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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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comité pour une nouvelle résistance C N R 06

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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

2 octobre 2013 3 02 /10 /octobre /2013 21:27

Mercredi 2 octobre 2013

 

Compte rendu publié sur le site du PTB :

 

Industriels et banquiers français sous l’occupation est le fruit de nombreuses années de travail dans les archives aussi bien françaises qu’allemandes. Il montre comment le grand patronat « dirige et anime, au détail près, la guerre sociale ». Son seul but, hier comme aujourd’hui, est de se bétonner les profits les plus élevés possibles, de faire baisser les salaires des travailleurs, de diriger l’État contre le peuple.

Jean Pestieau

 

http://www.laprocure.com/cache/couvertures/9782200277765.jpg

 

L’ouverture des archives des années 1930 et 1940 ont permis à l’historienne Annie Lacroix-Riz, stupéfiante par son érudition, de répondre à la question : la grande industrie et la haute banque françaises furent-elles confrontées au vainqueur nazi de juin 1940 ou accueillèrent-elles avec empressement leurs partenaires allemands afin d’amplifier une collaboration déjà bien établie dans la crise des années 1930 ?

La continuité de cette collaboration, qui a explosé avec l’occupation, est démontrée : vente à l’Allemagne nazie de tout ce qui pouvait être vendu, des matières premières aux produits finis, fondation de cartels « européens » à direction allemande, associations de capitaux, avec éviction, depuis l’occupation, des « capitaux juifs » au profit de la machine de guerre nazie, du capitalisme financier allemand mais aussi français « aryanisé » , etc.


Est également démontré le rôle central joué par les grands lieutenants de la synarchie1 dans le régime de Vichy et dans l’économie, désormais exclusivement mise au service de la machine de guerre nazie : industriels et banquiers, hauts-fonctionnaires, ils appliquèrent, de connivence avec l’occupant, des mesures drastiques de hausse du profit, de concentration du capital et de baisse des salaires. Ils collaborèrent activement à la répression indispensable à l’exécution de leurs plans.

La mainmise d’une véritable mafia

Ainsi, « le délégué en France pour le plan de quatre ans, le major Edinger-Hodapp, considérait en mars 1941, les “conséquences sur la situation matérielle et l’état d’esprit des travailleurs français, des mesures et initiatives des entrepreneurs français et de l’organisation économique française” comme la cause essentielle, avec “l’agitation subversive des communistes français”, d’une résistance croissante aux objectifs allemands [...]. Vichy codifiait et exécutait “les consignes [allemandes] sur les mesures salariales” qui faisaient l’unanimité patronale » (p.582)


« En résumé, avaient tranché les RG [Renseignements Généraux français] en octobre 1941, une véritable mafia d’anciens polytechniciens et d’inspecteurs des Finances, groupés au sein d’une société secrète à ramifications internationales, a mis la main sur la quasi-totalité des leviers de commande de l’État, à la faveur de la défaite militaire de mai-juin 40. Elle organise la mise en coupe réglée de l’économie de notre pays, au profit de puissants intérêts financiers et y associant habilement certains groupes allemands au moyen d’une armature législative et réglementaire nouvelle créée à cette seule fin et par laquelle les organismes du Nouvel État français ne sont plus que les services extérieurs de la banque Worms. » (p. 22-23)  « Ainsi un clan financier domina l’État de 1940 à 1944, déléguant à sa tête l’“équipe” Worms-Indochine-Lehideux-Nervo, entichée de collaboration “continentale” et européenne depuis la crise » (p.23)


Mais la résistance britannique, et plus encore soviétique, couplées à la résistance intérieure, ébranla la confiance des banquiers et des industriels dans une Europe à direction allemande : « Stalingrad [février 1943] acheva la “rupture”, la victoire soviétique persuadant la synarchie du raccourcissement des délais de la défaite du Reich. Le plus grand tournant visible de la guerre renforça l’urgence de la “voie américaine”, qui fournirait bientot les partenaires économiques privilégiés et, atout apprécié bien au-delà de la synarchie, le suprême “rempart” sociopolitique » (p. 546) face aux revendications et luttes ouvrières, face à l’Union soviétique victorieuse. « L’américanophilie des grands patrons, égale à leur collaborationnisme, leur assura “protection contre leurs ennemis intérieurs”, dans “l’isolement et l’encerclement” apparents d’après-Libération » (p. 570)

Un bilan de collaboration positif

Le bilan de la collaboration, sous l’occupation, des industriels et des banquiers a été très positif. « Quel gâteau se tailla le grand capital français dans la “collaboration économique” ? Doubla-t-il ou tripla-t-il au moins, comme le capital déclaré des grandes banques ? Quadrupla-t-il comme les profits déclarés de Théraplix ? Sextupla-t-il comme, de 1939 (indice 110) à janvier 1943 (610), le cours boursier des 35 grandes valeurs “nationalisées” après-guerre (4 banques, 6 d’assurances, 7 de houillères, 5 de chemins de fer des anciens réseaux, 5 de gaz et 8 d’électricité). Septupla-t-il presque comme celui des valeurs du secteur dit ’libre’ (de 113 à 697) avant que, à partir de 1943, la Bourse [ne] commen[çat...] à se méfier quelque peu des perspectives ultérieures, quant aux compartiments “nationalisables” ? [...] L’Occupation fut l’ère pour ceux qui travaillaient avec le Reich des “bons profits” » (p.651)


À la question, « Votre livre éclaire étonnamment ce qui se passe en 2013... » posée par le journal La Marseillaise (1/09/13), Annie Lacroix-Riz répond : « Tout ce qui précède souligne l’actualité des questions traitées : maintien voire hausse du profit monopoliste en pleine tourmente via la casse drastique des salaires, un financement étatique sans limites et des privilèges fiscaux inouïs, le tout avec aide “européenne” ; fascination pour le modèle économique et social allemand ; contrôle de l’État par les groupes dont les chefs sont souvent les descendants de ces industriels et banquiers. Dans le plan assigné par le MEDEF [organisation patronale française] à l’État en 2007 – liquider “le modèle social français” fixé par le CNR [Conseil National de la Résistance], on retrouve l’ardeur des synarques ravis de la défaite qu’ils avaient “mijotée” et des “malheurs de la patrie, [et] renouant avec l’opportunisme cynique des grands bourgeois de 1815, 1830, 1852, 1871” : François  Bloch-Lainé, haut fonctionnaire de Vichy et d’après-guerre puis grand banquier (comme ses père et fils), jugeait ainsi son monde en 1976, avis qu’il censura ensuite. »


1. Synarchie : organisation secrète française, politico-financière, mise sur pied par la « crème » du grand capital, pour l’accumulation maximale, par la baisse des salaires et des conditions de vie de la classe ouvrière et par l’appropriation des biens des capitalistes plus modestes et des « capitaux juifs »

Annie Lacroix-Riz, Industriels et Banquiers français sous l’Occupation, Nouvelle édition entièrement refondue, 816 pages, Armand Colin, 2013, 35 euros

 

Parallèle franco-belge

Au début de son livre, Annie Lacroix-Riz fait un parallèle éclairant entre la Belgique et la France : « Je fais mienne l’analyse de John Gillingham sur le “grand capital” belge appliquant dès la défaite [de 1940] une stratégie mise au point dans la décennie de crise, d’adaptation au “nouvel ordre nazi”.

