Le révisionnisme et la haine de l’autre ont encore frappé. Dans la nuit du 24 au 25 juin, à Marseille, sur le square qui porte son nom, la stèle dédiée à Missak Manouchian et ses 22 camarades a été profanée du signe de la croix gammée. Un acte insupportable, immédiatement dénoncé par la Jeunesse arménienne de France (JAF).
Dans un communiqué, elle rappelle « que le Groupe de Résistance Manouchian était composé d’apatrides, d’origine arménienne, polonaise, bulgare, tchèque, espagnole et italienne, de tradition religieuse catholique, apostolique ou juive, tous émigrés en France après la Première Guerre mondiale, suite au génocide des Arméniens de 1915, aux pogroms d’Europe centrale, à la guerre civile espagnole et à la montée du fascisme en Allemagne et en Italie ».
La JAF souligne qu’ils « ont sacrifié leur vie pour la liberté de la France et des Français que nous sommes aujourd’hui. ». La profanation du monument élevé à leur gloire et à leur souvenir est « un signe supplémentaire que le racisme est toujours présent parmi nous, actif et militant, parfois de manière évidente, par le signe abject tracé sur le monument, parfois de manière insidieuse, sous le couvert d’une prétendue défense d’une identité nationale, qui passe sous silence que celle-ci a été aussi construite et défendue par des femmes et des hommes aussi issus de l’émigration ».
Pour l’association arménienne, « tracer aujourd’hui la croix gammée sur un monument dédié à des résistants arméniens, juifs, italiens, tchèque ou bulgare, c’est reconnaître que l’on veut substituer à une France et une Europe de la fraternité, de la liberté et de l’égalité une France et une Europe de la déportation et des fours crématoires ».
Appel pour le transfert des cendres au Panthéon
La Jeunesse Arménienne de France directement issue de Missak Manouchian, et l’association des anciens combattants d’origine arménienne s’insurgent « contre cette insulte à la mémoire des fusillés du Mont Valérien par les héritiers, aujourd’hui, à Marseille et ailleurs, de l’idéologie nazie ». Elles demandent à toutes les organisations qui partagent les mêmes valeurs de liberté, de tolérance et de résistance au racisme de s’unir à sa protestation et de se joindre à l’appel lancé par des parlementaires « pour le transfert des cendres du Groupe Manouchian au Panthéon ».
La Marseillaise, le 26 juin 2014