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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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comité pour une nouvelle résistance C N R 06

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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

10 juillet 2013 3 10 /07 /juillet /2013 07:39

Le 9 juillet 2013.


Le 27 juin dernier, Médiapart organisait un débat filmé entre Pascal Canfin, ministre délégué chargé du Développement, ancien eurodéputé EELV et Cédric Durand, universitaire, qui a coordonné un essai intitulé En finir avec l’Europe qui évoque la sortie de l’euro (éditions La Fabrique) [1].


Face aux politiques d’austérité menées par les gouvernements des pays membres de l’Union européenne, l’idée de la sortie de l’euro et de l’Union européenne progresse dans les opinions publiques. Depuis quelques mois, des voix se font entendre à gauche qui rejoignent cette opinion.

  • en Allemagne : Oskar Lafontaine, un des fondateurs du parti de gauche allemand Die Linke, s’est prononcé pour l’abandon de l’euro [2] ;
  • en Grèce : l’un des dirigeants de Syriza a fondé un nouveau parti en faveur de la sortie de l’euro [3] ;
  • au Portugal : le parti communiste s’est prononcé pour une rupture d’avec l’euro [4].
  • en Espagne : les jeunesses communistes se prononcent pour la sortie de l’euro, ainsi que des personnalités dont l’ancien président d’Attac Espagne.

Au sein de la gauche française, les prises de positions se sont également multipliées :

  • en février, la tendance du PCF "Faire vivre le communisme" a déposé une motion pour la sortie de l’euro et de l’Union européenne au congrès du Parti communiste français ;
  • en mai, l’économiste Frédéric Lordon s’est clairement positionné pour la sortie de l’euro [5] ;
  • toujours en mai, les éditions La Fabrique ont publié un livre intitulé En finir avec l’Europe, sous la direction de Cédric Durand, livre auquel un écho certain a été donné ;
  • en juin, Bernard Cassen, président d’honneur d’ATTAC, a publié un texte dans lequel il dénonce le « conservatisme » de la gauche de gauche [6].

Cette liste n’est pas exhaustive et vient allonger celle déjà existante des personnalités et des organisations de gauche qui, en plus du M’PEP, défendent cette idée (Jacques Sapir, Attac Bruxelles, le PRCF, les Clubs « Penser la France », etc.). Il semble qu’un tabou tombe et qu’il est enfin admis de débattre de la sortie de l’euro.


En réaction, se sont multipliées à gauche des prises de position contre la sortie de l’euro et de l’Union européenne. D’une manière parfois virulente :

  • au cours du congrès du Parti de gauche en mars, Christophe Batardy, dirigeant PG en Loire-Atlantique déclare que sortir de l’euro « serait s’inscrire dans une ligne nationaliste » [7].
  • le 14 avril un article publié sur le site du Parti de gauche amalgame sortie de l’euro et Front national [8] ;
  • le 18 juin, sur le site de la revue Économie et politique, l’économiste Paul Boccara (PCF), publie avec d’autres un article contre la sortie de l’euro [9]. Ces derniers y déclarent que la sortie de l’euro est « une illusion démagogique et dangereuse » ;
  • le 25 juin, sur le site du quotidien l’Humanité, Pierre Ivorra explique que le retour aux monnaies nationales serait un « chacun pour soi » égoïste [10].
Dans ce contexte, le débat organisé par Médiapart semble - au premier abord - comporter deux anomalies

Pascal Canfin explique que, dans le but de faire émerger l’« Europe sociale », le gouvernement PS-EELV inscrit son action dans la stratégie de la transformation de l’UE « par l’intérieur » en tentant de faire évoluer le rapport des forces en son sein. Or, cette stratégie est celle défendue par le Front de gauche [11] et par les grandes fédérations et confédérations syndicales (à travers la CES notamment) [12].


Cédric Durand est membre du Front de gauche (il est adhérent de la Gauche anticapitaliste qui est une des composantes du Front de gauche). Il serait donc possible d’être au Front de gauche et d’y défendre publiquement la sortie de l’euro et de l’Union européenne ?

Il n’y a cependant pas d’anomalie pour qui sait y regarder de plus près

Dans les faits, le gouvernement PS-EELV applique les politiques libérales d’austérité au nom de la « construction » européenne, comme les gouvernements précédents. Le discours de Pascal Canfin vise à brouiller les cartes. Cette méthode est utilisée régulièrement par les classes dominantes pour faire croire à l’opinion publique qu’elles défendent les intérêts du peuple français dans la jungle libérale. On se souvient de François Hollande et du traité « Merkosy » (et de ce qu’il advint finalement). Plus récemment, on se souvient de la mascarade de « l’exception culturelle » lors des négociations sur le traité transatlantique.


Dans l’essai coordonné par Cédric Durand, les dirigeants du M’PEP sont classés dans la catégorie des partisans d’une « impasse politique souverainiste ou nationaliste ». On nous explique en effet que la reconquête de la souveraineté nationale est une chimère [13]. Dans un article publié octobre 2012 sur le site de Médiapart [14], le même Cédric Durant explique que la reconquête de la souveraineté serait une « logique de repli national, dangereuse en ce qu’elle tend à opposer les différents peuples » et hors de portée du fait d’une mondialisation qu’il considère comme étant irréversible.

Que peut-on en conclure ?

Que si un représentant du gouvernement peut brouiller les cartes comme il le fait sur un grand média – et laisser ainsi croire qu’il est un homme de gauche - c’est que le flou du discours de la « gauche de gauche » sur la question européenne le lui permet. Comme elle, il nous dit concernant l’Union européenne « qu’il est pour mais qu’il est contre ».


Qu’il est permis d’être au Front de gauche lorsqu’on est pour la sortie de l’euro à la condition qu’on ne remette pas en cause le libre-échange. On voit donc sous nos yeux se jouer une opération de récupération. La poussée des revendications anti-Union européenne et anti-euro oblige les différentes organisations politiques à flouter leurs positions en laissant s’exprimer en leur nom des gens qui semblent défendre d’autres idées que « la ligne ». Elles tentent ainsi de donner l’impression qu’elles « collent » à l’opinion publique et se donnent par la même occasion une chance de conserver quelque-chose lors du chambardement politique qu’elles redoutent de plus en plus.


Pour le M’PEP, le libre-échange, la financiarisation de l’économie et la suppression des processus démocratiques par la dissolution des souverainetés nationales dans les carcans des traités supranationaux constituent bien désormais le cœur du problème dans le rapport de force capital/travail. C’est la raison pour laquelle il faut l’attaquer radicalement et prendre un certain nombre de mesures protectionnistes. Toute solution passe donc nécessairement et préalablement par une reconquête de la souveraineté nationale ce que refusent les partis de la gauche englués dans leur européisme béat. Ils refusent de voir qu’il faut se débarrasser de l’Union européenne et revenir au niveau des États-nations où des formes de solidarité sont déjà institutionnalisées, des rudiments de fonctionnement démocratiques sont déjà inscrits et où des luttes victorieuses ont déjà été menées.

Ce n’est pas pour rien si les libéraux et le Medef veulent les détruire. Et cela n’a rien à voir avec un repli sur soit, puisqu’en parallèle nous proposons d’autres relations internationales, fondées sur la solidarité et la coopération et non sur la compétitivité et la concurrence.

Le M’PEP est prêt à prolonger le débat sur Mediapart pour exposer son analyse et clarifier la question de l’indispensable reconquête de la souveraineté nationale.

Notes

[1http://www.dailymotion.com/video/x1...

[2http://www.m-pep.org/spip.php?article3330

[3http://fr.euronews.com/2013/05/19/grece-la-tentation-du-retour-a-la-drachme/

[4http://www.communcommune.com/articl...

[5http://blog.mondediplo.net/2013-05-25-Pour-une-monnaie-commune-sans-l-Allemagne-ou-avec#nh13

[6http://www.m-pep.org/spip.php?article3335

[7http://www.liberation.fr/politiques...

[8http://www.lepartidegauche.fr/actualites/dossier/euro-l-euro-merkel-n-est-pas-une-fatalite-22338

[9http://www.economie-politique.org/41453

[10http://www.humanite.fr/social-eco/la-fausse-solution-de-la-sortie-de-l-euro-et-de-l-544506

[11] Dans son programme « L’humain d’abord », la BCE est conservée et ses missions sont modifiées http://www.pcf.fr/sites/default/files/l-humain_dabord.pdf

[12https://docs.google.com/viewer?a=v&...

