Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Présentation

  • : Le blog de Comite pour une Nouvelle Resistance- CNR
  • : L’association, s’inspirant des idéaux et des réalisations énoncés et établis par le Conseil National de la Résistance (C.N.R.) a pour but la mise en œuvre de réflexions, d’initiatives et d’actions visant à faire naître et vivre une « Nouvelle Résistance » favorisant la défense des conquêtes des mouvements sociaux de notre République.
  • Contact

comité pour une nouvelle résistance C N R 06

Rechercher

Lucie Aubrac résistante

St André des Alpes / 9 /07/11

Comité pour une Nouvelle Resistance- CNR / St André des Alpes / 9 / 07/ 11

 

Explication du maire , des raisons pour lesquelles  lui  et son équipe aient refusé le matin meme l'accès  à la salle alors que cette journée était prévue , organisée de longue date ...

Tout se termina bien  , Monsieur le maire et son équipe  ont fini par " capituler "  face à l'indignation de nos résistants d'hier...

24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 08:13

23 AOÛT 2013 |  par Philippe Marlière / Blog Médiapart 

 

http://static.mediapart.fr/files/imagecache/photo_blog_grande/blog/img/Andre_et_Regine_022.JPGPhilippe Marlière est titulaire d’un doctorat en sciences politiques et sociales de l’Institut universitaire européen de Florence. Depuis 1994, il est professeur de sciences politiques à University College de Londres.

 

Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, est politiquement insignifiant. Rien dans son parcours politique passé ou son action ministérielle présente ne justifie la position éminente qu’il occupe au cœur du gouvernement. Ses propositions sont ultra-minoritaires à gauche. Elles ont reçu le soutien de 5,7% des électeurs de gauche lors de la primaire socialiste. Comme Ségolène Royal en 2007, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande en 2012, Valls est le produit d’un concours de circonstances.


Contrairement aux refrains médiatiques, Manuel Valls ne doit pas son ascension politique à son profil de « social-démocrate moderne » ; figure métonymique usée qui renvoie dans les faits à un projet antisocial et à une surenchère droitière. Le ministre n’est pas plus une « forte tête » ou un avant-gardiste de la politique. Au contraire, Valls s’applique depuis vingt ans à épouser laborieusement le prêt-à-penser médiatique de l’époque. En résumé, Manuel Valls est un conformiste. Comme le personnage principal du roman d’Alberto Moravia (porté à l’écran par Bernardo Bertolucci), Valls est l’homme de la « normalité » ; le porte-voix du discours des dominants.

 

Une stratégie personnelle


Manuel Valls est par atavisme un political wannabe ; celui qui se place dans la roue des puissants du moment et qui ne la lâche plus : hier Rocard, puis Jospin, ensuite Royal, brièvement Strauss-Kahn, et, tardivement, Hollande. Deuxième et Première gauche, gauche caviar, gauche New Age et gauche démocrate. Valls s’est mis au service de tout le monde, sans aucun état d’âme.


Si Manuel Valls accentue toujours plus sa rhétorique droitière, c’est qu’il est persuadé qu’il s’agit d’une stratégie payante. C’est le discours que ses conseillers à Euro RSCG (l’officine des socialistes losers de la présidentielle) et les sondeurs susurrent quotidiennement à son oreille. Un nombre croissant de ses collègues au gouvernement l’a compris : Valls évolue dans le champ politique au gré de ses intérêts personnels. La balise est déjà à l’horizon : Élysée 2017.


Car tel est bien le cœur du problème. L’improbable ascension de l’ex-maire d’Évry n’est compréhensible que si on la resitue dans le contexte de la séquence présidentielle ratée de 2012 (l’affaire Sofitel suivie de la campagne présidentielle trop centriste de Hollande qui a failli lui coûter la victoire) et le catastrophique début du quinquennat hollandais (signature du pacte budgétaire européen sans contrepartie, incapacité à imposer la taxation à 75%, abandon de la taxation sur les transactions financières, réforme néolibérale du marché du travail, réforme bancaire vidée de son contenu, affaire Cahuzac, vaine réduction de la « dette publique », et même ambiance islamophobe et anti-Roms que sous le sarkozysme avec, ici, le concours actif de Manuel Valls). Un président Hollande orienté à gauche, qui aurait décidé d’en découdre avec les marchés et Angela Merkel, n’aurait jamais confié un poste ministériel à un personnage aussi droitier.

 

« Tes propos portent atteinte à tous les militants et à tous les dirigeants »


En 2009, Martine Aubry, fraîchement élue première secrétaire du PS, avait dû remettre sèchement à sa place un Manuel Valls qui tirait sur tout (elle, en particulier), n’en faisant qu’à sa tête, prenant le contrepied des mesures-phares du PS dans les médias. Excédée, Aubry lui avait par écrit signifié son désaccord :


« S’engager dans un parti, c’est un acte d’adhésion à des valeurs et des pratiques communes, mais c’est aussi – qui plus est dans un parti démocratique comme le nôtre – accepter de débattre en son sein, d’y apporter ses idées et ses réflexions, et lorsque la décision est prise de la respecter dans l’opinion. On ne peut utiliser un Parti pour obtenir des mandats et des succès, en s’appuyant sur la force et la légitimité d’une organisation collective, et s’en affranchir pour exister dans les médias à des fins de promotion personnelle. On n’appartient pas à un parti pour s’en servir, mais pour le servir. (…) Tes propos, loin d’apporter une solution, portent atteinte à tous les militants et à tous les dirigeants, qui aujourd’hui travaillent à retrouver la confiance de nos concitoyens. Tu donnes l’impression d’attendre, voire d’espérer la fin du Parti socialiste. (…) Si les propos que tu exprimes, reflètent profondément ta pensée, alors tu dois en tirer pleinement les conséquences et quitter le Parti socialiste. (…).


En juillet 1933, au congrès socialiste de la Mutualité, Léon Blum, plus concis, s’était exclamé : « Je suis épouvanté ! »

 

Un sarkozyste tout court


Selon un procédé éprouvé en 2007 et en 2012, les médias de droite et de la gauche bobo sont en train de fabriquer le candidat socialiste à l’élection présidentielle de 2017. Mise à part l’incertaine candidature de François Hollande, quel socialiste émergera des prochaines primaires socialistes ? Poser la question, c’est y répondre. Pour nombre de médias et de sondeurs à la louche, les jeux sont déjà faits : l’homme de la Place Beauvau. N’est-il pas plébiscité dans les sondages par les Français pour son action ministérielle ?

Français, encore un petit effort : bientôt, Manuel Valls ne vous sera plus totalement antipathique. Puisqu’on vous le dit dans les magazines ! Bis repetita placent.


Manuel Valls est présenté comme un « iconoclaste de la gauche ». Remarquons que ce sont les médias conservateurs qui relaient complaisamment cette image. L’intéressé a très tôt compris qu’avec de tels soutiens, son avenir politique était assuré. L’intéressé cultive donc un profil de « Sarkozy de gauche » qui fait office de laissez-passer dans le monde des dominants, et lui permet à se prévaloir de la gauche ou plutôt… des voix de gauche. Relevons en passant une autre escroquerie intellectuelle majeure : Valls n’est pas un « sarkozyste de gauche ». Le sarkozysme incarne une droite dure, sécuritaire et antisociale. Comment un homme de gauche pourrait-il être associé à de telles idées ? Quiconque professe de telles opinions ou met en œuvre des politiques inspirées de telles idées s’exclut ipso facto de la gauche. Il convient par conséquent de dire et d’écrire : (sans usage des guillemets) : Valls est un sarkozyste.

 

Nicolas Sarkozy ne s’y était pas trompé en 2007, puisqu’il avait demandé avec insistance au « socialiste » de rejoindre, au titre de « l’Ouverture », le gouvernement Fillon. Valls, trop prudent ou trop ambitieux, ne donna pas suite. Il demeura au Parti socialiste pour ne pas connaître le déshonneur et l’oubli comme Eric Besson ou Jean-Marie Bockel.


Autre tropisme sarkozyste : comme Claude Guéan, son prédécesseur à l’Intérieur, Valls cultive la beauferie politique. On se souvient que lorsqu’il se promenait sur un marché d’Évry en juin 2009, il interpella son collaborateur qui filmait la scène : « Belle image de la ville d’Évry… Tu me mets quelques blancs, quelques whites, quelques blancos ! »

 

Des slogans issus du volapük blairiste


Manuel Valls, le « moderne », puise sans ambages dans le volapük blairiste du milieu des années 90. Les emprunts aux slogans de la « troisième voie » sont troublants : la distinction gauche/droite n’est plus pertinente ; l’économie n’est ni de droite, ni de gauche ; le socialisme est mort ; les luttes des classes ont disparu ; la sécurité des personnes et des biens (et non sociale) est la pierre angulaire de la « bonne société », il faut œuvrer dans l’intérêt de la majorité et non pour les « intérêts sectoriels » (entendus ici comme les syndicats, les salariés, les membres des minorités ethniques), etc. Même Pierre Moscovici, autrefois grand admirateur du blairisme, a pris ses distances avec une phraséologie totalement tombée en désuétude Outre-Manche. Le renouveau du Parti socialiste en France passera-t-il par le recyclage de politiques qui ont été élaborées il y a vingt ans au Royaume-Uni par un homme qui se voulait l’héritier de Margaret Thatcher ?


Que Manuel Valls soit à la droite de la droite sur le plan social et économique ne fait aucun doute. Pour mémoire, quelques perles vallsiennes : opposition aux 35 heures qu’il faut « dépasser » et « dévérouiller » (veine blairiste) ; il faut « travailler plus » comme solution à la baisse du pouvoir d’achat ; soutien apporté à la TVA « sociale » de la droite (veine sarkozyste) ou allongement de la durée de la cotisation retraite (le rêve des néolibéraux de tout poil). De manière générale, il fait la promotion éhontée des entreprises « qui créent les richesses ». On ne trouve aucune référence aux ouvriers ou aux salariés dans ses discours.

 

Le pourfendeur partisan du « communautarisme »


Manuel Valls n’est jamais plus toxique et diviseur que lorsqu’il se mêle des questions de religion et de pluralisme culturel. Grand pourfendeur des « communautarismes », il n’a pourtant pas hésité à s’exprimer en ces termes sur Radio Judaïca, le 17 juin 2011 : « Par ma femme, je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël ». Valls était alors candidat socialiste à l’élection présidentielle. Que n’aurait-il dit si un autre candidat avait prononcé des propos similaires en évoquant l’islam ?


L’islam le dérange manifestement, puisqu’il y a quelques jours à peine il déclarait que la deuxième religion en France devait démontrer sa « compatibilité avec les valeurs de la République ». Que des propos aussi sinistres et irresponsables aient pu être publiquement tenus par un ministre de l’Intérieur est sidérant, étant donné le climat islamophobe actuel. Cette déclaration de café du commerce a légitimé, en quelques instants, trois décennies de discours différentialistes du Front national.


On retrouve Valls à la tête de tous les combats anti-islam et anti-foulards au nom d’une laïcité imaginaire, celle-là même dont Marine Le Pen se réclame : il est contre le magasin Franprix halal à Évry (ceux-ci ne sont pas illégaux, pas plus que les magasins kasher dont il ne parle jamais et qui existent aussi) ; contre le port du foulard par une salariée de la crèche privée Baby Lou (la loi lui donne tort) ou encore contre le port du foulard à l’université (la loi lui donne encore tort). Sur tous ces dossiers – et ceux encore touchant à la sécurité et à la criminalité - Valls fait preuve d’un esprit partisan incompatible avec l’exercice de la fonction de ministre de l’Intérieur. Plus grave encore, Manuel Valls ethnicise et communautarise des catégories de citoyens français, tout en demeurant insensible aux situations de domination économique et sociale dont elles sont victimes.


