C’était quand même beaucoup mieux maintenant. Vue depuis la Bastille sur Grenoble, Seyssinet, Seyssins, Première image en 1913 et ci dessus récemment.
En 1973, des communes de l’agglomération grenobloise se regroupent dans le SIEPARG (Syndicat intercommunal d’étude et de programmation pour l’aménagement de la région grenobloise).
En 1994, le SIEPARG se transforme en communauté de communes sous le nom de Grenoble Alpes Métropole (la Métro).
En 2000, la Métro se transforme en
communauté d’agglomération.
En 2005, elle prend en charge la gestion de la collecte des déchets.
Au premier janvier 2014, la Métro passera de 28 à 49 communes, suite à la fusion avec la communauté de communes du Sud-Grenoblois (autour de Vizille) et celle des Balcons Sud-Chartreuse. Elle regroupera 440 000 habitants.
Au premier janvier 2015, la Métro obtiendra le statut de métropole, comme treize autres agglomérations françaises.
Véga – RUG : la Métropole va grandir
Depuis un mois, un nouveau syndicat mixte est né, répondant au doux nom de Véga, et réunissant la Métro et le Pays voironnais. Son objectif est d’être « un nouvel outil entre les mains de la Métro et du Pays voironnais pour décupler le développement économique de la région urbaine à travers des projets et des réalisations communes ». Bref il s’agit d’une première extension administrative de la métropole, en attendant la suite. Car il y a fort à parier que celle-ci englobera le Grésivaudan, le Trièves, la Bièvre-Valloire et le Sud-Grésivaudan, territoires tous présents dans le Scot (Shéma de cohérence territoriale) de Grenoble, dirigé par le président de la Métro Marc Baietto. Pour désigner cet ensemble, on parle de plus en plus de « Région urbaine grenobloise » ou RUG, une notion à la mode qui prépare les esprits à la nécessité future d’être administrés à cette échelle-là. À moins que l’on passe directement à une administration centrale du Sillon alpin (d’Annemasse à Valence), dont le « pôle métropolitain » actuel serait une préfiguration (voir Le Postillon n°11).
« Incohérence de la chaîne institutionnelle et découragement des salariés »
De nombreux salariés de l’actuelle Métro sont sceptiques sur le futur agrandissement de la communauté de communes. Nicolas Khaletzky, secrétaire général de la CGT Métro, affirme : « Je suis très dubitatif sur le succès de cette future fusion au niveau du fonctionnement et des conditions de travail du personnel. La Métro c’est une collectivité très jeune construite à la va-vite. En moins de quinze ans elle est passé de 80 à 800 emplois, avec des bases très fragiles notamment dues au fonctionnement arbitraire imposé aux services durant des années par l’ancien directeur général (...). Tout le monde a pris de mauvaises habitudes (...) Il est très difficile de faire du syndicalisme à La Métro car la logique individualiste est très ancrée. Mon travail quotidien c’est de rappeler aux agents la base, c’est-à-dire que l’union fait la force. Depuis 2002 en moyenne, on a eu une réorganisation tous les deux ans. à chaque fois on nous dit que la dernière fois c’était raté mais que là ça va aller mieux. Aujourd’hui encore, on n’arrive pas à savoir qui décide quoi, et surtout pourquoi. (...) La direction semble trop souvent n’avoir que deux cartes dans son jeu et elle les joue systématiquement : d’abord l’inaction et le pourrissement, puis le passage en force en prétextant qu’il faut bien faire quelque chose et que, vraiment, ils ont tellement concerté pour en arriver là qu’ils ont forcement raison (…). Le pire c’est que ça marche, en tout cas à court terme. Personne ne veut se mobiliser sur rien. Il y a une incohérence et une inefficacité criantes de la chaîne décisionnelle qui sont responsables d’une bonne part du découragement et de la démotivation des agents. »
« On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pourquoi faire ? »
En juillet dernier, Jean-Marc Uhry, maire PS de Poisat et vice-président à la Métro en charge de l’environnement, a décidé de rendre sa délégation, en confiant au Daubé (06/07/2013) : « Cette décision a été longuement mûrie. Mais le déclic s’est produit quand le président de la Métro Marc Baietto et le maire de Grenoble Michel Destot ont été reçus par le préfet qui voulait savoir ce qu’ils comptaient faire avec le Plan de protection de l’atmosphère. Et ils ont décidé à cette occasion, sans concertation et accessoirement sans demander mon avis, du report du plan en septembre 2014, soit après les élections municipales. (…) Je sens donc qu’il n’y a pas de volonté politique de s’attaquer au problème de la pollution atmosphérique ».
