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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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comité pour une nouvelle résistance C N R 06

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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

3 juin 2014 2 03 /06 /juin /2014 09:04

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Bonjour,

 
De retour du plateau des Glières où nous sommes partis collectivement avec le CNR06 pour participer au rassemblement annuel « paroles de résistance », je vous fait un rapide compte rendu car je pense que ce n’est pas la presse qui vous le fera… et qu’il s’y est joué quelque chose que je ressens comme essentiel dans cette période menaçante pour nous tous.

 
 Beaucoup comme moi ont ressenti la nécessité de s’y retrouver . 

 
Les têtes blanches étaient présentes malgré les difficultés physiques ; une dame très âgée m’a expliqué qu’elle ressentait le même climat comme avant la guerre et l’instauration du fascisme, c’est pour cela qu’elle est venue. J’ai réalisé que c’était là qu’était en train de se construire la meilleure des réponses contre les idées du Front National.

 
 Des « résistants » exemplaires d’aujourd’hui étaient présents.

 
J’étais ravie de voir le tracteur sur la route pour accompagner le départ d’une marche vers notre dame des landes ( préparant le rassemblement qui s’y tient en juillet ) et le représentant de la Confédération paysanne nous expliquer leur action de résistance directe sur la ferme usine des milles vaches : il nous faut nous préparer à les soutenir dès aujourd’hui car le système ne s’y est pas trompé sur l’objectif universel et social de ce combat et est prêt à réprimer férocement. 

 
Les interventions de nos résistants étaient nombreuses et variés, tissant le local , l’international, l’universel , le passé, le présent et l’avenir :


nous nous sommes tous retrouvés dans le témoignage courageux du médecin refusant la privatisation des données médicales à travers l’application perverse du DIM et la Tarification à l’activité,

le témoignage du palestinien qui sortait de 10 ans de prison ,

le témoignage du malien qui nous expliquait l’organisation de la récupération de leurs terres collectives,

le témoignage du postier etc


Partout le même combat pour l’humain et contre ce système capitaliste qui le broit et  bien sûr nous étions tous émus de la présence des quelques anciens résistants (encore vivants !) qui ne se contentent pas de passer le flambeau mais participent activement à l’organisation du mouvement, en particulier cette résistante qui nous a pointer la participation active des femmes pendant cette période. 

 
L’organisation originale le samedi après-midi du débat sur les propositions concrètes de chacun s’il était au gouvernement permettant d’ébaucher la réflexion sur l’élaboration commune d’un programme adapté a la réalité d’aujourd’hui que l’humour et la finesse de l’animateur a permis de rendre constructif malgré les positions et analyse opposées montre qu’il est possible de dépasser les « postures » , les qualificatifs et les clivages sans nier les antagonismes et les contradictions.

 

Bien sûr la passion était au rendez-vous mais elle était stimulante et constructive. 

 
Il faut casser le silence qui se fait autour de nos actions qui nous ouvrent l’espoir sur l’avenir et la confiance en nous. Ceux qui ont la chance d’avoir pu y participer en reviennent heureux et c’est déjà une première victoire ; Laurant Pinatel de la confédération paysanne nous a martelé avec un enthousiasme contagieux que nous pouvons et qu’il faut gagner car toutes nos résistances du quotidiens sont en train de se rencontrer, de se globaliser et on touche du doigt la nécessité vitale de la solidarité qui fait que si un gagne, il gagne pour tous.

 

Là , au plateau des Glières je peux vous dire que nous avons gagné, nous avons resituer notre ennemi commun le système de fric qui veut tout marchandiser, nier notre humanité ,nous mettre en concurrence, en rivalité, privatiser et rentabiliser tout même nos têtes au profit de quelques uns . 

 
Comme toujours ce compte rendu est subjectif et partial ; la réalité est beaucoup plus riche et intéressante que ce que je vous rapporte ; Je vous invite à feuilleter le net :

 
 Quelques sites :
 http://www.citoyens-resistants.fr/


 et localement : http://comite-pour-une-nouvelle-resistance.over-blog.com/


site de la confédération paysanne sur lequel vous pouvez suivre leur action : http://www.confederationpaysanne.fr/index.php


Quelques photos:le monument mémoriel, l’intervention de Laurent Pinatel de la Confédération paysanne, le départ de la marche.

 Françoise

 

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25 septembre 2013 3 25 /09 /septembre /2013 06:10

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Mardi 24 septembre 2013 

 

A une journée du Colloque "croizat" organisé par la mairie de paris, l'IHS national, et le comité "d'honneur", je n'ai toujours pas reçu d'explications des organisteurs de mon éviction à la tribune. Aucun d'entre eux n'a cru bon de s'expliquer ou de m'avertir.

 

J'ai appris par contre hier par de nombreux copains de la CGt et du PCF atterés et révoltés qu'un communiqué de l'IHS envoyé ( sauf à moi évidemment) tentait dans une langue de bois incompréhensible et génée d'expliquer mon absence.... ( personne n'a compris...)