[13] « En finir avec l’Europe » page 139.

[14http://blogs.mediapart.fr/edition/l...

 

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/9/93/Logo_du_M'PEP.png/100px-Logo_du_M'PEP.pnghttp://www.m-pep.org/spip.php?article3394

 

 

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6 juillet 2013 6 06 /07 /juillet /2013 17:27
Samedi 6 Juillet 2013 
Face au naufrage de l'Union européenne, Emmanuel Todd et Frédéric Lordon, deux grands adversaires de l'euro débattent d'une possible sortie de crise et en appellent à la souveraineté populaire contre le pouvoir des banques.

http://www.marianne.net/photo/art/default/970924-1149274.jpg?v=1373126118


Marianne : Pourquoi prendre la parole ensemble ? 

Emmanuel Todd : En France est en train de naître une foisonnante pensée
économique contestataire, ainsi que le remarquait Perry Anderson il y a deux semaines
dans les pages deMarianne. Mais, évidemment, les chercheurs qui ont résisté au
conformisme de la pensée zéro sont de fortes têtes, de vrais individualistes.
Cent penseurs originaux divisés n'auront jamais la force de frappe politique
de 100 inspecteurs des finances récitant sans relâche des recettes apprises
sans être comprises il y a trente ans. 

L'urgence, pour la contestation, est donc une unification minimale, un débat
entre dissidents qui aboutisse à un programme commun de sortie de l'impasse.
Et puis les citoyens doivent savoir que Jacques Sapir, Jean-Luc Gréau,
Paul Jorion, Pierre-Noël Giraud, Gaël Giraud, Christophe Ramaux, et Frédéric
Lordon, pour n'en citer que quelques-uns, sont des types compétents et raisonnables,
pas seulement des rebelles, et que réciproquement Moscovici, Sapin et tant
d'autres énarques sont des incompétents déraisonnables.
Avec Lordon, nous ne sommes pas particulièrement proches idéologiquement,
mais nous donnons l'exemple. 

Frédéric Lordon : L'erreur de la mondialisation et de l'Europe libérales
est maintenant écrasante.
Commençons par l'euro. Peut-on sauver cette monnaie ?
L'euro n'est pas une réponse monétaire à une question économique, mais
une réponse à un problème politique : le mur de Berlin vient de tomber,
il faut réancrer l'Allemagne dans l'Europe pour l'empêcher de dériver à l'Est.
Pour faire faire un progrès à l'intégration, après le grand marché,
la suite logique, c'est la monnaie unique. 

L'Allemagne est décisive à tous les titres dans cette affaire : elle est la cause
de la manœuvre d'ensemble... et elle en impose la forme ! Car il faut lui faire
lâcher son deutsche Mark chéri. La contrepartie de ce sacrifice est
un coup de force inouï : l'Allemagne impose à toute la zone euro son
propre modèle de politique économique, tel quel. D'où la banque centrale
indépendante, l'orthodoxie budgétaire, l'obsession de l'inflation, et plus
généralement un modèle inédit de soumission des politiques économiques
nationales à des règles constitutionnelles... renforcées par la surveillance
constante des marchés financiers ! 

La chose très étonnante dans la construction européenne, c'est cette attraction
pour le pire : car le modèle européen des politiques économiques mises
«en pilotage automatique» par les règles allie la perte de toute possibilité
de réaction discrétionnaire à des événements exceptionnels
(comme la crise financière) et la disparition de toute souveraineté politique. 

Au contraire des allégations grotesques de «l'euro, bouclier contre
la mondialisation», je pense qu'il faut dire que l'euro est la réalisation
régionale de la mondialisation libérale. L'euro n'est pas réformable pour
une raison qui prend presque la forme d'un syllogisme : l'euro actuel
consacre l'empire des marchés financiers sur les politiques économiques
et leur primat sur les souverainetés politiques ; un projet de transformation
significative de l'euro n'a donc pas d'autre sens que de briser cette emprise
et de remettre les marchés à leur place ; par conséquent, comment peut-on
imaginer une seule seconde que ces derniers laisseront faire une chose pareille !
Une tempête spéculative se déchaînerait aussitôt qu'un tel projet prendrait
quelque consistance politique. 

Or, on ne refait pas une architecture institutionnelle de l'euro en un week-end
de fermeture des marchés. Il s'en suivra donc nécessairement un retour aux
monnaies nationales. Que faire à partir de là ? On peut très bien en rester
aux monnaies nationales qui constituent des formes économiques parfaitement
viables, au surplus respectueuses du principe de souveraineté populaire.
On peut aussi, et c'est ma position, ne pas renoncer à reconstruire quelque
chose d'autre. Une monnaie commune par exemple - ce qui est très différent
d'une monnaie unique. Avec un petit groupe de pays, dont l'Allemagne ne ferait
pas partie, en tout cas initialement, car elle n'est pas prête à renoncer à son
exceptionnalité monétaire. 

E.T. : Je sens, moi, dans l'euro, un accident historique, un ajout suicidaire
original à la folie financière mondiale. Nous sommes dans un moment
historique tout à fait particulier. Le libre-échange permet dans un premier
temps des taux de profit élevés, mais il crée une pression sur les salaires
qui comprime la demande et conduit le monde à une longue oscillation
entre stagnation et dépression. 

Les gouvernements, pour contrer la dépression, n'ont pas officiellement
renoncé au dogme de la suprématie du marché, mais ils ont, en pratique,
sans le dire, renoncé au libéralisme. Ils tentent de fabriquer de la demande
en distribuant, par la création monétaire, de l' argent frais aux banques,
phénomène qui exprime en fait la toute-puissance de l'Etat - un Etat dominé
par les riches, par la droite, par lui-même, on peut en discuter, mais
certainement pas par idéal libéral, même si les banques peuvent simuler
une activité de marché en faisant joujou avec les signes monétaires
distribués par les Etats. 

Cette mutation du capitalisme en un système de distribution d'argent frais
par l'Etat a pris l'Europe par surprise. L'euro avait été conçu comme
une monnaie à l' ancienne, avec un objectif banal et d'ailleurs insuffisant
de stabilité monétaire. Mais l'euro a de fait placé le pouvoir de création
monétaire - devenu aux Etats-Unis, en Angleterre et au Japon l'instrument
ultime de lutte contre la dépression - hors de portée des Etats européens,
ou plutôt sous le contrôle du plus puissant d'entre eux, l'Allemagne.

Actuellement, l'Allemagne admet en partie le jeu de la création
monétaire par Mario Draghi [président de la Banque centrale européenne], 
mais elle en fait l'instrument d'un chantage permanent sur ses partenaires
plus faibles, exigeant austérité, privatisations, imposant en fait un rituel
sadomaso aux Etats faibles s'ils veulent pouvoir emprunter aux banques -
qui ont elles-mêmes reçu de l' argent de la Banque centrale européenne ! 

La banque centrale est un organe d'Etat, contrôlé par l'Allemagne, et d'ailleurs
situé sur son territoire. Nous ne sommes pas ici simplement dans la dérégulation
financière, nous sommes dans une utilisation politique autoritaire et
néocolonialiste de la dérégulation financière : un système violent,
destructeur de la démocratie, mais loufoque et né accidentellement,
pas un système cohérent comme le suggère Lordon. Le vrai drame,
pour moi, est que cet accident historique réenclenche une dérive
autoritaire de l'Allemagne, et la haine de l'Allemagne qui ne peut
manquer d'en résulter. Dans le sud de l'Europe, nous en sommes déjà là. 

Il ne nous reste donc plus qu'à sortir de l'euro, alors ? 

F.L. : A la différence de l'euro actuel, une monnaie commune laisserait
exister des dénominations nationales, mais dont la convertibilité entre
elles ou avec l'extérieur ne s'effectuerait que par le truchement d'une
(nouvelle !) BCE. Plus de marché des changes intraeuropéens donc
plus de crises spéculatives façon SME des années 80 ; effet d'amortissement
des fluctuations de change externes par la monnaie commune ; possibilité
de réviser les parités intraeuropéennes dans le calme, c'est-à-dire par des
processus de négociation politique : la monnaie commune combinerait en
quelque sorte le meilleur des deux mondes. 

