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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

1 avril 2013 1 01 /04 /avril /2013 01:20

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François Hollande sur le plateau de David Pujadas, le vide du pouvoir face à son interrogateur.© Reuters

 

MEDIAPART - 31 mars 2013 

 Par christian salmon

 

Lors de son entretien avec David Pujadas, sur France 2, François Hollande a donné de la fonction présidentielle une interprétation personnelle, toute en nuances, composant par petites touches l'autoportrait d’un prince paradoxal, soumis aux injonctions contradictoires de l’austérité et de la croissance, du désendettement et du redressement. Gouverner par gros temps n’est pas chose aisée. Il y faut de la volonté et du tact, de l’énergie et de la patience, des qualités d’imagination et d’administration.


On doit fixer un cap tout en naviguant à vue, rassurer les marchés sans désespérer l’opinion. Toutes choses qui exigent d’un chef de l’Etat de l’autorité et de la modestie et surtout une capacité d’adaptation infinie, une flexibilité à toute épreuve, conformément aux idéaux types du néolibéralisme et aux aléas d'une crise qui ne fait que s’aggraver. Lors de sa prestation, plus longue que prévue, François Hollande s’est efforcé de convaincre qu’il détenait toutes ces qualités, témoignant même d’une forme d’autorité raisonnée, conforme à cette souveraineté limitée qui est celle des Etats européens, contenue par le corset étroit des règlements qu’a tissés l’Union européenne depuis le traité de Maastricht, soumis à la tutelle des marchés et des agences de notation. François Hollande ou l’humble gouvernance. Il m’est arrivé, l’écoutant, de penser : « Quel bon président de droite il ferait ! »


Son intervention toute en nuances contrastait avec une actualité démontée qu’on se gardera bien de qualifier de séquence, à la différence des épigones étourdis du storytelling, tant la logique à l’œuvre dans l’imbroglio politico-judiciaire obéit moins à l’habile feuilletonnisation médiatique qu’à la synchronisation aléatoire des agendas médiatiques, politiques et institutionnels, et qui soudain convergent comme lors des grandes catastrophes naturelles. « La vie s’est transformée en une suite intemporelle de chocs », écrivait Adorno, dans ses Minima Moralisa, pour décrire l’expérience du front lors de la Seconde Guerre mondiale.

 

De la démission du ministre du budget, Jérôme Cahuzac, à la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour abus de faiblesse en passant par la perquisition du domicile de Christine Lagarde, actuelle directrice du FMI, c’est à cette « suite intemporelle de chocs » déstabilisateurs que nous assistons depuis une dizaine de jours, autant de symptômes de cette décomposition qui affecte le champ politique. Si l’on élargit le spectre à l’Italie avec l’irruption dans le champ politique italien de Bepe Grillo, le trublion de l’austérité ou encore à Chypre avec la décision de la Troïka d’imposer une taxe sur les dépôts bancaires des particuliers, aussitôt rejetée par le Parlement, et qui n’a eu d’autre effet que de jeter le soupçon sur la garantie des dépôts bancaires chez tous les épargnants européens, on a là tous les éléments d’une crise de la représentation démocratique à laquelle répondent de toutes parts des attaques irrationnelles, de plus en puissantes, somnambuliques contre l’Etat de droit. La mise en cause simultanée de l’indépendance de la justice et de celle des journalistes, qui consiste à exiger des journalistes ce que seule la justice peut offrir, des preuves, tout en déniant aux juges ce que l’on reproche aux journalistes, le droit de mener des enquêtes en toute indépendance, aurait pour effet, si elle atteignait ses objectifs, d’interdire tout espace de délibération, tout contre-pouvoir, une forclusion de la démocratie.


Symptôme de ces réactions en chaînes qui ébranlent les soubassements même de nos démocraties, une crise générale de la confiance et de la représentation ; la crise des dettes souveraines n’en est qu’un aspect, qui en voile d’autres, nombreux : crise de la souveraineté de l’État, crise de la parole de l’État, crise de la signature de l’État… Cette crise se manifeste partout dans les démocraties occidentales, mais elle est renforcée en Europe par ce qu’on a l’habitude d’appeler la « construction » européenne, qui s’apparente de plus en plus à une « déconstruction » de la souveraineté.


Qu’est-ce que la souveraineté en effet sinon un double processus qui confère à l’Etat un pouvoir effectif (celui de battre monnaie par exemple) et un dispositif représentatif, une certaine symbolique de l’État (son protocole, ses rituels, ses cérémonies) ? A partir du moment où la souveraineté de l’Etat est battue en brèche par la construction européenne et la mondialisation des marchés financiers, le dispositif de représentation du pouvoir apparaît comme une coquille vide, un simulacre aux mains des communicants. Le couple que constituaient le pouvoir et son dispositif de représentation s’est brisé en deux : d’un côté, un pouvoir sans visage, une bureaucratie anonyme, de l’autre des hommes d’Etat désarmés, un roi nu. D’un côté, des décisions sans visages, de l’autre des visages impuissants. Résultat de cette dislocation : l’action est perçue comme illégitime et la parole a perdu toute crédibilité.  


Le langage du pouvoir soumis à des injonctions contradictoires tend par une pente naturelle à l’euphémisation, à l’oxymore, à la dénégation, un phénomène observé par Pier Paolo Pasolini et Léonardo Sciascia chez les dirigeants de la démocratie chrétienne, dans l’Italie des années 1970. Dans les périodes de crise, les hommes politiques adoptent spontanément une novlangue que Leonardo Sciascia a qualifiée de « langage du non dire » et qui est une tentative de se dissimuler, de s’enfouir dans la langue, dans le jargon, « pour survivre », écrivait Pasolini, « fût-ce comme automates, comme masques... » C’est à Pasolini et à Sciascia que j’ai pensé en écoutant François Hollande, surpris de l’entendre se mettre soudain à parler « la langue du non dire », émaillée d’expressions aussi absurdes que « trouver de la croissance par nos leviers »« pourquoi faire du sang et des larmes ? » ou délégitimer le cœur de son projet politique en associant « redressement » et « maison de redressement » : « Le redressement oui, mais l’Europe ne doit pas être une maison de redressement »… ou encore s’engluer dans la définition de son propre rôle à la tête de l’Etat : « C’est mon rôle non pas parce que je suis un président socialiste, d’ailleurs je ne suis plus maintenant un président socialiste… » 

La spirale de la perte de légitimité

Mais l’apport le plus original de cette novlangue hollandaise est sans doute la création du désormais fameux « choc de simplification », une prouesse syntaxique qui laisse pantois. On avait évité il y a quelques mois le choc de compétitivité au profit du pacte du même nom mais le « choc de simplification » constitue une trouvaille digne des Shadocks. A priori rien de plus éloigné de l’idée de choc qu’une simplification. Pourquoi pas un choc de précision ? Un choc de clarté ? Un choc de normalité…  «Comme toujours, écrivait Pasolini, c’est dans la langue seule qu’on a perçu des symptômes. » Son article, resté célèbre comme « l’article des Lucioles », s’intitulait « Le vide du pouvoir ».


Le discours volontariste (churchillien) que le chœur des éditorialistes ne cesse d’invoquer dans une touchante unanimité, n’est qu’une façade qui tente de masquer l’impuissance relative des Etats européens soumis à la règle d’or et au « Protecteuro»

 

Depuis la révolution néolibérale, le volontarisme s’est imposé comme une figure paradoxale. Plus l’Etat est désarmé, plus il doit afficher son volontarisme. La posture du « volontarisme » néolibéral est la forme que prend la volonté politique lorsque le pouvoir est privé de ses moyens d’agir. Mais sa crédibilité est gagée sur la puissance effective de l’Etat. Si cette puissance n’a plus les moyens de s’exercer, le volontarisme est démasqué comme une posture. Il faut donc qu’il redouble d’intensité, qu’il s’affiche avec plus de force pour se recrédibiliser, démonstration qui va accentuer encore le sentiment d’impuissance de l’Etat. C’est la spirale de la perte de légitimité. C’est ce qu’a tenté François Hollande lorsqu’il s’est efforcé de recycler dans la bataille pour l’emploi les habits du chef de guerre endossés au Mali. « Je suis en ordre de bataille. Je suis le chef de cette bataille. J’avance. » Ainsi va la novlangue socialiste, louvoyant entre la rhétorique de la rigueur et la geste donquichottesque du redressement.


Mais la perte de crédibilité de la parole publique n’est pas un phénomène conjoncturel, elle n’est pas liée seulement au contenu des discours ou à la sanction des promesses non tenues ; elle est le produit d’une contradiction structurelle du néolibéralisme.  Marx avait bien vu que le capitalisme de son temps était tout à la fois basé sur le profit et tenaillé par la baisse tendancielle des taux de profit. De même le néolibéralisme, qui s’appuie sur le crédit, est miné par une baisse tendancielle de la confiance qui se manifeste par la perte de crédit de l’Etat aux yeux de ses électeurs et de ses créanciers. Une étude récente publiée par le Pew Research Center démontre que de 1958 à 2012, la confiance dans le gouvernement fédéral américain s’est effondrée, passant de 75% à … 23% !


En dérégulant la finance et en déprogrammant l’Etat, la révolution néolibérale des années 1980 a absorbé l’espace même du politique, condamnant l’homme politique, placé sous vide, à se simuler, à se reprogrammer sans cesse.

 

Quand le roi est nu et le pouvoir impuissant, en quoi consiste l’exercice de l’Etat sinon à jouer de manière délibérée avec les apparences. La scène politique se déplace : des lieux de la délibération et de la décision politique (forum citoyens, meeting des partis politiques, assemblées élues, ministères) vers les nouveaux espaces de légitimation (TV, médias et Internet). L’explosion des réseaux sociaux comme Twitter et les chaînes du tout-info ont pulvérisé le temps politique. La fonction journalistique s’est déportée de ses missions originelles – l’enquête, le reportage, l’analyse politique, bref, l’information – vers une fonction de décryptage visant à découvrir sous les apparences trompeuses de la vie politique la vérité d’un calcul, les ressorts d’une histoire, le secret d’un montage narratif. Sondages et décryptage sont désormais les deux facettes d’une démocratie sans repères, sans frontières, désorientée, qui a substitué le récit à l’action, la distraction à la délibération, le stage craft (l’art de la mise en scène) au state craft (l’art de gouverner). D’affaire en affaire, de coups de tonnerre en coups de théâtre, l’actualité, tel le furet de légende, parcourt en tous sens le territoire miné de scandales de la démocratie mutilée.

 

La crise de la représentation politique est entrée dans sa phase terminale. C’est l’état d’alerte pour les démocraties.

 

Source: Médiapart 

 http://www.mediapart.fr/journal/france/310313/democratie-etat-d-alerte

 

 

                                                  ********************************************************

 

Richard Bohringer très énervé dans "On n'est pas couché" du 31 mars 2013 remet les choses à leur place !

 


 
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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 11:27

François Hollande a officiellement choisi :

il mise sur les "entrepreneurs", c'est-à-dire sur les patrons

 

Comme l'écrit "Médiapart"

François Hollande:

les adieux à la gauche

Les commentateurs n'en attendaient pas grand-chose. Or la prestation télévisée du chef de l'État, jeudi soir, relève de l'événement. François Hollande a tourné la page de la gauche – le mot n'a pas été prononcé – et de ses engagements emblématiques – réforme politique, réforme sociale, droit de vote des étrangers –, pour égrener sur un mode comptable un programme centriste d'adaptation à la crise.