La Belgique était entre les deux guerres dominée par trois holdings géants : la Société générale, fief du “roi sans couronne” Alexandre Galopin, “avec la famille royale belge [...] pour principale actionnaire” ; le consortium Banque de Bruxelles-Cofinindus-Brufina, maître du charbon, de l’acier et de l’industrie de transformation, dirigé par le Baron Paul de Launoit, “véritable eurovisionnaire” selon le baron Kurt von Schröder, chef de la banque Stein de Cologne, haut lieu d’alliances de capitaux germano-anglo-américain, membre du CA de la Banque des règlements internationaux (BRI), acteur du 30 janvier 1933 [accession d’Hitler au pouvoir] et commandant SS ; le groupe Société belge de banque-Solvay, maître de la chimie.La Société Générale [...] “contrôlait tous les grands secteurs de l’industrie”, de la métropole au joyau congolais. [...] C’est avec ces milieux belges que frayèrent les Allemands, délégués du grand capital et de l’État, tant avant que pendant la guerre » (p. 8-9)

« John Gillingham a montré que “le grand capital belge” avait planifié sa “politique de production” au cours de la décennie de crise dans le cadre attendu d’une invasion allemande. Ses holdings bancaires concentreraient et moderniseraient bien mieux l’économie après avoir levé les obstacles  auxquels s’était heurtée cette ligne de l’entre-deux-guerres si dures aux ouvriers : les syndicats [...] ; le Parlement [...]. Ce modèle allemand à poigne fut celui du “grand capital français” qui avait comme son homologue belge intensifié la collaboration d’entre-deux-guerres que l’Occupation fit prospérer. Son rappel évite de s’interroger sur les causes de l’excellent accueil de l’occupant par les décideurs économiques. » (p.27)

 


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1 octobre 2013 2 01 /10 /octobre /2013 04:54

http://cmalojikamoi.c.m.pic.centerblog.net/27lhv6go.jpg

 

Lettre de demission de michel Etievent du comité d'honneur ambroise Croizat

 

Chers amis et camarades, veuillez trouvez ci dessous copie du courrier que j'ai envoyé ce jour au Comité d'honneur Ambroise Croizat  et à son animateur Monsieur Lamirand

 

 

MIchel Etievent

 

Aux

 

Membres du  Comité d’honneur Ambroise Croizat

Objet : Démission du comité d’honneur Ambroise Croizat


Le 29 septembre 2013

                           

                               Monsieur l’animateur du Comité, Madame , Monsieur,


                     Puisque  vous n’avez pas jugé mon travail suffisamment important, intéressant  et « rigoureux » pour m’intégrer dans les conférenciers du colloque Croizat organisé par la mairie de Paris, L’IHS, le comité d’honneur, ( J’ai découvert mon éviction sur le carton d’invitation, sans n’avoir jamais été préalablement consulté ou contacté ou tout simplement averti avant le choix des intervenants ), je ne vois pas quel sens vous pouvez désormais donner à ma présence au sein du comité d’honneur « Ambroise Croizat ». Veuillez donc recevoir ma démission. Je vous demande en conséquence de retirer immédiatement mon nom de la liste des membres du comité d’honneur Ambroise Croizat. 


                   Vous ne pouvez ignorer que depuis  plus  de 20 ans, j’œuvre sans cesse pour la reconnaissance d’Ambroise Croizat, le syndicaliste, le ministre, le communiste, l’homme et surtout ce qui semble le plus gêner :l’actualité brûlante et la modernité de son message et de son œuvre. (le rappel constant de cette dérangeante actualité au fil de mes conférences est sans doute ce que l’IHS dans une lettre embarrassée et confuse adressée à tous sauf à moi, qualifie « d’instrumentalisation »…)


                 Je ne rappellerai pas les nombreuses conférences (217 en 2 ans aux quatre coins de France pour la CGT, le PCF, le Front de gauche et bien d’autres associations, mairies, collèges, écoles, lycées, universités….), inaugurations de rue, de places, de lycées, l’entrée d’Ambroise dans le dictionnaire Le Robert,  des émissions de  Radio ( 3 émissions sur France inter à 600 000 auditeurs chacune), dans des films documentaires (dont Mémoires d’ouvriers de Gilles Perret), de multiples interviews à la télévision, l’entrée dans tous les livres scolaires de terminale économie sciences techniques et sociales. J’ose également vous rappelez que je suis l’unique biographe (2 ouvrages à 20 000 exemplaires) que vous avez en d’autres temps fortement encensés. Je peux , je crois sans prétention aucune estimer que mon travail n’est pas étranger à toutes les  avancées qui ont permis de donner à Ambroise Croizat la place qu’il occupe enfin aujourd’hui dans l’histoire sociale et l’histoire tout court.


                 Je ne peux et ceci semble encore plus important aux yeux de milliers de camarades qui m’ont apporté leur soutien par 6000 messages d’indignation et de colère, cautionner la dénaturation et l’étouffement  de la modernité sociale et révolutionnaire du message  d’Ambroise à l’heure de la casse sociale de tous ses conquis. Et ceci par le recours à des universitaires intitulés soudainement « experts » ou « spécialistes » pour l’occasion et qui aux dires de nombreux camarades et chercheurs ont gardé un étrange silence jusqu’à aujourd’hui sur son éviction de l’enseignement, des recherches, et ne l’ont évidemment jamais mis en avant dans leur cours, leurs ouvrages. (Aucun n’a publié de livres sur le sujet !

 

Dans mes longues années de recherches, je n’ai jamais croisé leurs noms ou leurs travaux. L’un d’eux ne savait pas quelle était l’œuvre d’Ambroise Croizat avant que je le lui apprenne lors d’un travail collectif…)


                Je ne peux cautionner cette entreprise qui consiste à enfermer l’œuvre du ministre des travailleurs dans un discours purement consensuel, nostalgique et événementiel (se contentant d’usurper mon travail en le dénaturant), se gardant bien de poser les vraies questions essentielles aujourd’hui pour de nombreux militants. Cette volonté d’anesthésier l’œuvre d’Ambroise va de pair avec une minimisation constante de mon travail (pour ne citer que les dissimulations et rétentions d’information sur mes conférences par exemple, mes multiples interventions ou mon dernier ouvrage au centre de l’œuvre de Croizat intitulée « La sécurité sociale, une grande conquête de la dignité »…)  par son animateur Monsieur Lamirand et ceci malgré mes rappels répétés par mails jamais suivis d’effet et que l’animateur s’est bien gardé de communiquer aux membres du comité.


             Vous dire combien cette éviction à la croisée « d’ego » personnel et de calculs politiques m’a profondément blessé. Je n’ai pas le même sens de l’honneur et de la fraternité. Pour l’heure je poursuis et avec quel bonheur mes conférences sur le terrain avec militants, camarades et bien d’autres, conscients de l’importance du message fortement actuel d’Ambroise Croizat  qui nous a donné le goût de la dignité (19 conférences avant fin décembre : CGT, PCF, front de gauche,  dans le calendrier que j’ai envoyé à tous) 


                                                      Salutations

                                                  Michel Etievent

 

Copies envoyées à tous mes soutiens, aux UD CGT, UL CGT, fédérations du PCF…   

 


 


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9 septembre 2013 1 09 /09 /septembre /2013 06:56

http://img.over-blog.com/349x475/4/05/04/22/Campagne-legislative-2012/img-1.png« Martha Desrumaux : une femme du Nord, ouvrière, syndicaliste, déportée, féministe » aux Editions du Geai Bleu 166 avenue de Bretagne 59000 LILLE Tél. : 06 75 68 59 61  

 

Le Président de la République a décidé d’ouvrir à nouveau le Panthéon à de « Grands Hommes et Grandes Femmes » qui ont marqué l’Histoire du siècle dernier. Choix difficile et complexe car elles et ils furent nombreux à marquer de l’empreinte de leur engagement, de leurs valeurs, de leur courage l’histoire de notre pays.

