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  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
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comité pour une nouvelle résistance C N R 06

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Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 23:18

28 avril 2014

 

http://1.bp.blogspot.com/-pVcCXt00_YY/U16RhPCsgBI/AAAAAAAACBk/xsVidXBpOOo/s1600/Godwin1-300x171.jpg

 

On assiste, depuis longtemps déjà, à une sorte de « godwinisation » du débat public, notamment du débat européen. Cette « godwinisation » aboutit à ce phénomène presque systématique : on est disqualifié aussitôt que l’on tente de mettre en cause le bien fondé de la construction européenne. Ou même seulement d’en pointer les faiblesses. Exprimer un désaccord, oser formuler un doute équivaudrait, selon certains, à « faire le jeu des extrêmes ».


C’est que l’Europe telle qu’elle s’est construite fait la part belle à deux choses étonnamment complémentaires : la technique d’une part, la morale d’autre part. C’est au nom de la seconde qu’il apparaît indécent de pointer les errements de la première.


Il semble en effet que la politique ait déserté notre continent. Non seulement on est en panne de volontarisme, mais on est même en panne de projet, en panne de dessein collectif, en panne d’idée directrice susceptible de mobiliser le corps social. La construction européenne actuelle est un édifice littéralement post-politique. C’est pour cela que technique et morale y règnent sans partage.


D’abord la technique :


Son omniprésence est évidente dans cette Europe qui est avant tout est une Europe de l’économie et du droit. Le fait que l’euro, monnaie fédérale créée sans qu’existe préalablement un Etat fédéral, soit considéré comme la réussite européenne majeure, en est un signe. On a cherché à fabriquer une Europe instrumentale, en s’imaginant que la mise en commun d’un outil monétaire suffirait à créer du lien, à générer du sentiment d’appartenance. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est mitigé !


On a également multiplié les institutions à caractère technique, pour ne pas dire technocratique, comme la Commission européenne, la Banque centrale, la Cour de justice de Luxembourg. Certaines, notamment la BCE ont conquis une très grande autonomie. Mario Draghi est un homme puissant. Sa voix a du poids. A l’été 2012, au plus fort de la crise des dettes souveraines, il a suffit qu’il dise qu’il ferait « tout ce qui est nécessaire » pour sauver l’euro pour qu’immédiatement, les marchés soient apaisés. C’est là une prouesse qu’un chef d’Etat ou de gouvernement de l’eurozone aurait été incapable d’accomplir.


Mais la question suivante se pose alors : si le patron de la Banque centrale européenne possède une indéniable légitimité technique, quelle est sa légitimité démocratique ? Est-il élu ? En aucune façon. Devant qui est-il responsable ? On ne sait pas. De quel intérêt général est-il garant ? On l’ignore tout à fait.


Mario Draghi est un technicien, un expert. En dépit du poids considérable que l’institution qu’il dirige et lui-même ont acquis au sein de l’eurozone, il n’est en aucune façon un responsable politique.


 Ensuite la morale :


Evidemment, l’effarante primauté accordée, au sein de notre Europe, à la technocratie, est difficile à admettre et à faire admettre. Elle heurte violemment la conscience démocratique des populations. Ainsi a-t-on trouvé, pour rendre cet état de fait acceptable, un habile stratagème. On a enrobé tout cela dans un discours enjôleur et moralisant.


Et l’on abuse du recours au lyrisme et de l’énoncé de grands principes, évidemment incontestables : l’Europe c’est « l’Union des peuples libres », c’est « le respect de la dignité humaine ». L’Europe c’est « la Paix ». De sorte qu’il devient éminemment suspect de formuler une critique. Qui prendrait le risque, en effet, d’apparaître comme un adversaire de la Paix ? Ou de la dignité humaine ? Ou de l’amitié entre les peuples ?


Voilà donc pourquoi la technique et la morale marchent ensemble. L’une sert à rendre l’autre présentable. Mieux : la morale sert à disqualifier tout adversaire putatif du triomphe de la technique et à décourager, en les faisant apparaître d’avance comme scandaleux, tous ceux qui oseraient questionner certains dogmes.


Hélas, tout ceci n’a finalement qu’une conséquence : l’atrophie du débat, elle-même caractéristique de la mort du politique


Coralie Delaume

L' Arene Nue - blog de Coralie Delaume

 

 

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 09:38

http://www.initiative-communiste.fr/wp-content/uploads/2014/04/vid%C3%A9o-meeting-de-lancement-de-la-campagne-du-CNR-RUE-pour-le-boycott-de-l%C3%A9lection-europ%C3%A9enne-300x182.jpg

Élection européenne : le CNR-RUE lance la campagne de boycott. Ni UE, Ni Euro, Ni FN, refus de vote, abstention citoyenne et mobilisation populaire

Samedi 26 avril 2014 à Paris lors d’un grand Meeting le comité national de résistance républicaine à l’élection européenne CNR-RUE a donné le coup d’envoi de la campagne de boycott de l’élection européenne


Retrouvez ci-après l’ensemble du meeting en vidéo


Parmi les interventions des personnalités du CNR-RUE, celles de Léon Landini président du PRCF, FTP-MOI et Georges Gastaud secrétaire national du PRCF, philosophe.

Le meeting en vidéo >>>

 [vidéo] CNR-RUE lance la campagne de boycott de l’élection européenne : le meeting en vidéo

 

http://www.initiative-communiste.fr/articles/europe-capital/cnr-rue-video-lancement-campagne-de-boycott-de-l-election-europeenne/

 

 

 

 

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28 avril 2014 1 28 /04 /avril /2014 09:24

Réponse d'Annie Lacroix Riz à une lectrice ( message en bas de la page )

 

 

22 avril 2014

 

 

http://socio13.files.wordpress.com/2010/02/annielacroixriz1.jpgChère lectrice, 

 

Votre courriel sincèrement déçu et indigné mérite réponse sérieuse.

 

Je suis grand-mère, comme vous, et autant que vous « soucieuse d’avenir ». Je suis également attachée au droit de vote, fruit des luttes populaires que j’ai fait connaître à mes élèves et étudiants et à certains de mes lecteurs. Je trouve cependant de plus en plus difficile d’en faire usage et me sens de plus en plus souvent contrainte de ne pas mettre de bulletin dans l’urne. N’ayant pu me débarrasser de la longue habitude, mûrement réfléchie, du vote pour le parti communiste français, je n’ai fait ainsi que prendre acte d’une déshérence que, comme nombre de membres ou anciens membres du PCF, je combats.

