Par Superno
Oui, je sais, je ne suis pas très prolixe en ce moment. Ma situation personnelle n’est déjà pas hypra folichonne. Mais ce n’est rien à côté de ce que l’actu nous assène au quotidien.
Certains essaient de nous faire croire qu’il ne s’agit que d’une “crise”, c’est-à-dire un phénomène conjoncturel, passager, un mauvais moment à passer, avant que…
Avant que quoi, au fait ?
Le déclencheur de ce billet, c’est la navrante conférence de presse de Judas Hollandréou, signataire du traité Merkozy qui nous enferme dans le carcan budgétaire des banksters, et qui, devant le constat d’échec le plus cru, ne renonce absolument pas à sa politique ridicule, mais au contraire, avec le mariage homo pour exception qui confirme la règle, se transforme en Raffarin au petit pied.
Hollandréou est de droite. Il a abandonné toute résistance et jeté le masque. Il pourra dire ce qu’il veut, les “journalistes” pourront employer toutes les circonvolutions habituelles (“social-démocrate”, “social-libéral” (on se demande bien ce qui peut rester de “social”, d’ailleurs) ou “centriste’, ce ne sont là que des synonymes pour “de droite”, et “qui n’assume pas”.
Entendre notre président “socialiste” expliquer qu’il va falloir travailler plus longtemps “parce qu’on vit plus longtemps”, reprenant la phraséologie nauséabonde de la droite patronale, tout en l’accompagnant de l’antienne libérale “de toute façon, on n’a pas le choix”, il faut vraiment se pincer très fort.
Toute la France devrait être dans la rue. Et pourtant… au-delà du trucage des chiffres, il est évident que les curetons moyenâgeux anti mariage homo étaient considérablement plus nombreux que les manifestants du “Front de Gauche”. La véritable contestation est toujours au FHaine. Qui ne manifeste pas, mais qui vote…
On veut sortir de ce système de merde !
Ce constat, beaucoup le font. Même parmi les “socialistes”. Les “journalistes”, qui s’ennuient à force de commenter du vent suggèrent leurs solutions vendeuses de papier et d’analyses à deux balles : il faut un remaniement ! Ça ressemble un peu à la branlette frénétique des Duhamel et consorts un an ou deux avant les législatives de 1986 sur la “cohabitation”.
Un remaniement, vous vous rendez compte ? Remplacer une andouille impuissante par un imbécile impuissant, quelle belle idée ! Allez, soyons positif, on pourrait même remplacer une andouille impuissante par un mec brillant. Mais cela n’empêcherait pas qu’il soit tout de même impuissant. Tu prends Usain Bolt, tu lui mets un boulet de 20kg à chaque cheville, un bandeau sur les yeux, tu lui fais boire un litre de whisky, fumer un pétard, tu lui enfiles un T-Shirt siglé “Commission Européenne, BCE, FMI et Goldman Sachs” et tu demandes à Laurent Joffrin de commenter sa tentative de battre le record du 100 mètres dans ces conditions.
Pour nous achever, les “journalistes” ont lâché quelques noms. Accrochez-vous : Louis Gallois ! Le patron auquel on a demandé ce qu’il voulait et dont on s’étonne qu’il ait réalisé quelques rêves de patrons… Et puis surtout… Pascal Lamy ! Le vampire de l’OMC ! Quand je pense que certains voyaient Mélenchon à Matignon pour remplacer cet invertébré de Zayrault… Comment peut-on être à ce point à côté de la plaque ?
D’autant qu’en agitant l’idée de remaniement, certains cloportes sortent de la vase. Quand j’entends des apparatchiks du P”S” comme Rebsamen ou Le Roux, je me demande tout simplement comment on peut encore croire à cette politique.
Et puis de la vase sont aussi sortis quelques cloportes de droite, que l’on croyait pourtant enfouis à tout jamais. À l’occasion de cette lamentable histoire des casseurs dégénérés du QSG, on a soudain entendu des Morano, Hortefeux, Balkany (Balkany, bordel !) crier au laxisme. Pauvres imbéciles ! Hontes de la politique ! Vous n’avez pas fait assez de mal ? Vous ne vous êtes pas encore assez couverts de ridicule en étalant votre connerie la plus crasse pendant 5 ans ? Ouste, à la niche !
Et ces “journalistes”, qui leur tendent le micro, accréditant ainsi l’idée que la seule alternative aux traîtres incapables du P”S” seraient les neuneus cyniques et tout aussi incapables de l’UM”P”. Si le seul espoir de se débarrasser de Hollandréou en 2017 c’est Sarkozy, peut-on légitimement s’interroger sur la nécessité d’un changement politique radical, que certains baptisent très pertinemment “coup de balai” ?