 

François Hollande compte sur ses fidèles appuis :

la CFDT du côté salariés, Laurence Parisot pour le Medef,

ses "partenaires sociaux".

Mais du côté patronal, la collaboration n'est pas certaine. 

Laurence Parisot est virée et le duel commence entre les tenants de deux lignes opposées au sein du Medef :

 

la manière "soft" (!) prônée par l'actuelle présidente, jusqu'en juin

a) jouer la social-démocratie et la trahison syndicale avec la CFDT, pour imposer en douceur les objectifs patronaux.

Il semble que Frédéric Saint-Geours  *, le N°2 de PSA, qualifié " de gauche" (!), ayant fréquenté les salons ministériels socialistes...candidat à la présidence du Medef, représente cette tendance

 

l'affrontement direct, 

b) avec l'aile la plus dure du Medef, tendace représentée par Pierre Gattaz **, fils de l'ancien dirigeant du CNPF, qui se refuserait à tout compromis, soutenu par la fraction ultra de l'UMP.

 Rien n'est encore joué.

 

La "rentrée politique" en demie teinte de Nicolas Sarkozy, d'une part, l'attitude des partisans du "mariage pour tous", menaçant de "débordements" les futures manifestations de masse envisagées, de l'autre, sont des signes d'une volonté d'en découdre à un moment où la chute de l'audience du pouvoir socialiste s'accélère dans l'opinion, alors que les réactions populaires sont faibles et les forces politiques et syndicales, qui devraient les animer, n'ont plus une audience de masse.

C'est ce qui donne toute sa dimension à l'extême gravité de la situation.

 

D'où l'urgence d'une prise de conscience de la nécessité de l'union de tous ceux qui veulent faire barrage à la dictature "feutrée" ou directe du Capital,à travers l'Union européenne et les politiciens à ses ordres, qu'ils se prétendent de "gauche" ou qu'ils s'affichent de droite.

 

Et les quotidiens de ce jour confirment l'orientation présidentielle...qui mène la France au désastre :

UNION

OUEST FRANCE

 

 

MARSEILLAISE

LIBERATION CHAMPAGNE

 

* Frédéric Saint-Geours

 

Il débute sa carrière dans l'administration du Ministère des Finances puis entre en 1981 dans les cabinets de Louis Mermaz (socialiste) au ministère des Transports, puis à la présidence de l'Assemblée nationale. De 1984 à 1986, il devient directeur de cabinet du secrétaire d'État au Budget Henri Emmanuelli (socialiste)

Le 20 décembre 2007, il est élu à la présidence de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM),

Il fait son retour au directoire du groupe PSA le 19 juin 2009 à l'invitation de Philippe Varin qui le nomme président de PSA Finance.

Le 5 janvier 2012, il succède à Jean-Jacques Gales à la direction des marques. 

 

* * Pierre Gattaz
Il devient en 2007 président de la Fédération des Industries Électriques, Électroniques et de Communication, organisation professionnelle qui regroupe les industries des nouvelles technologies de l’énergie et du numérique. Vice-président de Groupe des Fédérations Industrielles (GFI) · (15 fédérations industrielles représentant 80 % de l’industrie française). ·    
 Depuis 2012 : Membre du bureau de l’UIMM


 Ces "UNES" sont reprises sur

LE BLOG DE DIABLO

Commun Commune

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29 mars 2013 5 29 /03 /mars /2013 09:50

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Quelle triste prestation du président de la république, hier soir, sur la deuxième chaine, avec un Pujadas plus enclin à ne poser que les questions qui entrent dans les critères de l’idéologie dominante.


Je ne détaillerai pas la politique préconisée hier soir par Hollande et qui fait en sorte que depuis son élection les travailleurs vont de plus en plus mal et les patrons  de mieux en mieux.


J’ai retenu quelques affirmations qui montrent que le président de la République s’enferme dans une politique d’austérité qui va à contrario de la croissance qu’il préconise à tout bout de champ.


A cette affirmation, il répond qu’il ne  pratique pas une politique d’austérité et que la sienne n’est qu’une démarche de rigueur dans les comptes. Tout au long de son discours, il essaiera de nous démontrer que les mesures qu’il prend sont pour notre bien être futur qu’il fixe à l’échéance de son mandat.


Bref, il faudrait accepter de mourir guéri en 2017.


Cette politique est un attrape-nigaud.


D’ailleurs, les français n’y croient pas au vu des sondages et des élections partielles qui confirment que son action est rejeté particulièrement par ceux qui en souffrent de sa politique qui est celle d’une austérité décidée au niveau de l’Europe sous la direction de la chancelière allemande.


Tout au long de son intervention, les appels du pied n’ont pas manqué en direction du patronat et par contre étaient dérisoires ses annonces pour le monde du travail qu’il sacrifie pour redonner de l’air profitable aux banques d’affaires et aux entreprises du CAC 40 .


Rien donc sur les entreprises qui licencient à tour de bras en ce moment et font croire qu’elles le font pour notre bien être futur.

 

Florange n’a plus qu’à désespérer et le cortège des fermetures peut toujours prospérer pendant les 2 ans de serrage de ceinture qu’il nous dit nécessaires pour retrouver la croissance.


Croissance, un mot magique, une sorte de gri-gri , un mot fétichisé et déconnecté d’une réalité contraire qu’il nous impose, celle de la décroissance et d’un produit intérieur brut qui stagne et qui va reculer avec les coups de boutoirs qu’il porte avec les patrons sur les salaires et les retraites.


Le récent accord sur la sécurisation de l’emploi est une véritable boite à outils contre les salaires, l’emploi normal, les retraites.


Il se dit chef de bataille mais de quelle bataille ?


Celle pour redonner du sens à la vie sociale ou celle pour détruire les acquis sociaux ?


Certainement celle que le Medef préconise pour annuler toutes les conquêtes sociales de la libération notamment celles dues à des ministres communistes comme Marcel Paul, Maurice Thorez et Ambroise Croizat.


Hier soir, j’ai beau cherché, je n’ai trouvé que des mesures en faveur du capital, que des reculs pour le monde du travail.


Le plus terrible est son agenouillement devant ce capital, ce CAC 40 avec qui il entretient des relations plus qu’amicales ; concernant l’ANI, il a été la carpette de ces gens là en disant à une question posée par le perroquet Pujadas sur la future loi concernant la soit-disante loi de sécurisation de l’emploi, qu’elle ne peut être modifiée par les parlementaires qu’à la condition qu’ils obtiennent l’agrément des signataires. De Gaulle avait fait de ses députés des godillots, ici Hollande en fait les domestiques attitrés du MEDEF, principal bénéficiaire de cet accord scélérat.


Une petite largesse vint quand même pour essayer d’estomper les cadeaux patronaux, celle de libérer la participation des salariés. Il y voyait la nécessité de redonner un peu d’air, certes vicié, aux salariés en pouvoir d’achat et en fait il avouait que sa boite à outils ne comportait que des outils charcutant les droits sociaux et seulement une clé à mollette pour desserrer un peu l’étreinte de l’étau du capital sur les salaires et les retraites.


Le pire vint alors : la retraite. Il annonça urbi et orbi que le nombre d’années de cotisations allait être augmenté et que les syndicats en discuteront bientôt ; une sorte de commandement à exécution et tant pis si les seniors liquidés des entreprises avant l’âge de la retraite à 65 ans vivront de chômage et d’eau fraiche pendant que les actionnaires ramasseront les dividendes et que les jeunes, dont il les as gratifié de quelques tapes amicales dans le dos, attendront leur départ de plus en plus tardivement pour trouver un vrai boulot qu’il ne leur propose pas d’ailleurs avec l’ANI qui le précarisera davantage avec des bas salaires.


Hier soir la droite, la bourgeoisie, sous cape, se frottait les mains, Hollande était devenu leur doublure, après qu’il eut dit quelques méchancetés sur la finance pendant les élections, et ils se glorifiaient dans les clubs et salons de l’avoir ainsi apprivoisé sans grande difficulté.


Hier soir, la boite à outils n’était composée que des instruments pour casser le social et pour rendre le capital plus profitable.


Il n’y avait pas grand-chose à espérer de la prestation de ce président de la République, désormais sachons que seule la lutte comptera et que le monde du travail doit se doter d’une autre boite à outils, celle du revendicatif.


Bernard LAMIRAND

 

http://ber60.over-blog.com/article-la-boite-a-outils-de-hollande-116627121.html

 

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 13:30

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Lorsqu’au début de la campagne présidentielle de 2012 Mélenchon avait qualifié François Hollande de « capitaine de pédalo », l’expression avait fait mouche. Et si elle avait fait mouche, c’est parce qu’avec ce talent si particulier de la formule Mélenchon avait touché juste. Quelque soient les qualités de notre président de la République – et il doit en avoir, puisqu’il est arrivé là où il est – l’autorité, le charisme, l’expérience, la puissance intellectuelle nécessaire au pilotage d’un grand navire ne figurent pas parmi celles-ci. François Hollande est désespéramment normal, alors que le sort lui a donné la fonction la plus « anormale » qui soit.

 

Cela ne serait pas grave si la situation était différente. Après tout, Jacques Chirac, un autre faux corrézien obligé de cacher son passage à l’ENA et sa passion pour les arts orientaux pour paraître proche du peuple a réussi à incarner la fonction malgré un immobilisme quasi total et une absence manifeste d’idées. Mais Chirac était porté par les dernières vagues de la pensée gaullienne, par « une certaine idée de la France » qui pour être plus radicale-socialiste que gaulliste n’avait pas moins son unité. Et puis, Chirac – c’est là une affaire de génération - avait sur Hollande l’avantage d’avoir le sens du tragique de l’action politique acquis dans les combats de la guerre d’Algérie auxquels il a participé comme jeune lieutenant, puis dans les combats au couteau à l’intérieur de la droite après le départ de Mongénéral des affaires, dans différentes fonctions ministérielles et même au plan intime, avec la maladie de sa fille. A côté, les dilemmes moraux et les tragédies de la vie d’Hollande paraissent négligeables : pas de guerre, pas d’affrontement sanglant, pas de meurtre du père… Certes, sa vie puis sa séparation vaudevillesque d’avec Ségolène a de quoi de quoi être traumatisante mais on ne peut pas vraiment dire que cela donne le genre de hauteur de vue nécessaire aux plus hautes responsabilités.

 

Or, l’heure est véritablement grave. Je pense pouvoir dire que le seul moment comparable dans notre histoire récente est la débâcle de 1940. Il y a d’ailleurs entre la débâcle de 1940 et celle de 2012 beaucoup de points communs. Hier comme aujourd’hui, les élites (1) françaises ont failli, par faiblesse, par incapacité de s’abstraire des intérêts particuliers, par lâcheté, lorsqu’il s’est agi de préparer le pays à se défendre. Et devant l’attaque, ces mêmes élites ont capitulé en rase campagne et expliqué au pays qu’il fallait accepter la souffrance qui seule pouvait purifier le pays. Bien sur, en 1940 il avait fallu deux ans entre les accords de Munich et l’occupation de la France. En 2012, entre le traité de Maastricht – Mitterrand ne dit pas « nous avons sauvé la paix de notre temps », mais l’idée y était - et le défilé des troupes d’occupation à Paris il s’est passé vingt ans. Mais les résultats sont à peu près les mêmes. Et comme en 1940, l’ennemi peut compter sur la quasi totalité de nos élites politiques pour nous expliquer que c’est notre paresse, notre insouciance, notre goût du plaisir qui expliquent notre défaite, et qu’il nous faut souffrir pour expier nos fautes et forger une nouvelle nation. La seule différence est qu’en 1940 les ordres venaient de Wiesbaden, et qu’aujourd’hui elles viennent de Bruxelles.

