Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
  • Contact

comité pour une nouvelle résistance C N R 06

Rechercher

Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

17 novembre 2013 7 17 /11 /novembre /2013 09:51

http://cache.20minutes.fr/img/photos/20mn/2011-05/2011-05-06/article_parc-solaire-toulouse.jpg

 

En Europe, la transition vers des sources d’électricité renouvelables se heurte à un obstacle de taille : le réseau de lignes à haute tension, mal adapté aux flux intermittents issus des parcs éolien et solaire. Sa modernisation et son aspect technique masquent un choix politique : l’énergie est-elle un bien commun nécessitant des infrastructures d’intérêt public ou une marchandise devant circuler dans toute l’Union ?

par Aurélien Bernier, mai 2013

Produire soi-même, grâce au vent ou au soleil, l’énergie que l’on consomme : ce rêve d’autonomie et de durabilité, plusieurs générations d’écologistes l’ont fait, un peu partout sur la planète. Mais il aura fallu attendre les négociations internationales sur le climat, à la fin des années 1990, et — surtout — l’augmentation du prix des combustibles fossiles, au cours de la décennie suivante, pour que les énergies solaire et éolienne se développent fortement.


Désormais, le concept d’autonomie énergétique n’est plus une lubie de militant Vert. En France, des collectivités, comme la communauté de communes du Mené, dans les Côtes-d’Armor, en font un objectif affiché. Ce territoire breton de six mille cinq cents habitants souhaite, selon l’un des responsables du projet, « parvenir à 75 % d’autonomie en 2020 et à l’autosuffisance en 2030 pour les consommations privée, publique et professionnelle (1) ». Un réseau de « territoires à énergie positive » réunit des collectivités locales qui déclinent à leur échelle les principes de la démarche négawatt : sobriété, efficacité et développement des énergies renouvelables. Au niveau européen, le projet « 100 % RES Communities », lancé en avril 2012 pour une durée de trois ans, doit permettre d’expérimenter des politiques locales de l’énergie allant dans le même sens. Mais, pendant ce temps, l’Union européenne et ses Etats membres suivent une tout autre voie, qui pourrait annuler les bénéfices du solaire et de l’éolien — lesquels ne sont pas les seules sources d’énergies renouvelables (lire « Déploiement à deux vitesses »).

Du vent dans les tuyaux

Une caractéristique fondamentale distingue les générateurs d’électricité éoliens et solaires des centrales nucléaires, au fioul, au gaz ou au charbon. Puisqu’une éolienne tourne lorsque le vent souffle, et que les panneaux solaires convertissent un maximum d’énergie lorsque le ciel est dégagé, ces deux énergies s’avèrent, par définition, intermittentes et aléatoires : leur production, discontinue, ne peut se planifier précisément. Le taux de charge, c’est-à-dire le rapport entre la production réelle et la production théorique que fournirait un générateur s’il fonctionnait à pleine puissance tout au long de l’année, s’élève à environ 25 % pour le parc éolien français. Quant au solaire photovoltaïque, il produit environ 15 % de sa puissance maximale installée ; un chiffre qui varie selon les années, en fonction des conditions météorologiques. A l’inverse, le taux de charge des centrales alimentées par des combustibles fossiles frôle les 75 %.


En outre, les générateurs éoliens et solaires exploitent une énergie primaire locale, qui varie fortement d’un territoire à l’autre. Pour obtenir des rendements élevés, il vaut mieux les implanter dans des zones géographiques adaptées. Les régulateurs du système énergétique doivent donc composer avec la concentration des équipements dans des régions suffisamment exposées au vent ou au soleil.

Pour les gestionnaires de réseaux de distribution, chargés de fournir en temps réel au consommateur l’électricité dont il a besoin, ces caractéristiques ne sont pas négligeables. Que faire du courant produit si les éoliennes fonctionnent la nuit, lorsque la demande est faible ? Comment répondre aux pointes de consommation en hiver si l’on ne peut pas compter sur les capacités de production renouvelables ?

Le principal système de subvention retenu par les gouvernements européens contraint de surcroît les gestionnaires de réseaux à racheter aux producteurs le courant d’origine renouvelable à des tarifs incitatifs, supérieurs au prix moyen de l’électricité d’origine fossile ou nucléaire, pour une durée de l’ordre de quinze à vingt ans. Mais il laisse aux producteurs et aux distributeurs le soin de s’adapter pour faire face à cet afflux d’énergies intermittentes.