Ils prétendent tous, depuis 40 ans, qu’ils veulent “créer des zemplois”. Et tous, depuis 40 ans, obtiennent le résultat inverse. Cette semaine j’ai entendu Borloo, le type qui a monté l’UDI avec tous les losers de l’UMP, crier dans ce but à la nécessité d’une “union nationale” pour mettre en œuvre des “mesures indispensables sur lesquelles tout le monde est d’accord”. Et la première de ces mesures était selon lui la “baisse des charges®”.
Borloo, dont au passage on aimerait bien connaître le patrimoine (histoire de relativiser celui de Cahuzac ou de Fabius), c’est le mec qui te tape sur la gueule à grands coups de marteau, et qui, constatant que ça saigne, te propose comme une évidence de taper encore plus fort pour te guérir.
Et puisqu’on en est aux fantômes, il faudra bien un jour juger cette clique mafieuse qui a ruiné la France entre 2007 et 2012. C’est bien joli de parler de Bettencourt, de Karachi ou de Kadhafi, mais il faudrait secouer le cocotier un peu plus fort et ne pas se contenter des billevesées de Claude Guéant. Guéant était tout de même le bras droit et l’éminence grise de Sarkozy. Il ne faudrait pas non plus qu’il lui serve de fusible, dans le plus pur style de la Chiraquie. Si Guéant a touché 500 000 euros, combien a touché son patron ? Car il faut aussi arrêter avec ces bisounourseries sur les “financements de campagne”. Si financement politique il y a, il est forcément accompagné d’enrichissement personnel.
Dans un autre genre, vous avez Georges Tron. Non-lieu. Information reprise par l’ensemble de la presse bêlante. Sauf par Mediapart, qui a lu le réquisitoire, accablant. Cette affaire ressemble furieusement à celle de DSK-Banon. Impossible de prouver un viol (ce qui ressortait pourtant de l’accusation), et inutile de juger une agression sexuelle, qui serait prescrite. Le réquisitoire balaie par ailleurs la thèse de Tron selon laquelle il serait victime d’une théorie du complot.
Et fort de ce “non-lieu”, Tron va être à nouveau investi par l’UMP (Union pour les Massages de Pieds ?) pour les municipales de 2014. Il n’a d’ailleurs jamais renoncé à son poste de maire. Pour ceux qui penseraient néanmoins que Tron puisse avoir une place dans la politique française, rappelons que c’est ce zigoto qui avait embauché sa cousine en 1995 pour la fameuse mise en scène de Balladur qui fait du stop, et qui est resté près de 20 ans dans un logement social parisien de la Chiraquie, (tu croyais peut-être qu’il allait habiter la banlieue dont il est maire ?) alors même qu’il était député puis secrétaire d’État.
À propos de municipales, terminons ce “printemps des cons®” avec David Douillet. Oui oui, lui qui a été un judoka exceptionnel, mais qui a raté à peu près tout le reste et montré ses limites intellectuelles de façon si flagrante, fait toujours de la politique. Et n’avait pas trouvé d’idée plus stupide que de se présenter à la mairie de Rouen, ville dont il est originaire. Heureusement les locaux se sont rebellés, et l’affaire semble tombée à l’eau. Mais rien que d’en avoir eu l’idée, le mal était fait.
Bon, revenons-en à la “crise”.
“Créer des zemplois®”, qu’ils disaient. J’ai découvert en regardant “Envoyé Spécial” ce jeudi ce qui se cache derrière les “drives” des hypermarchés. Ces machins fleurissent aussi en Lorraine, mais j’avoue que je ne m’étais pas spécialement intéressé au sujet, essayant plutôt de trouver le moyen de laisser le moins de pognon possible dans ces temples de la con-sommation. C’était assez instructif. Au lieu d’aller sur place pousser ton caddie® au milieu de quelques milliers d’autres blaireaux qui se bousculent au milieu des allées criardes où se dégueulent les produits de l’industrie mondialisée, tu prends ton PC (ou plutôt ta tablette, c’est plus tendance et ça fait encore un produit à la con de plus chez toi) et tu tapotes : une boîte de petits pois au bisphénol, un paquet de yaourts au bifidus qui rend obèse, des dosettes de café à prix d’or, un flacon de roundup cancérigène, du PQ, des lasagnes au cheval, du raisin du Chili, des fraises d’Espagne sans goût (mais avec pesticides), 6 bouteilles en plastique remplies d’eau et des tampax.