 

S'il est bien que des universitaires découvrent enfin et bien tardivement croizat (alors qu'ils l'avaient oublié et participer à son éffacement jusque là dans leur recherches et leurs cours ) il est à craindre que le jour du colloque ( l'un d'eux est à la CFDT, d'autres affidés au PS) ils ne posent pas la vraie question sur un gouvernement qui détricote toute l'oeuvre du CNR et mène une politique sociale qui va à l'inverse de celle de croizat.

 

Quant a moi, je serai ces jours avec les copains sur le terrain à Cruas, puis a AUDINCOURT, Grenoble, Agen.. sur le terrain pour colporter la modernité sociale d'Ambroise et la brûlante actualite de son message.

 


 

UN MESSAGE( ENVOYE A IHS CGT) DE BOUALEM BOUAKKAZ, PERMANENT SYNDICAL CGT (18) INDIGNE PAR MON ABSENCE AU COLLOQUE DE LA MAIRIE DE PARIS SUR CROIZAT

"La mairie PS de Paris organise le jeudi 26 septembre prochain un colloque consacré au « ministre des travailleurs », Ambroise CROIZAT, avec le partenariat de l’IHS CGT.Votre Institut de l’Histoire Social de la CGT fait un travail indispensable, à l’intérieur de notre CGT.Mais comment pouvez-vous accepter, et cautionner par votre partenariat, que le seul et unique biographe d’Ambroise CROIZAT, Michel ETIEVENT, puisse ne pas s’exprimer à la tribune dans le cadre du colloque organisé par la mairie PS de Paris ?


Qui a engagé (et gagné) le combat pour que le nom d’Ambroise CROIZAT figure dans le dictionnaire et les manuels scolaires ? Michel ETIEVENT.


Le 27 mai dernier, avec les Camarades de l’UL de Bourges, nous avions organisé une soirée pour le 70ème anniversaire de la création du CNR. Nous voulions projeter un film qui témoigne au mieux de la période et rende le meilleur hommage aux Camarades qui nous avaient conquis les congés payés, la Sécurité Sociale, la retraite solidaire par répartition etc..Nous avons choisi la projection d’une conférence d’un historien qui a consacré ses recherches sur les militants CGT et FTP. Les historiens au service de la cause ouvrière et de la CGT sont peu nombreux. Et tous les camarades se sont mis d’accord sur un nom : Michel ETIEVENT ! Lui, qui a donné 220 conférences à ce jour dans les organisations de la CGT (UL et UD) sur tout le territoire ! Toutes, pour que l’œuvre d’Ambroise CROIZAT ne tombe pas dans l’oubli et pour qu’elle soit portée et défendue avec fierté par tous les militants CGT ! 


Mais enfin, qui d’autre que Michel ETIEVENT est plus apte à s’exprimer sur Ambroise CROIZAT aujourd’hui ? Certainement pas le parti socialiste, qui casse les services publics, la retraite et…la sécurité sociale.


Camardes de l’IHS, il n’est pas trop tard pour vous ressaisir : par votre partenariat avec la mairie de Paris sur ce colloque, qui exclu le seul historien en capacité de transmettre le message politique d’Ambroise CROIZAT, vous attribuez finalement un cautionnement politique au parti socialiste. En contradiction totale avec tous les militants CGT en souffrance, qui luttent au quotidien contre les mesures du gouvernement actuel. N’en aviez-vous pas conscience ?


Chers Camardes de l’IHS : pour moi, militant CGT, en plus d’être une honte politique ; censurer Michel ETIEVENT n’est pas acceptable, car c’est aussi un frein à la reconnaissance d’un historien au service de la classe ouvrière. A moins que vous ne considériez que les universitaires choisis entre uatres par le PS pour pour ce colloque méritent plus de reconnaissance que Michel ETIEVENT ?

Chers Camarades, il n’est pas trop tard. Réagissez : ce colloque ne peut pas se faire sans Michel ETIEVENT, ou alors, sans le partenariat de la CGT.

Fraternellement.


Boualem BOUAKKAZ
Militant CGT Pôle emploi Centre et UL de Bourges.

 


 

UNE REACTION DE MICHEL KATCHA (COMMISSION SANTE DU PCF)SUR MON EVICTION


« Des questions de fonds se posent , au delà des évictions de Michel et des communistes , qui ne sont à mon avis que la face visible de l'iceberg business , complémentaire santé , prévoyance et retraite .. Vous voulez que l'on cause Matmut , Macif , AG2R La Mondiale, Maif ,Groupe APICIL ,Groupe Malakoff-Médéric HUMANIS , Mutuelles FMF e FMNF ,Groupe Reunica ... ça va faire du buzz tout ça .. 
 Michel Katcha Commission santé du PCF

 

 