Le discours (blairiste et vallsien) sur l’Autorité, l’Ordre et la responsabilité individuelle, est la marque d’une social-démocratie à bout de souffle qui a déserté son combat en faveur des classes populaires écrasées par la crise économique. Ces « sociaux-démocrates modernes » se sont reconvertis dans le tout-sécuritaire, espérant attirer les voix des classes moyennes les moins appauvries, ainsi que celles des classes supérieures. En cela, le néolibéralisme pratiqué par la social-démocratie ne se distingue pas de son pendant conservateur : tous deux tendent à criminaliser les comportements sociaux qui échappent à une « norme » française, blanche et chrétienne.

 

« Tout le monde rentre dans le rang ! »


À l’automne 2004, le Parti socialiste entamait un long débat interne consacré au traité constitutionnel européen qui devait déboucher sur un vote militant au début 2005. Militant dans la Fédération des Français de l’étranger, je participai pendant cette période à une réunion au parlement européen à Bruxelles. Notre groupe rencontra François Hollande, alors premier secrétaire du PS. Au cours d’un échange à bâtons rompus, je lui rappelai que le parti avait pris l’engagement solennel de ne pas soutenir le traité tant que les références pesantes à la « concurrence libre et non faussée » dans le texte n’étaient pas supprimées. Je constatai que la Convention chargée de la rédaction du traité n’avait pas répondu à nos attentes et que, par conséquent, en soutenant ce catéchisme néolibéral, le PS allait trahir l’engagement qu’il avait pris devant ses électeurs. Comme d’habitude, Hollande blagua et évita de répondre sur le fond.

 

Dans la soirée, je croisai un groupe de dirigeants socialistes attablés dans un restaurant de la capitale belge. J’allais saluer Harlem Désir et Julien Dray, des camarades de la Gauche socialiste. J’allai m’assoir à l’extrémité de la longue table pour prendre le café. A peine m’étais-je assis que j’entendis une voix grave et métallique m’apostropher : « Bon, t’as bien fait joujou avec le traité, maintenant, tout le monde rentre dans le rang : on est tous pour le oui ! » (Je venais quelques jours auparavant de publier une tribune dans Le Monde intitulée : « La gauche doit dire non à l’Europe blairiste »…) Ainsi parlait le conformiste, l’homme qui dans les premiers temps de la campagne interne avait milité contre le traité avant de changer d’avis et de rejoindre le camp des « ouistes ». Il avait alors justifié son brusque volte-face par le fait que le « oui » allait être majoritaire dans le parti.

 

http://img.over-blog.com/347x500/1/05/89/55/caricature-2/croquis-de-caricatures-gouv-1.jpeg

 


Partager cet article
Repost0
23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 22:54

Vendredi 23 août 2013, par Alain Garrigou // Les blogs du Diplo 


Une famille de quatre personnes, les parents de 45 et 42 ans, les enfants de 16 et 13 ans, ont été retrouvés morts dans un appart-hôtel de Bordeaux le 19 août 2013. Selon les premières indications, il s’agirait d’un suicide collectif provoqué par la détresse financière. Mais cette précision importe-t-elle ? On peine à imaginer les souffrances indicibles qui poussent une famille à revenir au néant d’avant la vie. D’autant plus lorsque, à des âges divers, des humains tirent le même trait et la même conclusion. La misère fait plus souvent éclater les familles, laissant chacun sombrer dans une vie de précarité ou de SDF. Ceux-là peuvent mourir lentement ou brutalement, mais dans un silence qui n’affole personne, n’inquiète même pas.


De récents sondages ont causé l’étonnement en assurant que les Français battaient tous les records de pessimisme [1]. Si le sujet était moins grave, la surprise d’une presse alignant chaque jour les motifs de démoralisation, la situation économique morose, les perspectives d’avenir éloignées, les tragédies planétaires ou les menaces les plus diverses, pourrait prêter à sourire. Même sans suivre cette actualité, on sait l’appauvrissement de la plupart des gens et leurs inquiétudes pour leur avenir proche et celui de leurs enfants. L’enrichissement de quelques-uns, étalant leur fortune, n’entretiendrait-il plus leurs rêves, pas plus que les jeux d’argent ou le divertissement télévisé ? On dira que cette situation ordinaire n’a aucun rapport avec la détresse qui conduit au suicide collectif. Les sondeurs n’ont d’ailleurs probablement pas interrogé la famille disparue, comme ils n’interrogent pas les SDF. Quelles réponses auraient-ils pu donner à leurs questions ? L’on conviendra qu’il y a loin du pessimisme ordinaire à la détresse suicidaire. Qui prétendrait pourtant qu’il n’y a aucun rapport, qu’on arrive au second d’un coup, sans aucun lien avec ce qui se passe avant et autour de soi ?


Tout se passe comme si, dans les rédactions, on s’était passé le mot, avec un soupçon d’inquiétude : serions-nous responsables ? La presse s’est donc mêlée de l’affaire pour inverser le cours des humeurs. On allait découvrir des tas de sujets d’optimisme ! Des gens heureux, il y en a. Pas de roman rose ! Non, de vrais gens heureux qui acceptent de poser pour le photographe et de raconter leur bonheur. Impression mitigée : il suffit d’exhiber le bonheur pour lui donner un parfum de tristesse. On a bien sûr interrogé quelques experts qui ont immanquablement trouvé une exception française dans le pessimisme, une propension nationale à l’autodénigrement. Jouant de contrepoids, d’autres ont proposé une solution en ouvrant leur « une » sur les qualités françaises, voire sur le génie national. Un peu de baume ne peut faire de mal.


http://blog.mondediplo.net/local/cache-vignettes/L480xH330/montage-garrigou-605b5.jpg

 

Et puis, les politiques se sont mêlés de l’affaire. Ne sont-ils pas au premier chef responsables du moral des troupes ? Evidemment, ce n’est pas avec une croissance de 0,1 %, quand ce n’est pas une « croissance négative » — belle invention sémantique — que celui-ci va remonter. Pas plus avec les mots de ministres peu connus pour leurs qualités de boute-en-train. Ce qui ne les a pas empêché de s’essayer au rôle de médecin des âmes : il faut « jouer collectif » et s’emparer gaillardement de l’avenir pour le rendre plus gai ! La prospective a longtemps servi et toujours échoué, mais il n’empêche. Une consultation officielle a ainsi été lancée sur la France de l’an 2025. Signalons au passage la drôle de conception de la pensée qui anime cette expérience : poser la question à des responsables politiques qui avouent par ailleurs ne pas avoir le temps de penser ! Comme s’il suffisait de décider pour trouver des solutions. L’expérience est facile : tout bardés de diplômes que nous soyons ou non, mettons-nous devant une feuille de papier et écrivons... Le résultat est désespérant. Pour se remonter le moral, c’est raté.

Notes

[1] Cf. Ipsos-Publicis, « Les Européens et la sortie de crise », 7 avril 2013, repris dans « La France championne d’Europe du pessimisme », Le Monde, 6 mai 2013 ;« En juin 2013, la confiance des ménages recule légèrement. L’indicateur qui la synthétise perd 1 point par rapport à mai, atteignant ainsi un nouveau point bas »,« Enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages », INSEE, juin 2013.


 

Partager cet article
Repost0
23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 12:54

Le  22 Août 2013 par Descartes

 

J´ai les clés du paradis
Évidemment, ça me réconforte,
J´ai les clés du paradis
L´ennui c´est que je trouve pas la porte
Est-ce bien la peine que je torture
Trente-six milliards de serrures?


http://media.jukebox.fr/a1661/articles/ib166686.jpg(Jane Birkin, « Les clés du paradis »)

 

 

 

 

 

 

Avant son départ en vacances, le président de la République a confié à sont gouvernement un étrange devoir de vacances : celui de concevoir une vision de « La France en 2025 ». Enfin, me direz-vous, un président qui lève les yeux du guidon pour regarder au loin. Enfin un gouvernement qui essaye d’échapper au court-termisme politique ambiant dont l’horizon n’arrive qu’à la prochaine élection, et encore…

 

Sur ce blog j’ai dénoncé trop souvent l’obsession du court terme pour qu’on puisse me suspecter d’avoir une quelconque tendresse pour le court-termisme. Si je pensais un instant que la démarche du président relève d’un véritable désir d’aborder les problèmes du pays dans le long terme, je serais le premier à applaudir. Cependant, il serait naïf de croire que la commande présidentielle était issue d’une préoccupation de ce type. Ce serait confondre un exercice de communication avec un véritable exercice de prospective. Par ailleurs, cette affaire jette une lumière crue – et pas particulièrement flatteuse - sur la « méthode Hollande » pour conduire la politique du gouvernement.

 

D’abord, ne nous trompons pas, il ne s’agit pas d’un véritable exercice de prospective. Il est illusoire de croire qu’on puisse élaborer en quatre semaines un véritable exercice de simulation de pour aboutir à des conclusions sur la faisabilité et sur les conséquences de telle ou telle politique. Un tel objectif nécessite des mois de travail patient avec des spécialistes et l’utilisation de modèles mathématiques qui prennent des années à construire. Il est d’ailleurs douteux que des ministres soient les bonnes personnes pour se livrer à un véritable exercice prospectif. Leur fonction les oblige à un optimisme de circonstance : imagine-t-on un ministre de l’emploi admettre qu’en 2025 la France serait défigurée par le chômage, un ministre de l’Intérieur annoncer une aggravation de l’insécurité, un ministre du Logement prévoir la multiplication des mal-logés ? La réponse était contenue dans la question : qu’ils y croient ou pas, la logique politique commande aux ministres d’afficher leur confiance, ils l’ont fait ce que font les bons fayots (1) : suivre les consignes en essayant de devancer la pensée du Chef.

 

Si l’objectif était de faire revenir la confiance dans la capacité du gouvernement à tracer un cap, c’est raté. Et il pouvait difficilement en être autrement, vu le contexte de l’exercice. Voici en effet un gouvernement qui est au pouvoir depuis un peu plus d’un an. Les partis qui ont constitué ce gouvernement ont passé dix ans dans l’opposition. Dix longues années pendant lesquels ils n’avaient rien à faire d’autre que de réfléchir à leur vision et à leur projet d’une politique alternative. Dix longues années pendant lesquelles ils ont largement eu le temps et les moyens pour faire travailler des experts, des universitaires, des hauts-fonctionnaires, pour discuter avec la société civile, pour organiser rencontres et colloques.

 

Et voici qu’un an après les élections qui l’ont porté au pouvoir, alors que les réformes essentielles du quinquennat devraient déjà être dans les tuyaux, on continue à tourner en rond à se demander qu’est ce qu’on pourrait bien faire de ce pouvoir que le peuple leur a confié. Et tout ça pour aboutir à des prédictions à l’eau de rose dignes des bisounours et à la n-ième commande d’un rapport au Commissariat général à la stratégie et à la prospective censé nous dire où l’on va (2). Franchement, comment peut-on faire confiance dans un gouvernement qui fonctionne de la sorte ?

 

Car cette démonstration de l’impréparation gouvernementale n’est pas le premier. Ainsi, depuis un an, on a vu se multiplier les « débats nationaux » et autres « conférences » ou le gouvernement a réuni les « parties prenantes » censées trouver des idées et faire des propositions de ce qu’on pourrait bien faire maintenant qu’il est aux commandes. Cette procédure est présentée bien entendu sous l’apparence avenante de la « démocratie participative ». On essaye de convaincre le populo – avec plus ou moins de succès – que tout cela est le signe d’un pouvoir qui serait « à l’écoute du peuple ».