Ceux-ci doivent par ailleurs mettre en place des capacités d’appui dites de backup : puisqu’il est impossible de savoir si une installation éolienne ou solaire fonctionnera lorsqu’on en aura besoin, il faut disposer en parallèle d’une capacité de production mobilisable à tout moment. Les centrales de backup, démarrées ou arrêtées en fonction de la production éolienne ou solaire, brûlent du charbon, du fioul ou du gaz, et émettent donc des quantités importantes de dioxyde de carbone.


D’autre part, comme les territoires les plus favorables aux renouvelables ne sont pas nécessairement ceux qui consomment l’énergie produite, il est nécessaire de la transporter, parfois sur de longues distances. Ainsi, en Allemagne, les éoliennes de grande puissance se concentrent en mer du Nord, tandis que les plus forts besoins de consommation sont ceux des Länder du Sud, comme la riche Bavière. Dans la logique commerciale qui motive la plupart des développeurs d’énergies renouvelables, il faut donc construire de nouvelles lignes électriques qui traversent le pays du nord au sud, sans quoi une partie des kilowattheures produits seront perdus (2).


L’excès d’énergie d’origine renouvelable en période de faible demande conduit même à la formation de prix négatifs sur les marchés : à plusieurs moments au cours de l’année, les distributeurs d’électricité, obligés par contrat de racheter l’énergie renouvelable aux producteurs, doivent payer pour qu’on les débarrasse de cette encombrante marchandise. Les gestionnaires de centrales hydroélectriques, actuellement seuls à disposer de capacités significatives de stockage d’énergie (en remontant l’eau dans les barrages), en retirent les bénéfices en absorbant cette surproduction... pour la revendre ensuite au prix fort en période de pointe.


La réalisation des nouvelles infrastructures de transport et de distribution allemandes conditionne la réussite de l’Energiekonzept, le très ambitieux plan national de développement du renouvelable adopté par Berlin en juillet 2011. Mais la facture des quatre mille cinq cents kilomètres de lignes à très haute tension nécessaires à la reconfiguration du réseau s’élève à 20 milliards d’euros, et les investisseurs sont rares. Les populations des territoires traversés par ces lignes s’y opposent fortement, comme dans le Land de Thuringe, ce qui ralentit ou bloque les procédures d’autorisation. Dès lors, l’une des priorités de l’Etat fédéral est de les simplifier. Après avoir longtemps cru que les énergies renouvelables étaient synonymes d’autonomie accrue et de relocalisation, les citoyens déchantent. Et ils ne sont pas au bout de leurs déceptions : le cas allemand ne fait que préfigurer la stratégie européenne, basée sur le libre-échange et la libre concurrence.


A partir de 1997, l’application de la directive 96/92/CE, qui entend établir « des règles communes concernant la production, le transport et la distribution d’électricité », a permis de morceler et de déréguler, voire de privatiser, ce qui, le plus souvent, était un service public (3). En 2004, la mise en œuvre de la directive 2003/55 / CE a conduit à l’ouverture totale des marchés nationaux du gaz.

 

Aujourd’hui, l’Union européenne aborde le deuxième acte de la création du marché unique de l’énergie : « permettre la libre circulation du gaz et de l’électricité »,et inciter les régulateurs nationaux et les gestionnaires de réseaux à« intensifier leurs travaux dans le domaine du couplage des marchés (4) ». Dans cette stratégie, les énergies renouvelables servent de caution, tout comme la « solidarité » entre Etats.


Le 18 décembre 2012, la Commission européenne a adopté un projet de règlement sur les réseaux transeuropéens d’énergie qui vise à accélérer l’obtention des autorisations pour les travaux d’interconnexion. Des subventions existent pour ces infrastructures « d’intérêt commun » qui« favoriseront la durabilité environnementale, seront avantageuses pour les citoyens européens, et créeront de l’emploi et de la croissance pour les entreprises et les citoyens », selon le rapporteur du texte, le socialiste portugais António Correia de Campos (5). Dans ce monde merveilleux du libre-échange énergétique, les parcs solaires d’Espagne peuvent exporter en France leurs excédents de production ; l’énergie des éoliennes allemandes peut alimenter la Belgique ou la Pologne au gré des conditions météorologiques... et des prix du marché.