E.T. : Sur la sortie nécessaire de l'euro, je ne peux qu'approuver Frédéric.
Et, sur le plan technique, il a évidemment raison, la monnaie commune
serait le bon concept. Mais je crois que, politiquement, il est trop tard.
L'Europe a une image catastrophique, elle est perçue comme une machine
à ne pas gouverner. Ce dont la France et les autres pays ont besoin, c'est
de se recentrer - comme l' a fait Allemagne depuis sa réunification - sur
l'idée de nation pendant un bout de temps. Nous, Français, avons besoin
de nous retrouver entre nous, avec nos bonnes vieilles luttes des classes,
avec notre fantastique diversité culturelle, avec notre Etat, et notre monnaie.
Nous devons tirer de nos traditions et de notre histoire ce qu'il faut pour
nous en sortir. 

F.L. : J'ai peur que vous n'ayez raison : c'est peu dire que, revenus aux
monnaies nationales, l'énergie politique manquerait pour repartir vers une
nouvelle construction monétaire collective. Mais, personnellement,
je ne veux pas abandonner l'idée de penser quelque chose qui dépasse
le périmètre des nations présentes, même si c'est pour des horizons
temporels éloignés. Je pense qu'il y a de nombreux bons arguments
de puissance qui justifient qu'on n'abandonne pas cette idée. Le premier
est géopolitique bien sûr, mais il y en a d'autres qui tiennent aux bénéfices
culturels des brassages de populations, surtout quand elles ont déjà
autant en commun. 

Une chose est sûre en tout cas : c'est un problème qui ne s'aborde qu'à
partir de la pierre angulaire de la souveraineté populaire, seule manière
qu'une communauté politique digne de ce nom se construise au-delà des
frontières nationales présentes. Ce qui, en passant, signifie bien plus que
les institutions formelles du suffrage. On pourrait dire qu'il y a des
conditions passionnelles de possibilité d'une démocratie
supranationale : en particulier l'existence d'unaffectio societatis 
européen qui l'emporte sur les sentiments d'appartenance nationaux,
et qui rende acceptable pour tous une «loi de la majorité» européenne.

Si une majorité européenne venait à décider, par exemple, la reprise
en main de la BCE et l' autorisation de monétiser les dettes publiques,
les Allemands s'y plieraient-ils ? Pour l'heure, poser la question,
c'est y répondre... 

De même, on peut penser que les Français n'accepteraient pas une loi
européenne de privatisation intégrale de la Sécu, reposerait-elle sur une
majorité formelle. Tant que ces conditions affectives d'une possible
«loi de la majorité» européenne ne sont pas remplies, il est évident que
nos ambitions doivent être plus modestes. 

E.T. : Je le dirais en anthropologue. Les nations européennes sont très
différentes, et elles sont même en train de diverger. L'Europe latine
n'existe d'ailleurs pas plus que l'Europe globale. La famille italienne,
ou espagnole, produit aussi peu d'enfants que la famille allemande,
au contraire de ce qui se passe en France où la fécondité est raisonnable. 

 

Qui serait capable de remobiliser autour d'un tel programme
collectif ? 

F.L. : Evidemment pas la droite, dont les résidus de pensée de la souveraineté
ont été écrasés par sa vocation à servir les puissants du capital mondialisé.
Evidemment pas la chose que, par un abus de langage caractérisé,
on appelle la «gauche», je veux dire le Parti «socialiste»...
dont le néolibéralisme est plus forcené encore. Il faudra bien se
résoudre un jour à constater qu'il n'y a plus aucun titre auquel apparenter
le PS à la gauche. La formidable continuité de la politique économique
après Sarkozy en témoigne assez. Europe, TSCG, non-réforme bancaire,
rapport Gallois : dans le meilleur des cas, c'est pareil, et le plus souvent, c'est pis. 

Je plaide pour une conversion du regard et une rectification des mots qui
priveraient enfin le PS de ses prétentions fallacieuses à se dire de gauche,
et à le voir comme ce qu'il est : la fraction modérée de la droite.
Plus exactement, je dirais que le PS, c'est la droite complexée.
Des fausses alternances entre droite décomplexée et droite complexée,
c'est le FN, bien sûr, qui tire tous les profits. Sauf si une vraie gauche
parvenait à se faire entendre. 

Emmanuel Todd : Je partage ces points de vue. En ajoutant cependant que
je ne perçois pas le Parti de gauche comme tellement plus à gauche que le PS.
Mélenchon n'a pas de programme économique, il amuse les journalistes et
ne convainc pas les électeurs. La priorité pour la gauche française, c'est de
construire un discours fort sur la nation, de réinventer une vision de
gauche de la nation qui balaye la nation ratatinée du FN. 

Nous devons comprendre ce que l'Europe est devenue pour les politiques
et pourquoi ils n'osent pas sortir de l'euro. L'Europe leur permet de fuir
leurs responsabilités, de ne pas gouverner. Un exemple : les hommes
politiques français n'ont aucune envie de gérer les crises de change
qui vont avec la liberté monétaire. Dévaluer de temps en temps,
pourtant dans l'intérêt de la nation, était vécu à chaque fois comme
une défaite. Ruse de l'histoire : la crise de change a été remplacée
par les crises de l'euro, aboutissant à des bouffonneries comme le
contrôle des changes et le pillage de l'épargne à Chypre. L'Europe est
devenue une machine à déresponsabiliser les politiques. La liberté de
la nation les obligerait à gouverner, à travailler : comprendre la monnaie,
définir une politique industrielle, des protections tarifaires... 

Il revient aux intellectuels de construire un projet politique, indépendamment
des politiques, je dirais même contre les politiques. Nous ne devons plus les
conseiller, nous devons les juger. Nous devons surtout proposer à la nation,
en nous concertant entre nous, un nouveau paradigme historique et économique.
Les intellectuels vont devoir parler au peuple directement. 

F.L : A part nos questions de fond, c'est probablement là où j'ai un point de
différence avec Emmanuel Todd. J'ai toujours eu de grandes réserves vis-à-vis
de l'idée du pouvoir des intellectuels. Je crois d'abord qu'ils en ont infiniment
moins qu'ils imaginent. C'est une illusion propre aux intellectuels d'imaginer
que les idées, ou plutôt leurs idées, vont changer la face du monde.
Ca n'est évidemment pas que les idées ne jouent aucun rôle dans l'histoire !
Mais, comme disait Marx, la théorie ne devient une arme que si elle
s'empare des masses. 

Formulation que je modifierais d'ailleurs pour dire "... que si les masses s'en emparent".
Pour en faire ce qu'elles veulent ! Je ne crois pas que les intellectuels puissent
revendiquer un magistère politique, et je me méfie des révolutions sous
la conduite des intellectuels -- en vérité il n'y en a pas, et c'est tant mieux.
C'est le peuple, ou comme dit Spinoza, la multitude, qui est le sujet de l'histoire,
et qui se moque bien de recevoir ses directives des intellectuels.
Que les intellectuels cependant prennent la parole et contribuent,
à leur place propre, au grand travail que fait sur soi la communauté
politique, ça me paraît la moindre des choses 

Ne craignez vous pas que ces projets de sortie de l'euro ne vous conduisent à être taxés

de "repli national" ? 


F.L. : Avez-vous lu l'Etat commercial fermé, de Fichte ? Au début du XVIIIe siècle,

ce philosophe invite les Allemands à être autosuffisants économiquement : on ferme tout.

Evidemment, la chose ne serait plus ni possible ni souhaitable maintenant. Mais l'intérêt

de le lire, c'est de voir que sa position strictement autarcique en économie ne

s'accompagne pas moins du désir de la plus grande ouverture internationale sous

tous les autres rapports : circulation des intellectuels, des artistes, des étudiants,

des voyageurs de toutes sortes. 

 

Pour tout ça, oui, libre circulation maximale ! C'est une lecture qui, en creux, en dit

long sur l'état présent de colonisation de nos esprits par l'économicisme. Autant les

internationalistes que les européistes n'envisagent plus «les échanges»

qu'à travers la circulation des conteneurs et des capitaux, et ils sont incapables

de penser un régime d'échanges internationaux qui se déploie dans un autre plan.

Si on arrête un conteneur aux frontières ou qu'on met un contrôle des capitaux,

c'est donc l' abomination obsidionale. Voilà leur unique critère pour juger de

l'internationalisme. 


E.T. : Le véritable internationalisme aujourd'hui, ce serait d'accepter

l'existence de toutes les nations et d'assurer leur égalité dans un système

européen et mondial équilibré. Mais l'Europe a changé de nature.