Mais ce n’est pas le cas. D’abord, parce que dans ces grandes messes ce n’est pas « le peuple » qui s’exprime, mais cette nébuleuse de « personnalités de la société civile » et de la nébuleuse associative qui prétend – sans avoir reçu le moindre mandat – défendre ses intérêts. Lorsque l’association « écologie sans frontières », groupuscule de quelques dizaines d’adhérents, obtient de peser au Débat national sur la transition énergétique d’un poids équivalente au MEDEF ou à la CGT, il faut se poser des questions. Il ne faudrait pas oublier que le peuple ne s’exprime que d’une seule manière : avec les bulletins de vote qu’il met dans les urnes. C’est là que doivent se trancher les options politiques, et pas dans d’obscures « assises » aux participants soigneusement sélectionnés.

 

C’est pourquoi cette manière de faire, loin d’être démocratique, bafoue au contraire la démocratie. Hollande et les siens ont été élus pour gouverner, pour conduire une politique. Pas pour faire des politiques qui sont le résultat de synthèses plus ou moins heureuses négociées entre des corps intermédiaires dont on peut mettre sérieusement en doute la représentativité. Le problème, c’est que si le gouvernement actuel a recours à cette méthode, ce n’est pas par souci de démocratie, mais pour cacher une totale impréparation à l’exercice du pouvoir. Le gouvernement PS-EELV – mais il faut pas croire que cela aurait été très différent avec un gouvernement PG-PCF – est arrivé aux affaires avec plein de bonnes intentions, mais sans avoir rien préparé en termes de politiques concrètes. Ils se trouvent dans la situation évoquée avec humour par Birkin de celui qui se rassure en possédant les clés du paradis, avant de réaliser qu’il n’a aucune idée d’où se trouve la serrure.

 

L’exercice « La France de 2025 » vise à cacher les faiblesses abyssales de la réflexion politique dans un contexte où les partis politiques ne sont plus que des machines tacticiennes. Et ce n’est pas malheureusement limité au gouvernement. Nous avons aujourd’hui un personnel politique composé de tacticiens hors pair, incomparables lorsqu’il s’agit de magouiller un congrès, de conquérir un poste, de monter une cabbale, mais que seule la tactique intéresse. L’épitomé de ce fonctionnement est le président lui même, un homme qui en trente ans de carrière politique n’a jamais écrit un livre, un article qui exprime une opinion, un projet politique personnel sur quelque question que ce soit. Que pense-t-il de l’énergie nucléaire ? De la politique migratoire ? De la princesse de Clèves ? On n’en sait rien. Ses partisans nous expliquent que c’est parce qu’il est « secret ». Je pense que c’est surtout parce qu’il n’en pense rien. Ce n’est pas un homme de convictions, c’est un tacticien pour qui les idées ne sont que des pièces dans un grand jeu d’échecs, qu’on avance pour conquérir des positions et qu’on sacrifie lorsqu’on y a avantage. D’ailleurs, si Hollande garde le secret sur ses opinions politiques, on connaît au contraire assez bien ses conceptions tactiques, sur lesquelles il est bien moins discret. Cette vision qui réduit la politique à un jeu tactique est une constante non seulement dans la carrière de François Hollande, mais aussi dans celle de la plupart des « quadra » et « quinqua » du Parti Socialiste et d’une bonne partie de la gauche.


Et du coup, tout devient affaire de tacticien. Les conventions, les congrès, les « rémue-méninges », les forums, les « assises » ou les « états généraux » ne servent plus à alimenter une véritable réflexion et à trancher entre des projets concurrents. Chacun y va pour se montrer, pour discourir, pour prendre la température, pour soutenir untel contre untel dans le jeu complexe des alliances, des soutiens et des trahisons. Les textes qui y sont présentés valent moins pour leur contenu que pour leurs signataires. Et parce que la réflexion de fond n’intéresse pas les politiques, elle disparaît progressivement de l’activité des partis politiques. La formation politique des militants, le débat interne sur la vision et le projet ont peu à peu disparu, pour être remplacés par un pesant endoctrinement qui passe par la répétition constante des mêmes thèmes. On reproche souvent aux médias de gonfler artificiellement les conflits de personnes et de ne prêter aucune attention aux idées. Mais ce n’est pas la faute des médias si chaque fois qu’on les interroge sur leurs idées les politiques se réfugient dans la langue de bois, les formules creuses ou l’agression. Comment reprocher aux médias d’éviter d’ennuyer leurs spectateurs ?

 

Le PS et l’ensemble de la gauche ont eu dix longues années dans l’opposition pour produire le projet dont on constate aujourd’hui l’inexistence. Ces dix années ont été misérablement gâchées dans le rejet systématique de toute mesure proposée par « les autres » - ces mêmes mesures qu’on s’apprête aujourd’hui à reprendre à son compte, cf. le débat sur la réforme des retraites – et dans les querelles de carrière. On a snobé les experts – surtout lorsqu’il ne disaient pas tout à fait ce qu’on avait envie d’entendre –, on a laissé s’embourber et mourir les commissions techniques, les systèmes de formation, les publications théoriques. Le seul sujet de discussion était qui allait « prendre le parti », qui allait être candidat à telle ou telle fonction, qui avait cosigné avec qui telle ou telle motion. L’antisarkozysme primaire a été bien plus qu’une facilité : en fournissant une réponse facile à toute question – « c’est la faute a Sarkozy » - il a stérilisé toute pensée originale à gauche. On a vécu pendant cinq ans dans l’illusion qu’il suffirait de faire le contraire de ce qu’il faisait pour que la France devienne un paradis.

 

Le programme, le projet ? Au mieux, une lettre au père Noël rédigée avant tout avec le souci de n’oublier aucune catégorie dans la distribution de cadeaux et de n’offenser personne, avec bien entendu en prime la promesse imbécile de « abroger les lois de Sarkozy ». Aujourd’hui, certains commencent à murmurer qu’abroger la défiscalisation des heures supplémentaires décidée par l’ancienne majorité était une erreur…

 

Le séminaire Hollandien a réussi le tour de force de montrer combien ce processus est aujourd’hui arrivé à ses limites. Il démontre qu’il est parfaitement possible pour un parti dépourvu de tout projet de gagner les élections et de se retrouver en position de gouverner alors qu’il n’a pas de projet. Pire : ce séminaire transpose au niveau du gouvernement les jeux tactiques entre les « courants » qui ont fait les riches heures des congrès du PS. En signant une « contribution » commune (3) – et qui vise, qui plus est, un autre membre du gouvernement – sans être sanctionnés Duflot, Le Foll, Canfin et Martin ont créé une nouveauté institutionnelle jamais vue sous la République : des ministres constituant publiquement des « courants » au sein du gouvernement dont ils font partie et publiant des « motions ». Pour que le processus soit complet, il ne reste plus à Ayrault qu’à organiser au sein du gouvernement un vote sur la motion en question. A moins qu’une « synthèse » dans la meilleure tradition socialiste puisse être trouvée avant…

 

En temps de crise, ce jeu est un jeu dangereux. Nos institutions sont fortes parce que les citoyens ont confiance dans leur capacité à conduire une politique, qui peut être bonne ou mauvaise, mais qui va quelque part. S’il apparaît trop évident que le système ne sait pas où il va, ce sont les institutions elles mêmes qui seront menacées. Les français sont prêts, et ils l’ont amplement montré, à accepter des sacrifices et à faire des efforts lorsque ceux-ci s’inscrivent dans un projet qui leur promet quelque chose en échange. Mais ils se rebellent – et ils ont raison – lorsqu’on leur demande de se serrer la ceinture au nom d’une politique dont ils ne perçoivent pas la cohérence. On commence d’ailleurs à le percevoir dans le climat de « fronde fiscale » qui commence à s’installer. Vous me direz que cela n’est pas nouveau, et que Pierre Poujade faisait déjà sur cette thématique un score important en 1956.

 

C’est là précisément mon point : le succès de Poujade était annonciateur de la crise d’impuissance d’une IVème République qui allait s’effondrer deux ans plus tard, et son mouvement fut laminé lorsque les institutions de 1958 ont été mises en place avec un projet clair et cohérent. Les institutions de la Vème sont plus solides, mais le château le plus imprenable ne vaut rien s’il n’est pas défendu, et les institutions ne peuvent rien si les hommes qui les incarnent ne sont pas à la hauteur. Comment éviter la panique à bord si les passagers et l’équipage réalisent que le capitaine n’a pas pris la peine de se procurer une carte ?

 

Descartes

 

 

(1) Sauf Manuel Valls, qui seul parmi les ministres a renoncé à peindre un avenir radieux pour poser plutôt les questions qui, selon lui, nécessiteraient un vrai travail. Au delà des positions politiques prises par Valls, il faut admettre qu’il est le seul à afficher un comportement véritablement politique et qui ne se réduit pas au suivisme béat et aux enfantillages tactiques de ses petits camarades. Il faut dire que le ministère de l’Intérieur, dont le titulaire est obligé à se confronter directement et dans l’urgence aux problèmes les plus compliqués et les plus insolubles favorise une descente sur terre.

 

(2) Par ailleurs, Jean Pisani-Ferry (alias « La Voix de Bruxelles »), nouveau président du CGSP a fait au séminaire gouvernemental une présentation fort intéressante – même si elle est passablement orientée – qu’on peut lire ici. Je ne résiste pas à la tentation de reproduire deux paragraphes. Dans ceux-ci, Pisani-Ferry commente le choix qui selon lui s’offre à la France de devenir soit une puissance manufacturière, soit un producteur de services :

 

« Refaire de la France une puissance manufacturière de premier plan impliquerait des choix lourds : il faudrait renforcer la part des savoirs pratiques dans le système de formation, maintenir le prix de l’énergie à un bas niveau, favoriser l’investissement et l’accompagnement financier des projets capitalistiques, et de manière générale organiser, y compris par la fiscalité, un transfert massif de ressources en faveur de l’industrie. Il faudrait, au fond, retrouver l’inspiration et la discipline qui ont conduit aux succès industriels de l’après-guerre. Cela ne nécessiterait pas de changements structurels profonds, mais un effort conscient et très substantiel de modification du partage du revenu entre l’industrie et les secteurs abrités.

 

Fonder plutôt nos espoirs sur la création, l’innovation et les services échangeables demanderait sans doute moins d’efforts sur le partage du revenu, mais appellerait une transformation économique et sociale sensiblement plus profonde. Il faudrait mettre en oeuvre une politique active d’appel aux talents du monde entier, intensifier la concurrence dans les services, et aussi moderniser à un rythme soutenu les services publics afin de prendre place dans la compétition internationale émergente en matière d’éducation et de santé. Il faudrait favoriser la concentration des activités créatrices autour de quelques pôles urbains d’envergure internationale. L’accent sur la création pourrait aussi s’accompagner d’une certaine tendance au creusement des inégalités au bénéfice des individus – Français ou étrangers – les mieux formés et les plus talentueux ».