On l’a donc appelé pour avoir son avis sur la métropolisation, s’il pensait qu’elle allait améliorer la qualité de l’air... : « Je ne vois pas sur quoi repose ce Big is beautiful. On dit que ça va faire des économies, rationaliser mais rien ne le prouve. Ça va surtout créer une technostructure hypertrophiée, dirigée par des techniciens plus que par les politiques comme c’est déjà un peu le cas à la Métro. Une plus grosse machine, un système extrêmement lourd et extrêmement antidémocratique. On n’a toujours pas compris : une métropole, c’est pour quoi faire ? Pour le bien être des habitants il faut faire des actions sur l’eau, sur l’air, sur la circulation, sur les forêts. Il n’y a pas besoin d’une métropole pour ça. On peut très bien développer des coopérations entre communes sans monter une grande structure antidémocratique. Je pense que certains voient surtout la métropole comme un lieu de pouvoir un peu impérialiste, qui leur permettra de tout planifier, de prendre de l’ampleur. »
Destot se place
Durant les débats parlementaires estivaux autour du vote de la loi sur la Métropole, Destot a défendu « la mise en place du suffrage universel comme mode d’élection des conseillers métropolitains ». Sous une allure démocratique, cette revendication est surtout un stratagème pour espérer prendre la tête de la Métropole en 2015. Plus connu que Baietto et que tout homme politique local, le futur-ex-maire de Grenoble (il vient d’annoncer sa décision de ne pas briguer la mairie en 2014) aurait en effet plus de chances d’arriver au pouvoir métropolitain par le suffrage universel plutôt que par le mode de désignation actuel.
Métropoles uniformes
Métropole Nice Côte d’Azur, Rennes Métropole, Chambéry Métropole, Angers Loire Métropole, Saint-Étienne Métropole... : on peut supposer que personne n’a été payé pour trouver les noms de ces nouveaux grands ensembles, quoiqu’on sache que la banalité rapporte gros aujourd’hui. L’uniformité des noms de ces nouveaux machins en dit long sur l’uniformité de la vie qui y règne. Dans toutes les métropoles de France et de Navarre, on a les mêmes nouveaux « écoquartiers », les mêmes architectures, les mêmes « espaces multimodaux », les mêmes Grand Stade, les mêmes caméras de vidéosurveillance, les mêmes agences de communication, les mêmes start-up, les mêmes lignes de tramway, les mêmes centres d’art contemporain, les mêmes commerces, presque les mêmes « marques » (OnlyLyon, PlayGrenoble, Montpellier Unlimited), etc.
Une métropole n’est pas une ville
« Nous parlons de ville, mais la ville a changé. À peine peut-on donner ce nom aux débâcles de béton qui finissent par engloutir plusieurs villes », constatait déjà Bernard Charbonneau en 1969 dans Le jardin de Babylone. Ce qui est en train de se construire entre Valence et Genève n’a rien à voir avec une ville : c’est une grande banlieue, une succession de grands ensembles, de zones pavillonnaires, de centres commerciaux, de zones industrielles et de rond-points. Avec les inconvénients de la campagne et de la ville, la métropole se caractérise surtout par une absence d’âme, et se voue à la raison économique. Autant les villes « d’avant » ont souvent permis de multiples formes de subversion, autant les métropoles modernes sont dominées par le règne du conformisme.
Plus aucun espace aménageable
La mauvaise foi de Philippe De Longevialle, n’a pas de limites. Pour justifier la densification de la ville, l’adjoint au bétonnage grenoblois avait montré au Daubé (19/03/2012) « une maquette fidèle à Grenoble au XIXème siècle : ‘‘On voit bien que la question de la densité est liée au ressenti, à l’époque, il n’y avait pas un seul jardin, un seul espace vert’’ ». Comme si la densité urbaine actuelle était comparable à celle du Grenoble du dix-neuvième siècle, petite ville fortifiée entourée d’immenses champs et vergers parsemés de quelques fermes et hameaux. Aujourd’hui, il n’y a plus un espace libre dans la Métro : « On arrive un peu à une pénurie de terrains libres aménageables, confirme Stéphane Bonomi [NDR : responsable du service Aménagement opérationnel] à la Métro.
Et certains terrains sont soumis à des risques d’inondation en cas de crue, comme c’est le cas pour les projets de Pré Charron à Domène et de Technovillage à Muriannette. D’ailleurs si ces terrains ne sont pas urbanisés à l’aube du XXIème siècle, c’est qu’il y a une raison » (Le Daubé, 6/04/2013).