Lorsqu’aujourd’hui nous pénétrons au Panthéon, que nous visitons ses immenses salles, nécropole depuis plus de deux siècles, nous trouvons maints hommes illustres et peu de femmes. Un oubli pourtant, et il est de taille : aucune femme n’est issue de la classe ouvrière, à croire que les travailleurs, les mineurs, les métallos, les ouvriers du bâtiment et du textile, les cheminots et les ouvriers agricoles n’ont pas particulièrement participé à modeler la France, à en faire le pays que nous connaissons aujourd’hui, à construire ses villes, ses usines, ses richesses.

http://img.over-blog.com/528x264/4/05/04/22/Campagne-legislative-2012/Martha-Desrumaux-3.JPG
Pouvons-nous oublier que leurs luttes, souvent associées à celles des artisans, des commerçants, des intellectuels, des chercheurs et des créateurs, ont été à la base du socle républicain, des lois de la laïcité de 1905, du programme du Conseil National de la Résistance, du suffrage universel né lors de la Révolution de 1848, du vote des femmes décidé en 1944, alors que les femmes jouaient un rôle essentiel dans la résistance populaire ?

Il est temps que des femmes ouvrières entrent au Panthéon, ce qui n’enlèverait aucun mérite à d’autres qui pourraient les accompagner. Aujourd’hui, reconnaître le rôle et la place de la classe ouvrière, des gens de peu, du peuple, n’est-ce pas donner une vivacité nouvelle et un sang neuf à notre République ?

Permettez-moi d’offrir à votre méditation, à votre choix, à votre intelligence, le nom de Martha Desrumaux : elle commença à travailler à 9 ans, ouvrière dans le textile à Comines (Nord). A 13 ans, elle se syndique. Le 1er août 1914, apprenant l’assassinat de Jaurès, elle met en berne le drapeau rouge qui ornait la Maison du Peuple ; elle n’avait pas 17 ans. Durant l’entre-deux guerres, elle organise la lutte des travailleurs du textile dans le Nord-Pas-de-Calais. Elle sait le rôle que jouent les femmes dans la vie des classes populaires. Elle les organise afin qu’elles défendent leurs intérêts d’ouvrières et ceux de leurs enfants. Son rôle est tellement important qu’elle sera la seule femme présente lors de la signature des accords Matignon le 7 juin 1936. Elle prend la parole dans le célèbre film de Jean Renoir « La vie est à nous », appelant toutes les femmes à faire voter leurs maris ou leurs frères pour les candidats du Front Populaire. Arrêtée le 26 août 1941 pour faits de résistance, elle est déportée au sinistre camp de Ravensbrück. Tout de suite, elle participe à la résistance clandestine du camp où elle trouvera Geneviève Antonioz de Gaulle, Germaine Tillion et tant d’autres. A peine rescapée de l’univers concentrationnaire, elle décrit dès le 27 avril 1945 à Somain (Nord) l’horreur des camps. Elle sera parmi les premières femmes députées choisies par les organisations de la Résistance, au printemps 1945. Et elle reprendra surtout sa place au milieu des travailleurs du Nord et du Pas-de-Calais dans les années complexes de la Libération. Jusqu’à sa mort en novembre 1982, elle n’aura de cesse de témoigner afin que vivent les flammes de la justice, de la liberté et de la résistance.


Dominique Belmer,
Professeur de Lettres, co-présidente de CRIS (Création Recherche Innovations sociales)


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5 septembre 2013 4 05 /09 /septembre /2013 07:39

5 Septembre 2013 , Rédigé par Le Mantois et Partout ailleurs

 

A Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, le 10 juin 1944, 642 personnes, dont 247 femmes et 205 enfants de moins de 15 ans, sont fusillées ou brûlées par une unité SS de la division "Das Reich". La veille, à Tulle, dans le département voisin de Corrèze, la même division avait pendu 99 civils innocents.

 

En début d’après-midi, 150 SS, qui remontent vers le front de Normandie, encerclent le village. Prétextant un contrôle d’identité, ils rassemblent la population sur le champ de foire. Le village abrite provisoirement quelques réfugiés, parmi lesquels une soixantaine d’Alsaciens et de Mosellans. Oradour-sur-Glane n'a pas vu un seul soldat allemand jusqu'à cette heure.


Les hommes et les adolescents sont emmenés dans des granges, dans la forge et un garage, abattus à la mitrailleuse puis brûlés. Cinq parviendront à s’échapper. Parallèlement, débute le massacre des femmes et des enfants, enfermés dans l’église qui est aussi incendiée. Une femme en réchappe. Les SS visitent ensuite les maisons et massacrent ceux qui n'étaient pas présents au rassemblement, vieillards ou alités.

Puis le village est entièrement incendié. 10% seulement des victimes pourront être identifiées.

 

 

La gratuité du massacre d’Oradour-sur-Glane, qui n’avait jamais résisté à l’occupant, en fait un symbole de la barbarie nazie. Les ruines d’Oradour sont classées monument historique en 1945. Elles sont restées en l'état. Un Centre de la Mémoire a été inauguré en juillet 1999.


http://bibliothequedecombat.files.wordpress.com/2013/04/oradour-sur-glane-en-hdr-2-a20616560.jpg

 

Le 10 juin 1944, il y avait 14 Alsaciens dans les rangs des SS, un sous-officier volontaire et treize incorporés de force dans l'armée allemande, des "Malgré-nous".

 

En février 1953, se tient le tribunal militaire de Bordeaux. pour juger le massacre. Sur le banc des accusés, aucun officier SS, rien que des exécutants, parmi lesquels et en majorité, les Malgré-Nous Alsaciens.

L’adjudant allemand et l'engagé Alsacien sont condamnés à mort. Les treize autres Alsaciens sont condamnés à des peines variant entre six et huit ans de prison ou de travaux forcés. Six Allemands sont condamnés à des peines de dix à douze ans de prison ou de travaux forcés, le septième est acquitté. Il a pu prouver qu’il n’était pas à Oradour.

 

Lorsque le verdict est connu, les passions se déchaînent. À Bordeaux, une importante manifestation est organisée en mémoire des victimes et pour protester contre ce jugement laxiste.

En Alsace, ce jugement est ressenti comme une injustice. Le monument aux morts de Strasbourg se couvre de crêpe noire, les drapeaux sont en berne, les livrets militaires brûlés, les décorations renvoyées, la place de Bordeaux débaptisée. Les maires d'Alsace manifestent à Strasbourg le 15 février 1953.


Le verdict déclenche donc de l'indignation dans le Sud-Ouest et en Alsace. En urgence, le gouvernement fait voter une loi d’amnistie le 21 février 1953 proposée par les députés Alsaciens. Seul le groupe communiste vote contre, le reste des formations politiques est divisé.

 

Dès que l’amnistie connue, c'est tout le Sud-Ouest qui s'enflamme. Oradour-sur-Glane renvoie sa Légion d’honneur et la plaque commémorative offerte par le général De Gaulle le 4 mars 1945. Pendant 10 ans, est affichée à l'entrée du village le nom des députés ayant voté l’amnistie dont celui de François Mitterrand. Le village refuse la citation à l’ordre de la Nation.


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Et pour ceux qui ont la mémoire fragile, le 10 juin 1944, Pétain est toujours Chef de l'Etat français et collabore avec les allemands depuis sa rencontre avec Hitler à Montoire, le 24 octobre 1940.


http://2.bp.blogspot.com/-gJrUrWlCwRM/To8ioG0lKjI/AAAAAAAABss/LrYuqb2CHss/s1600/hitler-petain01.jpg

 

En 2008, Robert Hébras, l'un des derniers survivants de ce massacre, dans Oradour-sur-Glane, le drame heure par heure, met en cause "quelques Alsaciens enrôlés soi-disant de force". Denis Peschanski, historien reconnu de la Deuxième Guerre mondiale, rappelait hier sur France Inter de distinguer "les cas individuels de la généralité", ajoutant: "il y a eu des enrôlés de forces, mais là, il y a eu du zèle".

 

En juillet 2010, les petits-enfants de l'industriel collaborationniste Louis Renault obtiennent de la justice française la condamnation du centre de la Mémoire d'Oradour-sur-Glane. Une photographie montrait Louis Renault, complaisant, aux côtés d'Hitler au Salon de l'auto, à Berlin, en février 1939.A cette date, l'Espagne républicaine était quasiment vaincue par le fascisme et les camps de concentration, ouverts en Allemagne dès l'accession au pouvoir des nazis, poursuivaient leur triste besogne. 