 

Poussons un peu plus l’analogie. En 1940 comme aujourd’hui, il y avait à Vichy ceux qui pensaient sincèrement que pour servir les intérêts de la France il fallait chercher la bienveillance de l’occupant. D’autres pensaient qu’il fallait ruser avec lui. Nous avons aujourd’hui ces deux mêmes écoles : chez Cahuzac et Moscovici on fait preuve d’orthodoxie européenne, tandis que Montebourg se gratte la tête pour trouver comment contourner les règles de la Commission. Mais en dernière instance, comme en 1940, les deux sont condamnés à échouer : les premiers, parce que l’occupant n’est pas intéressé par un compromis, les seconds parce qu’en fin de compte ils sont obligés de sacrifier l’essentiel pour gagner l’accessoire. Et en fin de comptes, les deux finiront par faire le jeu de l’occupant et se rendront complices du pillage et de l’abaissement du pays.

 

Oui, la situation est grave. Les Dieux de Francfort exigent chaque jour de nouveaux sacrifices. A Bercy, on se demande chaque jour qu’est ce qu’on peut couper pour entrer dans l’épure : Les retraites ? L’enseignement ? Les programmes de recherche ? Les allocations familiales ? Pour donner une idée de l’état des choses, il suffit de suivre certaines déclarations et rumeurs qui font le tour de la place de Paris. On se souvient il n’y a pas si longtemps des déclarations de l’ancien ministre mitterrandien Paul Quilès expliquant qu’il fallait abandonner la dissuasion nucléaire pour faire des économies. Cette semaine, « Le Point » fait référence à des fuites indiquant que le ministère de la Défense s’apprêterait à annoncer un plan d’économies drastiques incluant la suppression de 30 régiments, l’arrêt de la plupart des programmes techniques de l’armement et la vente où la « mise sous cocon » du porte-avions Charles de Gaulle.

Comme en 1940, le régime semble prêt à abdiquer tout toute ambition de grandeur, toute espérance universelle, pour se résigner à un second rôle de province dans le « nouvel ordre européen ». En priant que cet abandon puisse nous valoir la bienveillance de l’occupant à l’heure de faire bouillir la marmite. La triste réalité d’aujourd’hui comme celle de 1940 est que les classes moyennes pour préserver leur petit confort sont prêtes à jeter par-dessus bord tout ce qui fait la grandeur de la France. En 1940 ces classes étaient pacifistes au point d’applaudir Munich et de s’opposer à toute intervention contre Hitler. En 2013 ces mêmes couches, beaucoup plus puissantes et plus nombreuses, sont prêtes à tous les abandons. Et elles ont trouvé en Hollande leur Maréchal.

 

C’est la panique à bord. Ceux de mes lecteurs qui fréquentent un organisme public savent le climat de crise qu’on y vit. Le jeu des « gels budgétaires » suivis des « surgels » puis des « sur-surgels » menacent d’araser des pans entiers de l’activité des organismes publics. Comme on ne peut toucher au personnel, comme les dépenses d’intervention sont généralement défendues par des lobbies puissants, c’est l’investissement qui souffre. Et donc les domaines où l’investissement est important : l’éducation, l’équipement, la défense, la recherche, les infrastructures. Des domaines où il faut souvent des dizaines d’années pour monter des équipes et des projets.

Un véritable désastre en préparation et qui pourtant ne semble préoccuper personne. Vous trouvez que j'exagère ? Regardez donc les débats qui ont lieu aujourd'hui dans le microcosme politique. A part les questions sociétales, le reste s'est perdu dans les limbes. Le "grand débat national sur l'énergie" est sortie des radars, et si j'en crois ce que disent ceux qui y participent on discute un peu de tout... comme si la réalité n'existait pas. Comme si la question de financer les politiques qu'on propose ne se posait pas.

 

Certains croient – ou font semblant de croire – que la crise que nous vivons est un simple « accident » temporaire, causé par un ou deux banquiers indélicats, par un ou deux gouvernements imprudents. D’autres veulent voir la phase descendante d’un cycle économique. Les premiers comme les seconds nous expliquent qu’il suffit de tenir un peu, de se serrer la ceinture le temps que la machine reparte. Ces gens voient toujours la lumière au bout du tunnel, et expliquent qu’il suffit de continuer dans la même direction pour en sortir. Ils se trompent. Et ils se trompent parce qu’ils font une faute d’analyse, qui est celle de croire qu’il n’y a qu’une crise, alors qu’en fait il y en a deux. Il y a bien une crise du système financier international, liée l’explosion d’une « bulle » financière. Cette crise est, pour une large part, terminée. Mais cette crise à provoqué l’explosion d’une deuxième bulle dont tout el monde avait – volontairement – oublié l’existence, qui est la « bulle européenne ». Pendant les vingt ans qui ont suivi Maastricht, les déséquilibres entre les pays européens se sont creusés à l’ombre des illusions européennes, et cela indépendamment de la « bulle » financière. L’explosion de celle-ci n’est pas la cause de la crise européenne, mais son révélateur.

 

Si nos élites avaient la moindre imagination, elles auraient compris que le système qui a produit ces déséquilibres nécessite une profonde réforme pour pouvoir les éliminer. Mais nos élites n’ont pas d’imagination, tout simplement parce qu’elles n’ont pas assez de culture et de curiosité pour concevoir le monde autrement que comme il est. C’est pourquoi il ne leur vient d’autre idée que de renforcer les mécanismes et les institutions qui ont produit le déséquilibre, imaginant peut-être que si un peu d’Euro éloigne de la prospérité, beaucoup pourrait y rapprocher. Le traité de Maastricht – ceux qui l’ont suivi n’ont fait que confirmer et renforcer la même ligne – était dangereux non seulement parce qu’il créait le monstre, mais parce qu’il imposait – et impose toujours – des règles et des disciplines fondées sur l’orthodoxie libérale qui assurent non seulement que le monstre ne sera pas contrôlé, mais qu’il pourra prospérer et nous dévorer tous. Pour le plus grand profit de l'Allemagne.

 

Nos dirigeants ont oublié la leçon que Keynes avait tiré de la crise de 1929. Il est peut-être utile de rappeler quelques faits : de la fin du XIX siècle jusqu’à la deuxième guerre mondiale, le monde capitaliste a connu des crises cycliques profondes. L’amplitude des cyles était très grande parce que les gouvernements tendaient intuitivement à appliquer des politiques pro-cycliques : lorsque l’activité était florissante et les rentrées fiscales importantes, on augmentait la dépense publique, ce qui bien entendu augmentait la demande sur un appareil productif proche de sa pleine capacité, ce qui générait de l’inflation et tendait à la surchauffe de l’économie. Lors des phases descendantes, alors que l’activité diminuait et les rentrées fiscales avec, les gouvernements réduisaient la dépense publique, ce qui à son tour réduisait la demande sur un appareil productif sous-utilisé, ce qui à son tour augmentait le chômage, réduisant la demande et poussant l’économie dans une spirale dépressive.

 

En fait, l’idée dominante à l’époque était que l’Etat devait être géré « comme un ménage ». Quand on a un bon salaire, on peut dépenser beaucoup, quand on est au chômage, on réduit les dépenses. Mais après avoir vu en 1929 ce que ce genre de raisonnement peut produire, Keynes conclut qu’on ne pouvait pas comparer la logique des dépenses de l’Etat avec celle des particuliers. D’une part, parce que l’Etat est un acteur suffisamment gros pour que ses choix pèsent sur tous les autres acteurs, et d’autre part parce que c’est le seul acteur économique qui peut s’endetter à volonté alors que les autres acteurs économiques ne le peuvent plus, et donc dépenser pendant une crise. De cela sortent deux idées : la première est que les politiques publiques doivent être contre-cycliques, c’est à dire, qu’il faut augmenter la dépense publique pendant les périodes de vaches maigres et la réduire au contraire pendant les périodes fastes (2). La seconde idée est qu’il faut à l’économie des « stabilisateurs automatiques » qui soutiennent la dépense privée pendant les périodes récessives. C’était l’un des avantages secondaires des systèmes généreux de protection sociale : alors que les salaires diminuent et le chômage augmente, la sécurité sociale, les allocations familiales, les allocations chômage permettent de maintenir un niveau minimum de demande privée.

 

La mise en pratique des idées de Keynes explique pourquoi après 1945 les crises cycliques ont pratiquement disparu. Non que les cycles aient disparu, mais les politiques contre-cycliques rendaient les variations au cours du cycle relativement faibles. Grâce à la « pensée européenne » - en fait, allemande – nous sommes revenus à une vision pré-1929 de l’économie. Bruxelles est donc investie du pouvoir de vérifier que les Etats sont gérés comme le ménage cher à Mme Thatcher, en réduisant partout la dépense publique pour l’adapter à des ressources fiscales qui ne peuvent que diminuer du fait même de cette politique. Un cercle vicieux qui conduit l’Union Européenne à approfondir sa récession au moment où les états extérieurs à celle-ci – même ceux durement touchés par l’explosion de la « bulle » financière, comme l’Islande ou les Etats-Unis – commencent à en sortir.

 

Le gouvernement est aujourd’hui en grande difficulté. Le décrochage de la cote de popularité du président et du premier ministre, le fait qu’une large majorité de français souhaite le départ du gouvernement sont des signes inquiétants : jamais dans l’histoire un gouvernement n’a été aussi usé à peine dix mois après sa nomination. Mais la difficulté principale vient du fait qu'on voit mal comment la situation pourrait s’améliorer : les socialistes rêvent de pouvoir annoncer de bonnes nouvelles dans un ou deux ans tout en faisant une politique qui ne peut que rendre la situation encore pire.


Ceux qui pensent que la déflation salariale nous rendra plus compétitifs devraient réfléchir au fait que dans la mesure où voisins font la même chose, nous ne pouvons restaurer la compétitivité qu’en allant plus loin qu’eux. Et si tout le monde joue à ce petit jeu, on se retrouvera tous avec le niveau de vie des philippins ou des indiens. Après nous avoir expliqué qu’on faisait l’Euro pour éviter les « dévaluations compétitives », on s’aperçoit qu’il nous oblige aux « déflations compétitives ». Pas vraiment un progrès.

 

Il semble donc une bonne idée politiquement de parier sur l’échec du gouvernement, et certains en sont tentés. Encore faut-il pouvoir le faire d’une manière crédible. C’est maintenant qu’il faudrait une organisation progressiste ayant pris de manière consistante une position nationale et eurosceptique (3). Ce qui rend la situation dangereuse, est que la seule organisation ayant une certaine surface politique qui ait pris une position sans équivoque sur ces questions est aujourd’hui le Front National. L’échec des socialistes risque donc d’alimenter l’extrême droite plutôt que l’extrême gauche…

 

Les temps sont durs. Raison de plus pour relire Marc Bloch… (4)

 

 

Descartes

 

 

(1) Dans tout ce qui suit, j’utilise le terme « élite » dans le sens de ceux qui occupent les plus hauts postes et fonctions et ceux qui font l’opinion. Je ne parle pas bien entendu de l’élite au sens éthymologique du terme, c’est à dire, ceux qui ont les plus hautes qualités. Il y a dejà un certain temps que les deux ne sont pas corrélées.

