un bénéfice après impôts de 8,4 milliards d’euros.

[3Lire ici.

[4Baromètre Posternak/ IFOP/ La Matrice, 2014

 

http://www.bastamag.net/IMG/siteon0.png?1381152063

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 22:06

flyer version 5

Cher-e ami-e,

 

A la veille des échéances électorales ,  nous vous rappelons  notre conférence débat du 19  mars sur Aix en Provence  , manifestation que nous vous demandons de faire connaitre autour de vous. 


Le 26 janvier dernier à Paris, la manifestation "Jour de colère" avait des relents de 1934. 

 

Nous tenions justement, avec ''les Amis de Richard Martin'' une conférence débat jeudi dernier au Théâtre Toursky à Marseille sur ce 6 février 1934 (jour où les ligues factieuses de l'époque voulaient renverser la République ). En pleine réunion une vingtaine de jeunes extrémistes qui s'étaient infiltrés dans le public lancèrent des invectives  à notre égard et il a fallu la réaction responsable des participants pour les faire sortir.

 

Le lendemain, dans la nuit, des groupes d'extrême droite appartenant aux milieux néo-nazis ont maculé l'université de Strasbourg d'inscriptions racistes et xénophobes.


On s'attaque ainsi au Théâtre, puis à une bibliothèque universitaire,  lieux de culture et de partage du savoir et de la connaissance.


A quand les autodafés rappelant celui du 10 mai 1933 organisé par les organisations étudiantes nazies.

 

L'université de Strasbourg comme le Théâtre Toursky de Marseille dont l'histoire a été nourrie par l'Humanisme et les valeurs de Résistance, n'acceptent pas ces idéologies de l'exclusion et du rejet de l'autre. 


Nous ne céderons pas à la haine et face à ces manifestations qui peuvent se reproduire, il est important et indispensable que nous soyons très nombreux ce 19 mars à Aix en Provence  (à l'IEP à 18h15,  affiche ci-dessus). 

 

Je compte sur chacun-e d'entre vous qui habitez la région provençale pour venir avec des parents, amis ou collègues. Nous attendons des messages de soutien de celles et ceux, éloignés, qui ne peuvent venir.

 

Je compte sur chacun-e d'entre vous qui habitez la région provençale pour venir avec des parents et amis  et si vous ne pouvez pas venir informez-en vos contacts .


Merci et à bientôt.


Cordialement pour "Résister Aujourd'hui"

Michel Vial

 

 

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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 20:52

 http://www.gaucherevolutionnaire.fr/wp-content/uploads/2013/11/travail-dimanche.jpeg

 

Novembre 2013

Il y a vingt-deux ans, sur le plateau de l’émission « L’heure de vérité » (Antenne 2, 22 décembre 1991), un expert plus familier des cénacles patronaux que des luttes sociales manifestait son soutien à l’ouverture dominicale du magasin Virgin Megastore des Champs-Elysées, à Paris, malgré une importante sanction financière. « Moi, en sortant, je vais aller m’acheter un disque chez Virgin Megastore pour contribuer au financement de l’amende, s’enthousiasmait M. Alain Minc. Il est évident que la non-ouverture le dimanche est un archaïsme. »

Le 1er octobre 2013, M. Minc squatte cette fois le plateau d’iTélé lorsque le journaliste l’interroge : « Est-ce qu’on travaille le dimanche en Allemagne ? Parce que c’est le grand débat du moment en France… » Les Allemands se reposant ce jour-là, l’expert — loin de se démonter — explique aussitôt : « Il faut toujours avoir en tête que les Allemands ont plus les moyens d’être archaïques que nous. » La chaîne Virgin, elle, a mis la clé sous la porte en 2012. Elle avait pourtant obtenu l’autorisation de faire travailler ses salariés le septième jour de la semaine...


En deux décennies, le débat a pris l’allure d’un serpent de mer crevant à intervalles réguliers l’écran du journal télévisé (JT). Comme l’observe M. Karl Ghazi, secrétaire général de la Confédération générale du travail (CGT) commerce de Paris, cette période a été rythmée par une« valse à trois temps régulièrement et méthodiquement martelés par le patronat ». Et par les médias.


Au premier temps de la valse, de grands noms de la distribution violent délibérément la législation du travail : Printemps, Ikea et Virgin à la fin des années 1980, Vuitton, Usines Center et le centre commercial de Plan-de-Campagne (Bouches-du-Rhône) au milieu des années 2000, Castorama et Leroy-Merlin en septembre 2013.