C'était un beau projet : des nations libres et égales acceptant le

lepadership franco-allemand. La concurrence généralisée du libre-échange

en a fait le champ d'un affrontement silencieux mais féroce entre nations.

L'euro a fait muter le continent en un système de domination hiérarchique,

avec ses inférieurs grecs, portugais, espagnols ou italiens, et un hegemon allemand. 

 

Face à cette mutation, la France, sans en être consciente, se déshonore.

Les européistes au pouvoir dénoncent la germanophobie de ceux qui

décrivent la réalité. Ils se présentent comme de bons universalistes en

défendant la fiction du couple franco-allemand. La vérité est que, sans la

complaisance de la France, dans sa posture de brillant second qui cherche

à passer à travers les gouttes, l'Allemagne ne pourrait pas imposer aux pays

faibles du Sud des politiques de destruction de l'Etat social et de la démocratie.

Le Parti socialiste au pouvoir devrait avoir honte. 

 

http://www.marianne.net/Les-intellectuels-vont-devoir-parler-au-peuple_a229828.html

 


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3 juillet 2013 3 03 /07 /juillet /2013 11:14

3 juillet 2013

http://static.guim.co.uk/sys-images/Guardian/Pix/pictures/2013/7/3/1372829992200/02c64c97-b8b1-4c41-9d57-47d2d3d8d737-460x276.jpeg

C’est tout simplement inouï. L’avion du président bolivien Evo Morales a été contraint mardi d’atterrir à Vienne, en Autriche, à son retour de Moscou. Les espaces aériens français et portugais lui ont été interdits, selon le ministre bolivien des Affaires étrangères.


Et pourquoi ? Parce que, d’après les autorités portugaises et françaises, les aéroports des deux pays avaient, le même jour, la même heure, des problèmes techniques. C’est pas beau ça ?


La vérité, c’est qu’une rumeur voulant qu’Edward Snowden soit à bord de l’avion présidentiel a couru pendant quelques heures. Ca a suffi pour qu’ils fassent dans leur froc. Couards, on savait qu’ils l’étaient.

 

Lâches et incapables d’assumer leurs décisions, on le savait aussi, mais pas au point de mentir avec des énormités invoquant problèmes technique global et simultané dans tout le ciel européen.


La Bolivie a finalement démenti la présence de l’Américain dans l’avion du président Morales. Il a du s’étouffer de rire, le président Bolivien. Que faire d’autre, devant tant de… je ne trouve pas mes mots.


Il n’y a pas que la France et le Portugal. L’Autriche, comme pour s’excuser d’avoir accepté l’atterrissage,  annonce par son ministère des Affaires étrangères, que les autorités autrichiennes « ignoraient » pour quelle raison le chef de l’État bolivien avait atterri à Vienne.


Prudence, n’est-ce pas ? La Norvège, qui a reçu une demande d’asile de Snowden invoque un problème de procédure pour ne pas accéder à la demande. La Pologne, quant à elle, affirme bien avoir reçu une demande, mais, Ô misère de misère ! elle ne remplit pas les conditions. Le ministre polonais des Affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, rajoute même que « si c’était le cas, je ne ferais pas de recommandation positive ». En voilà au moins un qui est couard mais pas lâche.


Est-il donc si terrible, le grand ami américain ? D’ailleurs, peut-on appeler ami quelqu’un qui nous fait flipper au point d’en perdre nos repères et notre honneur ?


Seul le président vénézuélien, Nicolas Maduro, a estimé mardi que Snowden « mérite la protection du monde ». « Il n’a pas encore demandé la nôtre. Quand il le fera, nous donnerons notre réponse », a-t-il ajouté, interrogé par Reuters à Moscou. Digne héritier de Chavez.


Avic


Source : Réseau International

 

                                                          ***********************************

 

BONjrHxCAAEb2nc.jpgPhoto : Evo Morales à l'aéroport en Autriche, humiliation ressenti dans toute l'Amérique latine ...

 

Les Indiens de Bolivie se préparent à une manifestation de masse contre les gouvernements européens comme la France, le Portugal et l' Italie...

 


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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 17:12

sapir-melenchon

Jacques Sapir - Jean-Luc Mélenchon sur l'Euro en direct sur "Arrêt sur images" à 19h00 le 4 juillet 2013 (accessible sans abonnement)

 

Pour suivre le débat cliquez ici

 

 


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2 juillet 2013 2 02 /07 /juillet /2013 10:54
 1er juillet 2013  par Julien Salingue

Les élections législatives bulgares, qui se sont tenues en mai 2013 dans un contexte de forte contestation sociale, ont débouché sur la mise en place d'un parlement au sein duquel aucune majorité politique claire ne se dégage. Après moult tractations, c'est finalement le Parti Socialiste bulgare (PS, ex-Parti Communiste), qui a pris la direction du gouvernement. Mais sa majorité n'est que relative, et alors que la contestation reprend, le PS, dont le numéro 1 Sergueï Stanichev préside le Parti Socialiste Européen, ne se maintient que grâce à une alliance nouée avec l'extrême-droite raciste et xénophobe d'Ataka ("Union Nationale Attaque").
  
"Faire du savon" avec les Rroms

Ataka est née en 2005, de la réunion du Mouvement national pour le salut de la patrie, du Parti patriotique national bulgare et de l'Union des forces patriotiques et des militaires réservistes pour la défense. Son principal dirigeant, Volen Siderov, a rassemblé 21.5% des voix à l'élection présidentielle de 2006, ce qui l'a qualifié pour le second tour. Aux législatives, Ataka a obtenu 23 sièges (sur 240), ce qui en fait la quatrième force politique du pays.

Ataka est une coalition ouvertement raciste et xénophobe, qui entretient des relations privilégiées avec le parti Russie Unie de Vladimir Poutine, le FPÖ autrichien et le Front National. Ataka demande que la religion orthodoxe soit instaurée religion d'État, et ce malgré la présence d'une importante communauté musulmane (8% de la population). La coalition milite, entre autres, pour le rétablissement de la peine de mort, pour la préférence nationale à tous les échelons de l'État et de la société et, plus généralement, pour la restauration de la suprématie bulgare dans une Bulgarie "dominée par les Turcs". Régulièrement, Ataka et son leader Volen Siderov s'en prennent violemment aux populations turques et rroms de Bulgarie : 

"Nous sommes pour un État bulgare mononational, ne permettant pas une division en signes religieux, ethniques ou culturels", déclarait ainsi Ataka en juin 2005, faisant implicitement référence au parti de la minorité turque, Mouvement des droits et libertés.
Volen Siderov s’en prend avec une violence particulière aux minorités rom et turque, qui représentent 18 % d’une population de 7,8 millions d’habitants. Il propose ainsi de "faire du savon" avec les Roms et d’interdire le parti de la minorité turque, le Mouvement des droits et libertés (DPS). Il projette même d’"interdire d’antenne publique les émissions en langue turque" [1]. 

Alliance de fait avec le Parti Socialiste

Tout ceci n'a pas empêché Volen Siderov d'être nommé par les Socialistes à la tête de la commission parlementaire d'éthique et de lutte contre la corruption : "une récompense pour son rôle dans la confirmation du gouvernement, qui, sans lui, ne recueillait que 120 voix sur 240" [2]. Ataka a en effet, suite à un accord avec le Parti Socialiste, accompagné la nomination du nouveau gouvernement. Siderov n'a pourtant pas changé : le 27 juin, il s'est rendu au Parlement armé d'une matraque et, alors que les manifestations se multiplient dans le pays, il a appelé la police à "sévir contre les vandales" et s'en est vivement pris aux médias qu'il a accusé de trop en faire à propos de la contestation, les qualifiant de "traîtres" [3]. 

Le Parti Socialiste bulgare gouverne donc avec celui à propos duquel Courrier International publiait il y a quelques années un article, "Siderov, le mauvais génie de la politique bulgare", dans lequel on pouvait entre autres lire ce qui suit : 

 
Au Parlement, il traite ses collègues de "porcs", quand il ne les accuse pas pêle-mêle d’avoir appartenu aux services de sécurité de l’époque communiste ou d’avoir une "dépendance homosexuelle". Il promet de rendre "la Bulgarie aux Bulgares", au prix d’une "détsiganisation" et d’une "déturquisation". La haine de la différence (homosexuels, musulmans, Roms, Juifs…), voilà sa stratégie, et elle est gagnante.
 