 

C’est moi, bien entendu, qui souligne. Mais cette dernière phrase est révélatrice dans le raisonnement. Le premier choix, celui de la « puissance manufacturière », est celui qui est le plus avantageux pour les couches populaires. L’autre – qui est celui que Pisani-Ferry recommande – est celui qui « pourrait s’accompagner d’une certaine etendance au creusement des inégalités » - admirez la prudence dans l’expression – qui profiterait à « les mieux formés et les plus talentueux », euphémisme qui désigne… devinez qui ? Allez, je vous aide : dans une autre partie du rapport, Pisani-Ferry analyse la place grandissante prise par les « classes moyennes éduquées » comme le phénomène déterminant de notre époque…

 

(3) Contribution par ailleurs affligeante de démagogie et de banalité. Je ne résiste pas la tentation de reproduire sa conclusion : « Notre responsabilité est d'offrir aux Français (es) en 2025 un modèle de développement nouveau, centré sur leurs besoins et leur bien-être. Cette mutation n'est pas une contrainte. C'est un objectif souhaitable qui permettra à notre pays de retrouver la confiance et la maîtrise de son destin. Et à notre jeunesse de retrouver espoir et optimisme. À travers le monde, des centaines de millions d'habitants regardent l'avenir avec enthousiasme et volonté. Il ne dépend que de nous de saisir les nouvelles opportunités du XXIe siècle. Elles exigent une transformation profonde de notre système de production mais aussi de notre système de pensée. Mais elles constituent pour notre pays un grand dessein et un grand destin : celui de changer d'horizon. Cela commence aujourd'hui ». Fallait-il vraiment quatre ministres pour pondre de semblables idioties ? Mais vous l’avez compris, le but de cette « contribution » n’était pas d’être lue, mais de montrer publiquement que quatre ministres – dont un « hollandais historique » - se positionnaient tactiquement contre un cinquième (Arnaud Montebourg, pour ne pas le nommer). Et c’est ainsi que les journaux « de référence » l’ont compris : tous ont signalé le document et commenté le positionnement des signataires, pas un n’en a analysé le contenu.

 


Partager cet article
Repost0
23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 11:26

http://img.over-blog.com/320x324/0/32/46/53/Personnalites/francois-hollande02.jpg

Qu’est-ce qui différencie l’actuel président de son prédécesseur ? Presque rien.

 

Politiquement, de crainte de représailles des ultralibéraux de la planète, Hollande a mis ses pas dans ceux de son « déplorable » prédécesseur, en reniant ses idéaux humanistes et en trahissant le peuple de gauche qui l’a élu ! Du sarkozysme sans les injures !



Hollande se tromperait gravement s’il s’imaginait avoir été élu sur ses idées et grâce à sa personnalité. Il n’est un secret pour personne que Sarkozy le fou inquiétait de plus en plus de Français, en particulier au sein de la droite modérée, chrétienne en particulier. A juste titre, au regard du comportement outrancier de l’agité et du bilan calamiteux de ses cinq années passées à l’Elysée. En vérité, Hollande n’a fait que bénéficier du rejet, par une majorité de Français excédés, de son prédécesseur.

 

Le hollandisme : du sarkozysme édulcoré


Le plus ahurissant, c’est qu’au lieu d’en tirer la leçon, Hollande, certainement en accord avec ses convictions profondes, n’a pas rompu avec l’idéologie assassine du président des riches. La sanction dans l’opinion n’a pas tardé. Il est, peu glorieux record, avec Sarkozy, le président dont les Français ont la plus piètre appréciation !

 

Les réticences de la vraie gauche à l’égard de l’ex-patron du PS ont rapidement été justifiées par les choix d’un homme qui, une fois élu, s’est montré d’emblée un président acquis au libéralisme. Longtemps même avant l’élection présidentielle de 2012, Mélenchon, qui le connaît très bien, avait sérieusement mis en doute la sincérité des idées socialistes de Hollande. Les faits ont donné raison au chef de file du Front de Gauche.

 

Oublié le socialisme, malgré les intentions « fermement » affichées d’en découdre avec la toute puissance des financiers. Intentions qui sont bien vite apparues comme autant d’incantations destinées à donner de lui l’image d’un vrai président de gauche, que ses affidés ont impérativement besoin de porter dans les sections ou fédérations.


A l’approche des élections municipales de 2014, il convenait, et convient toujours, tant le trouble est perceptible chez les sympathisants socialistes, de ne pas décourager davantage des militants, quelque peu déboussolés par l’orientation carrément libérale de leur chef suprême.

 

Que réserve-t-il comme mauvaise nouvelle aux retraités ?


La tromperie de Hollande sur la question de la retraite en a écœuré plus d’un. Au sein même de son camp, des voix se sont élevées, comme celle de Gérard Filoche, pour que le président « socialiste » rétablisse les droits au départ à 60 ans ! Hollande a au contraire entériné la loi scélérate de Sarkozy, d’octobre 2010. Que réserve-t-il comme énième mauvaise nouvelle aux futurs retraités ? Les Français se laisseront-ils à nouveau berner ?


Autre trahison : Florange ! Les promesses faites aux ouvriers d'Arcelor-Mittal, de contraindre Mittal à investir pour pérenniser l’activité du site industriel, n’engageaient en vérité que ceux qui les croyaient.

 

Au lieu de s’atteler à résoudre les véritables problèmes des Français, Hollande a choisi de faire diversion. L’exemple le plus frappant est l’empressement à voter la loi sur le mariage des homosexuels. Même si la question peut, légitimement, interpeller la société, n’y avait-t-il pas plus urgent comme problème à régler ?

 

Un président gestionnaire qui plaît aux financiers


Quelle aubaine pour la droite umpéiste que ce faux président de gauche cafouilleur, qui ne cesse de décevoir son électorat. Qui se paie le luxe d’offrir le poste de Ministre du Budget au plus malhonnête de ses « amis » : affaire Cahuzac ! Qui fait le sale boulot de redressement des comptes de l’Etat à sa place.

 

Une droite pourtant à terre, affaiblie comme jamais, qui s’étripe dans des combats d’ego enragés, entre les virulents ambitieux (Copé), les insipides velléitaires (Fillon) et les éternels revanchards extrême-droitistes (Sarkozy et sa clique mafieuse). Une droite, de surcroît, embourbée dans la succession d’affaires judiciaires « généreusement » léguées par son immense timonier.

 

En réalité, derrière l’apparence d’un président débonnaire, Hollande maîtrise à la perfection le double langage qui lui permet de masquer son absence de vision politique. C’est un pur produit formaté ENA. Ancien auditeur à la Cour des Comptes, il confond politique et comptabilité. Il reste engoncé dans le costume étriqué de « bon » gestionnaire. Ce qui interdit toute vision novatrice, toute capacité de rompre avec un système qui, de fait, lui a permis d’accéder à la première magistrature, toute volonté de changer en profondeur les règles de la société France, et partant, celles de l’Europe.

 

C’est un vrai faux président de gauche, qui rassure l’ultralibéral Barosso (futur ex-président de la Commission Européenne), les marchés financiers, l’OTAN et les Etatsuniens, grâce à ses menées guerrières (Mali).

 

Manque d’audace en matière de progrès social


Après s’être fourvoyée avec son piteux prédécesseur qui a aggravé la dette de l’Etat, les inégalités sociales, et fait régresser, comme nul autre, les conditions d’existence des Français, la France avait besoin d’un président audacieux en matière de progrès social. Hollande ne démontre pas, jusque-là, ce courage !

 

La gauche « bobo » a repris des couleurs et succédé à la droite « bling-bling ». C’est, en réalité, la même caste friquée, déconnectée des réalités du peuple français, qui conserve le pouvoir. Tous les pouvoirs. Y compris médiatique ! Des Français qui ont l’impression de vivre sur une autre planète lorsqu’ils voient s’agiter ce petit monde politicien, mis en valeur par les mêmes pseudo journalistes qui servaient la soupe à Sarko et qui la servent aujourd’hui, sans état d’âme, à Hollande. Ils sont entre eux !

 

La très mauvaise impression laissée par François Hollande au cours des quinze premiers mois de sa présidence restera dans les mémoires. Surtout dans celle des couillonnés de gauche qui se comptent par millions. Contraints de la fermer, amers, trahis, cocufiés ! On ne les reprendra pas de sitôt à voter socialiste ou Hollande !


« Rien n’est aussi désespérant que de ne pas trouver une nouvelle raison d’espérer. » Machiavel


Verdi

Le 12 août 2013

 

 

Source : AGORAVOX

http://img.over-blog.com/500x331/0/32/46/53/illustration22/florange-promesses-hollande.jpg

Partager cet article
Repost0
23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 11:20

Hier je suis tombé sur cet article en effectuant ma lecture quotidienne de BoingBoing: “Bullshit Jobs”

Article brillant qui nous permet de se poser quelques questions, certes gênantes mais trop peu abordées.


J’ai donc décidé de traduire l’article pour les gentils barbus qui lisent peu ou pas l’anglais. La traduction est maison donc approximative (même si j’ai essayé de faire de mon mieux) et je suis sûr qu’elle est bourrée de fautes d’orthographe et de grammaire.


Dans les années 30, John Maynard Keynes avait prédit que, à la fin du siècle, les technologies seront suffisamment avancées pour que des pays comme le Royaume Uni ou les Etats Unis envisagent des temps de travail de 15 heures par semaine. Il y a toutes les raisons de penser qu’il avait raison. Et pourtant cel n’est pas arrivé. Au lieu de cela, la technologie a été manipulée pour trouver des moyens de nous faire travailler plus. Pour y arriver, des emplois ont du être créés et qui sont par définition, inutiles. Des troupes entières de gens, en Europe et en Amérique du Nord particulièrement, passent leur vie professionnelle à effectuer des tâches qu’ils savent sans réelle utilité. Les nuisances morales et spirituelles qui accompagnent cette situation est profonde. C’est une cicatrice qui balafre notre âme collective. Et pourtant personne n’en parle.


Pourquoi donc, l’utopie promise par Keynes – et qui était encore attendue dans les années 60 – ne s’est jamais matérialisée? La réponse standard aujourd’hui est qu’il n’a pas su prédire la croissance massive du consumérisme. Entre moins d’heure passés à travailler et plus de jouets et de plaisirs, nous avons collectivement choisi le dernier. Cela nous présente une jolie fable morale, mais même un moment de réflexion nous montre que cela n’est pas vrai. Oui, nous avons été les témoins de la création d’une grande variété d’emplois et d’industries depuis les années 20, mais peu ont un rapport avec la production et distribution de sushi, iPhones ou bakets à la mode.


Quels sont donc ces nouveaux emplois précisément? Un rapport récent comparant l’emploi aux Etats Unis entre 1910 et 2000 nous en donne une bonne image (et je notes au passage, il en est de même pour le Royaume Uni). Au cours du siècle dernier, le nombre de travailleurs, employés dans l’industrie ou l’agriculture a dramatiquement diminué. Au même moment, les emplois en tant que “professionnels, clercs, managers, vendeurs et employés de l’industrie de service” ont triplés, passant “de un quart à trois quart des employés totaux”. En d’autres mots, les métiers productifs, comme prédit, a pu être largement automatisé (même si vous comptez les employés de l’industrie en Inde et Chine, ce type de travailleurs ne représente pas un pourcentage aussi large qu’avant)


Mais plutôt que de permettre une réduction massive des heures de travail pour libérer la population mondiale et leur permettre de poursuivre leurs projets, plaisirs, visions et idées, nous avons pu observer le gonflement, non seulement des industries de “service”, mais aussi du secteur administratif, jusqu’à la création de nouvelles industries comme les services financiers, le télémarketing, ou la poussée sans précédent de secteurs comme les avocats d’affaire, des administrations, ressources humaines ou encore relations public. Et ces chiffres ne prennent pas en compte tous ceux qui assurent un soutien administratif, technique ou sécuritaire à toutes ces industries, voir toutes les autres industries annexes rattachées à celles-ci (les laveurs de chiens, livreurs de pizza ouvert toute la nuit) qui n’existent seulement parceque tout le monde passe tellement de temps au travail.