Deuxième temps : le front judiciaire. Qu’importe si les enseignes perdent systématiquement les batailles qu’elles engagent : il s’agit surtout d’imposer le « débat » — et une certaine façon de le poser — dans l’espace public et dans la presse. Celle-ci n’éprouvant qu’un désir modéré de protéger le code du travail, elle embraye sans effort. Ingénu, le présentateur de la tranche matinale d’Europe 1, Thomas Sotto, observait, au cours de sa revue de presse du 30 septembre 2013 : « Pour les magasins de bricolage qui ont décidé de braver la loi et d’accueillir leurs clients hier, le “coup de com” est réussi. »


En matière de communication, le secteur de la grande distribution en connaît un rayon. En 1991, l’offensive patronale s’accompagnait d’une campagne concoctée par le publicitaire Jacques Séguéla : « Monsieur le ministre du commerce, si vous avez de bonnes raisons pour interdire aux commerçants d’ouvrir librement le dimanche, c’est que vous avez sûrement de bonnes raisons pour interdire aux Français de vivre librement leur dimanche. » Son association Liberté le dimanche, discrètement financée par Ikea et Virgin Megastore, bénéficie alors d’une large couverture médiatique. « Quand est-ce que ce pays va se réveiller ? Quand est-ce qu’on va aller de l’avant ? Il y a trente ans qu’aux Etats-Unis tous les magasins sont ouverts le dimanche ! »,s’exaspérait M. Séguéla au JT de 13 heures sur Antenne 2, le 14 mai 1991. En 2013, une autre agence de communication, Les Ateliers Corporate, relaie le propos des entrepreneurs du bricolage. On découvre que les salariés de Castorama et de Leroy-Merlin regroupés au sein du collectif des Bricoleurs du dimanche, si prompts à soutenir leur direction, ont reçu quelques cours de coaching financés par leurs employeurs.


Réapparaît ainsi régulièrement la figure prototypique de l’employé volontaire, « pris en otage » par le code du travail. De préférence une jeune femme pour qui étudier serait impossible sans ce job d’appoint. En 1989 : « Ça m’a permis de continuer mes études, et puis j’ai deux enfants, ça me permet de les élever tranquillement en semaine (1). »En 2007 : « J’ai commencé le travail en tant qu’étudiante. J’étais en cours toute la semaine, et pouvoir travailler le week-end, c’était vraiment une liberté (2). » En 2013 : « Le but est de me payer un appartement près de mon école. Donc je travaille le samedi et le dimanche ici. On est payés double (3). »


Il est plus rare qu’on popularise les conclusions d’études comme celle de Magali Beffy, Denis Fougère et Arnaud Maurel sur l’impact scolaire du travail salarié. Pourtant, on y apprendrait que « l’occupation d’un emploi régulier réduit significativement la probabilité de réussite à l’examen de fin d’année universitaire. S’ils ne travaillaient pas, les étudiants salariés auraient une probabilité plus élevée de 43 points [de pourcentage] de réussir leur année (4) ». Justement, les étudiants des classes préparatoires ou des grandes écoles travaillent rarement le week-end...


Entière disponibilité à être interviewé, élocution calibrée : les salariés modèles prêts à sacrifier leurs fins de semaine plaisent manifestement davantage aux vedettes des médias — éditorialistes, présentateurs, experts cathodiques largement acquis à la dérégulation du code du travail — que d’autres, acculés par leur hiérarchie à rester dans leur supermarché le dimanche. « Beaucoup de caissières qui manient mal le français ont peur des représailles si elles racontent leurs conditions de travail. Elles ne sont pas de bonnes clientes pour les journalistes »,remarque M. Ghazi.


Fernando Malverde, reporter à France 3 Ile-de-France, ajoute : « Le journaliste de base du JT, aujourd’hui, travaille dans un cadre de plus en plus coercitif. Le programme n’est pas choisi par lui, mais de plus en plus par des agences de communication. Il est contraint à une rapidité d’exécution et à un format de plus en plus court. Les salariés de Castorama et de Leroy-Merlin répondent parfaitement aux nouvelles exigences du métier. » Lui-même en fait les frais, quelques jours après le coup de force des géants du bricolage et de l’ameublement : « Monoprix a profité de cette occasion pour annoncer, mardi 1er octobre vers 20 heures, qu’il était contraint de fermer ses magasins à 21 heures à cause d’un recours de la CGT. Le lendemain matin, j’ai dû rapporter un sujet pour le journal de la mi-journée. J’ai eu une demi-heure pour le tourner. »


Le tableau d’une France improbable, peuplée de salariés heureux, se découvre alors comme par magie sous le pinceau des médias, en dépit de quelques pâtés antisyndicaux cherchant à gâcher le joli paysage.

30 septembre 2013. Wendy Bouchard, présentatrice d’Europe 1, reçoit M. Ghazi, dont le syndicat a obtenu plus de 52 % des voix à Monoprix. Elle lui oppose une salve de tweets. Mickael : « Depuis quand le but des syndicats est d’empêcher les gens de travailler ? » Frédéric : « Grâce à la CGT, le travail est bientôt aboli en France ! » Le lendemain, la station de M. Arnaud Lagardère affichera sur son site le « sondage du jour » : « Trouvez-vous normal qu’un magasin soit contraint par un syndicat de ne plus ouvrir après 21 heures ? »