Cette alliance est-elle durable ? Probablement pas. La coalition gouvernementale est fragile et ne passera sans doute pas l'épreuve des nouvelles mobilisations. Mais le simple fait que le Parti Socialiste ait accepté de se compromettre avec un mouvement politique comme Ataka en dit long sur les reconfigurations à l'oeuvre avec l'approfondissement de la crise, et sur les conséquences possibles d'une orientation politique, à "gauche", qui se résume à la gestion d'institutions et d'un système en faillite.

Évidemment, nous n'en sommes pas encore là en France. Un "responsable du parti socialiste français", cité par Le Figaro, aurait ainsi déclaré : "Une alliance avec Ataka était la ligne rouge à ne pas franchir. Nos camarades bulgares viennent de la franchir sans états d'âme" [4]. C'est le moins que l'on puisse dire.
On attend toujours que le Parti Socialiste français s'exprime officiellement sur la situation en Bulgarie et clarifie la nature de ses relations avec ses "camarades" bulgares.
___
Notes
[1] Anne Rodier, "L'extrémiste Siderov provoque un "21 avril" bulgare", Le Monde, 24 octobre 2006.
[2] Piotr Smolar, "À peine nommé, le gouvernement bulgare déstabilisé par un vague de manifestations", Le Monde, 28 juin 2013.  
[3] Alexandre Lévy, "L

http://resisteralairdutemps.blogspot.fr/p/quand-le-parti-socialiste-bulgare.html

                                                                               ******* 

Mobilisation depuis plusieurs jours en Bulgarie ...

 


 Vidéo : Protestation le 30 juin 2013 

Photos du 1 juillet 2013 
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"Mettre un terme à l'influence de la mafia et de la corruption du gouvernement"

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30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 08:09

29 Juin 2013 par Nathalie Gathié


 http://www.marianne.net/A-saisir--Esclaves-europeens-en-solde_a229642.html

 

Ils viennent trimer sur les chantiers, dans les transports ou les abattoirs, pour 3 à 6 € l'heure, au mépris de toutes les règles de sécurité. Et le plus légalement du monde. Car ces travailleurs "low cost" sont tous européens.

 

http://www.marianne.net/photo/art/default/970658-1148688.jpg?v=1372438897

Augusto de Azevedo Monteiro voulait gagner sa vie. Il l'a perdue. Maçon détaché en France par EYP, une boîte portugaise, cet ouvrier usinait sur l'air très en vogue de la sous-traitance à bas coût dans la gadoue d'un chantier de Spie Batignolles, à Villeneuve-la-Garenne. Le 6 décembre, il est mort écrasé par une dalle qu'un coffrage hâtif à force de cadences infernales n'a pas su contenir. 

Enfant d'Esposende, ville voisine de Braga irriguée par la crise et ses misérables affluents, Augusto de Azevedo Monteiro avait 35 ans, une famille et plus un euro rouillé en poche. Les 565 € brut de son dernier Smic flambés, ses allocations chômage taries, il avait opté pour une mission en France. « Notre pays agonise et nous constituons une main-d'œuvre bon marché, confie une salariée francophone d'EYP. On sait que Spie fait appel à nous parce que nous coûtons moins que nos concurrents français. » 

Roumaines, polonaises, espagnoles ou portugaises, les plaques d'immatriculation des camionnettes de société ou d'agences d'intérim alignées sur le parking de Villeneuve-la-Garenne disent la géographie de la crise. A en croire le communicant de Spie, pourtant, « EYP a été préféré à deux candidats hexagonaux pour des raisons de disponibilité, rien d'autre ! » Les Portugais parlent plus clair : « Nous n'avons presque plus de clients locaux et, quand c'est le cas, ils n'honorent pas leurs factures, tranche l'employée d'EYP. Spie au moins paie nos prestations : la détresse des uns fait les bonnes affaires des autres, c'est comme ça...» 

L'(a)moralité de cette histoire, les bâtisseurs français l'ont bien comprise : faute de pouvoir délocaliser leurs chantiers, ils importent à grandes pelletées des ouvriers certifiés low cost par des entreprises sous-traitantes ou des agences d'intérim implantées dans des territoires où le coût du travail s'évalue en nèfles. C'est « malin », c'est légal, c'est européen. 

 

En 1996, les crânes d'œuf de Bruxelles bétonnent une directive autorisant le « détachement temporaire de travailleurs » entre pays de l'UE. Alimentée par la disette qui sévit au sud, facilitée par les écarts de niveau de vie entre anciens et nouveaux entrants, la braderie tourne depuis le milieu des années 2000 à l'opération déstockage. Soldes à l'année, prix discount garantis. « Cette pratique est compétitive car ces salariés voyageurs restent assurés dans l'Etat d'établissement de leur employeur, avance Fabienne Muller, chercheuse en droit social à l'université de Strasbourg. Or, pour un non-cadre, les cotisations patronales varient de 38,9 % en France à 24,6 % en Espagne, 18,3 % en Pologne, pour tomber à 6,3 % à Chypre ! » Inutile de tyranniser les calculettes pour comprendre qu'entre le détachement et les employeurs français l'attraction est fatale. 

De 10 000 en 2000, les pèlerins du turbin sont, selon le ministère du Travail, 145 000 aujourd'hui. « Ils permettent aux entreprises utilisatrices de réaliser une économie allant jusqu'à 25 % », note un inspecteur du travail. Juteux, oui, mais pas assez. En février 2011, un rapport parlementaire éclaire la face cachée du phénomène et porte le nombre de détachés à 435 000 : moult itinérants, dont un tiers tribulent dans le BTP, échappent en effet aux statistiques à force de magouilles. 

« LES FRANÇAIS AVAIENT L'AIR DE PLAYMOBIL TELLEMENT ILS ÉTAIENT PROTÉGÉS. »

Ouvriers, Bordeaux - PASTORNICOLAS/SIPA
Ouvriers, Bordeaux - PASTORNICOLAS/SIPA
En juin 2011, à l'issue d'une série d'accidents du travail non déclarés, Bouygues avait dû divorcer d'Atlanco : cette société de travail temporaire opportunément localisée à Chypre avait envoyé des brassées de Polonais sans couverture sociale sur le chantier de l'EPR de Flamanville, dans la Manche. 

Dans la foulée de ce couac nucléaire, le parquet de Cherbourg a ouvert quatre enquêtes. Pas moins ! Car, si les nomades de la truelle sont détachés, c'est d'abord de leurs droits. « Les textes prévoient qu'ils bénéficient du noyau dur de notre législation, salaire minimum et horaires de travail en tête. Or, c'est rarement le cas », tonne Laurent Dias, responsable de la CGT construction en Auvergne. 

« La plupart du temps, les employeurs étrangers présentent des déclarations de détachement dûment remplies, enchaîne Renaud Dorchies, chargé de la lutte contre le travail illégal à l'Urssaf de Basse-Normandie. Mais, entre les salaires mentionnés et les sommes réellement versées, il y a un monde : beaucoup d'ouvriers rétrocèdent une partie de leur obole en rentrant chez eux, se voient infliger des retenues pour l'hébergement ou la nourriture théoriquement pris en charge... Jamais ils ne s'en plaignent : dans cet univers vicié, c'est malheur à celui qui l'ouvre. Aujourd'hui, on a des Bulgares qui se bousculent pour 300 € mensuels... » 

Le limier de l'Urssaf a récemment épinglé une famille roumaine, fournisseuse de bras pour une entreprise nationale : « Père et fils avaient créé une société boîte aux lettres en Roumanie. Contrairement aux règles en vigueur, elle était dénuée de toute activité sur ses terres et déversait chez nous des soutiers payés à peine plus que le Smic roumain [180 €]. C'est une entourloupe classique. » Classique aussi, l'empilement des prestataires façon mille-feuille. « Sur les gros chantiers, ajoute l'enquêteur, on peut recenser huit ou neuf rangs de sous-traitants : les salariés ne savent plus à qui ils appartiennent ! »

Passé les bornes, y a plus de limites ? « Il est urgent de démanteler les montages illégaux qui faussent les règles de la concurrence, avance le cabinet de Michel Sapin, occupé à une révision de la directive de 1996. Nous plaidons aussi pour renforcer la responsabilité civile et pénale des donneurs d'ordre. » Les politiques français aboient... Leurs confrères anglais, polonais et autres ayatollahs de la flexibilité, crient au combat d'arrière-garde. Annoncé fin février, le remaniement de la directive a été reporté à des calendes qui pourraient être grecques. 