 


Si vous lisez mon dernier ouvrage, Aux origines du carcan européen, 1900-1960, vous serez moins choquée par l’idée qu’il n’y a rien à sauver de cette Europe du grand capital, à laquelle une majorité de Français a dit non en 2005, avis que la « gauche » et la droite de gouvernement se sont entendues pour bafouer. On ne change pas en entreprise bénéfique aux peuples une création exclusive, des origines à aujourd’hui, du capital financier. C’est une très grave responsabilité (parmi bien d’autres) de ce qui reste du mouvement ouvrier naguère combatif que de faire croire à ses mandants qu’un changement de l’intérieur est possible.

 

http://img.over-blog.com/379x500/5/19/70/31/Mes-imagesc4/140421-carcan-europeen.jpg


Le prétendu changement de l’intérieur, objectif que la CGT a fait valoir à ses membres pour les convaincre d’accepter l’adhésion à la Confédération européenne des syndicats issue de la « Confédération internationale des syndicats libres » (la CISL américaine de 1949) qu’elle a si longtemps combattue, a simplement aligné la Confédération, longtemps si combative, sur les syndicats non-combatifs. Cette ligne a privé les travailleurs français de leurs meilleures traditions de combativité syndicale et des résultats concrets de cette action contre « les empiètements pied à pied du capital ». Plusieurs décennies de reculs et d’échecs, la renonciation de fait à l’action, impliquant combat contre celle-ci de la direction confédérale, combat insidieux puis, et de plus en plus, ouvert : tel est le bilan du chimérique « changement » planifié depuis les années 1980 par certains des prédécesseurs de Bernard Thibaut, et consacré formellement depuis l’adhésion de 1999. Il est bien résumé par la publicité officielle de la CGT en faveur de l’ectoplasme « européen », que je vous cite (http://www.cgt.fr/-Confederation-europeenne-des-.html):


La Confédération européenne des syndicats (CES) a été créée en 1973 afin de défendre les intérêts des travailleurs au niveau européen et de les représenter devant les organes de l’Union européenne (UE). La CGT s’y est affiliée en 1999. L’incidence grandissante de la législation européenne sur la vie de tous les jours, a changé le cadre d’action des syndicats. Pour défendre leurs membres et négocier en leur nom efficacement au niveau national, ils doivent coordonner leurs activités et leurs politiques sur le plan européen. Pour influencer l’économie et la société au sens large, ils se doivent de parler d’une même voix et d’agir de concert au niveau européen. C’est la raison d’être de la CES. L’objectif de la CES : établir une UE avec une dimension sociale forte garantissant le bien-être de l’ensemble de ses citoyens. À l’heure actuelle, la CES regroupe 82 organisations membres de 36 pays européens, ainsi que 12 fédérations syndicales européennes, soit plus de 60 millions de membres, ainsi que des organisations ayant un statut d’observateur en Macédoine, en Serbie, et en Bosnie et Herzégovine La CES est un des partenaires sociaux européens et est reconnue par l’Union européenne, par le Conseil de l’Europe et par l’Association européenne de libre-échange (AELE) en tant qu’unique organisation syndicale interprofessionnelle représentative au niveau européen. 


Vous pourrez comparer ce type de littérature avec les présentes réalités syndicales, avec ce que pensait la CGT de Frachon du « marché commun » germano-américain et avec l’action qu’elle menait contre cette machine à écraser les salaires, question que j’évoque dans le petit ouvrage susmentionné. Au « moins disant » salarial européen, « dumping social » fébrilement requis par le patronat et annoncé dès 1950 par nos hauts fonctionnaires, « européistes » (pour leur écrasante majorité) ou non, a correspondu ce « moins disant » syndical. Je vous épargne une démonstration sur le plan politique de « l’eurocommunisme », qui aboutirait à un constat identique.


Les monopoles bancaires nés du « capitalisme mondialisé » non pas récemment mais depuis les années 1880, fondateurs et maîtres de « l’intégration européenne », et remarquablement organisés, eux, aux niveaux national et européen pour combattre les salariés et casser les salaires, ne se transformeront pas en fées « sociales ». Le cas qu’ils font du scrutin est quotidiennement démontré à propos de « l’Europe », dont les institutions soumises au vote populaire comptent notoirement pour zéro ‑ et je ne parle même plus ici du non majoritaire dans certains pays, systématiquement foulé aux pieds, y compris avec le concours des représentations « nationales » de parlements-croupions (aucun parlement « européen » ne dispose du moindre pouvoir, à commencer par le nôtre, qui ne dispose depuis 1958 d’aucun droit, entre autres, en matière budgétaire).


Pensez-vous sérieusement que le boycott de l’Europe ou la résurrection du sigle CNR puisse valoir à ses partisans « la sympathie des media dominants » ou soit synonyme de « quête de place »?

 

Vous savez comme moi que feu Stéphane Hessel, « européiste » d’origine, n’a obtenu de triomphe médiatique que parce qu’il appelait à s’« indigner » sans préciser contre qui il fallait s’indigner et agir, et parce que cette prétendue révolte ou révolution débouchait, qu’il en eût été conscient ou non, sur le mirage ou l’escroquerie de « l’Europe sociale ». Admettez que son courageux combat contre la politique d’apartheid qui frappe les Palestiniens lui a valu moins d’honneurs et d’éloges médiatiques.


Lequel d’entre nous attend de cet appel au boycott des prébendes, voire un accès équitable (ou un accès tout court) aux « médias dominants »? « Facilité  de la vague abstentionniste », écrivez-vous, pour qualifier un combat très difficile, au contraire : nombre d’électeurs qui appartiennent à la gauche se réjouiront d’apporter au « Front de gauche » ce qu’ils considèrent comme un vote de gauche efficace, puisque ce dernier leur promet obstinément une « Europe de gauche » ‑ et ils seront aussi indignés que vous par ce qu’ils prennent pour une désertion.


C’est des luttes populaires, auxquelles appellent « [mon] association de boycotteurs » et les groupements qui la composent, que tout dépend désormais, sachant que le boycott sera aussi pour chacun de ses partisans « un moment d’éducation populaire » et de lutte. Tout en respectant scrupuleusement les règles du travail scientifique, j’ai conçu l’ouvrage que je vous présente dans les pièces ci-jointes comme un instrument civique « d’éducation populaire ». Il est d’ailleurs d’autant plus légitime, du point de vue tant historique que politique, que l’université s’est engagée officiellement et de longue date dans la croisade idéologique « européenne ». Ne renoncez donc pas à me lire, même si c’est un peu contrariant sur le coup.


Puisque nous sommes toutes deux grands-mères, peut-être avez-vous comme moi conservé le souvenir de la campagne de Jacques Duclos de 1969 en faveur de l’abstention entre « blanc bonnet » et « bonnet blanc » : particulièrement combative, elle constitue un de mes meilleurs souvenirs militants. Sur le plan du combat électoral, assurément le meilleur, et de très loin.