C’est ce que je vous propose d’appeler des “Emplois Foirreux” [NDT: pas trouvé de traduction correcte pour Bullshit Jobs - ou emplois merdiaues]


C’est comme si quelqu’un inventait des emplois sans intérêt, juste pour nous tenir tous occupés. Et c’est ici que réside tout le mystère. Dans un système capitaliste, c’est précisément ce qui n’est pas censé arriver. Dans les inefficaces anciens états socialistes, comme l’URSS, où l’emploi était considéré comme un droit et un devoir sacré, le système fabriquait autant d’emploi qu’il était nécessaire (une des raisons pour lesquelles il fallait trois personnes pour vous servir dans les supermarchés un morceau de viande).

 

Mais, bien sûr, c’est le genre de problème que le marché compétitif est censé régler. Selon les théories économiques, en tout cas, la dernière chose qu’une entreprise qui recherche le profit va faire est de balancer de l’argent à des employés qu’ils ne devraient pas payer. Pourtant, cela arrive en quelque sorte.


Alors que les entreprises s’engagent dans des campagnes de licenciement, celles ci touchent principalement la classe des gens qui font, bougent, réparent ou maintiennent les choses, alors que à travers une alchimie bizarre que personne ne peut expliquer, le nombre de salariés “pousse-papier” semble gonfler, et de plus en plus d’employés se retrouvent, au contraire des travailleurs de l’ex URSS, travaillant 40 ou 50 heures par semaine, mais travaillant de façon réellement efficace 15 heures, comme Keynes l’avait prédit, passant le reste de leur temps à organiser ou aller à des séminaires de motivation, mettre à jour leur profile facebook ou télécharger des séries télévisées.


La réponse n’est clairement pas économique: elle est morale et politique. La classe dirigeante a découvert qu’une population heureuse et productive avec du temps libre est un danger mortel (pensez à ce qui c’est passé lorsque cette prophétie à commencé à se réaliser dans les années 60). Et, d’un autre côté, le sentiment que le travail est une valeur morale en elle même, et que quiconque qui ne se soumet pas à une forme intense de travail pendant leur temps de veille ne mérite rien, est particulièrement pratique pour eux.


Une fois, en contemplant la croissance apparente des responsabilités administratives dans les départements académiques, j’en suis arrivé à une vision possible de l’enfer. L’enfer est un ensemble de gens qui passent la majorité de leur temps sur une tâche qu’ils n’aiment pas et dans laquelle ils ne sont pas spécialement bons. Disons qu’ils ont été engagés car ils sont de très bons menuisiers, et qu’ils découvrent qu’ils doivent passer une grande partie de leur temps à cuire du poisson. La tâche n’a rien de passionnant, au moins il y a une quantité limitée de poissons à faire cuire. Et pourtant, ils deviennent complètement obsédés par le fait que certains de leurs collègues pourrait passer plus de temps à faire de la menuiserie, et ne pas faire leur part des responsabilités de cuisson de poisson, sous peu des piles entières de poisson inutiles et mal cuits envahiront l’atelier, et cuire des poissons est devenu l’activité principale.


Je penses que c’est plutôt une description précise de la dynamique morale de notre économie.


Maintenant, je réalise qu’un tel argument va inévitablement générer des objections: “qui êtes vous, pour définir quels emplois sont réellement nécessaires? Et c’est quoi votre définition d’utile? Vous êtes un professeur d’anthropologie, qui a ‘besoin’ de ça?” (et il est vrai que beaucoup de lecteurs de tabloids [NDT - équivalent anglais des magazines people et à scandale] pourraient envisager mon travail comme l’exemple même de l’inutilité) Et sur un certain niveau, c’est vrai. Il n’y a pas de mesure objective de la valeur sociale du travail.


Je ne voudrais pas dire à quelqu’un, qui est convaincu qu’il effectue une réelle contribution à l’humanité et au monde, que en fait, non. Mais qu’en est-il des gens qui sont convaincus que leur travail n’a pas de sens? Il y a peu j’ai repris contact avec un ami d’enfance que je n’avais pas vu depuis l’âge de 12 ans. J’ai été étonné d’apprendre, que dans l’intervalle, il était d’abord devenu un poète, puis le chanteur d’un groupe de rock indépendant. J’avais entendu certaines de ses chansons à la radio, sans savoir que c’était quelqu’un que je connaissais. Il était clairement brillant, innovant, et son travail avait sans aucun doute illuminé et amélioré la vie de gens au travers du monde. Pourtant, après quelques albums sans succès, il perdit son contrat, et plombé de dettes et devant s’occuper d’un jeune enfant, finit comme il le dit lui même “à prendre le choix par défaut de beaucoup de gens sans direction: la fac de droit”. Il est aujourd’hui un avocat d’affaires travaillant pour une firme proéminente newyorkaise. Il était le premier à admettre que son travail n’avait aucun sens, ne contribuait en rien au monde, et de sa propre estimation, ne devrait pas réellement exister.


On pourrait être en droit de se poser beaucoup de questions, à commencer par, qu’est ce que cela dit sur notre société – une demande extrêmement limitée en musiciens poètes talentueux, mais une demande apparemment infinie d’avocats spécialiste des affaires? (Réponse: si 1% de la population contrôle la plupart des richesses disponibles, ce que nous appelons le “marché” reflète ce qu’ils pensent est utile ou important, et personne d’autre). Mais encore plus, cela montre que la plupart des gens dans ces emplois en sont conscients. En fait, je ne penses pas que j’ai rencontré un avocat d’affaire qui ne pense pas que son emploi soit merdique. Il en est de même pour toutes les nouvelles industries citées plus haut. Il existe une classe entière de professionnels qui, si vous deviez les rencontrer dans une soirée et admettent que vous faites quelque chose d’intéressant (un anthropologiste, par exemple), feront tout pour éviter de discuter leur travail. Après quelques verres, ils risquent même de se lancer dans des tirades sur combien leur travail est stupide et sans intérêt.


Cela est profondément psychologiquement violent. Comment peut on commencer à discuter de dignité au travail, quand on estime que son travail ne devrait même pas exister? Comment cette situation ne peut-elle pas créer un sentiment profond de rage et de ressentiment? Pourtant et c’est tout le génie de cette société, dont les dirigeants ont trouvé un moyen, comme dans le cas des cuiseurs de poisson, de s’assurer que la rage est directement dirigée précisément vers ceux qui font un travail qui a du sens. Par exemple, dans notre société, il semble y avoir une règle, qui dicte que plus le travail bénéficie aux autres, moins il sera payé pour ce travail. Encore une fois, une mesure objective est difficile à trouver, mais un moyen simple de se faire une idée est de se demander: qu’arriverait-il si cette classe entière de travailleurs disparaissait? Dites ce que vous voulez à propose des infirmières, éboueurs ou mécaniciens, mais si ils venaient à disparaître dans un nuage de fumée, les conséquences seraient immédiates et catastrophiques.

 

Un monde sans profs ou dockers serait bien vite en difficulté, et même un monde sans auteur de science fiction ou musicien de ska serait clairement un monde moins intéressant. Ce n’est pas complètement clair comment le monde souffrirait de la disparition des directeurs généraux d’entreprises, lobbyistes, chercheurs en relation presse, télémarketeurs, huissiers de justice ou consultant légaux (Beaucoup soupçonnent que la vie s’améliorerait grandement). Pourtant à part une poignées d’exceptions (les médecins), la règle semble valide.


De façon encore plus pervers, il semble exister un consensus sur le fait que c’est la façon dont les choses devraient se passer. C’est un des points forts secrets du populisme de droite. Vous pouvez le voir quand les tabloids s’en prennent aux cheminots, qui paralysent le métro londonien durant des négociations: le fait que ces travailleurs peuvent paralyser le métro, montre que leur travail est nécessaire, mais cela semble être précisément ce qui embête les gens. C’est encore plus clair aux Etats Unis, où les Républicains ont réussi à mobiliser les gens contre les professeurs d’école ou les travailleurs de l’industrie automobile (et non contre les administrateur des écoles ou les responsables de l’industrie automobile qui étaient la source du problème) pour leurs payes et avantages mirifiques.

 

C’est un peu comme si ils disaient “mais vous pouvez apprendre aux enfants! ou fabriquer des voitures! c’est vous qui avez les vrais emplois! et en plus de ça vous avez le toupet de demander une retraite et la sécu?”


Si quelqu’un avait conçu un plan pour maintenir la puissance du capital financier aux manettes, il est difficile de voir comment ils auraient mieux fait. Les emplois réels, productifs sont sans arrêt écrasés et exploités. Le reste est divisé en deux groupes, entre la strate des sans emplois, universellement vilipendé et une strate plus large de gens qui sont payés à ne rien faire, dans une position qui leur permet de s’identifier aux perspectives et sensibilités de la classe dirigeante (managers, administrateurs, etc.) et particulièrement ses avatars financiers, mais en même temps produit un ressentiment envers quiconque à un travail avec un valeur sociale claire et indéniable. Clairement, le système n’a pas été consciemment conçu, mais a émergé d’un siècle de tentatives et d’échecs. Mais c’est la seule explication pourquoi, malgré nos capacités technologiques, nous ne travaillons pas 3 à 4 heures par jour.


L’article original est disponible ici
David Graeber est un professeur d’anthropologie à la London School of Economics.
 

 

Source : http://www.lagrottedubarbu.com/wp-content/themes/lgdb_hadopi/pics/logo-03.png

 


Partager cet article
Repost0
23 août 2013 5 23 /08 /août /2013 11:17

Bernard LAMIRAND, animateur du comité d'honneur national pour la reconnaissance d'Ambroise Croizat.

Lien avec le texte :


LAMIRAND LAMIRAND

____________________________

C'est l'occasion d'écouter également les émissions  de Daniel MERMET et François RUFFIN

Ambroise CROIZAT 1

et

lAmbroise CROIZAT 2

 


 

http://socio13.files.wordpress.com/2010/09/fsc.jpg?w=460Source : FSD 

Partager cet article
Repost0
21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 13:15

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXF5ACx4o

D’après le philosophe Günther Anders, la “honte prométhéenne” serait celle que l'homme

éprouverait face à sa finitude, comparée à la perfection des machines. À tort. Et notre

dernière situation... prométhéenne à nous tous ici du côté d’Athènes, ainsi que la honte

qui lui serait liée, pour ne pas dire l’hybris, résulte de cette “faute fondamentale” et

civilisationnelle qu’est l’euro, par... excellence “monnaie technique”. Depuis un moment

déjà, la presse insiste, chiffres à l’appui, sur la pauvreté qui touche désormais la moitié des

Grecs et ceci au moment même, où Yannis Stournaras exige “la levée nécessaire des derniers

obstacles d’ordre juridique”, et qui empêchent pour l’instant la saisie de la résidence

principale pour dettes. “Sinon, les banques perdront toute leur crédibilité et le système

s'effondrera”, affirme-t-il. Décidément, la question, ou plutôt l’aporie, n’est guère

économique, mais civilisationnelle.


http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXF1ACx4o

L’endroit où Thanasis Kanaoutis a trouvé la mort. “Quotidien des Rédacteurs”, le 20 août

 

La crédibilité des uns fait le calvaire des autres, c’est bien connu. Les parents de

Thanasis Kanaoutis, viennent de déposer plainte pour assassinat, à l’encontre du contrôleur,

lequel “aurait, psychologiquement et physiquement poussé” leur fils hors du trolleybus

la semaine dernière. Et depuis la mort et les obsèques du jeune Thanasis, les nouveaux

slogans n’ont pas tardé à couvrir les abribus, les gares, voire même le matériel roulant

de notre capitale: “L'État et les contrôleurs sont des assassins. Mort à 18 ans. Des gifles

et des coups de pieds aux contrôleurs”. On dirait qu’à défaut d’un projet politique visible,

la vengeance devient alors une valeur sociale “évidente”.