UNE REACTION DE MILITANTE SUITE A MON EVICTION DU COLLOQUE CROIZAT

Lettre à l’IHS CGT suite à l'éviction de michel etievent

« Syndiquée CGT et militante depuis de nombreuses années, je souhaite vous faire part de mon étonnement et de mon mécontentement quant à votre choix INCOMPRÉHENSIBLE d’écarter Michel ETIEVENT du colloque Ambroise CROIZAT de la mairie de Paris....je viens par ailleurs d'apprendre qu'aucune représentation du PCF n'est prévue.........(Ambroise CROIZAT était communiste, ne l'oublions pas)...Il est incontestable que les choix politiques ont primé sur l'importance du colloque........... c'est lamentable !Il me semblait pourtant qu'à la CGT nous étions un syndicat et pas un parti politique............. ! (Quel qu'il soit d'ailleurs) ! Nous le reprochons suffisament (à juste titre aux pseudo autres syndicats)...Michel ETIEVENT est le seul et véritable spécialiste d'Ambroise CROIZAT, je trouve votre conduite inhumaine, injuste et inqualifiable...Alors c'est donc ça la CGT.....un syndicat prèt à pratiquer la langue de bois.....Bravo, quel bel exemple !J'ai honte, honte pour vous, c'est vraiment minable ! »

Hélène Bonnet,Syndiquée et militante amèrement déçue

 

UNE REEACTION DE JOSE FORT ( HUMANITE, VIE NOUVELLE" 

 
"Les responsables de la CGT mêlés à cette affaire doivent s'expliquer. Pourquoi participent-ils à l'éviction de Michel Etievent, le seul et véritable spécialiste d' Ambroise Croizat? Comme adhérent, je vais demander des explications." José Fort

 

 

REACTION DE FREDERIC KARAS (UD CGT STRASBOURG) A MON EVICTION DU COLLOQUE CROIZAT

 
"Salut Michel,
Et oui, l’indépendance et les convictions se paient cash dans notre beau monde où tous tournent leurs vestes. La réaction des sociaux traîtres ne me choque même plus tellement ils ont pris l’habitude de nous prendre pour des cons. Par contre que l’IHS CGT ne t’ait pas invité ça me dépasse…bravo a toi!!!

 

 

MON TOUR DE FRANCE "AMBROISE CROIZAT OU L'INVENTION SOCIALE"

continue , après Nevers, Bourges, je serai à CRUAS ( ardeche) le 1er octobre invité par le pcf et le front de gauche (voir affiche ci dessous) , et le 4 octobre à Audincourt (dans le doubs) invité par l'UL CGT et l'Atelier 

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Mardi 1er octobre a Cruas (26) ( cgt pcf) 


 

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23 septembre 2013 

 

De retour d'une super conference debat ( organisée par la CGT) sur la dérangeante modernité d'Ambroise CRoizat à Bourges avec belle une salle de copains ultramotivés, un arrêt-bonheur de 2 jours chez Liliane Croizat, fille d'Ambroise CRoizat, ( A saint saulge ( Nievre) dans la maison ou a vécu ambroise Croizat lorsqu'il était ministre) en compagnie de son fils Pierre et d'une chere amie Brigitte.( toute la famille croizat est indignée par mon absence au colloque de Paris) Voir photo ci dessous :


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Michel Etievent 

 

 

 


 

 

 


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19 juillet 2013 5 19 /07 /juillet /2013 07:55
L'ancien journaliste de l'Humanité, militant communiste et auteur de l'ouvrage "La Question" (1958) qui dénonçait la torture pendant la guerre d'Algérie, est décédé mercredi à Paris à l'âge de 91 ans. Portrait signé Rosa Moussaoui pour le journal l'Humanité

http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/photo/art/default/5704784-8507810.jpg?v=1374151307Depuis Alger républicain dont il devient directeur en 1951, le journaliste communiste a fait de sa plume l’arme du combat pour une Algérie libérée du racisme et de l’oppression colonialiste. Son livre la Question a contribué de manière décisive à lever le voile sur les tortures de l’armée française.

«Enfin Alger ! Un quai inondé de soleil, que surplombe le boulevard du front de mer.» Lorsque le jeune Harry Salem débarque pour la première fois à Alger, au mois d’octobre 1939, c’est d’abord ce mythique éclat de la Ville blanche qui l’étreint. Alors que le fascisme étend ses tentacules sur la vieille Europe et fourbit les armes du désastre, le jeune homme, qui rêvait de nouveaux horizons, aurait pu embarquer pour New York, ou pour l’Amérique latine. Le hasard et quelques péripéties l’ont conduit en Afrique du Nord, vers ce qui était alors, encore, un «département français».

Société d'apartheid

Pour le petit Parisien, fils de tailleurs, né à Londres dans une famille de juifs russes et polonais ayant fui les pogroms, la découverte de l’Algérie est un bouleversement. Dans cet autre monde, son rêve algérien prend immédiatement corps. Il se lie avec des Algériens, des gosses déguenillés de la place du Gouvernement jusqu’aux amis rencontrés à l’auberge de jeunesse où il loge, parmi lesquels Mustapha Kateb. Des amitiés contre-nature, dans cette société d’apartheid. Instinctivement, le jeune homme refuse la frontière invisible qui sépare deux mondes, celui des Européens, citoyens français, et celui des indigènes, rendus étrangers à leur propre pays. Alors que les vichystes tiennent Alger, Henri, déjà communiste de cœur, adhère à la Jeunesse communiste clandestine, avant de rejoindre le Parti communiste algérien (PCA). C’est là, dans l’euphorie de la Libération, que son chemin croise celui d’une « sympathisante », Gilberte Serfaty. Elle deviendra une ardente militante et, pour lui, la compagne de toute une vie.