 

(2) Curieusement, la gauche – y compris la gauche radicale – est elle aussi anti-keynésienne : il faut se souvenir du débat sur la « cagnotte » au début des années 2000. En toute logique keynésienne, la « cagnotte » aurait du servir au désendettement, pour permettre au contraire de creuser la dette plus tard, en période récessive. La gauche « radicale » exigea au contraire que la cagnotte soit dépensée.

 

(3) Mais comme d’habitude, la « gauche radicale » a raté le train : eurosceptique alors que l’opinion ne jurait que sur l’Europe, elle est devenue europhile juste au moment où l’Europe est en train de se démoder.

 

books.png(4) Je ne peux que recommander l’indispensable « L’Etrange défaite ». Une réflexion sur la défaillance des élites et le poids de la « petite France » qui n’a pas pris une ride... et qui m'a donné l'idée d'écrire ce papier !


http://descartes.over-blog.fr/article-l-etrange-defaite-116315693.html

 

 

 

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19 mars 2013 2 19 /03 /mars /2013 08:38

 

Dis-moi qui te conseille...
Quand, en juillet dernier, François Hollande a porté Jean-Pierre Jouyet à la tête de la Caisse des dépôts et consignations, l’Elysée s’est appliqué à faire passer le message qu’il ne fallait pas voir dans cette nomination autre chose que ce qu’elle était vraiment : une affaire d’amitié et non le révélateur d’une politique économique droitière. Et, sur le moment, on pouvait être enclin à la croire. 

Peut-être le nouveau chef de l’Etat a-t-il abusé des pouvoirs exorbitants que lui confère notre système de monarchie républicaine en portant un intime à ce poste stratégique pour la conduite des affaires financières du pays ; mais sans doute aurait-il été alors excessif de soupçonner dans la promotion de l’ancien secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy l’indice d’une politique économique pas franchement ancrée à gauche...

Avec le recul, cette interprétation apparaît pourtant la bonne. Il suffit de dresser une liste des personnalités – un peu du même type – qui ont été cooptées dans certains cabinets ministériels ou qui ont été chargées de mission pour comprendre que l’adage fonctionne : dis-moi qui te conseille, je te dirai quelle politique économique tu conduis... 


Au cœur de la machine élyséenne, il y a d’abord Emmanuel Macron qui, avec son titre de secrétaire général adjoint, supervise les questions économiques et sociales. Ex-associé gérant de la banque Rothschild, il a été, sous le quinquennat précédent, le principal collaborateur de Jacques Attali et a assuré le secrétariat de la commission du même nom, chargée par Nicolas Sarkozy de lui proposer de violentes mesures de déréglementation économiques et sociales. A ses heures perdues, Emmanuel Macron est aussi membre de l’association En temps réel, un club où se côtoient quelques survivants de l’ex-Fondation Saint-Simon et des figures du capitalisme parisien, avec à sa tête Stéphane Boujnah, un ancien du cabinet de Dominique Strauss-Kahn, aujourd’hui patron de la banque Santander France. 


A l’Elysée toujours, il y a aussi le conseiller pour les médias et la communication, David Kessler, qui jusqu’en mai était le bras droit pour la presse du dirigeant français de la banque Lazard, Matthieu Pigasse, par ailleurs propriétaire des Inrocks et copropriétaire du Monde. A Bercy, le mélange des genres entre intérêt général et affaires privées est tout aussi frappant. Le mandat confié par Pierre Moscovici au même Matthieu Pigasse pour le conseiller dans le projet de création de la Banque publique d’investissement (BPI) en est une spectaculaire illustration. 


Mais cette porosité entre vie publique et vie des affaires va au-delà. A preuve, le ministre des Finances a aussi confié une mission de conseil à Gilles Finchelstein, un ancien collaborateur de Dominique Strauss-Kahn, qui est aussi un proche du banquier Matthieu Pigasse. De son côté, le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, a enrôlé comme attachée de presse une personne qui auparavant occupait la même fonction auprès de la milliardaire Liliane Bettencourt et du même... Matthieu Pigasse. Lequel banquier a du même coup ses entrées à tous les étages de Bercy, et jusqu’à l’Elysée. 


De nombreuses nominations à des postes économiques importants révèlent la même confusion entre vie publique et vie des affaires. De sensibilité de droite, le futur patron de la BPI, Nicolas Dufourcq, qui est lui aussi membre du club En temps réel, s’est illustré dans le passé en amenant Wanadoo, la première filiale Internet de France Télécom, vers la Bourse et... la bulle spéculative de l’époque ! 


Quant aux personnalités qui ont été chargées de missions de réflexion, elles sont toutes du même acabit. Après avoir bien servi Nicolas Sarkozy en confectionnant son rapport controversé, Jacques Attali a ainsi été gratifié par François Hollande d’une nouvelle mission sur « l’économie positive » – on peine à comprendre de quoi il s’agit, mais, l’important, c’est sûrement qu’il reste dans le jeu !  
  

Administrateur d’Havas (groupe Bolloré) et de Lagardère, mais aussi de la société suisse Nagra, spécialisée dans les technologies de contrôle et de verrouillage sur Internet, Pierre Lescure n’en a pas moins accepté, lui, une mission sur Hadopi. Et, enfin, l’ancien patron d’EADS Louis Gallois, qui est de longue date proche des milieux patronaux et qui défend des thèses économiques pas très différentes de celles de l’UMP, a donc été chargé d’un rapport sur la question de la compétitivité. 


Bref, entre conflits d’intérêts et jeux d’influence, c’est un drôle de petit monde qui contribue, de près ou de loin, à dessiner les décisions économiques du pays. Un petit monde dont ont été exclus de nombreux intellectuels, et notamment les plus désintéressés. Un seul exemple : voilà belle lurette que plus personne, en haut lieu, ne vient consulter l’économiste Thomas Piketty, le théoricien de la « révolution fiscale » que les socialistes, il y a peu, encensaient. 


Il faut dire que les temps ont bien changé. Et que, de la « révolution fiscale », il n’est plus question. C’est en cela que cette comédie du pouvoir un peu balzacienne, cette farandole très parisienne où les conseillers ont d’autant plus d’influence qu’ils sont proches des milieux d’argent, en dit long sur la politique économique qui est actuellement suivie. 


Laurent Mauduit 

  • Article paru dans le numéro 810 du magazine Marianne, publié le 27 octobre 2012

 

 

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16 mars 2013 6 16 /03 /mars /2013 10:53

 | PAR FABRICE ARFI


L’enquête préliminaire pour « blanchiment de fraude fiscale » visant le ministre du budget a établi l’authenticité de l’enregistrement révélé par Mediapart, dans lequel Jérôme Cahuzac reconnaissait détenir un compte non déclaré à l’UBS de Genève. La bande n’a pas été manipulée et il s’agit bien de la voix de M. Cahuzac, d’après les experts sollicités et les témoins entendus.


Selon Le Parisien du 15 mars, qui fait également état de vérifications positives, ces investigations nourrissent par ailleurs un débat, au palais de justice de Paris, sur la nécessaire ouverture d'une information judiciaire, seule à même de permettre des investigations internationales suffisamment contraignantes pour percer le secret bancaire.


Le juge Guillaume Daïeff, chargé de l'instruction en cours visant l'évasion fiscale organisée par UBS, a ainsi écrit au parquet de Paris pour souligner que les faits concernant M. Cahuzac sont « connexes à (sa) saisine » et qu'il ne serait « pas opposé à un réquistoire supplétif » lui permettant d'élargir son instruction au cas du ministre du budget.


Ouverte le 8 janvier pour « blanchiment de fraude fiscale », un mois après les premières révélations de Mediapart sur les avoirs suisses occultes de M. Cahuzac, déplacés début 2010 à Singapour, l'enquête préliminaire, diligentée par le procureur de la République de Paris à l'encontre du ministre du budget, est maintenant entrée dans son troisième mois. Alors qu'elle approche de sa conclusion, les milieux judiciaires concernés ne cachent plus qu'elle valide la consistance, l'authenticité et la fiabilité des informations mises au jour par Mediapart.


C'est notamment le cas de la première pièce matérielle révélée par notre enquête. Les policiers en charge des investigations sur le compte suisse du ministre du budget sont en effet parvenus à établir, selon des sources judiciaires concordantes, l’authenticité de cet enregistrement révélé début décembre 2012 par Mediapart, dans lequel Jérôme Cahuzac reconnaissait détenir un compte non déclaré à l’UBS de Genève. 


Cette authentification, qui vient ruiner la défense du ministre socialiste, a été rendue possible grâce, d’une part, aux expertises réalisées ces dernières semaines par la police technique et scientifique (PTS) d’Écully, dans le Rhône, et d’autre part, aux témoignages recueillis par les enquêteurs de la Division nationale des investigations financières et fiscales (Dniff).


Mediapart avait rendu public, le 5 décembre 2012, le contenu d’un message téléphonique que Jérôme Cahuzac avait déposé involontairement sur le répondeur de Michel Gonelle, rival à l’élection municipale de 2001 à Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne), alors qu’il discutait avec un chargé d’affaires.


Durant cette conversation datant de la fin de l'année 2000, Jérôme Cahuzac se montrait embarrassé au sujet de l’existence d’un compte ouvert à l’UBS. « Ça me fait chier d’avoir un compte ouvert là-bas, l’UBS c’est quand même pas forcément la plus planquée des banques », confiait notamment le futur ministre du budget à son interlocuteur, le gestionnaire de fortune Hervé Dreyfus, associé depuis 1994 au banquier suisse Dominique Reyl. Alors candidat aux municipales de 2001, Jérôme Cahuzac précisait également : « Il n’est pas exclu que je devienne maire au mois de mars (ce qui fut en effet le cas – ndlr),donc je ne tiens vraiment pas du tout à ce qu’il y ait la moindre ambiguïté. »


Les experts mandatés par la justice ont réussi à établir non seulement la parfaite intégrité de la bande – c’est-à-dire qu’elle n’a été le fruit d’aucune manipulation –,  ainsi que la fiabilité des témoins qui attestent des conditions de son enregistrement, mais aussi l’authenticité de la voix de Jérôme Cahuzac.


La police et la gendarmerie, ainsi que les services de renseignements français, disposent depuis plusieurs années de logiciels sophistiqués qui permettent de confondre avec un haut degré de certitude l’empreinte vocale d’une personne. Avec les précautions d'usage, le rapport d'expertise devrait techniquement conclure, comme nous l'affirmons depuis le début de cette affaire, qu'il s'agit bien de la voix de Jérôme Cahuzac, d'après des informations recueillies ces derniers jours de très bonnes sources.


C'est peu dire que la position du ministre du budget au sein du gouvernement devient désormais de plus en plus fragile.

Les enquêteurs veulent un juge d'instruction

Car, dans le même temps, les policiers de la Dniff ont recueilli trois précieux témoignages, dont deux sont également évoqués par Le Parisien du 15 mars. Le premier émane d’un ancien huissier de Villeneuve-sur-Lot, chez lequel Michel Gonelle avait déposé une copie du message téléphonique malheureux de Jérôme Cahuzac. Cet huissier, Maurice Chassava, qui s'est également entretenu avec Mediapart, confirme en tous points la version des faits telle qu’elle avait été rapportée aux policiers, le 16 janvier, par Michel Gonelle.