“Légalistes” ou pas, passagers ou passants, tout le monde s’accordera du moins sur ce constat:

“mourir pour presque un euro, c'en est trop”. Mourir pour un euro, mourir pour l’euro.

Hélas, et pour mieux attiser... l’anthropophagie ambiante ainsi érigée en norme sociale,

les contrôleurs se font souvent recrutés parmi les fonctionnaires qui veulent ainsi arrondir

leurs fins de mois, d’autant plus, que leur revenu disponible a chuté de plus de 50% en

seulement trois ans. On les surnomme déjà “chasseurs de tête” car ils sont rétribués aux résultats obtenus, qualificatif que la presse écrite utilise aussi parfois. Et après trois ans d

e “dialyse sociale” et où le nombre de chômeurs issus du privé dépasse et de loin celui de

l’ensemble des fonctionnaires, la haine visant nos fonctionnaires est grandissante.

On peut certes se moquer de certains slogans à l’image du quotidien mainstream

“Phileleftheros” de Nicosie et pourtant... Le slogan, c’était: “Le capitalisme c'est du crime organisé”. 

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXFxACx4o

“État et contrôleurs assassins...”. Athènes, le 18 août


http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXFtACx4o

“Le capitalisme c'est du crime organisé”. Nicosie, juillet 2013 

 

Nonobstant cette vision de notre modernité, le dernier capitalisme, s’accapare déjà de

la technicité et de manière si extraordinaire, focalisé comme il est, sur l’optimisation de

la dite “croissance économique”, cette dernière étant entièrement déterminé par le

développement de la technique. Et tout autant, par une certaine virtualisation des

échanges et des phénomènes. Hormis nos pauvres, nos pendus ou nos morts...

phénomènes plus que jamais réels

À l’image de Maria, habitante du quartier d’une allure assez “BCBG” et qui depuis

début août,vend des billets de la Loterie nationale dans les rues.Les clients, et

surtout les clientes,reconnaissent derrière son apparence justement,

l’ancienne position sociale, un statut de cadre sans doute, et qui connait désormais

le chômage comme tant d’autres.

La réflexion leur restera entre les dents, jamais prononcée mais trahie par la gestuelle

 

des corps et des visages: “Alors, à qui le tour ?”. D’où d’ailleurs le succès de Maria,

“la dignité sous les bras”, aux dires des habitants du quartier.


Pour la... petite histoire, l’autre Office des paris et des jeux du pays (OPAP), vient

d’être vendu en... bonne partie à l’homme d’affaires, armateur et magnat du pétrole

comme on dit ici, Dimitris Melisanidis, provoquant le limogeage du président du

Fonds grec chargé des privatisations TAIPED, Stelios Stavridis. Ce dernier, a remis

sa démission dimanche, sur fond des critiques pour s'être déplacé à bord du jet privé

de Dimitris Melisanidis, devenu principal actionnaire du consortium qui vient de

racheter l'OPAP. La presse grecque de cette semaine, prétend même que l’affaire

est bien grave, puisqu’elle conduira “le directoire de Berlin à installer un allemand

à la tête du TAIPED”, lui attribuant ainsi et de manière... incontestable, des fonctions

de “Treuhand” à la grecque. On se souvient déjà de... l’œuvre de cet organisme en

Allemagne où plus de deux millions de personnes ont été licenciés chez

les “Grecs” de la RDA. Déjà que nous n’apprécions ni l’Euro, ni l’Union Européenne, et

encore moins la politique de l’Allemagne en ce moment... D’après les derniers sondages,

tout serait alors... possible et surtout imprévisible dans un avenir plutôt proche. 

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXFpACx4oEBU arrête la rediffusion du programme ERT”. “Quotidien des Rédacteurs” du 20 août


Ainsi et d’après le quotidien mainstream “To Vima” daté du 18 août, et s’agissant d’un

sondage réalisé récemment, il s’avère que “cette évolution de l'opinion s'explique par

la colère des Grecs à l'encontre des grandes puissances européennes, lesquelles ont

imposé à la Grèce, la politique d'austérité que l'on connait au moyen du mémorandum

sans cesse renouvelé, une politique d’ailleurs attribuée principalement à l’Allemagne.

En même temps, les Grecs semblent estimer que les seuls investissements réels qui feront

décoller l'économie ne peuvent venir que de l'extérieur de l'UE. C'est pourquoi, lorsqu'on

les interroge sur les pays avec lesquels notre pays devrait développer des relations

commerciales plus étroites, ils répondent que c’est d’abord avec la Russie (48,2%),

et ensuite, la Chine (45,9%), les États-Unis (40,7%) et enfin, les Émirats arabes unis (12,6%).

Ces préférences exprimées par les personnes interrogées n’ont pas guère évolué depuis

les années précédentes, à l'exception notable de la perception de la France, car il apparaît

que ce dernier temps, la confiance des Grecs vis-à-vis de la France a été ébranlée”.


Inutile de dire qu’en ce moment la rue grecque “vomit” l’euro et l’Union Européenne,

et ceci, comme jamais auparavant. Et d’après ce que j’entends, et même si cette dernière

mutation des mentalités ne trouve pas encore d’expression politique de grande envergure,

elle nous semble alors définitive. D’autant plus, que d’après la dernière “programmation”

européiste qui ne passe pas si inaperçue derrière le “rideau de la dette”, telle celle de

Jean Pisani-Ferry, nous tous ici, devrions plutôt migrer vers le Nord pour survivre:

“Malgré les initiatives qui ont été prises, la zone euro reste fragile. On ne sait pas encore

si les pays d'Europe du Sud vont parvenir à rétablir leur compétitivité tout en réduisant

leur dette. On ne sait pas encore si les capitaux vont retourner vers les pays du Sud et y

financer des créations d'emplois ou si les chômeurs de ces pays devront migrer au Nord.

On ne sait pas encore si France et Allemagne peuvent s'entendre sur un nouveau modèle

alliant partage de souveraineté et partage du risque. La question de l'avenir européen

nous est posée, autant qu'aux Allemands. Notre responsabilité est considérable”. 


http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXFlACx4o

Réunion du personnel. ERT, le 17 août. Photo du mouvement “Plan-B”

 

Nul doute que Jean Pisani-Ferry, tout comme le “nôtre”, Yannis Stournaras, tous deux

spécialistes incontestablement intelligents et courageux, se comptent cependant parmi

les meilleurs représentants des “idiots”. Autrement-dit et comme nous le fit remarquer

Cornelius Castoriadis, le mot “idiot” issu du mot “idiôtès -des imbéciles qui ne s'occupent

que de leurs propres affaires” et non pas des affaires et intérêts communs. En grec moderne,

le secteur privé se dit d’ailleurs“idiotikos”, je le précise, rien que pour ne pas oublier

une certaine étymologie. D’ailleurs, n’admettre déjà que 20% de la population des pays

du Sud de l’Europe migre vers l’Europe du Nord, cela représenterait environ vingt millions

de personnes ! Imaginons les conséquences et même les conditions d’un tel déplacement

forcé d’une partie de la population européenne.


Et comme ces propos, évoquant... notre déplacement économiquement forcé, nous

les avons déjà entendus de Dominique Strauss-Kahn, d’Angela Merkel, de Pedro Passos

Coelho et de bien d’autres, il va falloir leur rappeler que l’hybris ne peut pas être

un système de “gouvernance éternelle”. Le risque est grand et ainsi leur... responsabilité

est en effet considérable. Pour l’instant en tout cas, le risque... se loge entièrement de

notre côté, entre le Portugal et la Grèce: chômage, mise à mort lente des sociétés et

des existences, fascisation et para-démocratie déjà érigée en régime-clef, surtout

lorsqu’il ne faut pas faire perdre la confiance vis à vis des banques, si chères à

Yannis Stournaras et d’abord... à nous tous. 


http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXFhACx4o

Drapeau grec à moitié décroché. Athènes, le 19 août

 

Depuis le Sud de la dite “Union Européenne” nous savons que la course est en effet engagée,

entre le renouveau douloureux ou Sud comme au Nord, et la consolidation du régime...

impérial actuel. Nous sommes de plus en plus nombreux aussi à réaliser qu’un tel

renouveau ne se fera plus au sein d’une U.E. rafistolée et prétendument

“socialement plus juste”. La gallérie fut ainsi déjà assez amusée de la sorte depuis

plus de 20 ans, ce type d’euphémisme eschatologique ne passera plus du tout bientôt,

au Sud comme parfois au Nord. Les travailleurs d’Allemagne et du régime Hartz IV

doivent aussi en savoir quelque chose, à leurs dépens malheureusement.


Même certains éditorialistes au quotidien “Avgi” de SYRIZA, estiment que quelque part,

et surtout chez nous, l’européisme n’est plus très évident: “Et il ne faut pas se faire d'illusions

quand à la possibilité de renforcer les droits démocratiques au moyen d'une hypothétique

Constitution européenne. Surtout si, au sein des pays du Sud et de la dette souveraine,

là justement où il y a une grande opposition populaire face aux dites reformes, ces

droits et Constitutions se trouvent de fait abolis. D’autant plus, que les Constitutions

des pays concernés, ont été générées après avoir résisté aux régimes dictatoriaux et fascistes”. 


http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXFdACx4o

“La locomotive de la corruption”. “Quotidien des Rédacteurs” du 20 août

 

Notre presse du mardi 20 août, insiste aussi sur le cas de “l'Allemagne, grande locomotive

de la corruption en Grèce”, s’agissant une fois de plus, des pots-de-vin et autres pratiques

concernant la “Deutsche Bahn” entre autres, pratiques déjà dénoncées par la presse

allemande, la “Suddeutsche Zeitung” par exemple. On apprendra par la même occasion,

que l’Allemagne n’a toujours pas ratifié les Traités et textes internationaux, relatifs à la

lutte contre la corruption, notamment ceux de l’O.N.U. et du Conseil de l’Europe.

D’après le “Quotidien des Rédacteurs” daté du 20 août, c’est Cecilia Malmström

en personne, commissaire européenne qui l’a affirmé lundi 19 août, en réponse

à une question posée au Parlement Européen par l’eurodéputé SYRIZA Nikos Houndis.


C’est ainsi qu’une dizaine “d'appels d'offres” de la période 1999 et 2009, liant les Chemins

de fer Grecs et les entreprises allemandes, (et déjà réalisations), prendront d’après

le quotidien grec, le chemin de tribunaux. Dans la foulé... des merveilles de la biosphère

et du recyclage financiers, on apprendra par ce même journal, que sur 6.575 sociétés offshore... grecques, le Ministère des Finances, n’a “choisi” que 315, pour enfin contrôler seulement 34.


Je l’aurai dit à mon voisin Christos mardi soir, sauf qu’il a décliné mon invitation:

“C'est gentil de ta part que de nous inviter pour un café... mais nous ne pouvons pas venir.

Mon épouse Lia insiste: Nous ne pouvons pas venir les mains vides. Et comme tu sais,

nous sommes chômeurs tous les deux, nous n'avons même pas cinq euros pour apporter

un semblant de biscuit ou une petite glace. Une autre fois, tu sais bien pour les femmes,

les questions de dignité sont très importantes lorsqu’elles se posent, surtout ainsi”.

Je réalise alors... que nous aurons certainement perdu toute notre sociabilité avant

même d’émigrer, comme le préconise Jean Pisani-Ferry. Les conspirationnistes de

tout bord diraient alors, que “le plan est bien diabolique”.