 

Roger Colombier

 


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4 septembre 2013 3 04 /09 /septembre /2013 20:48

http://img529.imageshack.us/img529/86/oradoursurglane4.jpg

 

Le 4 Septembre 2013 par Descartes

 

Ces dernières années, il est devenu de bon ton d’inviter des dirigeants allemands à accompagner nos autorités à nos célébrations publiques. On peut longuement débattre sur ce qu’on peut tirer de la vue des soldats de al Wehrmacht – pardon, de la Bundeswehr – défilant le 14 juillet sur le pavé parisien. Mais là où cela devient indécent, c’est lorsqu’on invite des dirigeants allemands a assister à ces commémorations liées aux deux guerres mondiales.

 

A ce propos, il n’est pas inutile de rappeler que dans ces affairs ce sont les allemands, et pas nous, qui ont quelque chose à se faire pardonner. Ce serait donc à eux, s’ils veulent venir, de solliciter humblement la possibilité d’y participer, ce n’est certainement pas à nous d’en prendre l’initiative. Ces invitations ont d’ailleurs un côté indécent : je peux éventuellement pardonner l’homme qui a tué mon père, mais je ne l’inviterai certainement pas à se recueillir avec moi sur sa tombe. Pardonner, pourquoi pas. Mais le pardon n’efface pas la faute, et la présence d’un dirigeant allemand à Oradour est pour moi une insulte aux victimes. Joachim Gauck aurait du le comprendre et refuser poliment l’invitation : si son but est d’exprimer le repentir de la nation allemande – un repentir dont je doute personnellement qu’il soit très partagé, mais cela est une autre histoire – répondre « non somus dignus » aurait eu bien plus de gueule. L’utilisation de ces tragiques évènements aux fins de « com » et de propagande pour la « construction européenne » est pour moi totalement inacceptable.

 

Mais la manière dont Joachim Gauck, président de la République fédérale d’Allemagne qui doit accompagner François Hollande sur le site d’Oradour sur Glane, explique le but de sa visite ajoute l’insulte à l’injure. Voici ses propres termes, s’adressant au président français : « Vous avez bien voulu que je sois à vos côtés à Oradour pour qu’on se souvienne ce que des Allemands d’une autre Allemagne ont commis comme atrocités ». Et il ajoute, s’adressant cette fois-ci aux survivants et aux familles des victimes: « je n’hésiterai pas, en pleine conscience politique, à dire que cette Allemagne que j’ai l’honneur de représenter est une Allemagne différente de celle qui hante leurs souvenirs ». Résumons donc : l’Allemagne dont les soldats de la division « Das Reich » ont assassiné collectivement 642 civils dont plus de 200 enfants le 10 juin 1944 dans des conditions horribles – après avoir assassiné 99 personnes à Tulle quelques jours plus tôt – est un « autre Allemagne », tout à fait « différente » de celle qui hante nos souvenirs.

 

Je me demande si Joachim Gauck a déjà entendu parler d’un certain Lammerding. Et c’est fort dommage, car ce n’est pas n’importe qui. Né à Dortmund en 1905, adhérent au parti Nazi depuis 1931, entré en 1935 à la SS, il gravira tous les échelons jusqu’à sa promotion au grade fort élevé de SS-Brigadenführer (général de brigade) et accessoirement « lieutenant-général de la Waffen SS » en 1944. Il doit cette promotion à sa fidélité personnelle à Himmler et à ses exploits sur le front de l’Est, particulièrement dans la politique d’exécution de civils et de destruction de villages pour combattre les partisans. En 1944, il commandera la division « Das Reich » qui s’illustrera par des actes de barbarie similaires à Tulle et Oradour-sur-Glane. Il fera d’ailleurs partie du dernier carré de fidèles, commandant la division « Nibelungen », la dernière à se battre pour son Führer dans les ruines de Berlin…

 

Ca, me direz vous, c’était « l’autre Allemagne ». Mais qu’est devenu Lammerding dans la nouvelle Allemagne, celle dont Gauck nous explique qu’elle est « différente » ? Et bien, Lammerding sera jugé sous l’inculpation de crime de guerre pour les massacres de Tulle et d’Oradour, est sera condamné à mort par contumace par le tribunal de Bordeaux en 1949. Cette condamnation ne changera guère sa situation. L’Allemagne fédérale ne donnera jamais aucune suite aux demandes répétées d’extradition venues de la France. Lammerding n’aura même pas besoin de se cacher ou de changer d’identité. Il s’offrira même le luxe de proclamer en 1962 et sur procès verbal qu’il ne ressent aucune culpabilité et de faire un procès à un journaliste qui avait eu l’outrecuidance de penser autrement et de le dire. Il poursuivra une juteuse carrière d’ingénieur jusqu’à sa retraite, et décédera d’un cancer en 1971 entouré d’une famille aimante et de nombreux amis. A ses obsèques, qui réuniront le ban et l’arrière ban des anciens des SS, personne n’aura le mauvais goût d’évoquer les hommes pendus de Tulle ou les femmes et les enfants carbonisés dans l’église d’Oradour sur Glane.

 

On peut donc se demander si la « nouvelle Allemagne » que Gauck est si fier de présider a vraiment tourné le dos aux fantômes de « l’autre Allemagne ». Si Joachim Gauck veut nous rassurer, au lieu de déverser les poncifs habituels sur l’indéfectible amitié franco-allemande et sur la barbarie d’une « autre Allemagne » qui n’est plus, il pourrait peut-être nous expliquer pourquoi la nouvelle Allemagne, celle « qu’il a l’honneur de présider » a permis à des gens comme Lammerding – et bien d’autres, parce que Lammerding n’est qu’une goutte d’eau dans la mer – de mener des vies heureuses et tranquilles sous sa protection (1). Et pourquoi cette Allemagne ne se décide finalement à poursuivre timidement quelques anciens nazis qu’après avoir attendu qu’ils soient morts ou grabataires, pour les libérer ensuite rapidement « pour raison de santé ».

 

Non, monsieur le président Gauck. L’Allemagne que vous présidez n’est pas une « autre Allemagne », et l’histoire ne se découpe pas en tranches. On ne peut pas prendre la période nazi, la mettre dans un coffre fermé à double tour, jeter la clé à la mer et faire comme si elle n’avait aucun rapport avec vous. Les allemands vivants, c’est entendu, n’ont pas à être tenus pour responsables de ce qu’on fait les allemands morts, et il serait injuste de leur reprocher leurs crimes. Mais les allemands vivants sont tout de même responsables de ce qu’ils ont eux-mêmes fait. L’Allemagne de Gauck n’est pas coupable d’avoir massacré les habitants d’Oradour, mais elle est coupable d’avoir laissé des gens comme Lammerding impunis. Et les dirigeants de l’Allemagne qui a permis et toléré ce déni de justice devraient avoir la décence de ne pas mettre les pieds à Oradour.

 

 

Descartes

 

 

(1) Heinz Barth, un autre participant au massacre d’Oradour sur Glane, avait lui été obligé de vivre caché en RDA. Il avait finalement été démasqué, condamné et emprisonné par en 1983. Il sera libéré par la « nouvelle Allemagne » après la réunification en 1997 « pour raison médicale », et vivra libre les dix dernières années de sa vie. Je laisse le lecteur tirer ses propres conclusions.

 


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31 août 2013 6 31 /08 /août /2013 10:16
On goûtera particulièrement en seconde partie le texte de Prévert. Voilà bien comme on n'est plus capable d'écrire, plus capable de dire, plus capable de lire.

http://static.mediapart.fr/files/imagecache/500_pixels/media_139249/Mille___Trintignan.jpgEt la voix si juste de Jean-Louis Trintignant...
  