Nous aurons peut-être l’occasion de reprendre, lors d’une rencontre de fin de conférence, cet échange. Je m’autorise à le communiquer à plusieurs de mes amis « boycotteurs », de même que vous avez librement communiqué votre protestation à mes éditeurs.

 

Bien cordialement,

 

Annie Lacroix-Riz

 

Merci de me préciser le sens, que je n’ai pas compris, de votre allusion à 1939, période, en effet, à laquelle ressemble la nôtre. La similitude est encore plus frappante, par nombre d’aspects, avec la longue ère d’abdications (ce pluriel est volontaire) du mouvement ouvrier international, France incluse, qui a précédé la Première Guerre mondiale. Cette faillite spectaculaire a suscité la réflexion et l’appel à l’action de Lénine avant, pendant et après la boucherie impérialiste de 1914-1918. Le renouveau, indéniable et rapide, qui a succédé à ce fiasco n’a pas été, vous en conviendrez, imputable au moindre scrutin : il a été la conséquence 1° de la terrible expérience de populations que leurs tuteurs, patronaux et étatiques mais aussi issus de leurs propres rangs, avaient si durablement dupées et 2° du vaillant combat des « minoritaires », si isolés en 1914.

 

***********

bonjour,


j’ ai lu vos livres et aidé à leur diffusion... D’où ma surprise de vous voir surfer sur la facilité  de la vague abstentionniste: après les municipales, elle sera haute et houleuse pour les élections européennes.

il y a des combats qu’il est plus confortable de ne pas mener... cela me fait penser à  1939...   mais qui d’autre que les vainqueurs actuels du capitalisme mondialisé y trouveront leur compte?

Quant au sigle CNR  dont votre association de boycotteurs se pare.... elle vous attirera la sympathie des média dominants, mais certains dans leur tombe...., en pièce jointe ce que nous diffuserons sur Pau le premier mai.

Boycotter ce n’est pas lutter, donnez vous les moyens de présenter des listes et des propositions...une campagne électorale , c’est un moment d’éducation populaire.

 

Paule Lanta

grand mère soucieuse d’ a venir,militante associative, syndicale et politique de terrain....et porteuse de cette irremplaçable expérience que les VIP en place ou en quête de place feraient bien de prendre en compte

 

 

 

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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 13:48

http://s1.lemde.fr/image/2013/09/03/534x0/3470552_7_f8c0_la-banque-centrale-europeenne-a-francfort_8a05e2f54064369b3d3989c59c4641c3.jpg

 

Publié le 24 Avril 2014 par Descartes

 

Pierre Laval a dit beaucoup de choses au cours de sa longue vie politique. Presque toutes ont été oubliées. Mais personne n’a oublié cette phrase glaçante : « je souhaite la victoire de l’Allemagne ». Il y a des formules comme cela qui nous échappent et qui résument crûment en quelques mots nos pensées les plus profondes. C’est d’ailleurs pourquoi ceux qui les prononcent les regrettent souvent. Par certains côtés, le titre du Mondedaté du mercredi 16 avril fait partie de ces formules-là.

En voici le texte : « Bruxelles et Berlin forcent Hollande à tenir ses engagements budgétaires ».

 

Et en sous titre : « La France est ainsi contrainte de réaliser des économies supplémentaires ».


Venant du soi disant « journal de référence », devenu celui des élites euro-raisonnables depuis la disparition malheureuse en quelques années des élites euro-passionnés, ces titres ont de quoi étonner. Ainsi donc, « Bruxelles et Berlin » (notons la symétrie) seraient en train de « forcer » un gouvernement français démocratiquement élu et de « contraindre » la France. On n’en est plus à « demander », comme cela se fait entre amis, ni même à « exiger » comme cela se fait entre partenaires. On a renoncé à « imposer », comme cela se fait dans un rapport de subordination juridique. Non, on emploie directement et sans fard le langage le plus cru, celui des rapports de force nue, celle qui « contraint » et « force » le plus faible à faire ce que le plus fort a décidé. Les masques de « l’Europe qui protège » tombent enfin devant la réalité d’une Europe qui « force » et « contraint » les Etats membres, en attendant de pouvoir faire de même avec leurs citoyens.


Mais le plus extraordinaire, c’est que Le Monde n’a pas pour objectif, en publiant ces titres, de dénoncer l’abjecte soumission de la France et de son gouvernement aux décisions de Berlin et Bruxelles. Au contraire. L’article qui accompagne ce titre tout comme ceux publiés ces derniers jours sont dans la logique de l’auto-flagellation morbide. La France est en faute, elle est dissipée, inconstante, incapable de « réformer », de devenir « sérieuse » comme l’Allemagne ou la Finlande. Elle doit donc souffrir pour laver ses pêchés. Si Bruxelles et Berlin la « forcent » à avaler l’huile de foie de morue de l’austérité, c’est pour son bien. Au lieu de protester, nous devrions au contraire être reconnaissants que Barroso et Merkel nous « contraignent » dans notre propre intérêt comme le ferait un maître sévère mais bienveillant.


Nos élites bienpensantes ont institué le « devoir de mémoire » en obligation sacrée. Pourtant, en matière européenne elles souffrent d’une singulière amnésie. Personne ne semble se souvenir qu’après la défaite de 1940, le régime du Maréchal avait fondé son idéologie sur la contrition nationale. Pour que la France puisse renaître, disait-il, il lui fallait laver ses fautes : les français – surtout les ouvriers d’ailleurs – avaient trop dansé, trop chanté, trop revendiqué. Ils s’étaient laissé séduire par des « idéologies étrangères », et oublié de rendre hommage aux « hiérarchies naturelles » pour se vautrer dans les congés payés. La défaite, pour les premiers vichyssois, était presque une bénédiction, puisqu’elle allait permettre à la France d’expier ses pêchés et de connaître la rédemption par la souffrance. L’occupant nous avait en fait rendu service, en abattant la République et en ouvrant le chemin à la « Révolution nationale » qui allait reconstruire le pays et – déjà – le « réformer sur de nouvelles bases ». Ensuite, cette France « raisonnable » s’insérerait tout naturellement dans le « nouvel ordre européen » dans lequel – déjà… - le couple franco-allemand scellé à Montoire jouerait un rôle directeur.


