Ainsi donc, d’après notre ventriloque premier ministre qui fait dans la prosopopée, « Jean Jaures aurait voté le pacte de responsabilité ».
C’est bien aimable à lui !
Notre médecin légiste de la politique droitière donc, fait non seulement parler les morts, sorte d’autopsie du cadavre historique, mais de plus les fait agir…
Bref, fait dans la rhétorique de cimetière.
Il est vrai que quand on est furieusement libéral et atlantiste, s’approprier une figure de gauche décomposée, la faire parler et agir à sa place n’a que des avantages : non seulement elle ne risque pas d’ouvrir sa gueule et de porter la contradiction, mais en plus elle permet de s’offrir un argument d’autorité gratos et un petit vernis socialiste à peu de frais.
Il faut dire que le pantin Valls aime se faire manucurer la mimine gauche tandis que sa main droite nous vient dans la tronche.
A ce jeu-là et vu l’état de la culture historique en ce pays on aurait tort de se gêner et de ne pas soutenir que Martin Luther King ou Mandela auraient voté Jean-Marine Lepen, que Gandhi aurait validé les guerres d’Irak de Libye de Syrie et tutti quanti, que Léon Blum aurait porté la retraite à 70 ans et pris sa carte à la CFDT, tandis que De Gaulle aurait signé direct le traité transatlantique en embrassant les ricains sur la bouche alors que Chavez votait Flanby sans même le démouler en 2017.
Mais quitte à s’approprier les morts, on peut aussi bien, à l’inverse, s’accaparer les vivants et jurer que Valls aurait rejoint Franco durant la guerre d’Espagne, que Sapin aurait collaboré avec les nazis en 40 et que François Hollande aurait fait une politique de gauche en France si un Geerd France avait été élu en Hollande.
Bref, si ma tante en avait, on l’appellerait mon oncle.
Surfer sur les âmes de nos héros, instrumentaliser à coups de scalpel médiatique, Jeanne d’Arc, Jean Moulin ou Guy Moquet, faire de la tambouille historique, de « la guerre c’est la paix » et de la novlangue pour les nuls, permet à nos politiques charognards de vendre leurs fadaises tout en dévalorisant tout et en nourrissant allègrement le grand n’importenawak.
Quitte à être gouverné par des morts vivants en pleine pourriture pourquoi ne pas installer directement le gouvernement au panthéon.
Aux grand hommes la patrie reconnaissante, aux petits, la patrie méprisante !
TG.Bertin - formation de philo - consultant en com - chargé de cours à Paris 4 - Sorbonne - Auteur Dilettante, électron libre et mauvais esprit.
http://rue-affre.20minutes-blogs.fr/archive/2014/06/28/manu-ventriloque-901339.html