L’interconnexion de réseaux de plus en plus vastes, mixant des sources d’énergie aux caractéristiques variées, nécessite une gestion fortement centralisée. Dès l’année 2000, les régulateurs des vingt-sept Etats membres de l’Union, de la Norvège et de l’Islande formaient le Conseil des régulateurs européens de l’énergie (Council of European Energy Regulators, CEER) afin d’accompagner « la création d’un marché intérieur de l’énergie unique, compétitif, efficace et durable ». Le CEER s’est doublé en 2009 d’une Agence de coopération des régulateurs de l’énergie (Agency for the Cooperation of Energy Regulators, ACER) chargée d’émettre des avis techniques, ainsi que de surveiller les marchés de l’électricité et du gaz, et, en partie, des infrastructures transfrontalières.


Cette européanisation des modes de gestion s’appuie sur des innovations technologiques. Dans le secteur de l’électricité, la mode est aux smart grids, des réseaux informatisés que certains n’hésitent pas à qualifier d’intelligents (6). Ils pourront piloter les centrales traditionnelles, des parcs éoliens ou solaires, utiliser les batteries de véhicules électriques pour stocker du courant, mais aussi agir sur les appareils domestiques. Les ménages qui donneront leur accord pourront voir le gestionnaire du réseau couper durant quelques minutes l’alimentation de leur ballon d’eau chaude ou de leur radiateur en période de pointe de consommation. Certains proposent même de développer une tarification dynamique de l’électricité (7). La distinction entre heures pleines (en journée) et heures creuses (la nuit) pratiquée par Electricité de France céderait la place à une tarification en temps réel, qui suivrait les variations des coûts de production. Pour tenter d’optimiser sa facture, l’utilisateur devra s’intéresser de près au cours du kilowattheure sur les marchés boursiers.

Solutions locales de stockage

Mais les plus visionnaires en matière d’énergies renouvelables et de libéralisation sont peut-être les dirigeants de l’entreprise Bouygues Construction, filiale de la multinationale française. Anticipant la fin des services publics de l’énergie, de l’eau et des déchets, ils développent un projet baptisé Autonomous Building Concept (ABC). Il s’agit de« bâtiments pensés et construits pour être indépendants des réseaux collectifs », qui « produiront leur propre énergie, seront moins gourmands en eau et recycleront l’essentiel de leurs déchets ».M. Gaëtan Desruelles, directeur général adjoint innovation et construction durable de Bouygues Construction, pense à la collectivité, qui, « dans une période où les investissements publics vont devenir plus difficiles à financer », verra d’un bon œil ce « principe d’autonomie permettant des économies importantes et un coût global environnemental plus satisfaisant (8) ». Ou comment l’une des plus puissantes entreprises mondiales — particulièrement polluante — s’apprête à rendre possible le rêve de certains écologistes... au prix d’un renoncement à la notion même de service public.


Les opposants aux énergies renouvelables ne manquent pas de dénoncer les aberrations provoquées par ces conceptions très libérales de leur développement. Pourtant, il serait tout à fait possible de procéder autrement. Un soutien public intelligent porterait en premier lieu sur les économies d’énergie et, dans le domaine de la production, se répartirait mieux entre les sources intermittentes (éolien, solaire...) et les autres énergies renouvelables (méthanisation, bois, géothermie, marémoteur, etc.). Des solutions locales de stockage (hydrauliques, calorifiques, à air comprimé...) permettraient de concevoir des systèmes répondant aux besoins et aux spécificités des territoires. Tout cela ne coûterait sans doute pas plus cher que les grands projets européens d’interconnexion, qui nécessiteront d’investir 200 milliards d’euros d’ici à 2020. Mais il faudrait pouvoir compter sur un véritable service public de l’énergie. Celui-là même que l’Union européenne s’attache à ruiner et que les Etats renoncent à préserver.


Aurélien Bernier

Auteur de Comment la mondialisation a tué l’écologie, Mille et une nuits, Paris, 2012.
Source: 
http://www.monde-diplomatique.fr/squelettes/images/logotyfa.png

Partager cet article
Repost0

commentaires