Il est effrayant de voir ce même discours resurgir soixante-quinze ans plus tard, et qui plus est à la « une » du journal des élites. Des élites qui, par manque de culture historique et politiques, se trompent profondément sur le sens de la construction européenne et surtout de nos rapports avec l’Allemagne. Des rapports qui ont été, sont et resteront pour longtemps encore des rapports de puissance à puissance. Comme le disait l’homme d’Etat britannique, « les nations n’ont pas d’amitiés sacrées, elles n’ont que des intérêts sacrés ». « L’amitié franco-allemande » a toujours été une fiction. Elle a été fabriquée de toutes pièces pour habiller une convergence objective d’intérêts entre les deux pays à la fin des années 1950. D’un côté, l’Allemagne avait déposé sa candidature à la ré-admission dans l’espèce humaine dont elle avait été honteusement expulsée en 1945, et avait besoin d’un sponsor de poids pour avoir une chance de voir sa demande acceptée. De l’autre côté, la France était en froid avec les américains et les britanniques, et avait besoin d’alliés sur le continent européen. C’est cette convergence d’intérêts, et non pas une quelconque « amitié », qui a produit le traité de l’Elysée et les embrassades entre De Gaulle et Adenauer. Qui n’étaient d’ailleurs pas dupes des limites d’une telle « amitié » : malgré toutes les embrassades, il n’était pas question pour le Grand Charles d’inviter un président allemand à Oradour ou faire défiler des troupes allemandes le 14 juillet à Paris.


Malheureusement, ses successeurs n’ont pas eu la même clairvoyance. A force de répéter le discours de « l’amitié », ils ont fini par le croire, rejoignant en cela les pacifistes des années 1930 dans leur vision bisounoursienne des rapports internationaux. Cela ne se voyait pas trop aussi longtemps que la convergence objective des intérêts de la France et de l’Allemagne donnait un substrat réel à ces rapports « d’amitié ». Mais avec la réunification allemande, la convergence d’intérêts à disparu. L’Allemagne est redevenue une puissance continentale, riche et respectée. Elle n’a plus besoin de du soutient politique d’une France affaiblie. « L’amitié » a donc été remplacée, et c’était prévisible, par des rapports de force. On continue bien entendu à faire comme si, en organisant ces « conseils de ministres franco-allemands » qui ne produisent rien ou en décidant des « airbus de l’énergie » qui ne verront jamais le jour. Mais tout cela n’est qu’une coquille vide. Et le titre duMonde cité ci-dessus en est la parfaite illustration. Comment croire au « couple » et à « l’amitié », et en même constater que Berlin est prêt à « forcer » et « contraindre » celui qui est censé être son « ami » ?


La construction européenne révèle donc sa vraie nature : le mariage monstrueux entre l’idéalisme pacifiste à la Briand – celui-là même qui conduisit la Société des Nations à l’impuissance, à Munich et à la défaite en 1940 – et le néo-libéralisme des « libéraux-libertaires » à la Cohn-Bendit dont le programme est de réduire les états-nations à l’impuissance non pas pour les remplacer par un nouvel corps politique, mais pour mettre à leur place un mécanisme sans âme – celui du marché – piloté par des technocrates.


On pourrait se dire que devant l’évidence, nos élites finiront par réaliser l’inanité des politiques qui nous ont conduit là ou nous sommes. Et bien, il faut perdre cet espoir. Ce n’est jamais le cas. De la même manière qu’en 1940 les élites pacifistes ont tiré de la défaite la conclusion qu’ils aurait fallu l’être encore plus et vomi ceux qui appelaient à continuer le combat par d’autres moyens, en 2013 les élites tirent la conclusion qu’il faudrait « plus d’Europe ».


Descartes

 


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18 avril 2014 5 18 /04 /avril /2014 09:40

Info reprise sur le blog de Diablo

 

http://img.over-blog.com/180x177/0/32/46/53/Personnalites2/frederic-Lordon1.jpg

Frédéric Lordon était l‘invité de Patrick Cohen le 17 avril 2014 à 8h20. L’économiste est directeur de recherche au CNRS, auteur notamment de La malfaçon - Monnaie européenne et souveraineté démocratique (Les liens qui libèrent, mars 2014)

 

Dans cet ouvrage, Frédéric Lordon avance plusieurs scénarii possibles de sortie de l’euro pour rompre avec « les politiques d’austérité. »

 

Le verrou  allemand   

 

Avec Patrick Cohen, il est d’abord revenu sur les origines de la vision très stricte de l’Allemagne quand au respect des principes des traités européens. Une rigueur qui vient de la  « grande déflation »  des années 20 estime Frédéric Lordon. Les Allemands choisissent alors une politique d’austérité qui mènera les Nazis au pouvoir.

 

Depuis, les Allemands considèrent selon Frédéric Lordon que « l’orthodoxie monétaire devait recevoir un caractère sacro-saint […]  sur ces principes l’Allemagne ne transigera jamais ».  Il n’y a pas de volonté de domination allemande dans l’Union dit Frédéric Lordon mais une hégémonie allemande » pour ces raisons historiques. « L’ordre monétaire européen, est le décalque de l’ordre institutionnel allemand »

 

C’est pour ces raisons que le verrou a été poussé par l’Allemagne estime Frédéric Lordon, les Allemands ne transigeront jamais à moyen terme et donc « tous les projets de reconstruction de l’Union monétaire européenne qui font l’impasse sur cette question sont nuls et non avenus. »

 

La crise responsable de la dette

 

La crise de 2007/2008 est responsable du surplus de dettes. « Cette crise qui a entrainé une contraction du crédit et une récession a été d’une violence inouïe » reprend Frédéric Lordon, C’est la récession qui fait exploser les déficits et s’accumuler les dettes. »

 

Les politiques d’austérité nationales et européennes sont un « désastre », « le pire », ajoute l’économiste, c’est que les institutions européennes, le FMI, la Banque Mondiale « persistent dans leurs erreurs »

 

Faut-il effacer 624 milliards d’euros de dettes françaises ?

 

Frédéric Lordon préconise d’effacer les 624 milliards d’euros de dettes dans le scénario le plus extrême. Un scénario plus modéré avancé par l’économiste serait « de refaire intégralement le cadre institutionnel et les orientations qui gouvernent la conduite des politiques économiques nationales et européennes »

 

Le défaut de paiement de la dette pourrait dans ce cas être « un levier » dit Frédéric Lordon, « une instrumentalisation politique du défaut qui conduirait à mettre par terre l’intégralité  du système bancaire comme la crise des subprimes mais pour faire cette fois tout ce qu’on n’a pas fait en 2009. »  

 

« Le sauvetage des banques était une nécessité et un scandale car il n’a été assorti d’aucune contrepartie » conclut Frédéric Lordon.  

 

 

 

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14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 21:02

 

Les Français souffrent d’une crise d’identité collective, car il est difficile d’être seul face au monde, abandonné par une collectivité sans vision.


Euro-copie-1.jpg

 

Quel est en effet l’objectif de la collectivité nationale qui s’appelle « la France » ? maintenir les acquis ? mais comment ? se fondre dans l’Europe ? mais quelle Europe ? s’adapter à la mondialisation ? mais à quel prix ?