Racisme et oppression coloniale

En Algérie, à ce moment-là, un point de non-retour est franchi, avec les massacres de mai 1945 à Sétif et Guelma, prologue d’une guerre qui devait éclater neuf ans plus tard. Pour Henri Alleg, la plume devient l’arme du combat pour une Algérie libérée du racisme et de l’oppression colonialiste. En novembre 1950, il entre à Alger républicain. Le quotidien a été fondé en 1938 par des hommes de progrès opposés à la toute-puissance du grand colonat. Sans remettre en cause le dogme de l’Algérie française, il témoignait, avant guerre, sous la plume d’Albert Camus et d’autres «libéraux», du sinistre sort reservé aux indigènes. Lorsqu’Henri Alleg prend la direction du journal, en 1951, les communistes y ont déjà acquis une influence prépondérante. La ligne du journal se fait plus résolument anticolonialiste, solidaire des luttes ouvrières, favorable à l’objectif d’indépendance. Ce titre est le seul à échapper au monopole de la presse quotidienne détenue par les grands colons.

Aux côtés d’Alleg, chose inédite et impensable à l’époque, un «indigène», Boualem Khalfa, est promu rédacteur en chef. L’engagement du journal irrite au plus haut point les autorités, qui le censurent et multiplient les saisies au moindre prétexte. Henri Alleg et son équipe tirent de cet acharnement répressif un slogan : «Alger républicain dit la vérité, rien que la vérité, mais Alger républicain ne peut pas dire toute la vérité.» Alleg encourage les plumes acérées, comme celle du jeune Kateb Yacine, dont les analyses politiques, d’une finesse et d’une impertinence insensées, subjuguent jusqu’aux plus aguerris de la rédaction. Lorsqu’éclate l’insurrection, le 1er novembre 1954, Alger républicain est déjà depuis longtemps dans le collimateur des gardiens du temple colonial. Le journal est interdit en 1955.

Clandestinité et censure

Henri Alleg entre dans la clandestinité. Régulièrement, il envoie des articles au journal l’Humanité, interdit sur le sol algérien, cible, à son tour, en France, des ciseaux d’Anastasie. Il est arrêté le 12 juin 1957, alors qu’il se rend au domicile de son ami, le mathématicien Maurice Audin, enlevé la veille par les parachutistes. Torturé à mort, Audin n’est jamais revenu des supplices que lui infligèrent les barbares aux ordres de Massu et Bigeard.


http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/photo/art/default/5704784-8507816.jpg?v=1374151573

 

Alleg, lui, est un rescapé de l’enfer. Tous les supplices, tous les noms, tous les lieux, les paroles mêmes se gravent à jamais dans sa mémoire. Il entend tout dire, s’il survit, de ce qui se passe dans cet immeuble investi par la 10e D.P., à El Biar, où fut «suicidé» l’avocat Ali Boumendjel. Son témoignage franchit les murs du camp de Lodi, puis de la prison de Barberousse, sur de minuscules papiers pliés. Son avocat Me Léo Matarasso, le transmet à l’Humanité. L’édition du 30 juillet 1957, qui reprend ce récit glaçant, est saisie.

 

http://www.editoweb.eu/nicolas_maury/photo/art/default/5704784-8507817.jpg?v=1374151426

Au printemps 1958, Jérôme Lindon accepte de le publier aux éditions de Minuit. Le livre, préfacé par Sartre, est aussitôt interdit. Mais la censure provoque l’inverse de l’effet escompté. Deux semaines plus tard, depuis Genève, l’éditeur Nils Andersson prend le relais. La Question passe la frontière dans des valises et circule, en France, sous le manteau. Au total, 150 000 exemplaires clandestins du livre seront diffusés, contribuant de manière décisive à lever le voile sur la torture. Trois ans après son arrestation, Henri Alleg est inculpé d’«atteinte à la sûreté extérieure de l’État». Il écope de dix ans de prison. Transféré à la prison de Rennes, il s’évade, avec la complicité de Gilberte, lors d’un séjour à l’hôpital. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie, où il séjourne jusqu’à la signature des accords d’Évian.

Rêve algérien

Lorsqu’il revient à Alger pour superviser la reparution d’Alger républicain, les menaces des « frères » du FLN, prêts à s’entre-tuer pour le pouvoir, sont à peine voilées. Avec Abdelhamid Benzine, Henri Alleg échappe de peu à des hommes en armes. L’équipe, pourtant, se reconstitue. L’appui technique de la Marseillaise rend possible la reparution du journal, qui fait sien le slogan des femmes de la casbah, excédées par la guerre que se livrent les factions du FLN : « Sebâa snin barakat ! » (« Sept ans de guerre, ça suffit ! »). Pourtant, le fossé entre la nouvelle Algérie du FLN et le rêve algérien d’Alleg et de ses camarades est bien là. Il se muera en incommensurable abîme. Après le coup d’État de 1965, il doit prendre la fuite. Les communistes sont pourchassés. Dans l’Arbitraire, un livre témoignant des tortures que lui infligèrent les hommes de la dictature naissante, le dirigeant communiste Bachir Hadj Ali raconte que ses tortionnaires menaçaient de faire d’Alleg, réfugié à Paris, un Ben Barka algérien.