C’est qui est certain et même sans conspiration, c’est que l’Union Européenne de

Radiotélévision, EBU, vient d’annoncer qu’elle ne diffusera plus le signal de l’ERT

à partir de ce mercredi 21 Août à 9h. L’explication fournie est “simple”: “Bientôt,

la nouvelle structure publique grecque, NERIT sera opérationnelle, surtout quand

à la possibilité de diffuser des bulletins d'information”. Ce matin21 août, la nouvelle

“Télévision Publique” a inauguré ses émissions d’actualité, essentiellement

en passant par certains prestataires et structures du privé. Au soir du 17 août,la (dernière ?)

réunion du personnel, pas très suivie il faut dire, n’a fait que confirmer l’amertume

de ceux qui luttent encore: “Nous y resterons... sauf que nous nous sentons bien seuls

en ce moment, surtout en ce moment”. Les grands partis ainsi que leurs militants,

s’agissant de gauche déjà, ont déserté les lieux visiblement. Tristesse, et ceci, malgré

la pétition lancée sur internet pour faire changer cette décision de l’Union Européenne

de Radiotélévision.“http://www.avaaz.org/en/petition/ERT_is_the_

Greek_Public_Radio_Television_The_interim_DT_is_a_legal_ghost/” 



http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZXFZACx4o

Stavros, le chacal 


“Exister, c’est résister”, telle fut la devise de Jacques Ellul, ce penseur peut-être à

redécouvrir tout comme Günther Anders, du côté des élites francophones et germanophones

de notre si belle Europe de la pensée, la seule certaine en ce moment. Épuisés des nouvelles mémorandaires, telle que celle de l’évacuation-fermeture de huit hôpitaux à partir de cette

semaine à Athènes et à Thessalonique car ils seront transformés en lieux de consultations

paraît-il, nous nous tournons parfois vers notre actualité... plus animalesque pour se changer

les idées. C’est ainsi que nous avons appris que Stavros, un chacal secouru et soigné par

les membres et volontaires des associations et ONG au nord de Thessalonique, vient

d’être relâché avec succès dans son milieu naturel.


Encore plus miraculeux, un chaton qui s’était refugié dans le train d’atterrissage d’un

Airbus A321 de la compagnie Swiss, effectuant le vol Athènes - Zurich, a été retrouvé

certes malade mais vivant, à l’arrivé. C’était début août, et depuis, le chaton a été

baptisé Oscar-Fox, ce qui correspond aux deux dernières lettres de l'immatriculation

de “son” avion: 321 HB-IOF, et ainsi, “naturalisé” suisse ! 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZX19ACx4oOscar-Fox à Zurich début août 


Malheureusement, et pendant que les affaires des “nos” offshore nous “échappent” toujours

et encore, certaines autres petites histoires et qui ne pourraient que concerner finalement

que nos animaux supposés sauvages, se mêlent à la... “Grande histoire” du moment et à

“son” Aube dorée. Car nous avons appris la semaine dernière, que la célèbre ONG

grecque “Arcturos”, célèbre déjà pour ses actions de protection des ours en Grèce,

cofondée il y a vingt ans par l’actuel maire de Thessalonique, Yannis Boutaris, vient

d’accepter un don de 5.000 euros en provenance de l’Aube dorée. Cette affaire est

devient même un scandale, surtout depuis la confirmation de ce don par les responsables

de l’ONG lesquels ont précisé que “l'organisation de fait pas de politique, que son seul but

c'est de poursuivre ses actions en faveurs des animaux sauvages et qu'elle a accepté ce

don comme tous les autres, car sa situation financière est catastrophique”.


Communiquant sur ce même sujet, les Aubedoriens n’ont pas manqué l’occasion pour

“rappeler que l'Aube dorée est sensible au maintien des races grecques d'animaux,

qu’elle redistribue son argent contrairement aux partis de gauche et en plus, le

secrétaire du parti, Mihalis Mihaliolakos a déjà adopté chez lui trois adespotes,

deux chiens et un chat mâle”. 

 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZX15ACx4o

“Les offshore hors contrôle”. “Quotidien des Rédacteurs” du 20 août


On observera que du... côté fasciste de la force, “la Com” relève souvent et

historiquement des disons “acquis”. Inutile de dire, combien cette promotion

implicite et explicite des idées aubedoriennes prend de l’ampleur, au moyen de

nombreux sites sur internet en ce moment. Vent alors maladif et mauvais.

Fascisme d’en haut comme d’en bas, morts, suicides en cet été finissant et

rigide jusqu’au bout.


La presse en ce début de semaine relate aussi la mort, s’agissant éventuellement

d’un suicide, d’un officier de la marine nationale survenue à bord du “Callisto”,

un dragueur de mines de la classe Hunt, l’ancien HMS Berkeley M 40 britannique

cédé à la Grèce en 2001. Après les deux suicides successifs en Crète autours du

15 août, et aussi ailleurs, on comprend que même du côté des îles et de l’Égée...

le courant ne passe plus.


Égée encore et peut-être que l’historien du futur ne retiendra rien des vacances

de Georges Papandréou sur l’île de Samos début août, hormis cette affiche diffusée

sur place à l’occasion, par un petit collectif, et qui le représente comme “un zombi

qui devrait quitter l'île au plus vite”. Ce collectif, après avoir manifesté devant l’hôtel

de Papandréou, s’est contenté d’un bref passage par le paysage médiatique grec, sans plus.

Son “anthropologie” sous-jacente est pourtant intéressante et néanmoins tragique: nos

rapports avec une partie du personnel politique du pays, impliqueraient bien la mort...

ainsi que “l'anthropophagie” quelque part. Du jamais vu, depuis la chute de la dictature

des Colonels. 

http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZX1xACx4o

Georges Papandréou d'après le collectif de Samos. 

 

Heureusement que nos autres images égéennes, beaucoup plus paisibles et de ce fait reposantes, nous offrent un certain répit, y compris visuel. Et comme c’est la grande mode en ce moment, il s’agit évidemment d’images d’antan, car toute la presse s’y met, spécialisée ou pas. 


http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZX1tACx4o

La pêche jadis. Sans date

 

Sauf que le passé se faufile finalement si près de nous en ce moment. L’agréable surprise de

la semaine dernière fut que le film primé Palme d'or au festival de Cannes en 1951, a été

enfin programmé dans deux salles d’été à Athènes. S’agissant bien entendu du film italien

de Vittorio De Sica et de Cesare Zavattini “Miracolo a Milano”, récit poétique “dans lequel

s'affrontent le monde naïf des pauvres et le monde avide des riches”, mais d’abord film

optimiste... en attendant toujours ce miracle, à Milan comme à Athènes. À moins

d’émigrer mais au risque de commettre ainsi, une nouvelle “faute fondamentale”. 


http://greek-crisis.org/@xternS/photos/clqc.php?img=Tn95fHJkeV9ZX1pACx4o“Miracle à Milan”. Athènes, le 18 août

Panagiotis Grigoriou.
Historien et Ethnologue




Partager cet article
Repost0
21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 12:36

http://siteofficieldupoi.files.wordpress.com/2013/03/edito-logo.jpg?w=192&h=100&crop=1L’EDITO d’INFORMATIONS OUVRIERES
par Daniel Gluckstein,
Secrétaire national du POI.

 

 

 

 

On a rarement vu un gouvernement et une majorité multiplier à ce point les déclarations contradictoires à la veille d’une réforme importante. S’agit-il d’augmenter la durée de cotisation, la CSG, les cotisations, ou de remettre en cause les régimes spéciaux ? Tout et son contraire est avancé par les uns et les autres. Sans doute calculent-ils le risque de provoquer une « rentrée sociale explosive », comme le notent Les Echos.


Peut-on, pour autant, en conclure à un recul du gouvernement ? En réalité, la stratégie ressemble davantage à ce jeu de bonneteau que l’on peut observer aux beaux jours sur les grands boulevards de Paris : un bonimenteur pose devant lui trois verres renversés et veut faire croire que l’objet caché est sous un verre déterminé alors qu’il est sous un autre ; le parieur qui croit avoir suivi la trajectoire de l’objet perd sa mise à tous les coups, car l’objet est toujours caché ailleurs.


Les coups préparés par le gouvernement procèdent de la stratégie du bonneteau : on s’agite, on fait de la mousse, on lance des pistes, des vraies, des fausses… et au bout du compte, le bonimenteur gagne et celui qui lui fait confiance perd.


Déjà on entend des discours sur la prise en compte de la « pénibilité » qui ferait de la réforme une « réforme de gauche ».

D’autres réclament « un vrai débat » pour une « bonne réforme »


De toutes parts on semble considérer l’augmentation de la CSG (des milliards d’euros prélevés sur les budgets des familles ouvrières !) comme un moindre mal.


A quoi s’ajoute que la politique du gouvernement forme une totalité. Profitant de l’été, il a commis un coup de force pour mettre en place des métropoles liquidant communes et départements et publié des dizaines de textes et documents prolongeant les réformes déjà décidées ou anticipant les suivantes, qu’il s’agisse des suites de la contre réforme Peillon sur l’école, de la remise en cause du statut des fonctionnaires, des 10 à 12 milliards d’euros de coupes dans les budgets publics, etc.


La politique du gouvernement HollandeAyrault constitue une totalité, cadrée par les diktats de l’Union européenne et du Fonds monétaire international. Lequel Fonds monétaire international vient de donner en exemple de pays dont la croissance devrait inspirer l’Union européenne… le Bangladesh, un pays dont la « croissance » repose, on l’a vu récemment, sur les conditions inhumaines d’exploitation imposées par les multinationales à des travailleurs qui meurent par milliers dans l’incendie de leur usine, privés des droits et protections les plus élémentaires !


Aucune illusion n’est permise : la classe ouvrière ne fera pas l’économie de la confrontation avec ce gouvernement réactionnaire dont la stratégie vise à faire passer, dans tous les domaines, les plans de destruction du capital financier et de ses institutions.


Quant aux organisations ouvrières, elles mettraient leur indépendance en péril si elles accordaient le moindre crédit à ce gouvernement et acceptaient le rôle de comparses qu’il leur réserve dans cette stratégie du bonneteau.


L’indépendance du mouvement ouvrier est la clé de toute la situation.

 

Le combat pour la rupture avec l’Union européenne, le Fonds monétaire international et tous les plans du capital financier est l’axe stratégique de résistance de la classe ouvrière et du combat pour la démocratie. Il est au cœur de la préparation du meeting du POI du 28 septembre, à Paris.


 

***********************

 


 

http://siteofficieldupoi.files.wordpress.com/2013/08/tract-poi-21-08-13.jpg?w=630Budget, fiscalité, retraites, rythmes scolaires, fonction publique…

“Rentrée à hauts risques pour le gouvernement” (Les Échos)

Retraites : « Des mesures sur la pénibilité » (Jean-Marc Ayrault).


De quoi s’agit-il ? Le gouvernement reprendrait la proposition du rapport Moreau d’ouvrir, pour chaque salarié, un « compte-temps » sur lequel les périodes où le salarié est exposé à un « travail pénible » seraient converties en « points ».


La prise en compte de la pénibilité pour certains salariés compenserait l’allongement pour tous de la durée de cotisation. Il s’agit d’un compte invidivuel, ce qui veut dire que dans une même entreprise, un même service, des salariés auraient des durées requises d’activité différentes selon leur « exposition à la pénibilité ».


Ces mesures « ambitieuses » de prise en compte de la pénibilité débouchent donc sur l’individualisation totale et la remise en cause de toute référence à des droits collectifs.