L’histoire de M. Habib Hamdoud n’a fait la « une » ni du site d’Europe 1, ni du quotidien Les Echos (propriété de M. Bernard Arnault, au même titre que l’enseigne Sephora, qui a annoncé son intention d’ouvrir sa boutique des Champs-Elysées la nuit). Embauché après plus d’une cinquantaine de contrats à durée déterminée (CDD) dans plusieurs magasins du groupe, M. Hamdoud a travaillé dans un Auchan City de Tourcoing, dans le Nord. Ce supermarché créé il y a trois ans a libéré ses quatre-vingt-trois salariés de leurs interrogations sur le meilleur moyen d’occuper leurs soirées et leurs dimanches. Ici, on travaille régulièrement jusqu’à 21 heures en semaine et de 9 heures à 13 heures le « jour du Seigneur ». Sans aucune majoration : « On a une direction qui manie beaucoup le bâton, très peu la carotte », précise M. Hamdoud, dont certains collègues enchaînent jusqu’à dix jours d’affilée.


Un jour, M. Hamdoud en a eu assez. Avec l’aide de l’union locale CGT de Tourcoing, il a monté une section syndicale, résisté à sa hiérarchie et obtenu les élections que la direction refusait. En juin 2013, 72 % de ses collègues ont voté pour la CGT. Une autre France que celle dépeinte par les tweets d’Europe 1...

Enfin, le troisième temps de la valse, le plus important. Il s’agit d’obtenir un soutien politique suffisant pour détricoter la loi et les textes de protection des salariés. En 1993, la mobilisation parlementaire a débouché sur la loi Giraud-Balladur. En 2009, sur la loi Mallié-Sarkozy (5). Et en 2013 ?

Pour M. Ghazi, l’enjeu est de taille : « Actuellement, le contrat collectif s’impose encore face au contrat individuel. Le volontariat est un concept très dangereux. Il a pour but d’exploser le contrat collectif et de normaliser la concurrence entre les salariés. » Mais les vingt dernières années nous suggèrent que, dans ce domaine, la bataille menée par le patronat de la distribution n’a pas toujours été couronnée de succès. Car il semblerait que les salariés préfèrent parfois être pris en otage par le code du travail que par leur employeur… Une surprise ? De l’avis de l’économiste Frédéric Lordon, pas vraiment : « On a voulu convertir un corps social à une nouvelle sorte de vie collective, à une nouvelle sorte de vie économique et sociale. Et ce corps social-là, fondamentalement, il ne voulait pas, pour de très bonnes raisons. C’est qu’il avait tout à y perdre. Alors, à mesure de la résistance d’abord anticipée, puis constatée, il a fallu déployer un effort de conviction ou de persuasion de même proportion (6). »


Dans ces conditions, le travail de « pédagogie » de M. Minc paraît loin d’être achevé...


(1) Journal de 20 heures, TF1, 26 février 1989.

(2) «  Mots croisés  », France 2, 8 janvier 2007.
(3) Journal de 13 heures, France Inter, 29 septembre 2013.
(4) «  L’impact du travail salarié des étudiants sur la réussite et la poursuite des études universitaires  » (PDF), Economie et statistique, no 422, Paris, novembre 2009.
(5) Michel Giraud était ministre du travail dans le gouvernement de M. Edouard Balladur en 1993  ; M. Richard Mallié, député de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) en 2009, est l’auteur du texte à l’origine de la loi.
(6Les Nouveaux Chiens de garde, JEM Productions, 2012.
 
Gilles Balbastre

 Journaliste et coréalisateur avec Yannick Kergoat du documentaire Les Nouveaux Chiens de garde (JEM Productions, 2012).

 

http://www.monde-diplomatique.fr/squelettes/images/logotyfa.png


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11 mars 2014 2 11 /03 /mars /2014 07:56

http://maghreb-observateur.com/wp-content/uploads/2012/03/universites.jpg

 

Lundi 10 mars 2014

 

" S'inscrire à la fac doit coûter plus cher "

 

... Ainsi s'exprime Pierre-Cyrille Hautcoeur dans Le Monde daté du 11 mars 2013.

P.-C. Hautcoeur est le président de l'EHESS et cet " économiste " semble tout droit sorti d'un film de série z produit par TF1 et réalisé par Pierre-François Gatazoland.

Extrait de l'article de P.-C. Hautcoeur :

même si l'Etat dépense relativement beaucoup par étudiant en moyenne, le caractère presque exclusivement public du financement des universités ne permet plus à celles-ci de fournir l'encadrement et l'insertion demandés par les familles.

Lorsqu'un étudiant est le principal bénéficiaire de l'enseignement qu'il reçoit, parce qu'il accroît sa rémunération future, il est juste qu'il contribue à le financer.

Parce que l'Université est sous dotée financièrement, la plupart des étudiants y bénéficient d'une formation gratuite de haute qualité scientifique, mais sans l'accompagnement pédagogique nécessaire pour lui donner toute sa valeur.

la partie directement appropriée par l'étudiant (l'encadrement renforcé) peut justifier des droits d'inscription supérieurs dans les universités

Le gouvernement actuel encourage le rapprochement entre classes préparatoires et universités. Mais il ne résoudra pas le problème financier tant qu'il ne laissera pas les universités libres de mettre en place les droits d'inscription qui leur permettraient de concurrencer, à armes égales, les écoles.