Selon cette version, Jérôme Cahuzac, alors député, avait d’abord laissé un premier message téléphonique (volontaire) sur la boîte vocale de M. Gonelle, alors maire de Villeneuve, pour lui annoncer la venue prochaine du ministre de l’intérieur Daniel Vaillant concernant l’inauguration d’un commissariat local. Mais ce n’est que dans un deuxième message (involontaire) que M. Cahuzac a fait d’incroyables confessions, sans le vouloir ni le savoir, sur son compte suisse.


L’huissier de Villeneuve explique, qu’avant de récupérer une copie de l’enregistrement, il a entendu sur le répondeur de Michel Gonelle les deux messages, confirmant dans les deux cas qu’il s’agissait bien d’un appel provenant du numéro de Jérôme Cahuzac. Le témoin, aujourd’hui à la retraite, assure avec certitude que la voix était bien celle de M. Cahuzac, qu’il connaît très bien.


Entendu pendant plus de trois heures ce vendredi 15 mars à Bordeaux, un deuxième témoin, Florent Pédebas, ancien gendarme reconverti dans le privé, réputé proche de Michel Gonelle, a également confirmé cette version des faits. Comme l'huissier, M. Pédebas a fait partie des très rares personnes à avoir entendu les deux messages laissés par Jérôme Cahuzac directement sur le portable de M. Gonelle.


Lui aussi a indiqué qu'ils provenaient du même numéro et, sur procès-verbal, il a confirmé, de manière« ferme », que la voix était bien celle de Jérôme Cahuzac, qu'il connaît également, comme il l'a rapporté à Mediapart.


Mais ce n'est pas tout. Un détective, Alain Letellier, ayant travaillé pour Patricia Cahuzac, l’épouse du ministre actuellement en instance de divorce, a de son côté assuré aux enquêteurs que sa cliente lui avait rapporté de manière catégorique l’existence d’un compte en Suisse détenu par Jérôme Cahuzac. Gênée, Mme Cahuzac a dit aux policiers ne pas se souvenir de cette conversation, selon nos informations.


Les policiers et les magistrats du parquet financier qui suivent le dossier estiment avoir aujourd’hui suffisamment d’éléments pour justifier l’ouverture d’une information judiciaire et la désignation d’un juge d’instruction indépendant pour poursuivre les investigations. Mais la décision revient en dernier ressort au procureur de la République de Paris, François Molins.


La nomination d’un juge d’instruction permettrait à l’enquête de connaître une accélération grâce à des moyens d’enquête plus étendus, comme les perquisitions ou la commission rogatoire internationale, qui peut permettre de percer le secret bancaire suisse. Et ainsi, remonter la piste de l’argent dissimulé.

Comme l’a rapporté fin février La Lettre Ale ministre du budget dit aujourd’hui s’attendre à un « rebondissement »défavorable pour lui dans l’enquête préliminaire. Selon les informations recueillies ces derniers jours par Mediapart, il apparaît même que Jérôme Cahuzac et son entourage ont fait, ces trois dernières semaines, d’étonnantes confessions en off à plusieurs journalistes, témoignant d’une certaine panique.

Cahuzac s'attend à un « coup dont on ne se relève pas »

Le 18 février, au sortir de son interview de la matinale de France Inter, Jérôme Cahuzac et son attachée de presse, Marion Bougeard, ont ainsi confié à un journaliste de la station publique qu’ils n’excluaient pas que Michel Gonelle ait embauché un… imitateur pour les phrases de l’enregistrement citant la banque UBS.


Le lendemain, lors d’un déjeuner informel à Bercy avec plusieurs journalistes du quotidien Libération, le ministre du budget, interrogé sur l’affaire du compte suisse, a surpris tout son auditoire en déclarant qu’il s’attendait à se « prendre un caramel »dans l’enquête préliminaire concernant l’enregistrement. Interrogé par un des journalistes présents sur la signification de cette expression, Jérôme Cahuzac a expliqué : « Au rugby, un caramel, c’est un coup dont on ne se relève pas. »

 

© Reuters

 

À ce jour, la bande révélée par Mediapart ne fait l’objet d’aucune contestation judiciaire par le ministre du budget. Elle n’est visée par aucune plainte pour « faux », pas plus que l’article l’ayant révélée n’est visé par la plainte en diffamation que M. Cahuzac dit avoir déposée (mais dont nous n’avons eu, à ce jour, aucune notification).


Mieux : dans des mails dont Mediapart a pu avoir connaissance, Jérôme Cahuzac n’a jamais contesté l’authenticité de la bande, au contraire. Ainsi, le 5 décembre 2012, échangeant avec un vieil ami qui l’interrogeait sur un éventuel « montage », le ministre évoquait plutôt une « mauvaise plaisanterie sortie du contexte ».


M. Cahuzac a tout tenté depuis trois mois pour faire oublier l’existence de cet embarrassant enregistrement, allant jusqu’à mobiliser les moyens de l’Etat à des fins personnelles pour tenter de se faire blanchir par sa propre administration. Fin janvier, l’administration fiscale française a en effet engagé avec la Suisse une demande d’assistance administrative nominative pour dire si, oui ou non, M. Cahuzac a détenu un compte en Suisse entre 2006 et 2012.


Selon une source à Bercy, citée par Le Journal du Dimanche, la réponse des Suisses, qui a surpris tous les experts par son inhabituelle rapidité (une semaine…), aurait été favorable à M. Cahuzac. Mais selon une source judiciaire, qui a parlé à l’agence de presse Reuters puis au Nouvel Observateur, les « renseignements suisses sont sujets à interprétation ».


De fait, aucun journaliste n’a vu la fameuse réponse suisse. Mais il semblerait qu’elle ne soit d’aucune utilité pour l’enquête. Une source informée des développements des investigations judiciaires a récemment affirmé à Mediapart : « Ça ne vaut rien, ça ne démontre rien ». Une chose, en revanche, est certaine. L’opération de Bercy est apparue comme une très maladroite tentative de hold-up sur une enquête judiciaire en cours. Ce qui n’a pas été du plus bel effet chez les magistrats et policiers en charge du dossier.


À ce stade, après deux mois et demi d'enquête préliminaire, seule la voie d'une information judiciaire confiée à un juge indépendant serait à même de permettre des investigations internationales, non seulement en Suisse, mais jusqu'à Singapour. Toujours dépendant statutairement du pouvoir exécutif, bien que ne recevant officiellement plus de consignes dans des dossiers particuliers, le procureur de Paris est seul maître de la décision.


François Molins a donc rendez-vous avec son indépendance. Après tant de dénégations du ministre du budget, accompagnées de la solidarité du gouvernement, l'ouverture d'une information judiciaire serait évidemment un événement politique, soulignant le conflit d'intérêts toléré par le pouvoir depuis le début de cette affaire. 

 

http://www.mediapart.fr/article/offert/0ad8957c3c5a688b189aebf94c702148

 


 

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12 mars 2013 2 12 /03 /mars /2013 06:38

Le combat anticolonialiste n'a jamais fait recette en France.


Cela tient sans aucun doute au conditionnement idéologique (souvent raciste) que la bourgeoisie a su mettre en oeuvre pour convaincre l'opinion du bien-fondé de la constitution et de la conservation d'un empire colonial. Cela tient aussi au fait, moins reconnu, que les forces impérialistes - toutes à leurs conquêtes territoriales et désireuses de s'assurer la paix sociale à domicile - ont fait en sorte qu'une fraction non négligeable de la population française bénéficie d'une partie de la rente coloniale.
 
Friedrich Engels.jpgDès la fin du XIXème siècle, Engels observait avec consternation comment la classe ouvrière anglaise s'était ralliée à la politique coloniale de son État. En 1858, il notait que celle-ci s'embourgeoisait de plus en plus et que cela lui semblait « logique » dans la mesure où leur nation exploitait « l’univers entier ». [1] Les ouvriers anglais jouissaient « en toute tranquillité […] du monopole colonial de l'Angleterre et de son monopole sur le marché mondial », ajoutera-t-il, plus tard.


En 1902, c'est John Atkinson Hobson qui observe que les Etats qui possèdent des colonies peuvent à la fois enrichir leur classe gouvernante et corrompre leurs classes inférieures, « afin qu’elles se tiennent tranquilles ». [2]


Lénine.PNGSur ce point, Lénine est de l'avis d'Hobson qu'il cite dans sa célèbre brochure parue en 1916 [3]. Pour le révolutionnaire russe, l’idéologie de l’impérialisme et la défense de sa politique de domination pénètrent toutes les classes sociales, y compris la classe ouvrière.


Il écrit : « Le capitalisme a assuré une situation privilégiée à une poignée […] d’Etats particulièrement riches et puissants, qui pillent le monde entier […]. On conçoit que ce gigantesque surprofit […] permette de corrompre les chefs ouvriers et la couche supérieure de l'aristocratie ouvrière. Et les capitalistes des pays avancés la corrompent effectivement : ils la corrompent par mille moyens, directs et indirects, ouverts et camouflés.» Pour parvenir à cette corruption, la bourgeoisie utilise « mille façons » parmi lesquelles les « milliers de sinécures aux dirigeants des coopératives, des syndicats, des chefs parlementaires », note Lénine.

C'est cette corruption que Hannah Arendt qualifiera, plus tard, de distribution des « miettes du banquet impérialiste ». [4]
 
En 1919, le Ier congrès de l'Internationale communiste dénonce la communauté d’intérêts dirigée contre les peuples coloniaux qui enchaîne l’ouvrier européen ou américain à la « patrie » impérialiste.

En juillet 1920, Lénine revient sur le sujet : « Qu’est-ce qui explique la persistance de ces tendances réformistes en Europe et pourquoi cet opportunisme réformiste est-il plus fort en Europe occidentale que chez nous ? Mais parce que ces pays avancés ont pu bâtir et bâtissent toujours leur culture sur l’exploitation d’un milliard d’opprimés. » [5]


Emir Sader.PNGCommentant les thèses de Lénine, le sociologue brésilien Emir Sader [6] remarque qu'elles permettent d'expliquer comment de larges secteurs de la classe ouvrière des pays capitalistes avancés en sont venus à privilégier les « intérêts nationaux » de leur propre Etat impérialiste au détriment des intérêts des peuples dominés. En quelque sorte, la solidarité nationale a primé sur la solidarité internationale.


Pour Sader, « la question nationale a croisé le XXème siècle comme une des plus importantes et, en quelque sorte, des plus énigmatiques. Si dans la périphérie elle a assumé le caractère - plus ou moins prononcé - d'anti-impérialisme, de réaction et de résistance à la domination externe, au centre du capitalisme c'est le chauvinisme qui a prédominé ».

Aujourd'hui, tout comme au temps de leur empire colonial, les Français acceptent très majoritairement les aventures guerrières de leur État en Libye, en Côte d'Ivoire, au Mali, etc. Dans le même temps, les partis de la gauche ont non seulement renoncé à s'y opposer mais le plus souvent font leur les « phrases philanthropiques-humanitaires » [7] censées les justifier.


Le combat politique et les textes théoriques de Lénine et de ses compagnons n'auraient-ils plus rien à nous apprendre ?

                                                                                            Arabesque 30x30.png

[1] Engels écrivait à Marx : « […] le prolétariat anglais s'embourgeoise de plus en plus, et il semble bien que cette nation, bourgeoise entre toutes, veuille en arriver à avoir, à côté de sa bourgeoisie, une aristocratie bourgeoise et un prolétariat bourgeois. Evidemment, de la part d'une nation qui exploite l'univers entier c'est, jusqu'à un certain point, logique ».