Le combat de sa vie

L’Algérie est pourtant restée, dans le cœur du journaliste, comme le combat de sa vie. «Je suis heureux et fier d’avoir pris part au combat pour l’indépendance», nous confiait-il en mars 2012. À son retour en France, cet homme discret, érudit, d’une gentillesse exquise, a rejoint la rédaction de l’Humanité comme grand reporter, puis en devint le secrétaire général. «J’ai exercé ce métier en militant communiste, animé de convictions, aime-t-il à répéter. Ce fut pour moi un engagement, au sens fort du terme.»

http://www.humanite.fr/medias/henri-alleg-le-reve-algerien-cheville-au-corps-503443

 


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26 juin 2013 3 26 /06 /juin /2013 07:34

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LE PLUS. André Schmer est moins célèbre que Bob Dylan, mais il mériterait lui aussi la plus haute décoration française. C'est en tout cas l'avis de Pascal Boniface, directeur de l'Iris, qui souhaite que la République distingue ce résistant, ancien membre du bataillon "Liberté carmagnole" de la main-d’œuvre immigrée des francs-tireurs et partisans (MOI FTP).

 

J’ai fait la connaissance d'André Schmer le 7 décembre 2011, lors de la remise de la Légion d'honneur àJean-Claude Lefort, député honoraire à Ivry.

 

Schmer Nehemiasz de son vrai nom, Étienne Dumon dans la résistance

 

De son vrai nom Schmer Nehemiasz, il est né le 18 mai 1927 et il n'a qu'un an lorsqu'il se réfugie avec sa famille en France en 1928 pour fuir l'antisémitisme en Pologne. Il vit à Paris de 1928 à 1939, il n'a que 13 ans lorsque Pétain décrète en octobre 40 les lois anti-juives. Il échappe à une première rafle en mai 1941 dans le 11e arrondissement. Cette même année, le gouvernement de Vichy impose à tous les juifs le port de l'étoile jaune sur lequel le mot "juif" est indiqué. Il ne la portera jamais mais la conserve encore à ce jour.

 

En septembre 1942, à même pas 16 ans, il rejoint la résistance. Il prend le nom Étienne Dumon, il va à Lyon, puis à Grenoble où il rejoint le bataillon "Liberté carmagnole" de la MOI FTP.

 

Il est démobilisé en novembre 1944 à l'âge de 17 ans et demi et avec le grade de caporal. Il obtient la nationalité française le 4 avril 1950 et va effectuer son service militaire.

 

Bientôt le 14 juillet, il faut penser à lui...

 

Depuis 2002, Jean-Claude Lefort demande l'attribution de la Légion d'honneur pour André Schmer. Depuis, et quel que soit le gouvernement, rien n’a changé.

 

Selon lui, "un juif qui dès son plus jeune âge s'engage dans la résistance mérite l'honneur de la nation". Et le député honoraire d'enchaîner : "C'est un exemple pour tous, pour montrer aux générations futures que ce que vécurent les juifs ce fut l'effroyable Shoah, mais aussi que bon nombre d'entre eux ont combattu les armes à la main sur le sol national contre la barbarie nazie."

 

Depuis 2002, Jean-Claude Lefort reçoit des réponses aimables des différentes autorités sans qu'aucune décision ne soit prise. Pire encore, alors que celui qui l'a remplacé comme député du Val-de-Marne, Pierre Gosnat, relançait le préfet du département, ce dernier lui écrivait le 22 décembre 2011 : "Je vous rappelle que pour pouvoir prétendre à cette nomination vous devez avoir 20 années de services rendus."

 

Pour Jean-Claude Lefort, cela n’est pas normal. Des juifs qui s'engagent dans la résistance dès leur plus jeune âge et qui sont toujours vivants ne sont pas légions, mais sont l'honneur du pays. Ils ne sont plus que cinq anciens membres du bataillon "Liberté carmagnole" à exister encore.

 

André Schmer déclarait encore peu : "J'espère que je n'aurai pas la Légion d'honneur à titre posthume".

 

Ne serait-il pas temps de reconnaitre ses mérites ? Comment expliquer cet oubli de la République ? Bientôt le 14 juillet, il est encore temps de le réparer... L’attribution de la Légion d’honneur doit dépendre des services rendus à la France. André Schmer ne déparerait pas sur la liste, bien au contraire.

 

http://leplus.nouvelobs.com/contribution/892347-plaidoyer-pour-une-legion-d-honneur-a-andre-schmer-juif-et-resistant.html

 

 

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2 décembre 2012 7 02 /12 /décembre /2012 09:52

les jours heureux
Vous souvenez-vous des jours heureux

pour lesquels espoirs et renouveau se paraient de sourires radieux ?

Au lendemain de ses jours si sombres qui pour les français

le destin si tristement décrit dans l’enfer du Dante le chemin prenait ?