 

 

Vanessa Schlouma  dans Tout Va Bien 

 


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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 18:02

Défendons nos couleurs !

http://www.initiative-communiste.fr/wp-content/uploads/2014/03/29mai1.jpgA l’heure où la fascisation s’affirme et se confirme pour les plus lucides d’entre nous, d’Athènes à Kiev, de Budapest aux ors de l’Élysée, l’ombre brune s’étend sur l’Europe.

Rien de magique: le ventre fécond du monstre, le capitalisme, est en crise, il fait payer la crise aux travailleurs et pour que ceux-ci ne soient pas tentés de réagir, brisons-leurs la nuque avec nos brutes de toujours, sortis des poubelles de l’histoire quand le besoin s’en fait sentir : l’Etat capitaliste règne par l’assentiment et la contrainte, quand l’assentiment baisse la contrainte monte jusqu’à la terreur, le fascisme.


Chaque jour, les libertés démocratiques s’étiolent, le Parlement est soumis à l’Exécutif, la souveraineté populaire violée (référendum de 2005), l’indépendance nationale est bafouée par un alignement total sur l’impérialisme US et sur l’impérialisme allemand, la République est attaquée dans ses principes et dans son existence même. Le personnel politique s’abaisse au niveau des voyous. La langue française est ringardisée dans les pubs, à la télé, dans les radios, dans le commerce et même dans des institutions, au profit de la langue du maître, l’anglo-américain.


La référence au socialisme est défigurée par des partis « socialistes » qui n’ont rien de socialiste ou de progressiste, qui ne sont que les outils d’arrivistes et de carriéristes aussi serviles envers le capital que leurs homologues de droite lesquels, s’ils l’ont jamais été, ne sont même plus patriotes. Ils constituent ensemble le parti du grand capital supranational dont le M.E.D.E. « F ». est le fondé de pouvoir « français ». Ils constituent ensemble les agents de la fascisation, les fourriers du fascisme: les uns (PS) en instrumentant le FN pour occuper les places, les autres (UMP) en courant derrière, voire en dépassant sur sa droite le rassemblement « bleu marine » !


Quant à nous, militants franchement communistes, nous avons droit à un traitement particulier : certes on nous annonce morts et enterrés mais à la fois par peur rétrospective et par mesure de prévention (on ne sait jamais avec le peuple…), ils s’acharnent contre nous. Pas un jour, au sens propre, où sur les chaînes de télé ou de radio, dans les quotidiens ou les hebdos bourgeois (appelés ainsi parce que propriétés de la bourgeoisie) on ne nous fusille symboliquement ; en attendant mieux, on nous criminalise: nous avons tués des millions de gens, nous sommes totalitaires, nous sommes comme les nazis mais en pire puisque c’est à cause de nous que les capitalistes ont dû se résoudre à financer, soutenir, armer le nazisme. Bref nous sommes des démons sortis du cerveau malade d’un Juif allemand, Marx, pour rencontrer celui d’un psychopathe mongol, Lénine. Quand au fait que le nazisme ait eu pour ennemi n°1 le communisme, le judéo-bolchevisme, qu’il ait été battu par ces mêmes bolcheviks (Moscou, Leningrad, Stalingrad, Koursk, Berlin) au prix de vrais 25 millions de morts, sachez qu’en rappelant cela vous vous faites les complices du terrorisme totalitaire communiste. Tirez le rideau, rien à voir, rien à débattre, la messe est dite. Que les Résistances anti-fascistes et patriotiques dans les pays occupés aient été initiées, souvent dirigées, par les partis communistes, que ceux-ci en aient généralement été la force principale, cela est totalement occulté. Que les communistes aient toujours cherché à unir sur les bases les plus larges pour la libération sociale et nationale, cela aussi est caché. Le 70ème  anniversaire du programme du CNR doit être l’occasion de rappeler ces vérités premières. Particulièrement à notre jeunesse, intoxiquée par le prêt-à-penser BHL » qui est la négation de la pensée libre et critique.


Hélas! Hélas pour eux le capitalisme poursuit son histoire avec son cortège de crimes, de guerres, de famines, de misère, de chômage, de crises, d’exploitation de l’homme par l’homme.


Et les ouvriers, les travailleurs, les masses populaires qui subissent le capitalisme ont conscience de leurs intérêts, ils ont conscience que leurs intérêts sont antagoniques avec ceux du capital, ils comprennent que les intérêts des loups ne sont pas ceux des brebis. Ils acquièrent une conscience de classe. Et nous communistes, nous avons pour missions de faire en sorte que cette conscience de classe se transforme en conscience politique, avec cette difficulté qu’il nous faut en permanence affronter les contrefaçons, eurocommunistes ou sectaires, qui usurpent la référence au communisme en France. Pour que la classe ouvrière et ses alliés s’organisent afin de proposer une perspective politique révolutionnaire, c’est-à-dire un changement de société, le passage du capitalisme au socialisme car le capitalisme est irréformable, il est régi par des lois d’airain que seule la révolution peut briser pour bâtir une société nouvelle et plus juste, le socialisme et le communisme.