[2] John Atkinson Hobson, Impérialism, A Study, 1902.

[3] Lénine, L'impérialisme, stade suprême du capitalisme.

[4] Hannah Arendt, Les origines du totalitarismeL'impérialisme, Ed. Fayard.

[5] IIème Congrès de l'Internationale communiste.

[6] Emir Sader est diplômé de l'université de São Paulo (philosophie et science politique). Penseur d'orientation marxiste, il est membre du conseil éditorial du périodique anglais New Left Review. Il a présidé l'association latino-américaine de sociologie (ALAS, 1997-1999) et est un des organisateurs du Forum social mondial.

[7] Expression utlisée dans une résolution du Ier congrès de l'Internationale communiste : « La question coloniale révéla clairement que la conférence de Berne était à la remorque de ces politiciens libéraux-bourgeois de la colonisation, qui justifient l’exploitation et l’asservissement des colonies par la bourgeoisie impérialiste et cherchent seulement à la masquer par des phrases philanthropiques-humanitaires ». La conférence de Berne en février 1919 était une tentative des partis sociaux-démocrates de faire renaître la Deuxième Internationale.


Jean-Pierre Dubois

 

http://lepetitblanquiste.hautetfort.com/archive/2013/01/24/imperialisme-le-combattre-ou-en-etre-complice.html

 


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10 mars 2013 7 10 /03 /mars /2013 12:34

Lettre reçue ce jour pour courriel par CommunCommune- le Blog de Diablo

 

comite-base

Pour la Construction d’un Front Populaire Antilibéral Unifié dans le Nord-Pas de Calais.

 

Chers(es) amis(es) et camarades,

 

Nous nous adressons à vous avec ce texte murement réfléchi et discuté collectivement depuis un mois, et nous prenons nos responsabilités pour avancer. Il ne s’agit pas de faire un quelconque raccourci impatient dans la construction d'un Parti « de type nouveau » capable de conduire la classe ouvrière à la victoire au niveau d’une région qui regroupe deux départements, mais « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire » et sans volonté de vaincre, pas de possibilité de victoires.

 

De tout temps, les travailleurs et notamment ceux ici issus de la Classe ouvrière, ont su s’organiser pour faire face à une menace, et quand ils l’ont été avec discipline et unité, rien n’a pu les arrêter, même pas une armée !

 

Notre volonté est de construire et d’unifier les « volontaires » au niveau de notre région Nord-Pas-de-Calais, qui est fortement industrialisée mais aussi fortement impactée, et même sacrifiée par les effets de la crise systémique du capital, la plus longue de l’histoire.

 

Ainsi, notre proposition de bâtir un véritable rapport de force collectif dans un authentique Front Populaire afin de lutter contre les effets dévastateurs du capitalisme et de l’ultralibéralisme, n’a rien d’utopique.

 

Comme plus personne, même le parti historique de la classe ouvrière, devenu festif et européen, n’ose plus affronter le capital de face pour proposer clairement et sans détour aux masses populaires et aux travailleurs, de véritables alternatives anticapitalistes : oui nous voulons bousculer l’histoire ralentie par accommodement politicien.

 

Cela veut dire que nous voulons clairement mettre en avant : la socialisation des moyens de productions et d’échanges, qui dans un premier temps, passe par des nationalisations sans contrepartie pour les propriétaires qui possèdent les moyens de productions, pour sauver les emplois, les outils et les savoirs faire…

 

Nous proposons de créer une alternative politique collectiviste et collective, à la politique individualiste et capitaliste de sape des usines et des services publics livrés à la finance et au dogmatisme européen, mais aussi pour sauver les capacités et les compétences historiques des travailleurs, avec comme point de départ, puisqu’il en faut un, notre région Nord-Pas-de-Calais… une étape laboratoire.

 

Nous proposons à celles et ceux qui veulent nous rejoindre, adhérents ou non à un parti, une association ou un syndicat… de progrès social, auxquels ils sont fidèles… de devenir des opposants farouches et déterminés à la droite, à l’extrême-droite et à la social-démocratie et à tous les bras du capitalisme et du pouvoir financier qui accablent les masses populaires et laborieuses et font reculer la société.

 

Nous n’avons ni la crainte des agences de notations du grand capital ni la crainte du spectre malfaisant de l’Europe ultralibérale entraînée dans une folie destructrice par les monopoles financiers et les firmes capitalistes, ni la crainte des politiciens et de leurs arrangements… car aujourd’hui ou demain, nous n’avons rien d’autres à perdre que nos chaînes… comme les travailleurs grecs, espagnols ou italiens refusent de devenir des larbins du capitalisme et des banques qui pillent sans relâche ni contrôle.

 

L’indignation n’a pas d’avenir, même si chacun à raison d’être indigné, la résistance ne suffit plus, même si résister reste nécessaire.

 

Désormais il nous faut passer à l’étape de la bataille idéologique de terrain : nous sommes une classe en soi, préparons le passage à une classe pour soi, avec une offensive organisée, disciplinée et de terrain sur la base des réalités des masses populaires et laborieuses et des quartiers populaires en proie à la ghettoïsation, à la ségrégation, à l’individualisme et à la survie informelle.

 

Soyons debout, soyons volontaires, soyons déterminés à vaincre… puisqu’en face de nous se dressent des forces politiques et capitalistes, organisées et puissantes, composées d’élites, qui pour ne pas prendre sur les profits et maintenir cette division de notre classe sociale, restent sourdes aux revendications légitimes exprimées par des masses populaires et laborieuses à bout.

 

Nous ne pouvons pas ou plus admettre que, derrière la richesse apparente, derrière le faste des voitures de luxe, derrière les enseignes qui brillent et les gratte-ciel des firmes, derrière l’égocentrisme de l’aristocratie républicaine qui utilise une démocratie de pacotille au service des nantis du capitalisme… des millions de personnes souffrent en silence.

 

Et quand elles rompent ce silence, individuellement ou collectivement, elles sont qualifiées de « racailles », de « troublions », de « terroristes », de » voyous », d’«ennemies de la République» ou de « dangereux démagogues ».

 

Le syndicalisme ne suffit plus, même si sa base est sincère, il s’est bureaucratisé à sa tête… il n’invente plus, ne crée, n’analyse plus et n’écoute plus.

 

Ce syndicalisme ralentit ainsi les cycles de luttes d’une base de classe et de masses qui tente de pousser mais qui est tenue loin de la barricade voire même est exclue des débats élitistes : même le syndicalisme historique de la classe ouvrière s’est réformé et se contente désormais de son habit historique, mais ce bel habit (qui ne fait pas le moine) tombe en guenille puisqu’il n’est plus entretenu depuis 30 ans après s’être dénaturé en supprimant de ses statuts, le principe de la socialisation des moyens de productions et d’échanges et le socialisme comme seule alternative au capitalisme.

 

Quant aux forces à la gauche du PS, elles sont minées par l’opportunisme et le « politiquement correct », poussant beaucoup d’entre nous à être très méfiants, ne comprenant pas pourquoi ces forces politiques revendiquées à gauche de la social-démocratie sont incapables de s’entendre pour créer l’unité et passer à une véritable offensive collective sur des bases réellement de classe et de masses : tel est le constat que nous avons fait, pendant que les travailleurs prennent de plus en plus de coups chaque jour. [Et les dernières élections italiennes confortent ce point de vue… quitte à avoir des clowns, les italiens ont voté pour un clown populiste sans se soucier qui en réalité, se cachait derrière le fard et le nez rouge]

 

Que dit le KKE (le PC grec) :

- « Les travailleurs qui souffrent doivent prendre une décision. Ils doivent prendre conscience de leur force et avancer dans un esprit de lutte, vers la rupture, jusqu'au bout. Sinon, ils se trouveront piégés, face à un mur »

- « La classe ouvrière n'a pas valorisé tout son immense pouvoir qui réside dans son organisation de classe, sa conscience politique et idéologique »

 

Que dit le KKE à propos des fascistes :

- « L'Aube dorée, ce sont les troupes de choc nazies du système. Et, en ce sens, elle est au service de tous ceux qui veulent continuer l'offensive contre notre peuple. Il nous faut les isoler de la société, afin qu'ils ne puissent se trouver parmi les travailleurs »

 

Les travailleurs et les masses populaires ne supportent plus d’être trahis ni d’être délaissés ni d’être écartés, et nous sommes arrivés à la conclusion que ces forces de luttes sont volontairement laissées dans le flou comme une armée mexicaine, pour de basses raisons de tactiques politiciennes.

 

Comme en politique le vide n’existe pas, nous voulons combler cet espace « des laissés pour compte et des trahis » [ces majoritaires ne sont plus écoutés voire se sentent regardés comme une minorité gênante], pour rassembler des forces de progrès social dans un Front Populaire Antilibéral Unifié au sein de la région NPDC.

 

La situation nationale est grave, un très grand nombre de travailleurs pâtit de la plus longue crise de l’histoire du capitalisme, le rapport entre les classes s’aiguise. Cette situation ne peut être réglée, ni par des réformes et des taxes nouvelles, ni avec des emplâtres ou des remèdes de gourous bonimenteurs, car il est impossible de guérir le mal capitaliste en le soignant avec le mal capitaliste, lequel nous emmène fatalement vers la mort sociale, la misère de masse et le servage renaissant, le terreau fertile au fascisme montant et visible.

 

Quant à la situation internationale, elle est juchée de guerres, de coups d’Etat financiers, et de coups bas sur fond de vengeance et de reconquête des territoires libérés du colonialisme mais pas libérés du capitalisme donc toujours menacés par le pillage impérialiste avec ses ingérences et ses dérives racistes et xénophobes.

 

Notre monde actuel est divisé en deux classes qui s’affrontent : celle des exploités face à celle des exploiteurs, mais aussi en deux camps que tout oppose : celui des impérialistes à la tête des pays riches avec comme patron les USA, contre celui des anti-impérialistes qui agissent pour la défense de la paix, de la souveraineté et des peuples opprimés.

 

Les guerres « contre le terrorisme religieux » ou au nom de « la démocratie » ne sont que des leurres destinés à cacher la vérité : car la vérité est révolutionnaire et elle doit être cachée par des artifices et des duperies.

 

Nous refusons tout compromis avec ceux (le patronat « plutôt Hitler que le Front Populaire ») qui furent bourreaux des peuples puis alliés des assassins de nos martyrs et des unités de waffen-ss… et nous refusons de renier ceux qui furent les héros et les vainqueurs de la barbarie nazie dans les faubourgs de Stalingrad puis de Berlin. L’histoire est ce qu’elle est, mais les faits sont têtus et une barricade n’a que deux côtés.

 

Nous voulons préparer avec et, la classe ouvrière et les travailleurs à accomplir sans relâche ce qui est leur tâche historique, c’est pourquoi il est important de faire appel et écho chaque jour, de toutes les ressources d’initiatives créatrices de cette classe.

 

Notre tâche organisée est de tirer les masses populaires pour les unifier afin qu’elles interviennent partout et dans toutes les affaires sociales, économiques et politiques, n’en déplaise aux politiciens qui nient les réalités de la lutte des classes ou la ralentissent pour ne pas être débordés.

 

Aussi, nous devons organiser l’unité de combat, et cimenter l’action commune des ouvriers, des travailleurs, des masses populaires précarisées et des quartiers populaires, en dénonçant les théories des sociaux-démocrates et des libéraux qui perpétuent l’idée que le capitalisme est le seul système qui produit une amélioration des conditions de vie… car ces théories mensongères ne sont dites que pour atténuer les contradictions de classe et la lutte des classes elle-même.