Vous rappelez-vous des idéaux couchés d’une traite sur le papier

du programme dont le nom choisi aux oreilles sonnait la renaissance de l’humanité ?

 

LES JOURS HEUREUX

 

On ne pouvait rêver d’intitulé plus joli et harmonieux.

Ne serait-ce que de voir ces mots écrits nous met des soleils plein les yeux,

nous dit que oui, la vie peut parfois être synonyme de ravie,

de jolie, d’envie, de folie, d’énergie, d’euphorie……

Que s’éloignera de nous le bruit des bottes, le bruit mais aussi la vue,

afin que plus jamais les brunes idées s’enracinent sur notre sol et nous polluent.

 

Nos anciens ont alors élaboré leur programme :

leurs pensées et leurs bonnes âmes préoccupées d’un lendemain de justice sociale et d’égalité,

ils firent le coup de poing et l’imposèrent, les jours heureux alors s’amorcèrent.

Ils s’amorcèrent grâce aux acquis.

Retenons-bien ce mot qui nous est étranger, car d’acquis nos générations n’en trouveront point à cultiver.


Notre drame est bien présent, notre vie militante, le sacrifice d’une vie pour certains

ne serviront qu’au maintien des acquis de nos anciens.

Maintien mais perte éventuelle si nous n’y prenons garde sans resserrer les liens.

Nos jours heureux chaque jour s’assombrissent.

Une minorité sait encore qu’ils existent,

que leur joli nom fleurit à nouveau

qu’il est bon de le clamer clair et haut.

 

Carole Radureau (29/11/2012)


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"Les jours heureux" le programme du CNR sur le site du même nom

 

Source : COCO- MAGNANVILLE


 

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20 novembre 2012 2 20 /11 /novembre /2012 12:53

Serge Portelli Paroles de Résistance / Glières 2010


Marc Bloch écrivait, en 1940, 4 ans avant de mourir torturé : « Je pense à ceux qui me liront, à mes fils certainement, à d'autres peut-être, un jour parmi les jeunes, je leur demande de réfléchir aux fautes de leurs aînés. »  Cette demande venant d'un homme qui a payé de sa vie son combat et sa résistance, il nous faut l'écouter avec d'autant plus d'attention qu'il nous l'adresse à nous, précisément à nous, à vous, alors qu'il ne sait pas encore ce qui l'attend, même s'il le pressent. Ce à quoi pense Marc Bloch, ce sont les années qu'il vient de vivre, celles qui ont précédé la défaite, celles qui ont précédé ce qu'il ne connaît pas encore, qui ont précédé le pire du pire, ce à quoi il nous invite, et à quoi je vous invite, en très peu de temps, et en le faisant sous l'angle de la justice, mais la justice au sens large, c'est à réfléchir à ces années grises pour éviter qu'elles ne deviennent noires ou brunes, car nous sommes précisément dans ces années-là, dans une de ces zones incertaines de l'Histoire, de celles que l'on regarde a posteriori avec d'infinis regrets ou d'immenses colères en disant : « c'était encore possible, et ils n'ont rien vu, ils n'ont rien fait ! » 

 

Que nous apprend la Résistance ? 

A vous, à nous, à moi homme de loi ?
La résistance nous laisse un immense héritage, un héritage dans ses mots et un héritage dans ses actions. Ces mots sont dans la rédaction de ce texte que vous connaissez tous et qui a fini par s'appeler “ les jours heureux ”. Dans les toutes premières phrases du projet à venir, dans la seconde partie, figure la référence aux libertés fondamentales, au respect de la personne humaine, à l'égalité absolue de tous les citoyens devant la loi. Cette référence n'est pas à cette place par hasard. Même si les propositions en matière économique et sociale nous font particulièrement vibrer aujourd'hui, même si elles nous paraissent en 2010 de bien des façons très prémonitoires, ce texte, longuement travaillé nous rappelle qu'après le mot d'ordre du combat, c'est la nécessité de pouvoir vivre en liberté, de pouvoir exercer enfin et réellement toutes les libertés qui à la source de tous les autres droits, qui est la condition-même de leur existence. 

 

Rappelons-nous cette évidence, n'ayons pas peur du mot “ liberté ”, prononçons-le, nous aussi, aussi souvent que possible,  plus souvent qu'il ne faut, c'est un mot magique, qui ne s'use jamais, mais qui peut disparaître si on le délaisse, si on ne le met pas comme eux, comme les Résistants, au début de notre pensée.
 

 

La Résistance nous laisse aussi des actes, et leurs actes de courage, que nous disent-ils ? 

Que le pouvoir peut n'être qu'une apparence trompeuse, que la loi peut n'être en définitive qu'une loi avec des guillemets de honte et d'usurpation, qu'au-dessus de toute autorité, quelle qu'elle soit, il y a des valeurs d'humanité fondamentale, il y a notre dignité d'homme, qui nous guider en tout et contre tout s'il le faut, que notre vigilance envers le pouvoir, quel qu'il soit, doit être quotidienne, car de l'état de droit à l'état de non-droit, le glissement peut se faire insensiblement, insidieusement, sans que nous nous en rendions compte. Ils nous disent aussi que le hors-la-loi d'un jour peut être le porteur de la légalité de demain, qu'un condamné à mort aujourd'hui peut être un héros demain, qu'un général félon peut être, demain, le chef de l'État !
 