Tant pis pour le dumping social alors que, en 2012, les dépôts de bilan dans le BTP ont bondi de 6 % ; tant pis pour les 40 000 emplois menacés d'ici à fin 2013. « Tant mieux pour le marché aux esclaves ! » raille le cégétiste Laurent Dias. Sherlock des parpaings, ce fils de réfugiés politiques portugais s'évertue à débusquer les anguilles sous échafaudages et tonitrue que « la "bolkensteinisation" des masses trimbalées d'un pays de l'UE l'autre pour des clopinettes est actée »

Et de brandir la fiche de prestation d'un plaquiste polonais : traduite par une interprète, elle indique 628,80 € pour 169 heures. Le contrat de détachement établi voilà quelques mois entre MPP, pointure de l'intérim portugais, et Alberto, vaut lui aussi le coup d'œil : prêté à Sendin SA, prospère armaturier français, Alberto a officié sur une grande œuvre de Bouygues, à Boulogne. Une collaboration couronnée par 610 € mensuels. Champagne ! Pour le DRH de Sendin, « s'il y a eu manquement, c'est de bonne foi ! Tous mes intérimaires étrangers sont déclarés au Smic, mais je n'ai pas accès à leurs fiches de salaire, le droit m'en empêche. Si je pouvais, je vérifierais ! Reste que nous ne bosserions pas pour Eiffage ou Vinci si nous étions des barbares !» A écouter Joaquim, 48 ans, la chose se discute. 

 

Présentation des résultats, 2010 Eiffage. Jean-François Roverato Chairman et Pierre Berger - MEIGNEUX/SIPA
Présentation des résultats, 2010 Eiffage. Jean-François Roverato Chairman et Pierre Berger - MEIGNEUX/SIPA
Originaire de Porto, il s'est démené quatre mois, au printemps 2012, sur le chantier du Carré de Jaude, mégacomplexe immobilier édifié par Eiffage à Clermont-Ferrand. Ferrailleur, il s'activait pour l'armaturier tricolore ASTP via la défunte agence d'intérim lusitanienne Paulo SA.  

« Les Français avaient l'air de Playmobil tellement ils étaient protégés. Moi, j'œuvrais en suspension sans panoplie de sécurité. » Fruit de ses contorsions : « 600 € mensuels. Paulo SA en retenait 80 pour le mobil-home où je dormais, dans un camping. Les deux derniers mois, je n'ai rien touché. On m'a expliqué qu'ASTP était en redressement judiciaire. » 

Précisons pour la bonne bouche qu'ASTP, experte ès détachements fumeux, est gérée par le frère du patron de Sendin SA. Une famille formidable ! « Quand j'ai signalé au chef de chantier d'Eiffage que mes sous étaient bloqués, poursuit Joachim, il a soupiré que c'était pénible. » Une empathie à la hauteur des positions du groupe : en septembre 2012, Michel Gostoli, président d'Eiffage Construction, écrivait ainsi à la CGT, mobilisée sur cette affaire : « L'entreprise ne peut être tenue responsable du non-paiement d'un quelconque salarié prêté. [...] Nous ne sommes pas en mesure d'exiger de nos sous-traitants qu'ils nous communiquent des éléments de rémunération de leurs personnels. » Ponce Pilate ne se serait pas mieux rincé les pognes. 

Joaquim pourtant est résolu à porter son infortune devant les prud'hommes avec le soutien de l'inusable Laurent Dias. « Je veux récupérer mon argent, réagit-il. Au Portugal, avec mes 5,50 € l'heure, je m'en sortais mieux. Ici, je n'étais même pas à 4 €. » A peine plus qu'Hugo et ses 3,17 € : enrôlé avec deux camarades par un compatriote véreux, ce trentenaire déjà voûté veut lui aussi en découdre. « On n'a pas été payés, les prud'hommes de Draguignan doivent nous rendre justice, scande-t-il. Cinq cent cinquante euros mensuels pour 40 heures hebdomadaires, c'est un tarif de chiens et on nous l'a refusé ! Quand l'un de nous s'est sectionné le tendon avec une scie circulaire, il a été jeté à l'hôpital comme un déchet, personne n'a été alerté. On ne mérite pas ça...» 

Derrière cette valse des pantins, plusieurs marionnettistes : un maître d'œuvre, Var Habitat, qui plaide l'ignorance. Un sous-traitant, La Valettoise, qui jure avoir « cédé au low cost pour surnager à l'heure où tous les coûts sont tirés vers le bas». Une boîte d'intérim, Proposta Final, dissoute après avoir été sanctionnée pour «non-versement des rémunérations»... mais dont Marianne a retrouvé l'agité fondateur. 

« Moi, je m'en fous, de tout ça, braille-t-il. J'ai monté une autre affaire en France avec une filiale au Portugal : là-bas, mes cinq sœurs trouvent des candidats par petites annonces et me les ramènent. Y a qu'à ramasser ! » Et de fanfaronner : « En ce moment, j'ai 10 gars à Toulon, 15 autres à Grenoble. Avec moi, un patron français économise 800 € par tête d'ouvrier. Je fais mon beurre et le Portugais, il est content. » Ce parangon d'intégrité a baptisé sa nouvelle machine à asservir Pioneiros em marcha, soit « Pionniers en marche ». Pour qui considère l'espace économique européen comme un nouveau Far West, ce n'est pas mal vu... 

« Nous sommes sans arrêt démarchés par mail, par fax ou de visu par des commerciaux très rentre-dedans, ronchonne Patrick Liebus, de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). Ces rabatteurs se comportent comme des maquereaux ! » 

 

Illustrations par quelques échanges téléphoniques : « Le tarif de nos intérimaires est négociable, on fait des prix de gros, promet Eurokontakt, boîte de placement de personnel temporaire basée à Wroclaw, en Pologne. Plus vous me prenez d'hommes, plus vos coûts de production baisseront. Et, si l'un de nos gars ne vous convient pas, on vous le remplace sans frais. » Un modèle de service après-vente ! 

Variation sur le même boniment dans les rangs d'Operari, domiciliée à Varsovie : « Tout se marchande, c'est la mondialisation. Si un patron français attaque bien la masse et me recrute assez de types, je lui facture le mec 13 € l'heure, deux fois moins qu'un prolo français. En plus, le Polonais ne fait pas de chichis tandis que le Gaulois - je le sais, je suis français - exige une prime intempérie à la première averse.» 

La toujours polonaise Budex, qui affiche ses partenariats avec Bouygues et Vinci, vante le « courage » et la « motivation » de ses poulains avec la délicatesse d'un éleveur flattant le cul de ses vaches au Salon de l'agriculture. Au sud, au Portugal, la foire aux bestiaux bat aussi son plein. « Nos ouvriers savent se faire mal sans se rebeller », plastronne un certain Laurentino.
Fondateur d'une « compagnie » (sic), l'homme « repère les boîtes en faillite dans la presse portugaise, drague les futurs licenciés et les détache en France. Mes équipes triment jusqu'à 60 heures par semaine, au-delà, elles fatiguent : sur les contrats, je diminue les heures réellement effectuées, j'augmente artificiellement le tarif horaire, et ça passe ! » 

 

Sarkozy salue les ouvriers oeuvrant à la construction du u nouveau siège de la direction générale de la gendarmerie nationale(DGGN) - LUDOVIC-POOL/SIPA
Sarkozy salue les ouvriers oeuvrant à la construction du u nouveau siège de la direction générale de la gendarmerie nationale(DGGN) - LUDOVIC-POOL/SIPA
Face à ces contournements, les organismes de contrôle tricolores sont priés de se mobiliser sans moyens. « Sarkozy nous a saignés, nous sommes à peine 1 200, râle un inspecteur du travail. De plus, notre organisation est territorialisée : comment tracer des dossiers transfrontaliers quand on ne peut intervenir au-delà de sa région ? » Pour l'efficace et entêté Renaud Dorchies, de l'Urssaf, « ces affaires peuvent décourager car nous nous heurtons à la résistance de certains pays, dont les administrations ne collaborent pas du tout »

Et de prévenir que, « faute de contre-feux efficaces, ces pratiques vont tourner au drame économique ». Volubile leader de la Capeb, Patrick Liebus acquiesce : « A systématiquement privilégier le moins-disant, les cadors de la construction ont introduit le ver de la concurrence déloyale dans le fruit. Aujourd'hui, pour remporter les marchés, les sous-traitants attitrés des Eiffage, Bouygues et Vinci sont acculés au low cost, c'est dévastateur. » 

Membre de la très libérale Fédération française des travaux publics jusqu'en juin 2012, Jean-Yves Martin aurait-il tourné casaque ? Dans un curieux revirement idéologique, il pourfend un « système délirant » : « Soit on s'adapte au train d'enfer mené par les majors elles-mêmes pressurées par les maîtres d'ouvrage, soit on coule. On est dans la même folie que celle qui convertit le cheval en bœuf. » Qui fait le cheval, qui fait le bœuf ? Jean-Yves Martin hésite. 