Comment y parvenir quand les forces déployées contre nous, et plus généralement, contre les vrais syndicalistes, contre les vrais antifascistes, contre les vrais patriotes républicains, contre les vrais internationalistes, sont aussi puissantes? Mais il suffit de regarder l’histoire : les empires les plus puissants, les dominations les plus terribles, les Reich de mille ans, tout cela s’est effondré quand les peuples ont su réagir, s’unir et combattre. Alors rien, rien ne peut s’opposer à un peuple uni, mobilisé, organisé, tendu vers l’objectif de sa libération, de son émancipation.

Aujourd’hui, comme hier avec le CNR, défendons nos couleurs !

Défendons le rouge et or de notre drapeau international. Rouge du sang de ceux qui sont tombés pour l’émancipation des travailleurs, rouge comme le soleil qui se lève. Or de nos outils entrecroisés, symbole de notre politique d’unité des travailleurs, d’unité populaire, de Front Populaire pour l’indépendance nationale, la coopération internationale, le progrès social, la démocratie et la paix.


Défendons le tricolore de notre drapeau national. Née de la Révolution française, proclamé drapeau de la Nation républicaine par la Convention, porté par les Soldats de l’An II et par les Sans-culotte des faubourgs, ce drapeau a été arrosé par le sang des Patriotes c’est-à-dire des révolutionnaires, c’est-à-dire du peuple. En 1793, en 1830, en 1848, en 1871, en 1905, en 1936 ou durant la Résistance. Abandonner ce drapeau à ceux qui l’ont toujours trahi, à ceux qui préféreront toujours les Hitler du jour au Front Populaire, à ceux qui le trahissent aujourd’hui avec l’Union Européenne ou aux bandes fascistes qui relèvent la tête, est non seulement une faute politique car c’est ce rendre complice, par ignorance, dogmatisme ou crétinisme, du fascisme.  


Défendons nos couleurs, unissons-nous, et combattons, internationaliste-patriotes, défendons ce que nous sommes et avons toujours été, les défenseurs le la classe ouvrière, du peuple, des nations libres, égales et fraternelles, c’est-à-dire de l’Humanité. Bâtissons un Front Populaire et Patriotique. C’est ainsi que nous serons fidèles à ceux qui le 14 mars 1944 fondèrent le CNR. Nous continuons leur combat.


 

Source :

http://www.initiative-communiste.fr/wp-content/uploads/2013/05/Banniere-IC2.gif


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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 17:15

http://www.ouest-france.fr/sites/default/files/styles/image-article-detail/public/2014/03/10/600.000-menages-menaces-de-coupure-denergie.jpg

 

La fin de la trêve hivernale prévue samedi menace 600.000 ménages de coupure d'énergie, a affirmé lundi la CGT, le syndicat redoutant des tensions pour les agents chargés de réaliser ces coupures.

La loi Brottes, entrée en vigueur en avril 2013, a mis en place une trêve hivernale généralisée pour les coupures d'électricité et de gaz, semblable à celle en vigueur pour les expulsions de logements. Jusque là, seules les personnes éligibles au fonds de solidarité logement pouvaient en bénéficier.

Entre le 1er novembre et le 15 mars, les fournisseurs d'énergie n'ont donc plus eu le droit pour la première fois d'interrompre la fourniture des consommateurs en raison de factures impayées. 

On estime que huit millions de personnes sont en situation de précarité en France et que plus d'un demi-million de points de comptage vont être coupés du jour au lendemain, a indiqué à l'AFP Laurent Langlard, porte-parole de la fédération mine-énergie CGT.

Il y a une multitude de fournisseurs et nous n'avons pas l'assurance exacte du nombre de fournisseurs qui vont lancer des coupures, a-t-il ajouté. Mais, cinq mois sans coupure ça correspond globalement à un volume de 600.000 ménages.

Beaucoup de foyers risquent par ailleurs en raison de leur consommation pendant l'hiver de voir aggraver de façon très conséquente une facture qu'ils n'avaient déjà pas les moyens de payer, celle-ci se basant sur le relevé ou l'estimation de leur consommation.

Le syndicaliste souligne que la situation va avoir une incidence très importante y compris pour les salariés des énergéticiens car les coupures ne sont pas qu'un geste technique, mais relèvent de rapports humains. 

On s'attend à des choses très difficiles et très compliquée, juge M. Langlard, évoquant notamment un risque d'agressions.

Le médiateur national de l'énergie, autorité indépendante chargée de protéger les consommateurs, estime également qu'environ huit millions de personnes sont en situation de précarité énergétique (soit quelque quatre millions de ménages).

Dans son rapport d'activité 2012, le médiateur notait que près de 580.000 foyers avaient été privés d'électricité et de gaz, via des réductions ou coupures pour cause d'impayés. L'année précédente le nombre de foyers privés d'énergie avait été de quelque 500.000.