 

Par contraste, la Résistance nous apprend aussi l'indignité de la collaboration, la répugnante banalité de la soumission, la honte du silence. Dans notre domaine, dans le mien, l'histoire de la justice et de la Résistance, c'est d'abord l'histoire terrible de la justice et de Vichy. A quelques belles exceptions près, certes de plus en plus nombreuses le temps passant, nous voyons tout un monde soumis et taisant dans l'application ordinaire d'un droit monstrueux. Magistrats, avocats, enseignants, tout un peuple de professionnels, tout le monde du droit et des hommes de loi peuvent appliquer consciencieusement des lois iniques et injustes. Tout un corps censé représenter l'indépendance, celui de la magistrature, prête serment d'allégeance à la personne du maréchal Pétain, tout un corps peut vendre son âme, tous sauf un qui ne prêta pas serment. Mais s‘il n'y en a qu'un seul nous devons être celui-là.
 

La police procédait aux rafles, les juges appliquaient des lois rétroactives dans des sections spéciales, des avocats collaboraient à l'exclusion du Barreau de leurs confrères juifs, d'éminents professeurs adeptes du positivisme juridique commentaient sans sourciller les lois les plus scélérates, voilà ce que nous apprend la Résistance. 

 

Mais aujourd'hui, où en sommes-nous ? 


Je me bornerai au seul domaine où la justice peut avoir un rôle à jouer. Aujourd'hui, le constat que nous faisons tant, et tous, c'est que nous ne sommes plus dans une démocratie. Nous ne sommes pas non plus dans un état autoritaire, nous sommes dans ce que j'appellerai un état limite, par référence à une notion de psychiatrie que vous comprendrez peut-être. Ce que nous constatons aujourd'hui, c'est des atteintes aux libertés sans égales dans notre histoire récente. C'est aujourd'hui dans les lois qui sont appliquées, et dans les programmes politiques une passion, une pathologie du fichage, de la surveillance, de l'enfermement, de l'exclusion. 

Nous sommes entrés dans un monde où la police joue un rôle qui n'est pas celui d'une police démocratique, mais une police que les policiers eux-mêmes dénoncent et dont ils souffrent. Je ne prendrai que quelques exemples que vous connaissez tous. Les fichiers qui s'étendent de façon monstrueuse, des milliers, des millions de personnes qui sont aujourd'hui fichées. Un fichier de police qu'on appelle le STIC dans lequel on compte 5 millions et plus de personnes suspectes qui sont passées un jour dans un commissariat sans qu'on sache très s'ils ont été déclarés coupables ou pas, 28 millions de personnes aujourd'hui qui sont fichées dans un même fichier STIC simplement parce qu'elles ont été victimes ou témoins, sans compter ce fichier FNAEG créé par la Gauche en 1998 et étendu de façon très vaste par Nicolas Sarkozy et qui compte aujourd'hui plus d'un million de profils génétiques et qui s'étend chaque année de plusieurs dizaines de milliers de personnes en plus. 

 

Notre état limite, c'est aussi un état dans lequel chaque année 800 000 ou 900 000 personnes sont gardées à vue sans qu'on sache d'ailleurs très bien combien de personnes passent précisément dans les commissariats ou dans les gendarmeries. Plus d'une personne sur cent aujourd'hui en France passe ne garde à vue dans une année. L'état limite, c'est aussi le sort des étrangers, un sort scandaleux, un sort qui est dénoncé heureusement par quelques associations dont quelques-unes sont présentes ici, comme RESF auquel je voudrai rendre particulièrement hommage, ce sont des reconduites à la frontière, ignobles,  où des familles sont détruites, des enfants gardés dans des centres de rétention au point qu'on en oublie quelques-uns encore comme l'actualité nous l'a montré il y a très peu de temps.
 

 

Cet état limite ne vient pas par hasard. Ce ne sont pas des lois de circonstance qui font que nous en sommes là. Ce n'est pas l'émotion d'un jour, ce n'est pas le fait divers de demain qui font que nous en sommes arrivés là. C'est le résultat d'une idéologie très précise, totalement contraire à celle des droits de l'Homme, et aux valeurs de la Résistance. Cette idéologie-là, il est très simple de la lire et de l'écouter dans les propos du président de la République actuel. Car aujourd'hui, le combattant, celui qu'on honore, ce n'est plus le Résistant, le combattant, je le cite, « les combattants qui prennent des risques, ce sont les chefs d'entreprise ». les valeurs qui sont celles qui sont promues aujourd'hui par notre gouvernement, ce ne sont pas les nôtres, ce sont celles que je reprends d'un discours de 2007 : « la famille, la patrie, la religion, la société, le travail, la politesse, l'ordre, la morale. » Rien de très étonnant à ce qu'effectivement nous parlions aujourd'hui de Vichy.