Nos dirigeants nous cachent non seulement leurs véritables objectifs pour la France, mais pire encore leur impuissance. L’affaire de l’Euro l’illustre bien, même si elle n’est que la part monétaire de notre dépossession de pouvoir.


Nous avons concédé notre souveraineté monétaire à la Banque Centrale Européenne. Qu’en a t-elle fait? l’Euro frôle les 1,40 dollar et la BCE se demande encore s’il ne faudrait pas, finalement, faire baisser sa valeur !


La stabilité de l’Euro promettait une harmonisation progressive de l’économie européenne, mais l’on observe l’écrasement des industries du Sud de l’Europe par celles du Nord. De plus, force est de constater, du point de vue économique, qu’il vaut mieux se trouver en dehors de la zone Euro qu’à l’intérieur.

Nous aimerions bien que l’Euro baisse, mais qui nous écoute ?


Nous aimerions bien que nos industriels bénéficient des mêmes conditions que les industriels allemands, mais comment faire ?


En attendant, notre déficit commercial atteint des niveaux records, nos entreprises ferment, nos salariés se retrouvent au chômage, nos diplômés fuient le pays, nos impôts augmentent ce qui n’empêche nullement notre déficit budgétaire de rester désespérément élevé et notre endettement public de s’accroître.


Quand est-ce que toutes ces tendances négatives nous feront le plaisir de s’inverser ? Quand nous n’aurons plus d’industrie, quand nos salaires, nos allocations chômage et nos retraites se seront effondrées ? Un jour, c’est certain, nous trouverons l’équilibre, ou le fond…


En espérant qu’un jour la dégringolade s’arrête, que nous proposent nos dirigeants ? De prendre l’argent ici pour le mettre là et parfois, avec une audace renversante, d’effectuer de microscopiques réformes étalées sur une décennie. Pour couvrir le bruit de la chute, ils s’essaient à nous convaincre que rien de plus ne peut être tenté, avec l’aide du chœur des profiteurs du statu quo à tout prix. Or, même ces efforts de propagande sont couronnés d’échec si l’on en croit les sondages d’opinion, les élections et plus profondément l’humeur générale du pays.


Qu’attend donc la France pour agir ? Les Français savent confusément que le statu quo n’est pas possible puisqu’ils constatent quotidiennement que les dérapages financiers, industriels et sociaux les obligent à renoncer progressivement aux avantages d’une nation riche, prospère, puissante pour rejoindre le statut de ces peuples dépendants qu’ils méprisaient si facilement il y a peu.


Et pourtant, le mouvement ne demande qu’à être inversé, comme le répètent sur tous les tons de plus en plus d’économistes et comme je l’ai écris à de multiples reprises dans des blogs précédents. Il suffit de reprendre notre autonomie monétaire pour que nos coûts de production soient réduits en fonction de la valeur que nous donnerons à notre monnaie, sans aucun doute inférieure à l’Euro, pour que produire en France devienne plus attractif et acheter à l’étranger moins, pour que l’embauche reprenne et que le bâtiment reparte.


Les blocages qui nous empêchent de le faire relèvent plus de la psychanalyse que de l’économie : notre endettement serait certes mécaniquement accru en monnaie nationale, mais il serait stoppé, nos voisins allemands seraient mécontents, mais ils s’y feraient, Marine Le Pen serait contente, mais ce n’est pas elle qui en tirerait le bénéfice politique.


Ceux qui en tireront le bénéfice politique, ce seront les hommes d’État courageux qui sauront s’extraire du statut d’eunuques politiques dans lequel ils ont été enfermés.


Il faut ajouter que la reprise de contrôle monétaire ne peut être que le début de la prise de conscience des Européens de la nécessité de sortir l’UE de sa condition de colonie américaine, une condition de moins en moins tenable alors que s’affirment les nouveaux pouvoirs, en Chine, en Russie ou en Afrique.


Pour survivre au milieu d’eux, l’Europe doit pouvoir mener une politique autonome, par conséquent non inféodée au pouvoir de Washington. Sinon les USA nous sacrifierons sans hésiter à la défense de leurs propres intérêts. L’affaire ukrainienne l’illustre, qui montre la nécessité d’entente avec la Russie et non de s’y confronter comme le veulent les Etats-Unis.

 

Aussi la sortie de l’Euro doit-elle, paradoxalement, annoncer la reprise du pouvoir des peuples européens sur leur destin, un moment abandonné au pouvoir déclinant des Etats-Unis. C’est sans doute pourquoi elle suscite tant de passions contraires.

 

André Boyer



André BOYER est professeur en Sciences de Gestion, à l'IAE de Nice. Il a enseigné dans seize pays et contribué à la création de programmes de formation dans douze pays.

 

 

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4 avril 2014 5 04 /04 /avril /2014 17:13
latribune.fr  |  04/04/2014

http://static.latribune.fr/article_page/348281/manifestation.png

Plusieurs dizaines de milliers de manifestants venus d'une vingtaine de pays européens ont parcouru la capitale belge vendredi. Leur message était simple : "l'austérité ne fonctionne pas".

La recette de l'austérité chère à Bruxelles et à la BCE a toujours fait grimacer. Désormais elle fait hurler, même dans les calmes artères de la capitale belge. Vendredi ce sont ainsi plusieurs dizaines de milliers de manifestants, venus d'une vingtaine de pays européens, qui ont défilé à Bruxelles à l'appel des syndicats pour dénoncer une austérité inefficace et réclamer aux dirigeants de l'UE une "autre voie" plus sociale pour l'Europe.

La première "euro-manifestation" de l'année a rassemblé "plus de 52.000 personnes de 21 pays", s'est réjoui Bernadette Ségol, la secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), qui misait sur la présence de 40.000 personnes. Ils étaient 25.000 selon la police.

"Austérité = pauvreté durable"

Parti de la gare du Nord, le cortège - aux couleurs des syndicats belges - a parcouru les boulevards de la capitale belge pour se rendre jusqu'au quartier abritant les institutions européennes. Il a réclamé une Europe plus sociale : "Mesures d'austérité = pauvreté durable", "People, not profit", pouvait-on entre autres lire sur les panneaux brandis.

"Les responsables européens ne veulent pas entendre notre message, pourtant simple : leurs politiques en réponse à la crise financière ne suffisent pas et ont en réalité aggravé la crise sociale et économique. Notre message est que l'austérité ne fonctionne pas", a expliqué Bernadette Ségol.

Affrontements et lancers de pavés

Si la plupart des manifestants, Belges mais aussi venus de France, de Pologne, du Danemark, d'Espagne ou de Grèce, ont marché dans la calme, scandant leurs slogans et lançant des pétards, quelques affrontements sévères ont toutefois eu lieu.