 

Mettons tous les charlatans de la politique politicienne devant leurs propres contradictions, pour faire avancer la démocratie afin qu’elle passe de son état bourgeois actuel qui ne sert que les nantis, à l’état de démocratie populaire qui servira les masses populaires et laborieuses en priorité.

 

Nous ne pouvons ignorer la paupérisation de masse, et la situation oblige à lutter contre les effets de la libre exploitation capitaliste qui ne font que s’aggraver. Nous devons donc travailler à l’unité organisée de nos propres rangs en la renforçant avec les classes embourgeoisées ou moyennes appauvries (attirées par le FN - soyons en conscients) par des années de duperie et de rêverie

 

L’important est de faire admettre et de montrer aux larges masses de la nécessité d’un changement de cap de la politique générale qui soit une antithèse au fascisme montant, et surtout une source de progrès démocratique et social qui améliorera les conditions d’existence et repoussera l’exploitation de l’homme par l’homme.

 

« Prolétaires de tous pays, unissez-vous », car un peuple qui en opprime un autre ne peut pas être libre comme une classe opprimée ne pourra jamais être libre sans se débarrasser de son oppresseur.

 

Chers-es amis-es et camarades, il est clair et avéré, que nous ne pouvons que compter que sur nous-mêmes et sur notre propre force pour se débarrasser du rouleau compresseur qui avance et écrase tout sur son passage, broyant des droits, des histoires, des pans, mais aussi des familles… nous devons détruire la machine qui prépare le terrain favorable à la pire des dictatures des exploiteurs, qu’est le fascisme.

 

Nous sommes en capacité de proposer et d’organiser une réunion pour débattre de la création collective de cette force alternative démocratique,disciplinée et centralisée, capable de s’opposer fermement à la doctrine capitaliste et au mutisme institutionnel des partis attentistes, avec comme objectifs : unir, inventer, créer, innover, organiser, solidariser et solidifier… une véritable riposte collective et déterminée à cette politique libérale de destruction organisée de nos vies, de nos droits, de nos emplois, de nos moyens de productions et d’échanges… dans la région Nord-Pas-de-Calais. L’avenir est entre nos mains, c’est un choix de société à décider ensemble, pour nous et entre nous, car personne ne le fera à notre place.

 

Salutations militantes à toutes et tous. La Cellule Ouvrière du Bassin MinierOuest du Pas-de-Calais

Le 09 Mars 2013

Nous sommes en capacité de proposer et d’organiser une réunion pour débattre de la création collective de cette force alternative démocratique, disciplinée et centralisée, capable de s’opposer fermement à la doctrine capitaliste et au mutisme institutionnel des partis attentistes, avec comme objectifs : unir, inventer, créer, innover, organiser, solidariser et solidifier… une véritable riposte collective et déterminée à cette politique libérale de destruction organisée de nos vies, de nos droits, de nos emplois, de nos moyens de productions et d’échanges… dans la région Nord-Pas-de-Calais.

 

Notre avenir collectif est entre nos mains, c’est un choix de société à décider ensemble, pour nous et entre nous, car personne ne le fera à notre place.

 

Des camarades nous demandent depuis des mois de nous révéler au grand jour, ce sera chose faite. 

 

A renvoyer sur : comibase@gmail.com

 

 

En renvoyant ce coupon, j’accepte le principe d’une réunion pour débattre de ce projet :

 

Nom :................... Prénom : .............. Ville :....................... Email :............................

Téléphone:...................... Structure:.................


 

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9 mars 2013 6 09 /03 /mars /2013 23:42

Samedi 9 mars 2013

Auteur : par Texte du M’PEP

 

rubon348Le 7 avril 2013, peu de Français le savent encore, un référendum aura lieu en Alsace. La question posée sera : « Approuvez-vous le projet de création, en Alsace, d’une ‘‘Collectivité Territoriale d’Alsace’’, par fusion du Conseil Régional d’Alsace, du Conseil Général du Bas-Rhin et du Conseil Général du Haut-Rhin répondant aux principes d’organisation énoncés ci-joints. »

Les grands médias nationaux et les partis politiques, pour l’instant, gardent le silence sur ce référendum dont les enjeux sont pourtant considérables. Ils considèrent que le problème est régional, qu’il ne concerne que l’Alsace, et qu’il n’y a donc pas lieu d’organiser un débat national. C’est une grave erreur car le référendum du 7 avril en Alsace a une portée politique éminemment nationale.

 

Son enjeu doit devenir clair pour tous les Français : allons-nous mettre le doigt dans un engrenage qui vise à broyer la démocratie française, remettre en cause le principe sacré de l’égalité des citoyens, éliminer la souveraineté populaire et nationale, créer de grandes régions appelées « euro-régions » contournant l’État-nation et directement branchées sur les oligarques de Bruxelles, livrer nos territoires au marché ?


La décision de tenir ce référendum a été prise le 24 novembre 2012, après plusieurs années de procédures, lors du second congrès d’Alsace qui a réuni tous les conseillers régionaux et généraux de la région. Rappelons que le conseil régional et les deux conseils généraux du Haut et du Bas-Rhin ont des présidents UMP. Le projet de créer un « Conseil territorial d’Alsace » a été adopté par 108 voix pour, 5 voix contre et 9 abstentions. La droite, essentiellement l’UMP, a voté pour, comme les élus d’Europe-Écologie-Les-Verts, les « indépendants », une partie des socialistes (8 voix) et le Front national comme le reste de l’extrême droite. Les autres membres du groupe socialiste se sont partagés entre le vote contre (5 voix) et l’abstention (9).


Sur le plan local, le PCF, le PG, le M’PEP, le POI, le PRCF et d’autres organisations politiques appellent à voter « non » ou à s’abstenir le 7 avril. Les organisations syndicales CGT et FO ont également fait connaître leur opposition, notamment parce que la compétence réglementaire souhaitée par la future collectivité, si elle voit le jour, aurait inévitablement pour effet des dérogations au code du travail.


La fusion d’un conseil régional et des conseils généraux qui composent la région est autorisée par la loi du 16 décembre 2010 portant « réforme des collectivités territoriales ». Son article 29 stipule que « le Gouvernement ne peut donner suite à la demande que si le projet de fusion recueille dans chacun des départements concernés l’accord de la majorité absolue des suffrages exprimés, correspondant à un nombre de voix au moins égal au quart des électeurs inscrits ».

 

Cela signifie que pour battre le « oui », tout va compter : le « non », évidemment, mais aussi les blancs, les nuls, les abstentions. L’article 29 précise également que la fusion, en cas de victoire lors d’un référendum, ne prendra effet qu’après une « loi qui détermine son organisation et les conditions de son administration  ». Si le « oui » l’emportait le 7 avril, par malheur, cette fusion n’interviendrait probablement pas avant 2015. La loi du 16 décembre 2010 prévoit en outre l’obligation d’organiser un référendum local avant toute évolution de la structure des collectivités territoriales.


Ce référendum en Alsace est la première étape du processus lancé par Nicolas Sarkozy du temps de sa présidence. En 2008, le funeste « comité Balladur » avait été mis sur pied (« comité pour la réforme des collectivités locales »), qualifié de « chantier prioritaire » par l’ancien président de la République. Ses travaux devaient déboucher sur la loi du 16 décembre 2010. Celle-ci s’inscrit dans la casse de la démocratie française inaugurée par Nicolas Sarkozy quand il avait refusé de reconnaître la victoire du « non » au référendum de 2005 sur le traité constitutionnel européen. Désormais les quatre niveaux de l’organisation administrative : commune – département – région – État sont dans la ligne de mire des européistes de tous poils pour être remplacés par une centralisation technocratique du pouvoir : structures intercommunales – métropoles – grandes régions – Commission européenne. Le gouvernement de François Hollande, dans un arrêté du 5 février 2013, a fixé la date du référendum au 7 avril.


Les raisons données officiellement par les dirigeants UMP de la région Alsace pour justifier la fusion du conseil régional et des deux conseils généraux semblent relever du bon sens. Qui pourrait, en effet, à première vue, être contre leurs arguments : simplification, efficacité, transparence, réalisation d’économies, performance et rayonnement régional ? En fait, la création de la Collectivité territoriale d’Alsace aboutirait exactement au contraire des ambitions proclamées. Une immense usine à gaz verrait le jour, lourde, centralisée et inefficace, loin des citoyens et de leurs besoins, opaque, diluant l’Alsace dans une euro-région constituée du Bade-Wurtemberg et du nord de la Suisse.


Ce référendum en Alsace va donc jouer le rôle d’un laboratoire pour tester les possibilités de démembrement de la démocratie française et de la République.


Pour lire la suite ou imprimer, cliquez ci-dessous :
http://www.m-pep.org/spip.php?article3224

 


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3 mars 2013 7 03 /03 /mars /2013 12:16

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LA DEMOCRATIE EST UNE FICTION


"Pour les capitalistes, écrit Hervé Kempf, la société est un une collection d’individus qui se trouvent dans une boule et son unique mission consiste à en tirer un maximum de profit. Pour les capitalistes, l’individu est séparé des autres, est en concurrence permanente avec eux. Dans cette vision, ce qui est commun n’est plus le peuple, mais le marché. Pour cette raison les gens ont tant de difficultés à se sentir un citoyen qui participe à un processus commun à tous. »

Et, bien évidemment, cela a d'énormes conséquences de civilisation.


M.

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« L’autorité publique est aux mains du système financier » Hervé Kempf

 

Vous démontrez avec des exemples innombrables comment le monde glisse vers une sorte de régime autoritaire dont l’intention unique est de maintenir les privilèges d’une caste, l’oligarchie. Cela vous amène à une conclusion socialement et politiquement dramatique : la fin possible de la démocratie.


herve_kempf_8.jpgL’oligarchie est la définition d’un régime politique. L’oligarchie est un concept inventé par les grecs aux IVe et Ve siècle av. J.-C. Les grecs ont défini les façons selon lesquelles les sociétés humaines pouvaient être gouvernées : la dictature, le despotisme, la monarchie, la tyrannie, la démocratie, qui est le pouvoir du peuple pour le peuple et par le peuple, et ensuite ils ont défini une autre forme de gouvernement qui est précisément l’oligarchie. L’oligarchie est le pouvoir aux mains de peu de personnes. Ce que je dis alors c’est que, au moins en Europe, nous glissons vers l’oligarchie. Le système politique actuel fait qu’un groupe de peu de personnes imposent ses critères au reste de la société.

 

Vous suggérez que nous sommes dans une phase de post-démocratie dans laquelle, avec l’objectif de se maintenir au pouvoir, l’oligarchie maintient une fiction démocratique.


Bien sûr. L’oligarchie répète sans cesse que nous sommes dans une démocratie et que tout est parfait. C’est une fiction. Même les intellectuels ont oublié le concept d’oligarchie et contribuent à nourrir la fiction. Tous les intellectuels en syntonie idéologique avec le capitalisme ont maintenu l’idée selon laquelle existaient seulement deux alternatives : ou la démocratie, ou le totalitarisme. Cela pouvait être compris au début à travers deux exemples : dans les années ’30 avec Hitler, ou dans les années ’50 ou ’60 avec l’Union soviétique, on pouvait dire qu’il était précis d’opter entre la démocratie et ces deux dictatures. Mais cela est fini : depuis la chute du Mur de Berlin en 1989 et le naufrage de l’Union Soviétique, nous passons à un autre ordre. Mais les intellectuels qui sont au service du capitalisme ont persisté dans l’idée selon laquelle il y a seulement deux chemins : ou la dictature, ou la démocratie.