Et pour cause : liquidée l'été dernier, Centrelec, son entreprise, a en son temps sollicité un sous-traitant polonais... Vous avez dit double langage ? Prompt à éreinter la « frénésie low cost », Didier Ridoret n'en préside pas moins la patronale Fédération française du bâtiment (FFB), qui draine les mammouths écraseurs de prix : « J'ai 57 000 adhérents parmi lesquels figurent certainement des moutons noirs, mais je défends l'avenir de l'activité. La directive de 1996, même appliquée à la lettre, est devenue intenable. Cette compétition biaisée nous tue. » 

Déontologue autoproclamé, Ridoret se refuse à tancer les mauvais élèves de la FFB, au motif qu'il« ne dirige pas un ordre ». « Si j'évinçais ceux qui sont en délicatesse avec le fisc, l'hygiène ou les règles du prêt de main-d'œuvre... » Avec des adversaires de cet acabit, le détachement n'a pas besoin de partisans. 

« En France, ce dispositif est perçu comme honteux, mais cette Europe-là, les politiques l'ont voulue. Il n'y aura pas de retour en arrière : Bruxelles y verrait un abus de protectionnisme », analyse Pierre Maksymowicz, créateur d'In Temporis, spécialiste des mobilités intra-européennes. De Lublin, où il développe honnêtement son business, il témoigne que Maurice Taylor is rich... de partisans. 

A l'instar du patron de Titan, Pierre Maksymowicz conchie les ouvriers français « obnubilés par leurs pauses- cigarette et incapables de rivaliser avec nos Polonais et nos Roumains en termes de rendement ». Et de lâcher : « Tous mes clients français me disent que, chez eux, c'est "bonjour paresse". Ce refus de la pénibilité se traduit par une énorme pénurie : nos intérimaires ne font que colmater les brèches.» Avec 8 000 chômeurs supplémentaires recensés chaque mois dans le BTP, la pénurie sent l'alibi. 

Patron du groupe Sesar, 160 salariés, Benoît Perret a sollicité une boîte portugaise pour rafler un appel d'offres d'Eiffage. « Ici, on manque vraiment de candidats dans les jobs d'exécution et, quand on trouve, il y a un déficit d'implication, commence-t-il par justifier. Je suis allé saluer mes intérimaires portugais et tous m'ont remercié de leur donner du travail. Chez nous, c'est impensable. » 

Serait-ce la seule ingratitude de ses compatriotes qui l'aurait converti aux vertus du détachement ? « Aujourd'hui, admet-il, les donneurs d'ordre négocient prix et délais jusqu'au bout : le prêt de main-d'œuvre est la seule parade à leurs exigences. C'est tragique, mais tout le monde s'y met. »Kader, 56 ans, s'en désole. Chef de travaux pour un géant du secteur, il compare la déferlante low cost à « un virus qui ne profite qu'aux patrons. La misère de ces gars est utilisée pour nous démoraliser et nous convaincre que nos droits d'ouvriers vont régresser. Le pire, c'est qu'on n'arrive pas à expliquer à ces malheureux qu'ils nous précipitent vers le bas : ils sont dressés pour subir. Encore plus opprimés que nous, les Arabes, dans les années 60 ». A l'Europe, rien d'impossible. 

 


QUAND L'EUROPE ÉTRANGLE SA MAIN-D'OEUVRE 

Faute d'harmonisation sociale dans l'Union européenne, le recours à des «travailleurs détachés» menace des pans entiers de l'économie, s'alarme un rapport parlementaire rendu public fin mai. Le «détachement» consiste, pour un patron, à envoyer ses employés exercer temporairement leurs fonctions dans un autre Etat membre de l'Union. La manip ? Les charges sociales appliquées restant celles du pays d'origine, ces travailleurs low cost venus d'Europe de l'Est ou du Sud triment pour 3 à 6 € l'heure. Vive le dumping social made in Europe !
 

 


1,5 

C'est, en million, le nombre de travailleurs détachés, selon la Commission européenne. Une grande partie d'entre eux n'est pas déclarée.
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28 juin 2013 5 28 /06 /juin /2013 22:22

28 Juin 2013 , par Coralie Delaume 


http://3.bp.blogspot.com/-gHNpj0YIVVY/Uc1fhCEEI5I/AAAAAAAAB-M/vgtUa3rxihE/s320/chin.jpg

Ces temps derniers, entre la Chine et l’Allemagne, c’est « chabadabada », « love-love » et « bisous doux ».
Les bisbilles entre l’empire du Milieu et l’Union européenne sur les questions commerciales se poursuivent, mais les Chinois prennent grand soin de ménager les Allemands.

La fâcherie commerciale Chine / UE sur la question du photovoltaïque vient de connaître un énième rebondissement. Pékin vient en effet d’annoncer sa décision d’appliquer une taxe antidumping, à compter de ce jour, à un produit chimique en provenance de nos contrées : le toluidine. La taxe douanière imposée sur ce produit sera de 36,9%, pour toutes les entreprises européennes. Toutes… sauf une. Lanxess, un producteur allemand, bénéficiera quant à lui d’une taxounette sur mesure : 19,6%. Raison invoquée ? Aucune.

La Chine préserve l’Allemagne. Juste retour d’ascenseur, puisque l’Allemagne soigne la Chine. On se souvient de son opposition à la décision de Bruxelles de taxer les panneaux solaires chinois, décision qualifiée de « grave erreur »par le ministre allemand de l’Economie, Philipp Rösler.

Pourquoi donc tant d’amour ?

D’abord, parce que « qui se ressemble s’assemble », comme diraient nos grand-mères. Selon Jean-Michel Quatrepoint, qui l’explique dans Mourir pour le yuan, les deux pays ont de nombreux points communs : des modèles économiques ressemblants, faits d’un mercantilisme agressif misant tout sur les exportations et sur l’accumulation d’excédents, visant notamment à palier une tendance rapide au vieillissement des deux populations.

Au-delà des ressemblances, il y existe une complémentarité entre les deux pays, une quasi « symbiose », comme l’expliquent ici Hans Kundnani et Jonas Parello-Plesner. La Chine en plein développement est friande de machines-outils allemandes pour ses usines, et de grosses berlines pour ses nouvelles classes moyennes. Quant à l’Allemagne, elle cherche avec énergie… des débouchés hors d’Europe.

A cet égard, les chiffres sont cruels. Guillaume Duval le rappelle ici : « l’excédent commercial allemand était de 170 milliards en 2007, réalisés aux trois quarts en zone euro. En 2012, cet excédent était toujours de 180 milliards, mais réalisés aux trois quarts hors zone euro ». Et Jean-Michel Quatrepoint de rajouter : « L’Allemagne n’espère plus rien tirer de l’Europe, où elle a déjà fait le plein. Elle y a pris toutes les parts de marché qu’il y avait à prendre, et cherche à se réorienter désormais hors de la zone euro ».

Hors de la zone euro ? Mince ! Nous qui pensions benoitement qu’Angela Merkel, reine d’Europe en titre, faisait tout pour sauver ladite zone en mettant abondamment la main au portefeuille. On nous aurait menti ?

Hors de la zone euro, pourtant. En Chine, donc, pays que l’ex-actuelle-future chancelière visite souvent, et longtemps. Aux Etats-Unis, également. Rappelons-le, l’Allemagne est, avec l’Angleterre, l’un des pays à promouvoir avec le plus d’ardeur le futur partenariat commercial transatlantique, le TTIP.