YF
  
 
Pour écouter :

 

Boris Vian et Jacques Prévert

 

Quel moment plus propice que celui qu'accompagne la langueur estivale pour s'entendre raconter des histoires? Ecrites par des auteurs majeurs et lues par les plus grands de nos comédiens. C'est ce que nous vous proposons à travers un choix dans les archives de l'émission "Bonnes nouvelles, grands comédiens" produite par Patrice Galbeau entre 1970 et 1982.


Avec la collaboration de l'INA, nous avons pu choisir parmi plus de cinq cents émissions les trente qui composent le programme que vous pourrez entendre du 12 au 30 août, tous les soirs de la semaine, de 20h à 21h.


De Jean Giono à Francis Scott Fitzgerald, en passant par Boris Vian, Colette ou encore Virginia Woolf, des joyaux de la littérature s'offrent à l'écoute, portés par les grandes voix de notre répertoire, de Laurent Terzieff à Sami Frey, en passant par Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli, Edwige Feuillère, Madeleine Renaud, Judith Magre ou Emmanuelle Riva...


 

http://imageshack.us/scaled/landing/802/01borisvian.gifBoris Vian Par Claude Brasseur : 1971

 

 

 


 

 

 

 

http://rosannadelpiano.perso.sfr.fr/Images/Prevert.jpgJacques Prévert par Jean-Louis Trintignant : 1972

 


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27 août 2013 2 27 /08 /août /2013 03:11

http://img.over-blog.com/339x500/0/11/19/18/2013/propaganda.jpg

 

Bernays est doublement neveu de Freud, par sa mère et son père – par pure perversité, je laisse le lecteur imaginer comment cela est possible. Il avait la psychanalyse en tête en exerçant son métier de communicant. En introduction, Norman Baillargeon fait de Bernays l’inventeur de la communication - et de la manipulation – politique, le premier des spin doctors. Il rappelle que Bernays a fait ses armes au sein de la Commission Creel, mise en place au début du XIXème siècle pour convaincre l’opinion publique américaine d’entrer dans la première guerre mondiale aux côtés du Royaume-Uni.


 http://img.over-blog.com/250x407/0/11/19/18/2013/creel3.jpghttp://img.over-blog.com/250x379/0/11/19/18/2013/creel1.jpghttp://img.over-blog.com/250x386/0/11/19/18/2013/creel2.jpg

 

Cette commission nous a valu de superbes affiches, dont la très célèbre « I want you for the US army ». Ce n’était que la première des opérations de manipulation permettant de mobiliser l’opinion derrière une opération d’invasion.


L’introduction lie Bernays à Walter Lipmann, qui fut le pivot de la réaction américaine contre le communisme et l’un des fondateurs du néolibéralisme, dès le début des années 30 (je cite ce lien en passant, en ayant conscience de l’insuffisance abyssale de mes connaissances sur Lipmann).


Ni l’un ni l’autre ne se posèrent de question sur la légitimité de leurs opérations de communication (dont l’une des plus spectaculaires, dans le domaine commercial, fut, pour Bernays, d’arriver à faire fumer les femmes américaines).

http://img.over-blog.com/214x300/0/11/19/18/2013/women-smoking.jpg

 

Baillargeon les relie, l’un et l’autre, aux pères fondateurs américains que la démocratie rendait suspicieux : Madison et Hamilton.


Le peuple doit être conduit à obéir à ceux qui savent discerner les vrais enjeux (Lipmann : « le public doit être mis à sa place afin que les hommes responsables puissent vivre sans craindre d’être piétinés ou encornés par le troupeau de bêtes sauvages. ») Bernays commence d’ailleurs Propaganda par ces deux phrases : « La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »)


Baillargeon note que Goebbels s’est vanté de tirer profit, dans son travail d’organisateur de la propagande nazie, des livres de Bernays.


L’introduction est donc intéressante.


 Bernays se charge cependant ensuite très bien de compléter le discours critique de Baillargeon, avançant comme des vérités d’évidence des idées qui le feraient passer aujourd’hui, en France, pour un altermondialiste :«  Pour éviter que la confusion ne s’installe, la société consent à ce que son choix se réduise aux idées et aux objets portés à son attention par la propagande de toute sorte. Un effort immense s’exerce donc en permanence pour capter les esprits en faveur d’une politique, d’un produit ou d’une idée ». Ce que Patrick le Lay résumera parfaitement pour ce qui est du rôle des médias d’aujourd’hui, vendeurs de « temps de cerveau disponible ».


Pour Bernays, l’alternative n’est pas entre cette manipulation permanente et la démocratie, elle réside entre ce qu’il appelle encore de façon positive la « propagande » (étymologiquement la propagande est le nom donné par le Vatican au travail d’encadrement intellectuel des missionnaires) et la dictature. Sans propagande, il est évident pour Bernays  que la dictature serait inévitable, voire nécessaire (« Les techniques servant à enrégimenter l’opinion ont été inventées puis développées au fur et à mesure que la civilisation gagnait en complexité et que la nécessité du gouvernement invisible devenait évidente ».)


En un petit exercice pratique, il classe, dans un passage, un article du New York Times répercutant un communiqué du Département d’Etat, à la rubrique « propagande ». Il estime ainsi que sur huit titres de Une du journal, quatre relèvent de la propagande. Un exemplaire du Monde aujourd’hui n’en contient aujourd’hui pas moins – mais les journalistes qui se contentent de retranscrire des communiqués de presse se feraient couper en morceaux plutôt que d’avouer qu’ils participent à un travail de propagande.

 

C’est d’ailleurs l’aspect « progressiste » du livre de Bernays : il a au moins le mérite d’une grande franchise, que peu conservent – en dehors du déjà cité Patrick le Lay.


 Encore une citation que ne renierait pas un gauchiste endurci : « on ne réalise pas à quel point les déclarations et les actions de ceux qui occupent le devant de la scène leur sont dictées par d’habiles personnages agissant en coulisses ».


Bernays n’est cependant pas cynique, ou pas entièrement.


 Il fait reposer les limites de la manipulation dans l’éthique du conseiller en relations publiques : « Si, à l’instar des avocats, le conseiller en relations publiques reconnaît que tout un chacun a le droit de présenter son affaire sous le jour le plus flatteur, il se refusera néanmoins à apporter ses services à un client qu’il juge malhonnête, à un produit qui lui paraît frauduleux, à une cause qu’il juge antisociale. » Bernays reporte sur les médias la charge de faire la part des choses entre la propagande des uns et celle des autres (« le flot de propagande qui submerge, paraît-il, les journaux du pays peut finir à la corbeille à  papier sur simple décision du rédacteur en chef »).


En un autre passage, après avoir décrit la propagande politique, il estime que la propagande a pour fonction de rapprocher les classes dirigeantes du « troupeau ». Pour lui, le gouvernement devrait d’ailleurs, en ce sens, communiquer plus largement des faits qu’il préfèrerait tenir cachés (on doit pouvoir trouver dans cette remarque l’une des inspirations des opérations ponctuelles de « levée du secret », de « déclassification » de documents qui suscitent souvent plus de questions nouvelles qu’elles n’apportent de réponses).


Dans un système où les meilleurs gouvernent, la propagande définie par Bernays n’est rien d’autre qu’une forme d’instruction (de la même philosophie un peu platonicienne relève le discours sur le « manque de pédagogie » qui a présidé à l’échec du référendum de 2005).


En un chapitre sur la psychologie de la communication, il montre comment jouer sur des perceptions inconscientes, pour induire des pensées de façon biaisée  – livre intéressant à lire à côté de celui d’Émile Coué d’ailleurs.


Cet aspect subreptice de la propagande est appelé « interprétation continue » (« L’Europe c’est la Paix »). Il peut être alterné avec des méthodes plus directes, fixant l’attention sur un point particulier, « exaltation des points forts » (« L’Europe c’est Erasmus » – mais pas Frontex).  C’est d’ailleurs un truc connu des prestidigitateurs : le meilleur moyen de cacher quelque chose est de distraire l’attention du public sur un point particulier.