Avec le compte-temps individuel, il n’y aurait plus d’âge légal de départ en retraite mais, comme l’a rappelé le ministre Michel Sapin le 20 août sur France Info, la « liberté de choix ».


Il s’agit toujours de la même méthode, celle utilisée par les gouvernements de droite et de gauche depuis 1993, consistant à justifier le démantèlement des droits collectifs par la prise en compte « d’exceptions ».

 

Au nom de la prise en compte de la pénibilité, le gouvernement Hollande-Ayrault voudrait introduire l’individualisation de la retraite et la retraite par points, si chère à la CFDT et au Medef.


Source 

 

 

***********************

 

89172957_p.jpg

 


Partager cet article
Repost0
21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 10:05

Le Nouvel Observateur, 20 août 2013 :

Ce mardi 20 août, des infirmiers, aides-soignants et autres membres du personnel de l’hôpital psychiatrique Paul Guiraud de Villejuif se sont mis en grève. En cause : une décision de la direction qui interdit le recours à l’intérim jusqu’à la fin de l’année et ce par manque de budget. Eweda Malapa, secrétaire du syndicat CGT, explique les revendications du personnel soignant.

http://referentiel.nouvelobs.com/wsfile/4031377016309.jpg

 

Décider d’arrêter les remplacements en pleine période estivale ne fait qu’empirer la situation de flux tendus dans laquelle nous nous trouvons à l’hôpital Paul Guiraud de Villejuif (Val-de-Marne). La prise de risque est évidente : une nuit, deux infirmiers se sont retrouvés à deux pour s’occuper de deux étages, avec 20 patients à chaque étage ; le service de sécurité de nuit n’est plus constitué que de deux personnes au lieu de trois.


Nous avions déjà dénoncé en avril le plan d’austérité que voulait instaurer la direction. Nous, membres du personnel soignant, ne voulions pas avoir à choisir entre les conditions d’accueil des patients et nos acquis sociaux, comme les RTT. Or on nous proposait soit de fermer des unités, soit de passer à des journées de 12 heures, trop éprouvantes, ou encore à des journées de 7h30, avec donc moins de jours de récupération.

 

Sous-effectifs et remplacements au compte-goutte


Grâce à une motion signée par plus de 900 personnels, nous avons obtenu de rester à 8 heures de travail par jour. Mais le budget à la formation continue a diminué. Et il y a eu un début de lissage des remplacements. Jusqu’alors, les cadres infirmiers envoyaient les demandes de remplacement à la direction des soins. Puis les examens de ces demandes ont été centralisées et examinées à la loupe par la direction des ressources humaines.


Les choses ont empiré à la mi-juillet : le budget tel que conçu par la direction a été refusé par l’Agence régionale de santé (ARS). Elle demandait 1,6 million d’euros, elle a eu 0,67 million. Résultat : la direction nous a pondu la "note 206", qui annule le recours aux intérims jusqu’à décembre 2013, pour rester dans le budget alloué.


Sauf que les demandes de remplacement de cet été étaient planifiées. Celles qui avaient été validées ont été infirmées. Les cadres infirmiers se retrouvent à devoir rappeler des personnes sur leurs jours de repos, leur week-end voire leurs congés. Alors que chacun a droit à des vacances !


Mais aujourd’hui, les remplacements sont acceptés au compte-goutte. Pas de vacataires ni d’heures sup’, sauf exception… Par conséquent, nous nous retrouvons en sous-effectif. Et nous ne sommes pas en mesure de répondre à la demande de soin ni à l’accompagnement des patients.


Vouloir dépenser le moins possible n’est pas une stratégie


Cette situation n’est malheureusement pas isolée. En juin, l’hôpital voisin de Saint-Maurice (Val-de-Marne) s’était aussi mis en grève pendant une semaine pour protester contre la suppression de 50 postes. C’est le résultat d’une politique globale, qui n’est pas nouvelle, mais qui dans la mesure où l’objectif du gouvernement est de réduire les déficits et, pour cela, tailler dans le vif, s’accentue.


Quand on voit que la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu a été repoussée en raison de la mobilisation du personnel, on se dit qu’on peut gagner notre combat. Mais on ne peut éluder le fait que nous soyons confrontés à une politique qui va dans le sens inverse de ce que veulent les travailleurs et les patients.


Bien sûr que l’on doit souhaiter que le budget soit équilibré plutôt que d’être dans le négatif, comme c’est le cas depuis des années. Mais l’EPRD (état de prévision des recettes et dépenses) oblige les hôpitaux à dépenser non pas en fonction des besoins ou du nombre de patients mais suivant le budget qui a été accordé.

 

Vouloir dépenser le moins possible n’est pas normal. Nous souhaitons seulement travailler dans des conditions normales, que les soignants bénéficient de leurs droits et que les patients soient accueillis dans les meilleures conditions. Nous sommes bien unis dans cette lutte, les quatre syndicats sont présents.

 


Partager cet article
Repost0
21 août 2013 3 21 /08 /août /2013 09:41

21 août 2013

 

http://img.over-blog-kiwi.com/200x200/0/54/91/86/201304/ob_6d6d1cac9553c8f5730efb19f8e09ba5_portrait.jpgHugo Boss et la Schutzstaffel (SS) par Bernard Gensane


Je suis en train de lire L’insomnie des étoiles, le dernier (fort bon) roman de Marc Dugain (publié en 2010). Dugain est – on s'en souvient – l’auteur de La chambre des officiers. Nous sommes dans l’Allemagne de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Un personnage allemand s’exprime : « Nous avons connu de grandes déceptions quand la Wehrmacht ne nous a pas retenus pour ses uniformes de fantassin juste avant la guerre. Ni les SS qui ont choisi Hugo Boss pour leur confection. »

 

Il paraît que cela était bien connu. Pas de moi, en tout cas, et je sursautai. On n’en aura décidément jamais fini avec la peste brune !

 

Aujourd’hui, Hugo Boss est un groupe international basé en Allemagne, mais dont le propriétaire est le fonds d’investissement privé britannique Permira (valeur capitalistique 20 milliards d’euros). Hugo Boss vend un costume sur six dans le monde, possède 622 boutiques et en franchise 1 000 autres.

 

 

La société est fondée en 1924 par le tailleur Hugo Ferdinand Boss qui ouvre un atelier de confection au sud de Stuttgart en 1934. Un an plus tard, l’atelier compte 33 employés et produit des chemises d’homme, des vêtements de travail et de sport. La crise économique fait tomber les effectifs à 25 employés qui se concentrent sur les costumes régionaux, les tenues de chasse, les vestes de cuir. Pour préserver l’entreprise, certains des employés acceptent des réductions de salaires.

 

http://pit.dirty.ru/dirty/1/2012/02/19/35052-220855-f8d6734e0cc44caa2932b27422c3375c.jpg

En 1931, Boss adhère au parti nazi, au moment où cette formation, fondée en 1920, a considérablement élargi sa base populaire aux dépens des partis de droite traditionnels. Cette prise de carte n’a rien d’innocent. 11 millions de citoyens allemands ont adhéré au parti nazi, dont beaucoup de carriéristes et – pour reprendre un mot qui fera florès – d’« opportunistes ». Boss sera condamné comme tel à la fin de la guerre. Si le petit chef d’entreprise ne compte pas parmi les 100 000 Allemands qui ont, selon Annette Wieworka, pris une part active au génocide des Juifs, il a néanmoins été un rouage très conscient de la machine d’oppression et de guerre. Il faut s’arrêter un instant sur ce concept d’opportuniste (Opportunist). Donnons deux exemples célèbres. Le chef d’orchestre Karajan fut membre du parti nazi de 1935 à 1945. Il demanda une première fois la carte du part à Salzburg, en avril 1933, c’est-à-dire deux mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Mais il ne put en bénéficier du fait des restrictions imposées après la victoire électorale du Führer. Il persévéra en Allemagne, en 1935, à l’âge de 27 ans, alors qu’il convoitait le poste de directeur général de la musique à Aix-la-Chapelle. Il n’est pas certain que cette adhésion ait été nécessaire. Disons qu’elle mit de l’huile. Goering, dont l’un des soutiens financiers était juif, aimait à dire qu’il décidait qui était juif et qui ne l’était pas. En particulier pour protéger d’anciens pilotes de la Luftwaffe qui avaient été ses camarades de combat pendant la Première Guerre mondiale. Goering était un homme au pouvoir pour qui l’idéologie importait peu. Karajan fut un opportuniste sans scrupules, fut dénazifié en 1947 par le producteur anglais de musique classique Walter Legge.

 

 

Il n’y eut de la part de Boss aucune ambiguïté dans son soutien au nazisme. Néanmoins, 68 ans plus tard, c’est ainsi que le guide du parfum Parfumeo réécrit l’histoire pour des lecteurs qui ne risquent pas de l’être, eux, au parfum : « La société sera la principale fabrique de confection de vêtements de l’Allemagne Hitlérienne, ce qui lui vaudra d’être accusé malheureusement « d’opportuniste du Troisième Reich ».

 

http://www.encyclopedie.bseditions.fr/image/article/image/NAZIEINSATZG0008.jpg

 

De 1933 à 1945, la société Hugo Boss produisit des uniformes pour le régime, ceux de la SS, des jeunesses hitlériennes et de la Wehrmacht.

 

Par des commandes soudain massives, les nazis ont en fait sauvé l’entreprise, qui dut avoir recours à de la main-d'œuvre de travailleurs forcés, français et polonais pour la plupart, ainsi qu'à des déportés en provenance de camps de concentration. L'entreprise de Hugo F. Boss comptait 324 ouvriers en 1944. Après la guerre, Hugo Ferdinand Boss reçut une amende de 80 000 marks et fut privé de ses droits civiques. À sa mort en 1948, la société passa aux mains de son gendre Eugen Holy. Ce sont les deux fils d’Eugen qui firent d’Hugo Boss une entreprise internationale.

 

En 1997, le Washington Post révéla le passé nazi de l’entreprise. Pour se racheter à peu de frais, la société commanda à l’historienne étasunienne Elisabeth Timm une étude sur ses activités pendant la guerre et jusqu'à la fin des années 1990. Mais l’ouvrage ne fut pas publié. En 2000, la société Hugo Boss versa une somme de 500 000 livres sterlings au Fonds d'indemnisation des anciens travailleurs forcés, en compensation du travail effectué pendant la Seconde Guerre mondiale. L'entreprise finança également, les travaux de Roman Köster, historien de l'économie de l'université de l'armée fédérale de Munich. Son travail parut en  2011 : Hugo Boss 1924-1945 – Eine Kleiderfabrik zwischen Weimarer Republik und Drittem Reich (Hugo Boss 1924-1945, L'histoire d'une usine d'habillement pendant la république de Weimar et le IIIe Reich). La thèse de Köster est qu’Hugo Ferdinand Boss « n’a pas rejoint le parti nazi parce qu’il avait décroché la fabrication des uniformes, mais parce qu’il adhérait au national socialisme ».

 

En d’autres termes, l’historien penche plus pour la conviction que pour l’opportunisme.

 

http://1.bp.blogspot.com/_zcB_vE7oPII/SxQEKqtQaXI/AAAAAAAADDc/0HJk4qj1w00/s1600/Organisationsbuch_10.jpghttp://1.bp.blogspot.com/_zcB_vE7oPII/SxQEK4uDPvI/AAAAAAAADDk/W7qYq_v1ZSM/s1600/Organisationsbuch_11.jpg

 

 

PS : Gwyneth Paltrow, juive pratiquante, est l'égérie des parfums Hugo Boss. C'est comme elle le sent, non ?

 

 

Partager cet article
Repost0