Les dockers (ouvriers portuaires) d'Anvers et de Gand se sont notamment désolidarisés de la marche pacifique pour prendre la tête du cortège dès le départ et ont cherché la confrontation en lançant des projectiles, notamment des pavés, en direction des forces de l'ordre. En réponse, celles-ci ont utilisé un canon à eau et des gaz lacrymogènes.

Pour un "virage à gauche"

L'objectif du rassemblement était "d'offrir une nouvelle voie à l'Europe, sans austérité mais avec des investissements forts pour une croissance durable et des emplois de qualité", a commenté Emanuela Bonacina, porte-parole de la CES.

"Un virage à gauche est indispensable", a plus clairement estimé la chef du syndicat socialiste belge FGTB, Anne Demelenne, en réclamant un "plan Marshall" pour relancer l'économie européenne.

Plus de 26 millions d'Européens sont sans emploi. Il y a 10 millions de chômeurs de plus qu'en 2008, et dans 18 des 28 pays de l'UE les salaires réels ont chuté, font remarquer les syndicats européens.

"Et la situation des jeunes est pire encore: 7,5 millions de jeunes Européens ne travaillent pas, ne suivent pas d'études ou de formation", a souligné Bernadette Ségol, en évoquant le risque d'une "génération perdue". 
Les manifestants ont également dénoncé la concurrence des travailleurs venus de pays de l'UE où les salaires sont plus faibles, et ont réclamé la mise en place d'un Smic européen.

http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20140404trib000823719/manifestations-anti-austerite-monstres-a-bruxelles.html

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3 avril 2014 4 03 /04 /avril /2014 09:09

 

Les responsables européens ont répondu mardi par une fin de non recevoir à la demande implicite formulée la veille par François Hollande de se voir accorder un nouveau délai pour faire repasser le déficit public sous la barre des 3%.

Le président de la République, faisant allusion au pacte de responsabilité et aux 50 milliards d’économie prévus d’ici 2017, avait en effet affirmé lundi, que le nouveau gouvernement « aura aussi à convaincre l’Europe que cette contribution de la France à la compétitivité et à la croissance doit être prise en compte dans le respect de ses engagements. »

 
C’est d’abord le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, qui s’est employé à « rafraîchir la mémoire » du gouvernement français en rappelant que « la France a déjà profité, dans le cadre de la procédure pour déficit excessif, de deux reports de calendrier ». Dans ces conditions, a-t-il insisté, « il est essentiel que la France agisse de manière décisive pour assurer la soutenabilité de ses finances publiques à long terme et pour résoudre les entraves bien connues à la compétitivité et à la croissance ».

 
A Athènes, Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe, a lui aussi affirmé à l’issue d’une réunion des ministres des finances de la zone euro qu’il était essentiel pour l’Europe que la France remplisse ses obligations et mène à bien les réformes qu’elle s’est engagée à réaliser. Il s’est déclaré impatient de recevoir du prochain gouvernement français les détails de son programme de réduction du déficit public et les mesures qu’il compte prendre dans le cadre du pacte de responsabilité…


 

Source: 

 

 

http://s1.lemde.fr/image/2010/11/17/534x267/1441136_3_9e6a_athenes-s-inquiete-de-nouvelles-mesures_037322eeaac7a44e11628599665d1bed.jpg

 

 

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2 avril 2014 3 02 /04 /avril /2014 18:09

http://static.ladepeche.fr/content/media/image/zoom/2014/03/26/201403262069-full.jpgPar Raoul Marc Jennar  


2/04/14

 

Il n’y a pas d’Europe sociale. En dépit des promesses et des engagements, en dépit de la magnifique Charte sociale de Turin et de tous les textes qui ont suivi et qui n’ont qu’une valeur indicative. Chacun sait, et les juristes mieux que d’autres, qu’il n’y a pas de droits sans possibilité de les faire respecter. C’est la dramatique faiblesse des Conventions sociales de l’Organisation Internationale du Travail.


Dès le traité de Rome de 1957,  les six gouvernements fondateurs ont renoncé à l’obligation d’harmonisation sociale parallèlement à la volonté d’harmonisation commerciale et économique. L’harmonisation sociale devait résulter, comme l’indique l’article 117, du « fonctionnement harmonieux du marché ». On voit aujourd’hui ce qu’il en est avec 27 millions de chômeurs  et un droit du travail en plein recul !


L’harmonisation par le haut des politiques sociales pratiquées dans un grand nombre de ce qui fut l’Europe des Quinze s’est heurtée à l’opposition systématique de la Commission européenne. Celle-ci, forte du monopole de l’initiative dont elle est  gratifiée, a toujours refusé de présenter des propositions dans ce sens au Conseil des Ministres.


Force est de constater que les orientations fondamentales des choix européens tendent à démanteler les politiques sociales dans les Etats où elles existent encore. La volonté de subordonner tous les choix politiques au primat de la concurrence dans un cadre de liberté de circulation et d’établissement conduit à ce démantèlement.  Quand on observe les propositions et les recommandations de la Commission européenne aux Etats membres de l’UE, il est manifeste que l’objectif est d’abolir peu à peu le droit du travail comme domaine juridique spécifique et non assimilable à des relations civiles privées. Ce qui nous ramènera à ce 19ème siècle si cher aux libéraux, époque au cours de laquelle le droit civil régnait en maître dans les relations de travail, époque où c’est la voix de l’employeur qui primait toujours sur celle du salarié.


Nul ne s’étonnera dès lors qu’aillent dans le même sens les propositions faites par la Commission européenne au Conseil des Ministres et approuvées par celui-ci, le 14 juin 2013, en vue de l’adoption du mandat de négociation pour la création de ce qui est appelé un « partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » (ou grand marché transatlantique- GMT).

En fait, ce GMT fournit l’opportunité de procéder au démantèlement de ce qui existe encore en matière de normes sociales dans un certain nombre d’Etats de l’Union européenne. Faut-il préciser que, pour la préparation du mandat de négociation, la Commission européenne reconnaît elle-même avoir tenu à cette fin, entre janvier 2012 et avril 2013, 119 réunions avec les représentants des milieux patronaux et financiers ?


Avec le GMT, un des grands objectifs poursuivis par l’UE et les USA – c’est-à-dire par les multinationales transatlantiques fidèlement relayées par les gouvernements et la Commission européennes – c’est d’atteindre le plus petit dénominateur commun en matière de législations et de règlementations sociales. Le texte parle de « compatibilité des réglementations », « d’harmonisation ». Or, depuis que le libre-échange concerne non seulement les droits de douane, mais aussi ce qu’on appelle les « obstacles non-tarifaires », on sait que les négociations de ce genre vise à obtenir les normes les moins contraignantes pour les entreprises. C’est l’objectif des accords de l’Organisation Mondiale du Commerce dont l’article 3 du mandat européen annonce « un haut niveau d’ambition d’aller au-delà » de ces accords.