 

 

Mais c'est un mélange à la fois d'archaïsme profond et de soi-disant modernité. L'archaïsme profond, c'est cette haine de notre passé. Ce n'est pas simplement Mai 68, dont on ne veut plus parler, mais ce sont effectivement les valeurs de la Résistance, et même au-delà et plus loin que les valeurs de la Résistance,  ce sont tout simplement les valeurs de la Révolution et celles des Lumières qui sont mises en cause. Et ce mélange curieux qui fonde cette idéologie perverse, mélange d'un archaïsme touffu et en même temps d'une modernité ultra-libérale par la mise en place d'une “ France société anonyme ” sous la férule d'un président P-DG, d'un état commercial aux profits supposés de citoyens clients de leur part de cerveau disponible.
 

Donc, ce n'est pas simplement un état limite, ce ne sont pas simplement des lois dangereuses, le pire, ce sont les germes qui sont posés aujourd'hui. Et c'est à ceux -là auxquels nous devons faire attention. Je ne prendrai que quelques exemples de lois votées récemment, et notamment celle sur la rétention de sûreté qui a été votée en 2008. Cette loi a été dénoncée précisément parce qu'elle porte en elle le germe d'un changement de société et de civilisation. Nous quittons une société dans laquelle l'homme est puni parce qu'il peut être déclaré coupable d'une infraction que nous connaissons. Nous passons dans un autre monde, le monde où les hommes peuvent être dangereux et où ils sont punis parce qu'ils sont dangereux pour une dangerosité que personne ne connaît, que personne ne peut définir et ne définira jamais. C'est en fonction de cette dangerosité que des hommes pourront être gardés indéfiniment détenus à perpétuité. On est en train de créer des catégories de sous-hommes, des hommes que l'on peut réprimer, des hommes que l'on peut garder indéfiniment sous surveillance ou dans l'enfermement. Ces catégories d'hommes soi-disant dangereux, vous les connaissez tous : ce sont ces soi-disant déviants, ce sont ces fous, qu'on nous dit dangereux, qu'on nous dit criminels, qu'on veut enfermer et qu'on veut faire juger, même s'ils ne comprennent pas ce qui leur arrive. Ce sont ces étrangers dont je vous parlais à l'instant qui porteraient atteinte à notre identité nationale et dont il faudrait se débarrasser à tout prix dans les conditions les plus indignes, ce sont ces jeunes qui ne sont plus des enfants mais qui sont des mineurs et pour lesquels on veut précisément abolir l'un des fruits de la réflexion de la Résistance, cette ordonnance de 1945 dont il faut relire le préambule dans lequel on vous dit que l'enfance, même l'enfance délinquante est une richesse de notre nation, qu'il aider, qu'il faut essayer de rééduquer plutôt que de punir. Et ce sont évidemment les délinquants, les récidivistes qui sont devenus des monstres, et plutôt que de les comprendre, il faut punir indéfiniment et enfermer indéfiniment.
 

Ce sont finalement ces ennemis de l'intérieur que nous sommes devenus, ces citoyens qu'il faut ficher, qu'il faut surveiller indéfiniment car ils peuvent être le danger de demain.

 

 

Donc face à toutes ces menaces, et j'en terminerai par là, face à cet état limite, nous avons un devoir de vigilance et de résistance. Nous y arrivons parfois, pas toujours. 

 

Dans le domaine qui est le mien, nous avons échoué quelques fois. Dans cette démolition minutieuse des services publics, nous avons échoué dans cette réforme de la carte judiciaire qui a supprimé tant de juridictions qui a éloigné la justice des citoyens et qui a supprimé plus d'une soixantaine de conseils des prud'hommes notamment, ce qui ne fait qu'éloigner le citoyen de sa justice mais qui éloigne également le salarié de sa justice.
 

 

Nous avons parfois par contre réussi. Dans l'entreprise qui se menait actuellement et qui était celle d'une réforme de la procédure pénale, on voulait faire disparaître ce trublion qu'est le juge d'instruction en France et qui pouvait porter atteinte à la sécurité des patrons, et surtout des hommes politiques, eh bien, nous avons réussi grâce à notre mobilisation, du moins pour l'instant, à faire reculer le pouvoir qui voulait mettre à la place de ces juges possiblement indépendants des procureurs de la République soumis. Et ce n'est pas parce que le calendrier parlementaire est trop chargé que le pouvoir à reculé. C'est parce que nous avons résisté. C'est parce que dès le premier jour quand Nicolas Sarkozy est venu annoncer à la Cour de Cassation son projet qui a étonné tout le monde sauf ceux qui lisent un petit peu ses discours, nous avons été une centaine, même pas, dans les couloirs de la Cour de Cassation à prendre un mégaphone, à crier notre indignation, et puis à mobiliser un petit peu la presse qui a finalement plus parlé de ce que nous faisions que de ce que disait Nicolas Sarkozy. Donc, cette mobilisation, elle est un exemple, pour l'instant, pour nous. Face à cette idéologie, face à cet état limite, face à cette négation des valeurs de la Résistance et de la République, notre devoir, c'est d'engager le combat, et d'y rester. Un combat qui doit être permanent, un combat qui doit nous mobiliser chaque jour, et un combat qui doit être celui de chacun d'entre vous. 

 

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