Bernays est conséquent puisque le lien qu’il établit entre propagande et instruction, il entend bien le concrétiser par un financement large des universités par les entreprises. Étonnamment, il n’envisage pas le financement des médias, sur qui repose la tâche de séparer bonne et mauvaise propagande par les propagandistes eux-mêmes. Le système institutionnel qu’il décrit n’est pas complet, ou pas complètement réaliste : on ne voit pas comment les médias, coincés entre spin doctors et universitaires financés par des propagandistes, pourraient jouer un rôle d’arbitres désintéressés.


Le lecteur soucieux du poids d’Hollywood et qui se souvient des accords Blum-Byrnes sourira en lisant que « le cinéma est à son insu la courroie de transmission la plus efficace de la propagande […] le cinéma a le pouvoir d’uniformiser les pensées et les habitudes de vie de toute la nation ». Aujourd’hui on pourrait ajouter l’industrie du jeu vidéo, très courtisée par l’armée (lire Le Point ou le Guardian).

 

 


Pour finir, c’est un livre de référence, pour lequel il faut se féliciter qu’il ait été réédité par les éditions Zones, un label de La Découverte. Bernays n’est pas qu’un technicien brillant des relations publiques.

 

Son livre reflète aussi une philosophie politique pas forcément réactionnaire, qui peut être progressiste par certains aspects, mais qui ne considère pas que la politique doive nécessairement faire appel à l’entendement de l’électeur. Une philosophie qui a ses partisans aussi bien à droite qu’à gauche.

 

Source: La lettre volée 

 


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21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 09:41

21 août 2013

 

http://img.over-blog-kiwi.com/200x200/0/54/91/86/201304/ob_6d6d1cac9553c8f5730efb19f8e09ba5_portrait.jpgHugo Boss et la Schutzstaffel (SS) par Bernard Gensane


Je suis en train de lire L’insomnie des étoiles, le dernier (fort bon) roman de Marc Dugain (publié en 2010). Dugain est – on s'en souvient – l’auteur de La chambre des officiers. Nous sommes dans l’Allemagne de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un personnage allemand s’exprime : « Nous avons connu de grandes déceptions quand la Wehrmacht ne nous a pas retenus pour ses uniformes de fantassin juste avant la guerre. Ni les SS qui ont choisi Hugo Boss pour leur confection. »

 

Il paraît que cela était bien connu. Pas de moi, en tout cas, et je sursautai. On n’en aura décidément jamais fini avec la peste brune !

 

Aujourd’hui, Hugo Boss est un groupe international basé en Allemagne, mais dont le propriétaire est le fonds d’investissement privé britannique Permira (valeur capitalistique 20 milliards d’euros). Hugo Boss vend un costume sur six dans le monde, possède 622 boutiques et en franchise 1 000 autres.

 

 

La société est fondée en 1924 par le tailleur Hugo Ferdinand Boss qui ouvre un atelier de confection au sud de Stuttgart en 1934. Un an plus tard, l’atelier compte 33 employés et produit des chemises d’homme, des vêtements de travail et de sport. La crise économique fait tomber les effectifs à 25 employés qui se concentrent sur les costumes régionaux, les tenues de chasse, les vestes de cuir. Pour préserver l’entreprise, certains des employés acceptent des réductions de salaires.

 

http://pit.dirty.ru/dirty/1/2012/02/19/35052-220855-f8d6734e0cc44caa2932b27422c3375c.jpg

En 1931, Boss adhère au parti nazi, au moment où cette formation, fondée en 1920, a considérablement élargi sa base populaire aux dépens des partis de droite traditionnels. Cette prise de carte n’a rien d’innocent. 11 millions de citoyens allemands ont adhéré au parti nazi, dont beaucoup de carriéristes et – pour reprendre un mot qui fera florès – d’« opportunistes ». Boss sera condamné comme tel à la fin de la guerre. Si le petit chef d’entreprise ne compte pas parmi les 100 000 Allemands qui ont, selon Annette Wieworka, pris une part active au génocide des Juifs, il a néanmoins été un rouage très conscient de la machine d’oppression et de guerre. Il faut s’arrêter un instant sur ce concept d’opportuniste (Opportunist). Donnons deux exemples célèbres. Le chef d’orchestre Karajan fut membre du parti nazi de 1935 à 1945. Il demanda une première fois la carte du part à Salzburg, en avril 1933, c’est-à-dire deux mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Mais il ne put en bénéficier du fait des restrictions imposées après la victoire électorale du Führer. Il persévéra en Allemagne, en 1935, à l’âge de 27 ans, alors qu’il convoitait le poste de directeur général de la musique à Aix-la-Chapelle. Il n’est pas certain que cette adhésion ait été nécessaire. Disons qu’elle mit de l’huile. Goering, dont l’un des soutiens financiers était juif, aimait à dire qu’il décidait qui était juif et qui ne l’était pas. En particulier pour protéger d’anciens pilotes de la Luftwaffe qui avaient été ses camarades de combat pendant la Première Guerre mondiale. Goering était un homme au pouvoir pour qui l’idéologie importait peu. Karajan fut un opportuniste sans scrupules, fut dénazifié en 1947 par le producteur anglais de musique classique Walter Legge.

 

 

Il n’y eut de la part de Boss aucune ambiguïté dans son soutien au nazisme. Néanmoins, 68 ans plus tard, c’est ainsi que le guide du parfum Parfumeo réécrit l’histoire pour des lecteurs qui ne risquent pas de l’être, eux, au parfum : « La société sera la principale fabrique de confection de vêtements de l’Allemagne Hitlérienne, ce qui lui vaudra d’être accusé malheureusement « d’opportuniste du Troisième Reich ».

 

http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/image/NAZIEINSATZG0008.jpg

 

De 1933 à 1945, la société Hugo Boss produisit des uniformes pour le régime, ceux de la SS, des jeunesses hitlériennes et de la Wehrmacht.

 

Par des commandes soudain massives, les nazis ont en fait sauvé l’entreprise, qui dut avoir recours à de la main-d'œuvre de travailleurs forcés, français et polonais pour la plupart, ainsi qu'à des déportés en provenance de camps de concentration. L'entreprise de Hugo F. Boss comptait 324 ouvriers en 1944. Après la guerre, Hugo Ferdinand Boss reçut une amende de 80 000 marks et fut privé de ses droits civiques. À sa mort en 1948, la société passa aux mains de son gendre Eugen Holy. Ce sont les deux fils d’Eugen qui firent d’Hugo Boss une entreprise internationale.

 

En 1997, le Washington Post révéla le passé nazi de l’entreprise. Pour se racheter à peu de frais, la société commanda à l’historienne étasunienne Elisabeth Timm une étude sur ses activités pendant la guerre et jusqu'à la fin des années 1990. Mais l’ouvrage ne fut pas publié. En 2000, la société Hugo Boss versa une somme de 500 000 livres sterlings au Fonds d'indemnisation des anciens travailleurs forcés, en compensation du travail effectué pendant la Seconde Guerre mondiale. L'entreprise finança également, les travaux de Roman Köster, historien de l'économie de l'université de l'armée fédérale de Munich. Son travail parut en  2011 : Hugo Boss 1924-1945 – Eine Kleiderfabrik zwischen Weimarer Republik und Drittem Reich (Hugo Boss 1924-1945, L'histoire d'une usine d'habillement pendant la république de Weimar et le IIIe Reich). La thèse de Köster est qu’Hugo Ferdinand Boss « n’a pas rejoint le parti nazi parce qu’il avait décroché la fabrication des uniformes, mais parce qu’il adhérait au national socialisme ».

 

En d’autres termes, l’historien penche plus pour la conviction que pour l’opportunisme.

 

http://1.bp.blogspot.com/_zcB_vE7oPII/SxQEKqtQaXI/AAAAAAAADDc/0HJk4qj1w00/s1600/Organisationsbuch_10.jpghttp://1.bp.blogspot.com/_zcB_vE7oPII/SxQEK4uDPvI/AAAAAAAADDk/W7qYq_v1ZSM/s1600/Organisationsbuch_11.jpg

 

 

PS : Gwyneth Paltrow, juive pratiquante, est l'égérie des parfums Hugo Boss. C'est comme elle le sent, non ?