 

C’est pourquoi il est important que le concept d’oligarchie soit bien présent pour comprendre que, progressivement, la démocratie nous a été volée. Les pays européens, et beaucoup plus les États-Unis, ont glissé vers un régime oligarchique où le peuple n’a déjà plus de pouvoir. La démocratie européenne est malade, elle s’est beaucoup affaiblie, et s’oriente de plus en plus vers l’oligarchie. En revanche, les États-Unis ont arrêté d’être une démocratie : c’est une oligarchie, parce que c’est l’argent qui détermine les orientations des décisions politiques. En réalité, l’oligarchie est une démocratie qui fonctionne seulement pour les oligarques. Dès qu’ils se sont mis d’accord entre eux, ils imposent les décisions. Nos systèmes ne peuvent plus s’appeler démocratie, parce que la puissance financière détient un pouvoir démesuré. L’autorité publique est dans les mains du système financier. Les pouvoirs publics ne prendront jamais de décision que puisse nuire aux intérêts économiques, aux intérêts de l’oligarchie financière. Nous devons accepter l’idée que ceux qui ont les rênes du pouvoir politique de l’État ne prennent pas de décisions pour le bénéfice de l’intérêt général. Leurs décisions peuvent aller à l’ encontre de l’intérêt public.

 

Ce raisonnement implique que la souveraineté populaire a disparu, comme idée et comme pratique.


Effectivement. Déjà il n’y a plus de souveraineté populaire. Quand le peuple arrive à réfléchir, à discuter et à délibérer ensemble et prend une décision, l’oligarchie va contredire la décision populaire. En 2005 il y a eu en Europe un grand débat autour d’un référendum qui à la fin a été organisé en France et ensuite en Irlande et aux Pays-Bas sur un projet de traité de Constitution européenne. Pendant six mois, la société française a discuté de ce sujet comme elle ne le faisait pas depuis de nombreuses années. Les médias, appuyant la philosophie capitaliste, disaient « il faut voter oui, il faut voter en faveur du traité ». Mais le peuple français a voté « non ». Et qu’est-il arrivé ensuite ?

 

Presque deux ans plus tard les gouvernements d’Europe ont imposé ce traité avec quelques légères modifications sous le nom de Traité de Lisbonne. Il y a eu alors une trahison extraordinaire de la volonté populaire. Nous retrouvons cet exemple dans d’autres endroits. Sans aller plus loin, en 1991, en Algérie, les islamistes ont gagné les élections législatives, mais les militaires ont interrompu le processus par un coup d’État qui a mené le pays vers une guerre civile épouvantable. Autre exemple : en 2005 les palestiniens ont voté pour choisir leurs députés. C’est le Hamas qui a gagné. Cependant, tous les États, des États-Unis jusqu’à l’Europe, en passant par Israël, ont choisi d’ignorer le Hamas parce qu’ils le considèrent comme une organisation terroriste.

 

On n’a pas respecté le vote du peuple palestinien. Le peuple en tant que tel est le cœur de la démocratie c’est-à-dire le principe à partir duquel tous partageons quelque chose. Le peuple n’est pas vous, Michel ou moi, mais tous ensembles. Nous partageons quelque chose et nous devons prendre une décision conjointe. Nous formons un corps, c’est pourquoi on dit « le corps électoral ». Mais ce qui est arrivé en Europe en 2005 marque une rupture profonde avec le peuple.

 

Cependant, entre l’idée d’oligarchie qui existait au début du XXe siècle et maintenant, il y a eu aussi une coupure radicale dans ce groupe.


Oui. Il y a eu une évolution de l’oligarchie. Maintenant nous pouvons parler des déviations de l’oligarchie poussée par l’évolution même du capitalisme. Durant les trente dernières années le capitalisme s’est transformé. Tout commence en 1980, quand Ronald Reagan gagne les élections présidentielles aux États-Unis et Margaret Thatcher arrive au pouvoir en Grande-Bretagne. À partir de là, non seulement s’est concrétisé un capitalisme orienté vers la spéculation financière, mais aussi une une transformation culturelle, anthropologique a eu lieu. La philosophie capitaliste s’est répandue avec ce message : « La société humaine n’existe pas ».

 

Pour les capitalistes, la société est un une collection d’individus qui se trouvent dans une boule et son unique mission consiste à en tirer un maximum de profit. Pour les capitalistes, l’individu est séparé des autres, est en concurrence permanente avec eux. Dans cette vision, ce qui est commun n’est plus le peuple, mais le marché. Pour cette raison les gens ont tant de difficultés à se sentir un citoyen qui participe à un processus commun à tous. Le système a occulté une donnée : le phénomène fondamental qui s’est produit au sein du capitalisme au cours des trente dernières années fut l’augmentation de l’inégalité, dans tous les pays, y compris les pays émergents.

 

Nous sommes dans une phase cruciale de crise. Il n’y en a déjà plus une, mais plusieurs, et toutes se concentrent en même temps. La réponse de l’oligarchie est proportionnelle à l’intensité de ces crises : l’autoritarisme et la répression comme réponse.


Nous sommes dans un moment très délicat de l’humanité. La crise écologique s’aggrave de plus en plus et les crises sociales s’accroissent : Europe, États-Unis, les pays arabes, la Chine et Inde. Et face à l’augmentation des protestations populaires, l’oligarchie tend à aller vers une direction de plus en plus autoritaire, répressive, militaire. C’est ainsi en France, en Italie, en Angleterre, aux États-Unis, au Canada. Dans chacun de ces pays nous avons vu le développement impressionnant des technologies policières (caméras de surveillance, fichiers informatiques, etc.). Nous affrontons un double danger : non seulement que la démocratie se dirige vers l’oligarchie mais, aussi, que l’oligarchie, le capitalisme en général, entrent dans une phase autoritaire, insistant sur des sujets comme la xénophobie, l’insécurité ou la rivalité entre les nations. L’oligarchie ne veut pas adopter des mesures pour pallier à la crise écologique ou pour diminuer l’inégalité. Non. Ce que l’oligarchie veut, c’est conserver ses privilèges fondamentaux. C’est une oligarchie destructrice. Je crois qu’elle ne comprend pas la gravité de la situation. Au lieu d’évoluer, l’oligarchie est chaque fois plus réactionnaire.

 

Aujourd’hui il y a un nouvel élément, qui sera sans doute déterminant : la crise écologique, la crise climatique. Cependant, peu sont ceux qui sont disposés à relever les défis.


Nous sommes dans un moment essentiel de l’histoire humaine, pour deux raisons. En premier lieu, nous traversons un moment de notre histoire dans lequel l’humanité arrive aux limites de la biosphère. L’espèce humaine s’est répandue et développé à travers de la planète en s’appuyant sur une nature qui nous semblait immense et inépuisable. Mais maintenant l’ensemble de l’espèce humaine découvre que la planète a des limites et qu’il est nécessaire de trouver un nouvel équilibre entre l’activité et la créativité humaines et les ressources. Nous devons changer de culture et passer de l’idée selon laquelle la nature est inépuisable à la réalité que nous mettons en danger ces ressources. Il nous reste à apprendre à les économiser et à les utiliser avec sagesse et prudence. En cela, se joue un changement de culture. Le deuxième en importance, est que nous nous trouvons au moment où nous formons une société humaine. Avant nous étions comme des étrangers les uns avec les autres. Là non.

 

Même si à Río de Janeiro on vit d’une façon différente qu’à Paris, à Londres ou Shanghai, il y a beaucoup d’éléments communs qui nous amènent à prendre conscience que nous appartenons au même monde. La mondialisation non seulement est en compétition avec la mondialisation de la culture ou de l’économie, non, mais aussi atteint la population humaine. Nous découvrons que nous avons des intérêts communs. Les problématiques de l’oligarchie ou de la démocratie se jouent aussi en « Amérique Latine [El Correo propose « Latinoriginaire », parce que il faut intégrer et non diviser, comme le fait ce concept raciste et ségrégationniste] », en Asie et en Europe. Nous sommes la même société. C’est un nouvel élément dans l’histoire de l’humanité. Mais cette nouvelle société doit réécrire, inventer une nouvelle façon de vivre avec la biosphère et les ressources naturelles. Si nous n’arrivons pas à le faire, cette société humaine ira vers le chaos, la concurrence et la violence [nous y sommes déjà au Moyen Orient et Afrique NDLT]. Il n’y aura pas seulement du désordre, l’aventure humaine s’arrêtera.

 

Pour vous, il ne peut pas y avoir un renouvellement de la démocratie si la question écologique n’est pas prise en considération.


L’écologie et la démocratie sont inséparables. Si nous regardons vers les années 70, quand le mouvement écologique a pris son impulsion, il l’a fait avec une critique de la démocratie. La démocratie a toujours été dans le cœur de l’écologie. Mais ensuite le capitalisme a dérivé vers l’oligarchie et nous ne sommes déjà plus dans une situation démocratique. Le capitalisme et l’oligarchie poussent toujours vers la croissance économique. Mais aujourd’hui nous savons que cette croissance économique fait des dommages importants à l’environnement. Nous ne savons pas produire de la croissance économique sans détruire l’environnement, sans émettre du gaz avec effet de serre, sans détruire les forêts comme dans l’Amazonie, ou sans produire d’énormes quantités de soja comme en Argentine, pour lequel des tonnes de pesticides sont utilisés. La croissance permet qu’on oublie l’énorme inégalité qu’existe. La croissance permet de calmer les tensions sociales. Le développement de l’oligarchie, c’est-à-dire, le délire d’un petit nombre de personnes pour s’enrichir d’une manière colossale, pousse à la croissance et, en même temps, à la destruction de la nature. C’est pourquoi la question démocratique est essentielle. Nous devons arriver à une situation où nous pouvons discuter et réussir à diminuer l’inégalité et, ainsi, pouvoir redéfinir ensemble une économie juste qui ne détruit pas l’environnement.

 

En somme, toute reformulation de l’idée et du principe de démocratie passe par l’écologie.


Effectivement : il est impossible de penser le monde si nous oublions de la question écologique. Ce sujet n’est pas exclusif des Européens ou des occidentaux, non, c’est une question mondiale. Le sujet du changement climatique, le sujet de l’épuisement de la biodiversité ou de la contamination sont des sujets mondiaux. Il est impossible de penser à l’émancipation humaine, à la dignité humaine, à la justice sociale, à l’évolution vers une humanité réalisée dans laquelle chaque personne pourra exprimer ses potentialités par rapport aux autres, dans le concret, rien de cela ne peut être pensé si sont laissées de coté , la nature et la relation avec la biosphère. La situation actuelle est grave à cause de la crise écologique mais aussi pleine d’espoir. Nous avons dix ou vingt ans devant nous pour organiser la transition et permettre aux jeunes du futur qu’ils imaginent une société harmonieuse. Si dans 10 ans nous ne contrôlons pas la contamination, si dans 10 ans nous ne réussissons pas à l’empêcher l’évolution dictatoriale du capitalisme, nous allons tout droit vers des situations très difficiles.

 

http://www.internationalnews.fr/article-l-autorite-publique-est-aux-mains-du-systeme-financier-herve-kempf-115708684.html

 

 

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