Un tantinet suspicieux, Hans Kundnani et Jonas Parello-Plesner osent donc cette observation : « il y a un danger pour que l’Allemagne se serve de cette relation bilatérale étroite [avec la Chine] afin de défendre ses propres intérêts économiques plutôt que les intérêts stratégique européens ».

L’Allemagne en mode « cavalier seul », délaissant « l’Europe-c’est-la-paix » et l’immarcescible « couple franco-allemand » dans le seul but de booster son commerce ? Comme c’est trivial et comme c’est pessimiste !

Et comme c’est évident, en même temps…

http://feedproxy.google.com/~r/LarneNue/~3/h1lpUAITY0s/la-chinallemagne-ou-comment-les.html?utm_source=feedburner&utm_medium=email


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27 juin 2013 4 27 /06 /juin /2013 11:03

Par Pcautunois , le 26 Juin 2013 

 

Comment osent-ils ? , le film !

http://www.ptb.be/typo3temp/pics/e758e8b927.jpg

 

http://www.ptb.be/uploads/RTEmagicC_Comment_osent_ils_Peter_Mertens__800_x_800__03.jpg.jpgLe best-seller sur la crise écrit par Peter Mertens, président du PTB, a fait l’objet d’un documentaire en cinq épisodes, visible gratuitement sur internet et désormais en version française. Passionnant, limpide, éclairant et… révoltant.


Elisabeth Mertens


Paru en néerlandais en 2011 (best-seller en Flandre) et en français aux éditions Aden,Comment osent-ils ? La crise, l’euro et le grand hold-up, de Peter Mertens se lit comme un thriller. Pieter De Vos, de la plateforme de production Docwerkers, en a tiré un documentaire en 5 épisodes (de chacun une dizaine de minutes) visible gratuitement sur internet. Depuis ce 24 juin, la version doublée en français par le journaliste Gérard De Sélys est désormais également accessible (la version en néerlandais a déjà été vue plus de 30.000 fois).


Tout comme le livre, cette série explore la crise, ses causes et ses conséquences, ses gagnants et ses perdants. Et ouvre des pistes de réflexion pour le présent et l’avenir.

 

La série s’ouvre sur Herman Van Rompuy qui reçoit en fanfare le prix Nobel de la paix au nom de l’Union européenne. Après le décorum, place aux explications du fonctionnement de cette Union confisquée par les puissances financières et industrielles. A Bruxelles, 4 500 lobbyistes sont accrédités au Parlement européen, soit 6 fois plus que de parlementaires…

 

Le deuxième épisode, Plus d’austérité, tu meurs, montre les conséquences concrètes de cette politique sur la santé, le chômage, la précarité, l’exclusion. A Barcelone, un couple attend les huissiers qui vont venir les expulser de leur appartement. Comme dans bien des endroits d’Espagne, voisins, amis, militants sont là pour empêcher l’expulsion – une sur les 300 000 qui ont déjà eu lieu. Une journaliste grecque qui n’est plus payée depuis des mois explique que, dans le quartier bourgeois d’Athènes où elle habite, elle a vu, le soir, un de ses voisins tenter de se cacher dans l’obscurité pour fouiller les poubelles à la recherche de quoi manger…


La crise ? Pas pour tout le monde. Le troisième épisode nous balade du yacht d’un armateur grec aux beaux quartiers d’Uccle, explications et chiffres à la clé. Depuis les années 1980, la politique fiscale a consisté en cadeaux aux grandes entreprises. En Belgique, les 1000 plus grosses sociétés paient en moyenne… 5% d’impôts. Depuis 2000, les 25 familles belges les plus riches ont multiplié leur fortune par 5.  


Suit une visite au pays du « modèle » tant vanté par les libéraux : l’Allemagne, où 7 millions de gens vivent de « mini-jobs » à 5 ou 6 euros de l’heure, où le chômage s’apparente à un système de travaux forcés, qui détient le record du nombre de travailleurs pauvres.


Quelle Europe voulons-nous ? Une Europe de la concurrence et de l’inégalité ? Ou une Europe de l’égalité et de la solidarité ? C’est sur cette question et sur des pistes pour l’avenir que ce clôture la série.

A voir sur internet: www.commentosentils.be.

 


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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 20:27

http://deutsche-wirtschafts-nachrichten.de/wp-content/uploads/2013/06/sm-1024x682.jpg

Samedi, au cours du réunion entre les ministres des Finances de l’UE sur les moyens de venir au secours des banques en difficultés, le ministre des Finances allemand Wolfgang Schäuble a proposé que les dépôts bancaires subissent une ponction de 8% pour garantir la survie des banques en difficultés, affirmant que cette solution est la meilleur car leurs pertes seraient beaucoup plus importantes si les banques faisaient faillite.


Cependant les ministres des Finances de la France, de la Grande-Bretagne et de la Suède craignent qu’elle ne provoque une ruée bancaire massive, et préfèrent que les pays conservent une plus grande liberté pour décider ce qui doit être fait au moment où ils seront confrontés à cette question.


Le ministre des Finances allemand a estimé que les règles ne pouvaient pas être à géométrie variable en fonction des situations, parce que cela pourrait créer un avantage concurrentiel pour certaines banques.


La contribution forcée des déposants a été un sujet tabou jusqu’au début de cette année, avec le plan de sauvetage de Chypre. La solution adoptée dans l’île méditerranéenne à travers la contribution obligatoire des épargnants possédant des dépôts supérieurs à 100.000 euros a créé un précédent qui servira désormais de modèle pour le sauvetage des banques à l’avenir.


L’idée de Schäuble n’est pas nouvelle. Déjà en 2011 le Boston Consulting Group avait estimé qu’imposer une taxe de 30% sur tous les actifs serait la seule façon de sortir de la crise de l’euro. Selon certains économistes il n’y a pas d’autre solution que de prendre l’argent là où il est : sur les comptes des épargnants.


Entre 2008 et 2011, les contribuables européens ont consacré plus de 4500 milliards d’euros, soit un tiers du PIB de l’UE, au sauvetage des pays et des banques.


Mercredi, les ministres des Finances de l’UE poursuivront les débats pour tenter de parvenir à une solution avant le prochain sommet européen de jeudi et vendredi.

 

Sources :  deutsche-wirtschafts-nachrichten.de / Express.be / Reuters

 

http://img.over-blog.com/300x308/0/32/46/53/UE-logos/euro-dict.JPG


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25 juin 2013 2 25 /06 /juin /2013 08:33

25 Juin 2013 , par Le Mantois et Partout ailleurs

 

Après la 8e législative partielle perdue par le PS depuis mai 2012, dont la dernière dans le fief électoral de Cahuzac où le candidat de l'Elysée fut ratiboisé au premier tour, François II ouvre un contre-feu.

 

C'est Arnaud Montebourg qui est le pyromane de service en proclamant que Manuel Barroso est le "carburant du Fn". Comme si le palais de l'Elysée réfutait la politique d'austérité dictée par la Commission européenne et que sa majesté séchait tous les sommets européens parce qu'il n'était pas d'accord avec ça.


En Italie, la Justice a condamné l'ancien chef de gouvernement Silvio Berlusconi à de la prison ferme et à une inégibilité à vie (Tiens, pourquoi on ne peut pas le faire en France pour un politicien corrompu?) Et le très démocrate Berlusconi de dire que son parti quitterait le gouvernement droite-gauche pour le foutre en l'air.


En Grèce, après le coup d'état contre la radio et la télé publiques, le petit parti de gauche qui était au gouvernement dirigé par un conservateur, en a démissionné. On a donc remanié le gouvernement en donnant plus de poids au PS grec qui y était déjà. Le chef du PS grec (le Pasok cousin germain du PS gaulois) est bombardé patron de la diplomatie et vice premier-ministre. Avec eux, un ex de l'extrême-droite grecque.


Bref des combinaisons politiciennes pour conserver le pouvoir et les avantages qui vont avec.

 

Mais les peuples ne sont pas dupes; Que la social-démocratie gère toute seule un pays (comme en France) ou avec la droite (en Italie ou en Grèce et au niveau de l'UE), la politique d'austérité est la même partout. Et c'est cela qui fait le lit de la bête immonde, surtout quand on tergiverse à ne pas proclamer franchement que l'Elysée conduit une politique capitaliste.


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La ceinture pour les peuples et en guise de dessert, ils ont aussi cela:

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http://le-blog-de-roger-colombier.over-blog.com/comment-que-%C3%A7a-baigne-dans-la-zone-euro

 


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