Tu cliques, tu paies, et voilà ! Bon déjà, tu as dû passer à peu près autant de temps devant ta machine que tu aurais passé dans le magasin, mais passons. Au bout d’un moment, tu es averti que tu peux venir chercher tes machins. Alors tu prends ta bagnole et tu vas au magasin. Ben oui, faut quand même aller au magasin. Mais tu ne fais pas la queue. Un esclave intérimaire sous-payé vient déverser tes merdes dans le coffre de ta Hyundai 4x4 diesel, quêtant le pourboire. Tu ne lui en donnes pas, évidemment, puisqu’il faut payer les traites du 4x4, et mettre de côté pour acheter le nouveau modèle de tablette (ou de Hyundai). Et tu rentres chez toi pour mater la dernière vidéo de Nabila ou la saison 4 de je ne sais quelle sous-merde de série américaine, en te félicitant du temps que tu as gagné.
Et entre le moment où tu as passé ta commande et celui où tu es venu ouvrir ton coffre, que s’est-il passé ? C’est simple : l’intérimaire en question a cavalé dans le magasin, guidé par un boulet électronique au poignet, pour aller chercher tes merdes et les coller à ta place dans le caddie, en y passant trois fois moins de temps que toi. Surveillé par sa machine, houspillé par son cheffaillon, viré s’il n’atteint pas les objectifs, cet esclave est pourtant fier d’avoir trouvé un de ces fameux “zemplois”. La grande distribution en revendique quelques milliers grâce à ce système. Tout en expérimentant sans doute déjà des entrepôts entièrement automatisés où des convoyeurs robotisés feront le boulot à la place des intérimaires.
Mais enfin ou va-t-on ? C’est quoi ce monde de merde ? Puisque des hypermarchés milliardaires sont capables de payer des néo-esclaves pour faire un tel “boulot”, ne serait-il pas temps de réfléchir à imposer le “revenu de base”, qui dispenserait des êtres humains de faire un boulot aussi ridicule et dégradant ?
Car le libéralisme, c’est aussi l’explosion de ces boulots de merde. Avec la complicité active de nos politicards nullissimes, qui sont les premiers à se féliciter de ces “créations d’emploi”. Qu’y a-t-il de plus vulgaire que ces notables UMPS qui viennent inaugurer un entrepôt Amazon, ces champs de coton modernes ? En ne parlant que des zemplois d’esclaves créés, passant pudiquement sous silence ces librairies qui ferment, l’argent public qui a subventionné le machin, et les bénéfices qui s’évaporent dans les paradis fiscaux…
Il y a aussi d’autres boulots, intellectuellement plus intéressants, mais encore plus mal payés. Ça se passe dans le pays que l’Europe tout entière désigne comme son modèle : l’Allemagne. Tenez, lisez cet article de rue89, avec un sac à vomi à proximité, on ne sait jamais.
Au passage, la nouvelle qui a mis la classe politico-journalistique en transes, c’est la nouvelle que la France est en “récession”. –0,1% de croissance sur le premier trimestre 2013. Alors écoutons les politicards, sacrifions encore ce qui reste de notre “modèle social”, et on fera peut-être comme l’Allemagne : +0,2%…
Si votre sac à vomi n’est pas encore rempli, regardez donc les images et lisez le texte édifiant de rue89 sur le “pillage” du magasin Virgin des Champs Elysées, en dépôt de bilan, et qui soldait tout son stock à 50%. L’auteur se laisse aller, et traite les dégénérés que l’ont voit sur les images de “charognards”. Ce serait oublier que les vrais charognards sont indispensables au fonctionnement du cycle naturel de la vie. Ceux-là sont aussi inutiles que nuisibles. Ces scènes d’orgies décadentes ne sont d’ailleurs pas si étonnantes, on voit les mêmes au moment des soldes (il y a même eu un mort piétiné aux Etats-Unis), mais elles illustrent tellement bien l’individualisme et la bêtise con-suméristes, deux autres valeurs du libéralisme.
Non, il n’y a pas de “crise”. C’est un système qui va durer. La “croissance”, c’est fini. Il va bien falloir trouver autre chose.
A l’appui de cette idée, je vous propose d’aller lire ce petit article de banksters.fr qui s’appuie sur 10 graphiques simples pour dresser un tableau implacable de l’avenir qui nous attend. Il parle des Etats-Unis ? Qu’importe. Remplacez simplement “Etats-Unis” par “Europe”, il ne doit pas y avoir grand chose d’autre à changer. Tout est pareil, jusqu’aux politiciens incapables…
http://www.superno.com/blog/2013/05/le-desespoir-le-plus-noir/