De prétendues garanties


On trouve dans ce document secret qu’est le mandat de négociation un certain nombre de dispositions présentées par la Commission européenne et le gouvernement français comme des garanties de nature à protéger les normes sociales. Ainsi par exemple, cette phrase à l’article 8 « L’Accord devrait reconnaître que les Parties n’encourageront pas le commerce ou l’investissement direct étranger par l’abaissement de la législation et des normes en matière d’environnement, de travail ou de santé et de sécurité au travail, ou par l’assouplissement des normes fondamentales du travail ou des politiques et des législations visant à protéger et promouvoir la diversité culturelle. » De même, on peut lire, à l’article 32 que « L’Accord comportera des mécanismes pour soutenir la promotion du travail décent à travers l’application nationale efficace des normes fondamentales du travail de l’Organisation internationale du travail (OIT) telles que définies dans la Déclaration de l’OIT de 1998 relative aux principes et droits fondamentaux au travail, (…). »

 

Quelle crédibilité accorder à ces « protections » ?


On notera qu’à l’article 8, il ne s’agit que d’un souhait et que les garanties de l’article 32 ne résistent pas au fait que les USA n’ont pas ratifié les normes fondamentales du travail de l’OIT.


On ne peut accorder aucun crédit aux prétendues garanties inscrites dans le mandat européen de négociation. Parce que, dans l’ordre européen interne, les institutions européennes prennent des décisions qui vont dans le sens opposé.


Depuis le milieu des années 80 et l’arrivée de Jacques Delors à la tête de la Commission européenne, toutes les propositions de cette Commission, vont dans le même sens : donner à la liberté de circulation et d’établissement son interprétation la plus large ; accorder au principe de la libre concurrence une application sans limite.  Ainsi, je prends par exemple une communication de la Commission au Conseil des Ministres et au Parlement européen publiée au Journal officiel de l’UE du 13 septembre 2001 : « Si des problèmes concrets se posent, la Commission aimerait recevoir les contributions du secteur privé et de la société civile afin d’identifier les solutions qui devraient ou pourraient être prises. Pour contribuer à définir d’éventuelles solutions, la communication inclut une liste non exhaustive de solutions possibles. Les solutions proposées sont:

  • laisser au marché la solution de tout problème rencontré;
  • promouvoir l’élaboration de principes non contraignants, communs. »


Depuis le début de la crise, la Commission, dotée de compétences nouvelles (semestre européen, MES, TSCG), adresse des recommandations qui demandent toutes la libéralisation voire la privatisation des services publics, la remise en cause du droit du travail, le démantèlement de la sécurité sociale. Il faut voir l’insistance que met la Commission à exiger que les Etats qui pratiquent encore la liaison des salaires et des allocations au coût de la vie y renoncent.

 

Quatre arrêts de la CJUE décrètent le primat du marché et de la concurrence sur le droit social.

 

Les arrêts Viking, Laval, Rüffert, Commission contre Luxembourg ont en commun de créer une hiérarchie des normes européennes qui place au plus haut niveau le primat du marché et de la concurrence sans limite et qui subordonne aux lois du marché le droit social


Quel crédit peut-on accorder à cette prétendue volonté de la Commission européenne de défendre les normes sociales quand on sait que celle-ci a introduit à l’OMC une plainte contre l’Egypte parce qu’elle vient d’instaurer un salaire minimum qui s’applique aux entreprises européennes qui travaillent dans le pays ?


Comment, dès lors, peut-on croire un seul instant que les dispositions du mandat relatives aux normes sociales seront défendues face aux USA par une Commission européenne dont tout l’effort en interne est précisément de remettre en cause le travail décent et les normes sociales ?

 

Les « garanties » inscrites dans le mandat l’ont été d’abord pour obtenir l’adhésion de tous les gouvernements de l’UE et fournir à ces derniers des arguments pour rassurer la Confédération Européenne des Syndicats, les centrales syndicales nationales, les parlementaires et les populations légitimement inquiètes désormais lorsqu’on leur parle de libéralisation et de grand marché. On ne peut un seul instant créditer la Commission européenne, négociateur unique, de la volonté de faire respecter de telles dispositions qu’elle combat chaque jour dans le cadre européen.


Une « justice » privée pour le secteur privé


En outre, en prévoyant, à l’article 32 du mandat européen de négociation, le recours à un mécanisme de règlement des différends en matière sociale, nos gouvernements sont disposés à confier à des groupes d’arbitrage privés le soin de régler tout conflit sur les législations et réglementations sociales entre une firme privée et les pouvoirs publics, enlevant ainsi à nos tribunaux le pouvoir de trancher ce type de conflits. Un mécanisme de règlement des différends n’est en aucune façon un tribunal : c’est une structure créée au cas par cas, composée de personnes privées choisies par les parties, qui délibère en secret et dont les décisions sont sans appel. Une structure de ce type poursuit un seul but : donner raison à la firme privée. C’est que montre l’exemple de l’accord de libre-échange Canada-USA-Mexique signé il y a 20 ans qui sert de modèle au GMT.


Tout doit être mis en œuvre pour faire échouer cette négociation UE-USA qui transformera, si elle aboutit, les 28 Etats de l’UE en 28 colonies américaines.


Raoul Marc JENNAR

 

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Auteur de « Le grand marché transatlantique. La menace sur les peuples d’Europe », Perpignan, Cap Bear Editions, mars 2014.

 

http://www.jennar.fr/?p=3504

 


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26 mars 2014 3 26 /03 /mars /2014 11:56

PAR OLIVIER PETITJEAN 26 MARS 2014

 

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Plusieurs dizaines de fonds spéculatifs s’estiment lésés par la suppression d’aides publiques ou les restructurations de dettes souveraines menées en Europe. Au nom de la protection des investissements, ils attaquent donc les Etats devant des tribunaux commerciaux extranationaux. En jeu : des centaines de millions d’euros d’indemnités à empocher. Si leurs premières cibles sont l’Espagne, la Grèce et Chypre, d’autres pays pourront être concernés.

Après l’austérité, les citoyens européens paieront-ils la facture de la crise une seconde fois ?


En plus des politiques d’austérité, une nouvelle menace se profile à l’horizon pour les pays du Sud de l’Europe : celle de procédures intentées devant des juridictions commerciales opaques par des acteurs financiers, qui cherchent à tirer profit des traités garantissant la « protection des investisseurs ». Des fonds spéculatifs, s’estimant lésés par des restructurations de dette ou par la fin de subventions publiques à certains secteurs, font ainsi jouer la clause du « traitement juste et équitable » (lire notre article) des investisseurs pour demander réparation.