Depuis la loi Brottes, les fournisseurs d'énergie sont tenus de communiquer au médiateur les coupures effectives une fois par trimestre. Un bilan devrait être effectué fin avril, a indiqué le médiateur à l'AFP.


©AFP / 10 mars 2014

 


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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 16:59
9 mars par Eric Toussaint

http://cadtm.org/local/cache-vignettes/L300xH220/arton10011-1cca3.jpgOn connaît la maxime : « Trop grandes pour faire faillite » (’Too Big To Fail’). La manière dont les gouvernants ont géré la crise provoquée par les banques a débouché sur une nouvelle doctrine qui peut être résumée par : « Trop grandes pour être condamnées » |1|. Ou « Trop grandes pour être emprisonnées » si on traduit littéralement le nouvel adage qui fait florès aux États-Unis et au Royaume-Uni : « Too Big to Jail » |2| qui rime avec « Too Big to Fail ». En effet, alors que le gouvernement des États-Unis a laissé Lehman Brothers faire faillite en septembre 2008, aucune banque n’a été fermée |3| ou démantelée par décision de justice, aucun dirigeant de banque n’a été condamné à une peine de prison. L’unique exception dans le monde occidental concerne l’Islande où la justice a condamné à des peines de prison ferme trois dirigeants de banque. Larus Welding, principal dirigeant de la banque Glitnir, qui a fait faillite en 2008 quand elle était encore la troisième banque du pays, a été condamné fin décembre 2012 à 9 mois de prison. Sigurdur Einarsson et Hreidar Mar Sigurdsson les deux principaux dirigeants de la banque Kaupthing |4| ont été condamnés respectivement à cinq ans et cinq ans et demi de prison en décembre 2013 |5|.

Pourtant, la justice des États-Unis et d’Europe est confrontée à de très graves délits commis par les plus grandes banques : escroquerie en bande organisée à l’encontre des clients, des (petits) actionnaires et des actionnaires publics, blanchiment d’argent du crime organisé, organisation systématique de la fraude fiscale à très grande échelle, manipulation en bande organisée des taux d’intérêts (Libor, Euribor…), manipulation en bande organisée des marchés de change, faux et usage de faux, délits d’initiés, destructions de preuves, enrichissement abusif, manipulation en bande organisée du marché des CDS, manipulation du marché physique des commodities, complicité dans des crimes de guerre |6|… La liste n’est pas exhaustive.

Eric Holder, procureur général des États-Unis, interrogé en juin 2013 par une commission du Sénat de son pays, a résumé clairement le fond de la doctrine « Trop grandes pour être condamnées ». Il a déclaré en substance à propos des grandes banques que « ces institutions sont si grandes qu’il est difficile de les poursuivre en justice, et si on le faisait, on se rendrait compte qu’effectivement, les inculper pour activités criminelles pourrait avoir des répercussions négatives pour l’économie nationale, voire mondiale » |7|.

Les retombées de cette position sont claires. Le fait que la spéculation et les crimes financiers ont causé la pire crise économique depuis le siècle dernier pèse fort peu dans la balance de la justice. Bien que de tels excès soient associés à une épidémie de fraudes |8|, à tous les niveaux des opérations des banques des États-Unis, ces institutions sont autorisées à poursuivre leurs opérations. Il leur suffit de passer un accord avec la justice afin de payer une amende pour éviter une condamnation. Imaginez la situation suivante : après un mois d’enquête, la police retrouve une personne qui a commis un vol d’un million d’euros. Au moment d’être appréhendée, la personne en question déclare au juge d’instruction et à la police : « Je propose de payer deux mille euros d’amende, vous me laissez en liberté et vous n’entamez pas de poursuite. D’accord ? ».

Le juge et la police lui disent : « Ok, pas de problème, excusez du dérangement. Bonne continuation. Essayez de ne pas vous faire prendre une prochaine fois, ce serait dommage ». Le traitement de faveur auquel ont droit les banques responsables de délits et de crimes financiers n’est pas très différent de cette situation imaginaire et Bertold Brecht avait pleinement raison de poser la question : « Qui est le plus grand criminel : celui qui vole une banque ou celui qui en fonde une ? »usique de Kurt Weil), présentée pour la première fois le 31 août 1928 au Theater am Schiffbauerdamm de Berlin, puis en version française le 14 octobre 1930 au théâtre Montparnasse.]].

Les conséquences directes des méfaits des banques sont particulièrement graves : 14 millions de familles aux États-Unis ont été expulsées de leur logement entre 2007 et 2013 (voir tableau ci-dessous), parmi elles, il est avéré qu’au moins 495 000 familles l’ont été de manière parfaitement illégale |9|, des millions de personnes ont perdu leur emploi, une partie d’entre elles sont tombées sous le seuil de pauvreté, le taux de suicides a augmenté parmi les personnes affectées, la dette publique a explosé et les fonds de pensions des pays développés ont perdu près de 5 400 milliards de dollars |10|.