 

 

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28 juillet 2013 7 28 /07 /juillet /2013 10:11

22/07/2013

 

Chronique d’un coup d’État financé


On entend souvent qu’Hitler est arrivé au pouvoir par les urnes, appuyé par un large mouvement populaire. Or, bien qu’organisé avec la complaisance des partis au pouvoir, c’est un coup d’Etat qui permet à Hitler d’accéder au gouvernement. Quant à son principal soutien, il vient des industriels allemands.


Herwig Lerouge

 

http://static.skynetblogs.be/media/1349/3333887527.2.jpg

Le 12 novembre 1933, Hitler est invité à donner une conférence dans une usine de Siemens. Le patron de l’entreprise, Carl Friedrich von Siemens, compte parmi les principaux soutiens au régime nazi.

  

Dans sa déclaration gouvernementale du 1er février 1933, Hitler promettait au peuple allemand l’amélioration de la situation des travailleurs et des paysans et le maintien et la consolidation de la paix. « Donnez-moi quatre ans, et vous ne reconnaîtrez plus l’Allemagne », prophétisait-il. Quatre ans plus tard, les acquis sociaux étaient détruits et les libertés fondamentales étaient bafouées. L’Allemagne, effectivement, était méconnaissable.


Le 30 janvier 1933, le président allemand Paul von Hindenburg nomme Adolf Hitler, le dirigeant du Parti National-socialiste (NSDAP, abrégé en nazi) Premier ministre. Le premier gouvernement Hitler ne compte que trois nazis, dont Hitler lui-même. Il n’ose même pas se présenter devant le Parlement, car il y est minoritaire. Au lieu de cela, il demande à Hindenburg de dissoudre le Parlement et d’organiser de nouvelles élections, fixées au 5 mars 1933.


Ce délai lui donne l’occasion de gouverner cinq semaines sans contrôle parlementaire. Il s’agit d’un coup d’État légal, car la Constitution allemande de l’époque permet au président de dissoudre le Parlement ou de le suspendre temporairement. 


Un régime de terreur


Le 4 février, Hindenburg prend une ordonnance d’urgence qui interdit toute critique du gouvernement, supprime la liberté de rassemblement et de presse pour le Parti Communiste d’Allemagne (KPD), alors en campagne électorale, et d’autres organisations de gauche.


Le 27 février, le Reichstag, le Parlement allemand, est incendié. Officiellement, par un anarchiste hollandais déséquilibré. Cependant, de nombreux historiens sont convaincus que l’incendie a été provoqué par les sections d’assaut (SA) nazies. Les événements qui suivent confirment cette thèse. Avant tout début d’enquête, la radio affirme que les communistes sont coupables. La même nuit, sur base de listes établies à l’avance, plus de 10 000 communistes, socialistes et progressistes sont arrêtés. Toute la presse communiste et plusieurs journaux socialistes sont interdits. Les libertés de la presse et de réunion sont suspendues.


Malgré cette répression, les élections ne donnent pas une majorité aux nazis ni une majorité des deux tiers au gouvernement de coalition dirigée par Hitler. Pour l’obtenir, le gouvernement radie les 81 mandats du KPD, sans qu’aucun parti proteste. Cela étant réglé, le Parlement vote la confiance au gouvernement Hitler et l’autorise à décréter des lois sans son autorisation. Il s’agit en fait d’une auto-dissolution. Les socialistes votent contre la déclaration gouvernementale, mais jugent les élections démocratiques malgré la répression.


En deux ans, les nazis vont interdire les partis politiques, tuer plus de 4200 personnes et arrêter 317 800 opposants, dont 218 600 seront blessés et torturés. Le 20 mars 1933, le commissaire nazi de la police de Munich, Heinrich Himmler, crée à Dachau le premier camp de concentration destiné aux prisonniers politiques. 40 autres suivront dans la même année.


Le nerf de la guerre


Hitler n’a donc pas été élu démocratiquement. En réalité, la décision de le nommer chancelier a été prise quelques semaines auparavant, le 3 janvier, dans la villa du banquier Kurt von Schröder.


À plusieurs reprises, entre 1918 et 1923, les cercles les plus à droite de la classe dirigeante avaient en effet essayé, notamment par des tentatives de coups d’État, de se débarrasser du système parlementaire et de supprimer les droits importants acquis par un mouvement ouvrier fort et uni.


Ces cercles s’appuyaient sur une partie de l’armée et des organisations réactionnaires. De nombreux industriels voyaient dans le NSDAP une organisation qui valait la peine d’être soutenue.


En 1923, le patron sidérurgiste Hugo Stinnes a déclaré à l’ambassadeur américain : « Il faut trouver un dictateur qui aurait le pouvoir de faire tout ce qui est nécessaire. Un tel homme doit parler la langue du peuple et être lui-même un civil. Nous avons un tel homme. »


Avec la crise économique de 1929, les cercles dirigeants ont décidé de vraiment miser sur le parti nazi, qui a reçu de leur part un soutien accru. Grâce à leurs millions, Hitler a pu gagner de l’influence sur les classes populaires, très touchées par la crise. Ils ont mis à sa disposition leurs hangars désaffectés qu’il a transformés en une version nazie de l’Armée du Salut. Des malheureux sans travail pouvaient y trouver une assiette de soupe et un lit pour la nuit. Avant qu’ils s’en rendent compte, on leur avait collé un uniforme et ils défilaient derrière le drapeau nazi.


Durant la campagne présidentielle de 1932, les nazis ont collé des millions d’affiches, imprimé 12 millions de numéros spéciaux de leur journal et organisé 3000 meetings. Pour la première fois, ils ont fait usage de films et de disques. Hitler utilisait un avion privé pour se rendre d’un meeting à l’autre. En 1932, le parti nazi comptait des milliers de permanents et l’entretien des SA, à lui seul, coûtait deux millions de marks par semaine. Qui payait tout cela ? Certainement pas les membres sans travail du parti nazi...


Le patronat tout puissant


Aux élections fédérales de septembre 1930, le NSDAP devient le deuxième parti, avec plus de 6 millions de voix. Des représentants de premier ordre de la classe dirigeante s’expriment en faveur de la formation d’un gouvernement avec lui. Hitler est invité à exposer ses idées devant des cercles de grands capitalistes et plusieurs d’entre eux adhèrent au parti.


Cela prendra pourtant encore une année avant que ces patrons confient la chancellerie à Hitler. Ils avaient peur de la réaction du mouvement ouvrier. De plus, ils se livraient entre eux de violentes luttes de pouvoir.


Mais, lors des élections fédérales du 6 novembre 1932, le Parti communiste allemand accroît fortement son influence parmi les travailleurs au détriment du Parti socialiste. Le capital craint un soulèvement révolutionnaire. Et le NSDAP perd deux millions de voix. Un déclin plus important du parti risque de ruiner tous les espoirs du grand patronat. Ils mettent leurs querelles internes au vestiaire et décident de confier plus rapidement le pouvoir à Hitler.


Ce sont les Thyssen, Krupp, Siemens et autres qui ont déterminé la politique économique de Hitler. Il suffit de voir la composition du Haut Comité économique du gouvernement nazi. On y retrouve Krupp von Bohlen, roi de l’industrie d’armement, Fritz Thyssen, baron de l’acier, Carl Friedrich  von Siemens, roi de l’électricité, et Karl Bosch, de l’industrie des colorants. Grâce à Hitler, ils ont pu appliquer le programme de casse sociale dont ils rêvaient.


Le gouvernement Hitler bloque les salaires au niveau très bas de 1932. Les travailleurs sont privés de tous leurs droits et menacés d’emprisonnement dans un camp de concentration en cas de grève.