Grèce, Chypre et Espagne sont ainsi la cible de procédures intentées devant divers « tribunaux » d’arbitrage par des firmes privées, qui leur réclament plusieurs centaines de millions d’euros. Ces poursuites pourraient être les signes avant-coureurs d’une nouvelle déferlante de procédures du même type affectant tous les pays d’Europe, dont la France. Un nouveau rapport publié par le Transnational Institute et le Corporate Europe Observatory, intitulé « Profiter de la crise - comment entreprises et avocats d’affaires font des profits au détriment des pays européens frappés par la crise » [1] tire la sonnette d’alarme.

Quand les peuples doivent indemniser les spéculateurs

Pour les firmes plaignantes, les diverses mesures prises par les gouvernements européens durant la crise ont diminué la valeur de leurs investissements, et constituent donc une forme d’« expropriation indirecte ». Elles réclament en conséquence des centaines de millions d’euros de compensation. Pour les procédures connues à ce jour, les montants en jeu atteignent 700 millions d’euros pour l’Espagne et un milliard d’euros pour Chypre. La somme demandée à la Grèce n’est pas connue. Les citoyens de ces pays, déjà affectés par des mesures d’austérité qui ont entraîné une dégradation sévère de leur niveau de vie, devront peut-être payer une seconde fois la facture. Non plus, cette fois, pour renflouer les banques européennes, mais pour indemniser les spéculateurs.


Les pays du Sud touchés par des crises financières – notamment l’Argentine – connaissent bien ces « fonds vautours », qui cherchent à profiter de la situation en rachetant à bas prix la dette de ces pays, puis en se retournant contre ces derniers devant les tribunaux commerciaux. Une démarche d’autant plus tentante que les différends relatifs aux investissements entre États et entreprises sont généralement tranchés par des mécanismes d’arbitrage ad hoc, souvent favorables aux intérêts commerciaux, et n’ayant de compte à rendre à personne.

Plainte des investisseurs contre les suppressions de subventions

C’est exactement la situation qu’a connu la Grèce suite à la crise financière qui s’est déclenchée en 2009. L’accord de restructuration de la dette grecque a largement ménagé les intérêts des créanciers privés. Une proportion substantielle de l’aide financière internationale a fini dans les poches des banques françaises ou allemandes : 77% des 207 milliards de l’aide européenne a bénéficié, directement ou indirectement, au secteur financier (lire Où sont passés les 200 milliards destinés au « sauvetage » de la Grèce ?). Cela ne semble pas suffisant pour des investisseurs comme la Poštová Bank, de Slovaquie, qui poursuit aujourd’hui la Grèce, et quelques autres qui menacent de faire de même. L’un d’eux, Dart Management, a déjà obtenu 400 millions d’euros d’Athènes après avoir refusé l’accord de restructuration et menacé le pays de poursuites.


En Espagne, ce sont paradoxalement les coupes budgétaires décidées par le gouvernement pour réduire le déficit public qui posent problème. Elles sont la cible de 22 investisseurs dans le cadre de sept procédures distinctes. En cause, la suppression, pour cause d’austérité, des considérables aides publiques aux énergies renouvelables mises en place avant la crise. Cette suppression est certes contestable d’un point de vue environnemental, et a d’ailleurs été fortement encouragée par les grosses firmes énergétiques européennes. Mais on peut s’étonner que seuls les acteurs financiers internationaux – et non les citoyens espagnols, ni les petites entreprises locales du secteur – disposent des moyens légaux de la dénoncer.


Des paris spéculatifs sans aucun risque

L’année dernière, le Transnational Institute et le Corporate Europe Observatory avaient déjà dénoncé ce complexe système des accords d’investissement et lestribunaux d’arbitrage qui leur sont associés. Un petit monde généralement favorable aux entreprises, fonctionnant de manière opaque, qui fait la fortune de cabinets spécialisés d’avocats d’affaires. Ces derniers n’hésitent pas à encourager leurs clients à poursuivre les États, ou à réaliser leurs opérations financières via des pays tiers pour être sûrs de bénéficier de la protection maximale des accords d’investissement. Résultat, les États se retrouvent contraint de dépenser des millions en frais d’avocats pour ne pas avoir à en débourser encore plus à titre de dédommagement aux plaignants.


Les entités qui poursuivent aujourd’hui la Grèce, Chypre ou l’Espagne devant des tribunaux commerciaux ne sont pas des entreprises de « l’économie réelle », ayant réalisé des investissements concrets et dont la viabilité économique serait mise en danger. Il s’agit dans la quasi totalité des cas de fonds d’investissement, qui ont réalisé des opérations spéculatives en toute connaissance de cause, faisant le pari que si elles échouaient, ils pourraient toujours se retourner contre les États concernés. Inutile de préciser qu’« expropriation » ou non, ils continuent pour la plupart d’afficher des profits confortables.

La jungle des traités d’investissement bilatéraux

L’investisseur qui poursuit la Grèce aujourd’hui, la Poštová Bank de Slovaquie, a racheté la dette grecque à partir de début 2010, alors que le pays était déjà considéré comme en quasi-défaut. Idem pour Dart Management. En Espagne, la plupart des « investisseurs » qui se retournent aujourd’hui contre le gouvernement sont entrés dans le secteur solaire en 2010 ou même plus tard. L’un d’eux, un fonds du groupe BNP Paribas appelé Antin, a ainsi pris ses positions dans le solaire espagnol en 2011 [2]. A un moment où il était clair que la crise de l’euro allait entraîner une réduction des aides au secteur. Derrière certains des fonds luxembourgeois ou néerlandais qui poursuivent aujourd’hui le pays, se cachent d’ailleurs des hommes d’affaires espagnols et de grandes entreprises nationales comme le groupe industriel Abengoa.


En cause : la jungle des traités d’investissement bilatéraux entre pays de l’Union européenne qui semble ne profiter qu’aux intérêts financiers privés. Une banque slovaque détenue majoritairement par des Chypriotes poursuit la Grèce, tandis qu’un fonds grec poursuit Chypre, le tout pour des mesures imposées à ces pays par la « troïka »(Fonds monétaire international, Banque centrale européenne et Commission européenne)... Rien de tout cela ne semble pourtant effrayer les autorités de l’Union, qui paraissent disposées à étendre et renforcer encore les droits des investisseurs dans le cadre des négociations en vue d’un futur accord commercial entre l’Europe et les États-Unis (lire notre enquête).


Olivier Petitjean

Photo : CC Rémy Saglier

 

 

Notes

[1Profiting from crisis - How corporations and lawyers are scavenging profits from Europe’s crisis countries. Lire ici une traduction française du résumé du rapport.

[2Le montant de la compensation financière demandée n’est pas connu.

 

http://www.lasemaine.org/partenaires/basta-mag/logo_mini

 

 

 

 

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