Source : Pour les États-Unis : http://www.realtytrac.com/content/foreclosure-market-report/2012-year-end-foreclosure-market-report-7547 ; 
Pour l’Espagne : http://afectadosporlahipoteca.com/wp-content/uploads/2013/02/RETROSPECTIVA-SOBRE-DESAHUCIOS-Y-EJECUCIONES-HIPOTECARIAS-EN-ESPAÑA-COLAUALEMANY1.pdf

Le rôle des banques privées est manifestement si important et indispensable au système capitaliste que leur fonctionnement transcende les contraintes légales et constitutionnelles des sociétés modernes. Dès lors, la justice se voile la face devant les délits et crimes commis par les banques et leurs dirigeants afin de leur éviter de passer ne serait-ce qu’un jour en prison. En fin de compte, on ne peut tout de même pas poursuivre en justice un dirigeant d’une institution bancaire qui « ne fait que le travail de Dieu » |11| , pour citer Lloyd Blankfein, patron de Goldman Sachs.

La déclaration ci-dessus pourrait prêter à sourire si des transactions entre banques et autorités judiciaires ou de contrôle ne venaient pas régulièrement confirmer l’application de la doctrine « trop grandes pour être condamnées » des deux côtés de l’Océan Atlantique. Les affaires se suivent et la justice se borne à des amendes qui représentent bien souvent une maigre fraction des bénéfices issus d’activités illégales, sans qu’aucun dirigeant ne soit inquiété. Tout au plus comparaissent devant des tribunaux et sont condamnés des lampistes comme Jérôme Kerviel, jamais les patrons qui les ont poussés à augmenter les bénéfices de l’entreprise en utilisant toutes les entourloupes possibles et imaginables.

Six exemples suffisent pour témoigner de la situation actuelle :

1. les accords passés entre les banques des États-Unis et différentes autorités du pays afin d’éviter une condamnation en justice dans l’affaire des prêts hypothécaires abusifs et des expulsions illégales de logement (foreclosures) ;
2. HSBC (1e banque britannique) mise à l’amende aux États-Unis pour blanchiment d’argent des cartels mexicains et colombiens de la drogue ;
3. la manipulation des taux d’intérêt interbancaire et des taux sur les dérivés connue comme l’affaire du LIBOR ;
4. le scandale des « prêts toxiques » en France ;
5. les activités illégales de Dexia en Israël ;
6. l’évasion fiscale internationale organisée par la principale banque suisse UBS.

Dans cette série ces 6 exemples seront analysés.

Conclusion

Il apparaît clairement que les banques et autres grandes institutions financières de dimension mondiale, agissant souvent en bande organisée (en cartel), font montre d’un niveau rarement observé à ce jour de cynisme et d’abus de pouvoir. Aujourd’hui, après que les États aient mis l’argent public à disposition des entités financières dont les paris spéculatifs ont mal tourné, les magistrats en charge de faire appliquer la loi s’emploient à protéger les responsables de ces entités et banalisent ainsi, voire justifient a posteriori la conduite illégale ou criminelle dont ils se sont rendus coupables.

Un tel contexte, où règne l’impunité, encourage les dirigeants des firmes financières à davantage d’abus et de prises de risque. Les banques en tant qu’institutions ne sont pas condamnées, et le plus souvent ne sont même pas convoquées devant un tribunal.

Ces banques font porter l’entière responsabilité à des traders comme Jérôme Kerviel et quelques dizaines d’autres et obtiennent que la justice les condamne pour leur avoir porté préjudice.

La situation des principaux dirigeants des banques est bien différente : le montant de leurs bonus croît suite à l’augmentation des revenus de la banque (il n’est pas rare de voir que le bonus augmente même en cas de baisse de la rentabilité de la banque), indépendamment de l’origine illégale des ressources ou du fait qu’elles soient issues d’activités financières spéculatives extrêmement risquées. Dans le pire des cas, s’ils sont découverts, ils n’ont qu’à quitter l’institution (souvent avec un parachute doré), ils ne seront pas poursuivis par la justice et conserveront sur leurs comptes bancaires l’entièreté des bénéfices obtenus.

Tant que ce genre de dispositif pervers est maintenu, les abus et le pillage des ressources publiques de la part du système financier ne peuvent que se prolonger au fil du temps.

Au-delà des hauts dirigeants, il faut souligner l’impunité des banques elles-mêmes à qui les autorités appliquent la doctrine « Too Big To Jail ». Il s’agit surtout de la démonstration de l’imbrication étroite entre les directions des banques, leurs grands actionnaires, les gouvernants et les différents organes vitaux des États.

En cas de graves manquements, il faut mettre en pratique une solution radicale : retirer la licence bancaire aux banques coupables de crimes, bannir définitivement certaines de leurs activités, poursuivre en justice les dirigeants et les grands actionnaires. Il faut aussi obtenir des réparations de la part des dirigeants et des grands actionnaires.

Enfin, il est urgent de diviser chaque grande banque en plusieurs entités afin de limiter les risques, de socialiser ces banques en les plaçant sous contrôle citoyen, et de créer ainsi un service public bancaire qui donnera la priorité à la satisfaction des besoins sociaux et à la protection de la nature.