La liberté de changer d’employeur est limitée, et un « livret de travail » est introduit. Sans ce document, aucun travailleur ne peu être engagé. Tout comme chez nous au 19e siècle, un ouvrier qui désire travailler ailleurs peut en être empêché par son patron si celui-ci gèle son livret de travail.


Le fascisme a porté la logique du capitalisme jusqu’à sa pire extrémité. La recherche de la compétitivité mène à une spirale descendante des salaires et des acquis sociaux. Dans les camps de travail, le coût salarial et les charges sociales sont quasiment réduits à zéro. Afin d’épargner leurs frais de transport, plusieurs firmes construisent leurs usines près des camps.


Le problème du chômage est résolu en envoyant une partie des chômeurs dans l’armée, une autre dans les usines d’armement. Tous sont ainsi obligés de préparer leur propre mort et celle de dizaines de millions d’autres.


Le soutien des industriels à Hitler : quelques dates

 

27 octobre 1931. Le directeur de la firme Siemens, Carl Friedrich von Siemens, prononce un discours devant des membres importants de la finance américaine pour dissiper les craintes que suscite une éventuelle montée au gouvernement des nazis. Il insiste surtout sur la volonté des nazis d’éradiquer le socialisme en Allemagne. 

26 janvier 1932. Fritz Thyssen, le magnat de la sidérurgie, organise une conférence d’Hitler devant plus de 100 grands patrons durant laquelle il assure que son mouvement voit dans la propriété privée le fondement de l’économie allemande et que son but principal est d’éradiquer le marxisme en Allemagne. 

19 novembre 1932. Des banquiers, de grands industriels et de grands propriétaires terriens demandent au président Hindenburg de nommer Hitler à la chancellerie. 

4 janvier 1933. Rencontre entre le Premier ministre en exercice Franz von Papen et Hitler dans la villa du banquier von Schröder, qui a scellé les arrangements qui ont conduit au 30 janvier 1933. 

20 février 1933. Hitler reçoit le gratin du grand capital allemand pour rassurer les patrons à propos de sa base, chauffée par des discours démagogiques contre le grand capital.

20 mars 1933. Création du premier camp de concentration destiné aux prisonniers politiques à Dachau.

15 mai 1934. Une loi est votée qui limite la liberté de changer d’employeur.

30 juin 1934. Nuit des longs couteaux. Hitler fait assassiner 1000 cadres de ses propres sections d’assaut, essentiellement de l’aile « anticapitaliste » qui avait cru à la démagogie de Hitler et pensait que les nazis prendraient aussi des mesures contre le grand capital.

Février 1935. Introduction du « livret de travail », qui impose une soumission totale des ouvriers à leur patron.

 

http://histoire.skynetblogs.be/archive/2013/07/22/histoire-30-janvier-1933-anniversaire-de-la-prise-de-pouvoir-7875935.html

 

 


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25 juillet 2013 4 25 /07 /juillet /2013 08:48

Vendredi 12 Juillet 2013 

 

Par THOMAS RABINO - MARIANNE

 

Le 8 juillet à 11 heures, François Hollande présidait dans la cour des Invalides une cérémonie d’hommage national à Alain Mimoun, médaille d’or du marathon aux Jeux olympiques de Melbourne en 1956. Simultanément se tenaient à Metz les commémorations des 70 ans de la mort de Jean Moulin. C’est en effet dans un train pour Berlin arrêté à Metz que fut dressé le constat de décès de l’unificateur de la Résistance. Entre le sport et l’histoire, le Président a choisi. Décryptage.

http://www.marianne.net/photo/art/default/971397-1149955.jpg?v=1373545733François Hollande rend hommage à Alain Mimoun aux Invalides, le 8 juillet - LEMOUTON-POOL/SIPA/SIPA

 

François Hollande était, d’après Le Point, déjà attendu le 27 mai dernier au 47
rue du Four, à Paris, sur les lieux où le Conseil national de la Résistance s’est
réuni pour la première fois. A la surprise générale, le chef d’Etat avait préféré
raviver « l’esprit du CNR » au lycée Buffon en évoquant rapidement
les « traces » de ses réformes d’après-guerre « que certains voudraient effacer ».  

Le mensuel Lyon capitale s’était également fait l’écho de« plusieurs sources » 
selon lesquelles le Président se rendrait à Lyon le 21 juin, cette fois pour honorer
de sa présence les cérémonies organisées en souvenir des 70 ans de la rafle de Caluire, où Jean Moulin fut arrêté par Klaus Barbie en même temps que d’autres résistants.

Là encore, Hollande fit faux bond, et se rendit au salon aéronautique du Bourget.
pour un hommage au héros, torturé à mort sans avoir parlé. 

Cette ultime volte-face, officiellement justifiée par le décès d’Alain Mimoun,
évite à l’Elysée de pénibles moments : pendant la campagne présidentielle,
la visite à Florange du candidat Hollande avait, comme Sarkozy à Gandrange,
soulevé des espoirs réduits à néant en décembre dernier, lorsque le
gouvernement et Mittal signèrent un accord entérinant la fermeture partielle
du site, en lieu et place de la nationalisation portée par les syndicats, le Front
de gauche, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et
même… une partie de l’opposition. En Lorraine, on disait que les sidérurgistes
de Florange attendaient le Président de pied ferme.

UN HÉRITAGE ENCOMBRANT

Cette série de rendez-vous manqués avec le plus célèbre des résistants
évite aussi de révéler le fossé qui sépare depuis 1983 le gouvernement socialiste des idéaux politiques portés par Jean Moulin et le CNR :
sécurité sociale universelle, nationalisation de l’énergie, des banques et des assurances, pour « l’instauration d’une véritable démocratie économique et
sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et
financières de la direction de l’économie », le « rétablissement de
la liberté de la presse, et son indépendance à l’égard de l’Etat, des
puissances d’argent et des influences étrangères », etc.  

La quasi totalité des avancées économiques et sociales héritées du
CNR n’ont jamais cessé d’être remises en question : en 2004,
une douzaine de célèbres résistants appelaient à la défense d’un héritage
bien entamé par des privatisations en chaine, doublées d’attaques contre
la Sécurité sociale et le droit du travail. 

En 2007, dans l’euphorie de l’élection de Nicolas Sarkozy, Denis Kessler,
alors n°2 du MEDEF, s’épanchait sur la nécessité de
« défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la
Résistance ». Un processus que François Hollande ne semble guère décidé à enrayer.  

« L’AMOUR DE LA FRANCE »

On reconnaîtra au Président une certaine franchise, fut-elle fuyante.
En se gardant d’instrumentaliser des figures historiques, il peut, la conscience tranquille, s’asseoir sur leur action. D’un certain point de vue, François
Hollande prend à nouveau le contrepied d’un Nicolas Sarkozy qui évoquait
Léon Blum tout en conspuant l’allègement du temps de travail, une mesure mise
en œuvre par le même Léon Blum… 

Mais on regrettera surtout que le deuxième président socialiste de la Ve République prenne ainsi ses distances, tant sur un plan physique que symbolique,
avec l’icône de la Résistance qu’était Jean Moulin. 

Loin de nous l’idée de déprécier le grand sportif et le combattant de la
liberté que fut le regretté Alain Mimoun. Reste que sa marque dans
l’histoire de notre pays est sans comparaison avec celle imprimée par
le sacrifice de Jean Moulin pour la République. « Quelque chose le portait.
Quelque chose de plus puissant que tout. C’était l’amour de la France »,
a déclaré le Président dans son hommage à Alain Mimoun.
Que dire, alors, de Jean Moulin ? 

Thomas Rabino.

http://idata.over-blog.com/5/49/36/54/images-de-lutte/luttes-bis/luttes3/lutte-4/luttes5/Jean-Moulin.jpg
http://www.comite-valmy.org/IMG/jpg/manif_Jean_Moulin.jpg            Manifestations  lycéennes contre la réforme des retraites, Paris 2010.

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