Notes
|1| L’auteur remercie Daniel Munevar, économiste du CADTM, qui a produit une première synthèse concise très utile sur le sujet et l’a autorisé à s’en inspirer librement. L’auteur a ensuite largement complété la recherche. Voir l’article original de Daniel Munevar, « La doctrine « trop grandes pour être condamnées » ou comment les banques sont au-dessus des lois », 20 septembre 2013,www.cadtm.org/La-doctrine-trop-grandes-pour-etre
|2| Les médias anglo-saxons utilisent régulièrement cette expression depuis 2 ans : voir par exemple : Abcnews, "Once Again, Is JPMorgan Chase Too Big to Jail ?", 7 Janvier 2014,http://abcnews.go.com/Blotter/madoff-ponzi-scheme-prosecutors-find-jpmorgan-chase-big/story?id=21448264 ou Forbes, "Why DOJ Deemed Bank Execs Too Big To Jail", 29 juillet 2013,http://www.forbes.com/sites/tedkaufman/2013/07/29/why-doj-deemed-bank-execs-too-big-to-jail/
|3| Autre manière d’écrire qu’aucune banque ne s’est vu retirer la licence bancaire. En effet, pour mener les opérations bancaires, une institution financière doit obtenir une licence bancaire.
|4| La faillite de sa filiale nommée Icesave au Royaume-Uni et aux Pays-Bas a provoqué une crise internationale entre ces deux pays et l’Islande. Cette crise se poursuit encore en 2014 car le R-U et les Pays Bas vont en appel contre la sentence de la cours d’arbitrage qui a donné raison à l’Islande en janvier 2013. Voir Financial Times, « Iceland premier repels Icesave lawsuit », 12 février 2014.
|5| Comme l’écrit le Financial Times : “Iceland, almost uniquely in the western world, has launched criminal cases against the men who used to lead its three main banks that collapsed after the global financial crisis in 2008 after collectively becoming 10 times the size of the island’s economy.” 13 décembre 2013. Voir : http://www.ft.com/intl/cms/s/0/eab58f7e-6345-11e3-a87d-00144feabdc0.html#axzz2thdbsViQ
|6| Voir plus loin l’action de Dexia dans les territoires palestiniens occupés par Israël.
|7| Huffingtonpost, “Holder admits some Banks too big to jail”, disponible sur :http://www.huffingtonpost.com/2013/03/06/eric-holder-banks-too-big_n_2821741.html Sur ce site, on peut voir et écouter la partie du témoignage du procureur général des États-Unis où il déclare : "I am concerned that the size of some of these institutions becomes so large that it does become difficult for us to prosecute them when we are hit with indications that if you do prosecute, if you do bring a criminal charge, it will have a negative impact on the national economy, perhaps even the world economy…". Durée de la vidéo : 57 secondes. Cela vaut la peine.
|8| Une étude récente sur les pratiques de crédits des banques aux États-Unis signale qu’en dépit de leur hétérogénéité, les irrégularités et les faux sont présents à divers degrés dans toutes les institutions financières analysées. Voir “Asset Quality Misrepresentation by Financial Intermediaries : Evidence from RMBS Market”, disponible sur : http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2215422
|9| The New York Times, “Banks to pay $8,5 billion to speed up housing relief”, 7 janvier 2013,http://dealbook.nytimes.com/2013/01/07/banks-to-pay-8-5-billion-to-speed-up-housing-relief/?_php=true&_type=blogs&_php=true&_type=blogs&_r=1
|10| OECD (2010) “The Impact of the Financial Crisis on Defined Benefit Plans and the Need for Counter-Cyclical Funding Regulations”, http://www.oecd.org/pensions/private-pensions/45694491.pdf
|11| The Wall Street Journal, “Goldman Sachs Blankfein : Doing Gods work”, 9 novembre 2009,http://blogs.wsj.com/marketbeat/2009/11/09/goldman-sachs-blankfein-on-banking-doing-gods-work/
Éric Toussaint, maître de conférence à l’université de Liège, préside le CADTM Belgique et est membre du Conseil scientifique d’ATTAC France. Il est auteur des livres Procès d’un homme exemplaire, Editions Al Dante, Marseille, 2013 ; Un coup d’œil dans le rétroviseur. L’idéologie néolibérale des origines jusqu’à aujourd’hui, Le Cerisier, Mons, 2010. Il est coauteur avec Damien Millet du livre AAA, Audit, Annulation, Autre politique, Le Seuil, Paris, 2012 ; La dette ou la vie, Aden/CADTM, Bruxelles, 2011. Ce dernier livre a reçu le Prix du livre politique octroyé par la Foire du livre politique de Liège, http://www.cadtm.org/Le-CADTM-recoit-le-prix-du-livre 
Prochain livre à paraître en avril 2014 : Bancocratie chez ADEN
http://cadtm.org/Les-banques-et-la-nouvelle

http://cadtm.org/local/cache-vignettes/L155xH71/siteon0-dc90f.gif
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